Connaissez-vous la différence entre un temple et un sanctuaire ?

Au Japon, les mots "temple" et "sanctuaire" sont loin d'être des synonymes. Aujourd'hui, on parfait un peu sa culture, et on apprend à faire la différence entre les deux.

Lorsque l'on prépare son voyage au Japon, certaines destinations sont des incontournables, et puisque le pays a gardé un lien fort avec ses antiques traditions et religions, il paraît carrément logique de se rendre dans les différentes villes de l'archipel pour y visiter les plus beaux trésors nationaux : de Kyoto et son imposant temple "Kiyomizu-dera" en passant par Tokyo et son fameux sanctuaire "Meiji-jingū". Un séjour au Japon peut rapidement se transformer en escapade culturelle tant il y a à voir... mais au fait : pourquoi "temple" et "sanctuaire" ? Quelle différence les Japonais font-ils entre les deux ?

Avant toute chose, il faut savoir qu'au Japon subsistent deux religions principales : d'un côté, le bouddhisme et de l'autre, le shintoïsme. Il serait une grosse erreur de confondre les deux, car si celles-ci peuvent sembler similaires, elles se distinguent par des courants de pensée assez différentes :

Le shintoïsme est une religion née sur le territoire japonais. Il considère que chaque élément de la nature et parfois même certains personnages historiques, certains lieux ou certains objets, ont une âme. On les appelle alors "kami" (神) soit "divinité" en japonais. Ainsi, la pensée shinto considère qu'il existe plusieurs puissances supérieures en ce monde.Le bouddhisme, quant à lui, nous vient d'Inde et a été d'abord importé en Chine et en Corée, avant d'arriver au Japon. S'il porte forcément une certaine influence venue du shintoïsme, il fait plutôt référence à deux écoles de pensées différentes : l'amidisme (la foi du bouddha Amida) et le zen (philosophie qui englobe divers préceptes et enseignements, notamment la méditation).

À partir de cette idée, il est devient assez évider de deviner la différence que l'on peut faire entre les temples et les sanctuaires au Japon : un temple est forcément bouddhiste tandis qu'un sanctuaire est forcément shintoïste.  

Sensō-ji, temple bouddhiste incontournable du quartier d'Asakusa à Tokyo

Pour les reconnaître, il existe différentes façons. La plus simple, d'abord, par les mots et la langue utilisée:

Dans le cas d'un sanctuaire (shinto, donc), on utilisera la particule "jin" (神, autre lecture pour "kami", référence aux divinités shinto), exemple avec Yasukuni-jinja, Meiji-jingū, Asakusa-jinja, etc. Dans certains rares cas, on pourra également utiliser la particule "taisha" (大社).Dans le cas d'un temple (bouddhiste, donc), on pourra plutôt remarquer que la particule utilisée "tera" / "dera" / "ji" avec le même kanji (寺, autre lecture de "tera", en référence au "temple bouddhique") ou "in" (院). Exemple avec Kiyomizu-dera, Kōtoku-in & Sensô-ji.

L'un des autres éléments importants qui peuvent vous permettre de différencier un temple d'un sanctuaire, c'est sans aucun doute l'architecture du bâtiment en question. Et là, pas d'erreur possible : dès l'entrée, la distinction saute aux yeux.

L'accès à un sanctuaire shinto est toujours marqué par un torii (鳥居), un portique de couleur rouge qui délimite l'espace sacré, mais également par ce que l'on appelle un shimenawa (注連縄), une corde faite à partir de paille de riz, torsadée de façon plus ou moins épaisse.  

Torii présent à l'entrée du Fushimi Inari-taisha (Kyoto)

  Exemple d'imposant shimenawa à Izumo-taisha (Izumo)

Du côté des temples bouddhiste, l'entrée est marquée par ce que l'on appelle un mon (門), une porte couverte sous laquelle on pourra traditionnellement trouver des statues des Niō (仁王), les deux divinités gardiennes du bouddhisme au Japon, qui se présentent sous la forme de deux êtres à l'air féroce. Dans la religion, la croyance veut que leur présence empêche les démons et autres esprits malfaiteurs de pénétrer les lieux sacrés.

Entrée de Kiyomizu-dera à Kyoto : à gauche et à droit de la porte, dans les renfoncements, se tiennent les deux statues

Là où les sanctuaires shinto sont généralement composé de deux bâtiments, les temples bouddhistes, eux, se constituent de plusieurs bâtiments, réservés à une utilisation bien distincte. Ainsi, dans les sanctuaires, on pourra compter le "haiden" (拝殿), bâtiment de culte où se déroulent la plupart des cérémonies, suivi du "honden" (本殿), un édifice fermé, réservé aux divinités. Du côté des temples bouddhistes, la structure est un peu plus élaborée : on compte un bâtiment principal appelé "kondō" (金堂), littéralement "salle d'or", où se situe la statue de Bouddha, le "" (塔), fameuse pagode qui atteint généralement entre trois et cinq étages, ainsi que le "kōdō" (講堂), la salle d'étude et de méditation. Dans certains des temples les plus grands, on pourra également trouver différentes autres ailes : le "kyōzō" (経蔵) ou "entrepôt de sūtras", le "shōrō" (鐘楼) ou "tour de la cloche", mais également un réfectoire (jikidō, 食堂), une cuisine (kuri, 庫裡) ainsi qu'un dortoir (sōbō, 僧房).

Bâtiment principal de Akishino-dera, temple bouddhiste situé à Nara

Voilà ! Grâce à ces quelques explications, vous devriez désormais être capable de différencier les deux types de bâtiments lors de votre voyage au Japon ou dans une discussion avec vos amis. Naturellement, la visite d'un temple, comme d'un sanctuaire, est un moment inoubliable et l'occasion de faire le plein d'énergies positives, aussi nous vous invitons, si vous prévoyez de voyager au Japon, de ne pas hésiter une seconde à aller visiter quelques uns de ces fabuleux monuments qui, pour certains, sont sur pied depuis plusieurs siècles... Pour la petite anecdote, d'ailleurs, le plus ancien sanctuaire shinto au Japon se situe dans la préfecture de Shimane. Il s'appelle Izumo-taisha (出雲大社) et sa fondation officielle remonterait au VIIe siècle. En ce qui concerne les temples bouddhistes, le précurseur se nomme Shi Tennō-ji (四天王寺) : on le localise à Osaka et sa construction date de 593.  

Izumo-taisha

Shi Tennō-ji


Source : Nautiljon

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top