10 choses que vous ne saviez peut-être pas sur les geisha

Quelques anecdotes à connaître pour mieux appréhender l'univers si fascinant et mystérieux des geisha.

 Malgré tous les mystères et les amalgames qui les entourent, les geisha sont de véritables emblèmes du Japon. Elles incarnent la finesse, la distinction, les arts et la beauté. À Kyoto, là où elles sont désormais particulièrement présentes, on les appelle plutôt geiko (芸妓) et elles font la réputation du fameux quartier traditionnel de Gion, l'une des destinations favorites des touristes.

Mais on a beau les trouver splendide, les admirer parfois pour leur grande beauté et le raffinement dont elles font preuve... les connaît-on réellement ? D'abord, il semble de rigueur de rappeler que, contrairement aux clichés qui ont la dent dure, les geisha ne sont pas des prostituées. En effet, les geisha sont souvent confondues en Occident avec les oiran (花魁), qui, si elles ont aujourd'hui disparu, étaient autrefois des courtisanes de très haut-rang, qui ont connu leur heure de gloire durant l'époque d'Edo dans des quartiers dits "de plaisirs" qui leur étaient exclusivement réservés – le plus connu étant celui de Yoshiwara à Tokyo. Il faut par ailleurs savoir que les geisha et les oiran ne s'habillaient pas de la même manière : en cette période, les geisha avaient pour ordre de se vêtir plus simplement que les oiran qui, elles, étaient affublées d'un look très coloré et très détaillé, généralement beaucoup moins sobre et distingué que celui des geisha.

Au cours des dernières années, les geisha ont vu leur nombre dégringoler de manière fulgurante. Alors que l'on comptait encore dans les années 80 près de 17 000 représentantes du genre, on n'en compte aujourd'hui plus que quelques centaines seulement. Afin que vous puissiez mieux appréhender leur univers et leur histoire, voici quelques anecdotes sur leur mode de vie et les qualités dont elles doivent faire preuve quotidiennement.


1. Différences geisha, geiko et maiko :

Au Japon, les termes geisha (芸者) et geiko (芸妓) sont pratiquement des synonymes. On note cependant une différence entre les deux : à l'époque où elles étaient encore très représentées au Japon, on considérait qu'il existait deux grandes "écoles" de geisha, une à Tokyo et une à Kyoto. Les geisha étaient alors les femmes qui tenaient leurs enseignements de Tokyo, tandis que les geiko, elles, le tenaient de Kyoto. Aujourd'hui cependant, compte tenu de leur nombre réduit, le terme geisha est devenu générique et il englobe désormais les deux régions.

Coiffure et mise en beauté d'une maiko, apprentie geisha

La maiko (舞妓) est quant à elle à distinguer totalement des geisha / geiko. En effet, elle est une apprentie et est soumise à un apprentissage d'environ cinq années à différents arts et traditions avant d'obtenir le rang de geiko. Dans la région de Tokyo, les maiko sont appelées hangyoku (半玉). On distingue enfin une apprentie d'une femme qui a obtenu son statut de geisha par les différents éléments qu'elle porte sur elle :

Coiffure : Les geisha portent des perruques très simples que l'on appelle shimada (島田) tandis que les maiko, elles, arrangent leurs propres cheveux, traditionnellement en une coiffure bouffante que l'on nomme wareshinobu (割れしのぶ, pêche fendue).Maquillage : Dans la mise en beauté d'une maiko, puisque celle-ci ne porte pas de perruque et qu'elle teint sa peau en blanc, on peut remarquer une nette démarcation entre son maquillage et la racine de ses cheveux. Au niveau des yeux, elles peignent leurs sourcils en rouge et leurs yeux sont bordés de rouge et de noir. Lors de leur première année d'apprentissage, les maiko ne porteront enfin de rouge que sur la lèvre inférieure. Du côté des geisha, les yeux sont uniquement soulignés de noir et les lèvres sont quant à elles toutes les deux bien marquées d'un rouge vif.Kimono : Dans la suite logique des choses, les maiko portent également des kimono aux couleurs très marquées et généralement plus détaillées que ceux des geisha, qui, plus matures, se contentent quant à elles de couleurs plus ternes. Les manches des maiko sont également très grandes, de même que l'obi (ceinture) qui entoure leur taille.Chaussures : Les sabots que les apprenties portent sont également à distinguer de ceux des geisha. Dans le cadre de la formation, les maiko portent des okobo (おこぼ) des sandales aux semelles en bois très épaisses qui diminue au fil des années.  


2. Les hommes geisha ont existé :

Ils étaient même les premiers représentants des geisha que l'on connaît aujourd'hui ! Ils ont précisément vu le jour au XVIe et l'époque, on les appelait hōkan (幇間) ou taikomochi (太鼓持). Ils excellaient dans diverses formes d'art mais étaient principalement connus pour leurs talents au tambour. Ainsi, ils tenaient compagnie aux nobles dans des quartiers dédiés.


3. Les broches qu'elles portent peuvent valoir jusqu'à 40 000 € :

Chez les geisha, il est coutume d'associer à son obi une broche ornée de différentes pierres et de détails. On l'appelle pochiri ou obidome(帯留) et son prix varie en fonction du modèle, mais pour un modèle de base, il faut compter au minimum 5 000 €.


4. Les geisha sont principalement habillées par des hommes :

On les appelle otokoshi (男衆) : ils travaillent un peu dans l'ombre de la geisha et pourtant, ce sont eux qui les habillent et nouent notamment leur obi, la fameuse ceinture de soie qui orne leur kimono.


