Comme tout les jumeaux, les deux nains s'amusaient à faire ennuyer les servantes. Si l'un d'eux était appelé, c'était l'autre qui arrivait. Il ne fallait pas plus de deux jours pour qu'une servante aille se plaindre auprès de Thrain.

Leur père avait souvent du mal à les différencier mais la couleur de leurs yeux les trahissaient toujours. Seul Ilyssia parvenait à les distinguer sans aucun problème. Il lui suffisait de proposer un livre et Thoran arrivait à toutes vitesse, alors que Thorin restait à sa place.

Tous deux avaient la même éducation, lorsqu'ils apprirent à lire, Thoran avait directement voulu avoir plus de livre pour apprendre. Thorin préférait affirmer son autorité en donnant des ordres aux autres. Plusieurs fois, il était revenu avec des blessures légères, signe qu'il s'était bagarré, ce qui ne plaisait évidemment pas à leur père.

Plusieurs années plus tard, la famille s'agrandit à nouveau avec la venue de Frerin. Il y eut une grande fête pour célébrer la venue du nain. Contrairement à ses frères, ses cheveux étaient d'un brun très foncés, comme sa mère et ses yeux étaient également bruns.

Les trois frères jouaient toujours ensemble. Les servantes se plaignaient davantage des enfants à cause de leurs farces. Même s'il s'amusait toujours avec ses frères, Thoran avait toujours l'impression que son père ne l'aimait pas beaucoup. Ilyssia lui disait de ne pas s'en faire, que Thrain l'aimait même s'il ne lui disait pas.

Une nouvelle fois, la famille s'agrandit. À la grande joie des parents, ce fut une naine qui a été prénommé Dis. Ce dernière ressemblait énormément aux jumeaux, les cheveux ébène et des yeux bleus. Souvent, ses frères faisaient une bêtise, elle les dénonçait. Même si elle dénonçait ses frères, elle adorait quand ils venaient jouer avec elle. Elle avait évidemment une préférence. De ses trois frères, elle adorait quand Thoran et Frerin venaient. Thorin, par contre, était très souvent avec son père pour apprendre son futur métier de roi. Et vu qu'il détestait passer son temps à apprendre et contestait les ordres de leur précepteur, il recevait souvent des punitions à faire pour le lendemain.

Lorsque les jumeaux eurent atteint l'âge de vingt ans, Thorin fut obligé de rester avec son père pour apprendre son métier de roi. Alors que Thoran voyait Thorin partir, il entendit la voix de son aînée.

- Qu'est ce qu'il y a ?

- Je déteste quand on doit se séparer, même pour quelques heures. Répondit Thoran.

- Moi aussi. Mais tu sais que je vais revenir. Répliqua Thorin.

Le cadet acquiesça et se dirigea vers le centre d'entraînement où se trouvait son petit frère. Celui ci fit semblant d'être surpris de sa présence.

- T'as l'air surpris de me voir. Remarqua Thoran en souriant. Ma présence t'ennuierais t-elle ?

- En effet. Acquiesça Frerin du même sourire. Je dois préciser qu'elle m'exaspère. Tu pourrais partir ?

- Si tu me bats. Répliqua le nain aux yeux gris. J'accepte de partir. Pas avant.

- Très bien. Accepta le plus jeune.

Tout deux prirent une épée d'entraînement et se mirent en position. Pour éviter les blessures graves, les épées, les haches et les lances étaient émoussé. Frerin engagea alors