5. Autrefois, les geisha se teignaient les dents :

C'est le principe de l'ohaguro (お歯黒). À l'époque, il était coutume de se teindre les dents en noir avec de la laque que l'on confectionnait soi-même lorsque l'on était mariée ou en passe de l'être. Les geisha étaient également soumises à cette tradition et si aujourd'hui, ce n'est plus vraiment le cas, les maiko continuent de le faire, principalement lors du Sakkō (作興), une période qui marque la fin de leur apprentissage.


6. Les geisha sont considérées comme des célébrités au Japon :

Si voir une geisha dans la rue est probablement le fantasme de tous les touristes qui se rendent au Japon, il ne faut pas rêver : celles-ci sont extrêmement discrètes et même pour les Japonais, il est très rare d'en rencontrer une. Alors naturellement, lorsque vous avez la chance d'en croiser une dans la rue (en règle générale, ce sera plutôt dans le quartier de Gion à Kyoto), il ne faudra pas vous étonner de voir à leurs pieds quelques photographes, toujours très impressionnés par le spectacle et la prestance qu'elles offrent. Attention tout de même, ce sont des femmes raffinées qui n'aiment pas beaucoup les photos : si vous êtes un gaijin, évitez tout de même de vous la jouer touriste désagréable qui suit le "phénomène de foire" pour l'observer dans son habitat naturel. 


7. Les geisha étaient utilisées autrefois pour promouvoir des produits de beauté :

Estampe datant du début des années 1800

Durant la période où elles étaient à leur apogée, soit au XIXe siècle, les geisha représentaient la beauté. Elles faisaient la mode et les tendances de l'époque et leur image était même utilisée pour promouvoir divers produits de beauté et des vêtements. Ainsi, elles apparaissaient fréquemment sur des gravures de bois qui faisaient à l'époque office d'affiche publicitaires


8. Des prestations ultra-privées :

Extérieur d'un ryōtei traditionnel

Lorsqu'une geisha dévoile ses talents dans les divers domaines artistiques elle a appris lors de ses années en tant que maiko, c'est dans le cadre de représentations extrêmement intimistes. En général, pour voir ces femmes à l'œuvre, il faut être une personne haut-placée et se rendre dans des lieux bien précis : dans un ryōtei (料亭), une auberge très luxueuse, ou bien dans un ochaya (お茶屋), un salon de thé privé dont il faut être officiellement membre. Autant dire que vous avez donc "plus de chance" de croiser une geisha dans la rue, même si cela reste très inhabituel comme expliqué plus haut, que dans ce type d'établissement !


9. De la beauté mais aussi beaucoup d'interdits :

Être geisha, c'est être maiko avant tout et pour les plus jeune, ça signifie renoncer à un avenir "conventionnel". Ainsi, pour entrer en apprentissage, de nombreuses jeunes filles quittent leurs études et parfois même leurs familles pour espérer devenir une véritable geisha. Si l'on peut considérer le fait d'être une geisha comme une profession, il faudrait à vrai dire plutôt voir ça comme un mode de vie, qui implique certes de faire partie de l'élite culturelle japonaise, mais également de renoncer à beaucoup de choses. Les geisha sont actuellement peu nombreuses et soumises à beaucoup de pression de la part notamment des médias qui retiennent une image impeccable d'elles : elles se doivent ainsi de se tenir droites, de respecter à la lettre leurs enseignement. Ça fait partie de leur éducation et de ce qu'elles ont choisi de représenter, mais ça peut parfois être un lourd fardeau à porter. Dans le reportage Real Geisha Real Women, qui rappelle que les geisha sont avant tout des femmes, l'une d'entre elle exprime ce sentiment d'oppression et de recherche de la perfection permanente en expliquant notamment que lorsqu'elle veut simplement regarder la télévision en tournant la tête, elle ne le peut pas car en tant que geisha, elle se doit de garder la tête toujours bien droit devant elle.


10. Des « femmes d'art » :

Mais alors, dans tout ça, qu'apprennent les geisha durant leur formation et que font-elles ensuite, sinon fasciner les étrangers ? Il faut savoir que le terme geisha se compose de deux kanji : 芸 (gei), qui signifie « art » et 者 (sha), qui signifie « personne » ou « pratiquant ». On peut donc littéralement traduire cette appellation par l'expression « personne qui pratique les arts ». D'ailleurs, à l'époque où les hommes avaient le "monopole" du métier, on a d'abord appelé ces femmes envieuses de devenir geisha des geisha-onna, la particule onna (女) faisant ici référence au mot « femme ». À la base, le terme geisha ne désigne donc pas uniquement des femmes, même si avec le temps et la quasi-disparition des hommes geisha, celui-ci a adopté une forte connotation féminine.

Comme leur nom l'indique, quoi qu'il en soit, les geisha sont donc, avant d'être des symboles de beauté, des femmes qui pratiquent les arts et les coutumes du pays. Durant sa formation, une maiko va donc apprendre les différents rudiments de ce qui fait les fondements de la culture japonaise. Les domaines que l'on leur enseigne sont divers et variés : elles sont à la fois musiciennes, danseuses, parfois peintres, et disposent d'une grande culture générale. L'un de leur point fort, notamment pour tenir compagnie aux hommes et aux femmes qu'elles divertissent (car il n'y a pas que des hommes qui peuvent s'offrir les services d'un geisha !), c'est l'art de converser.


Source : Nautiljon

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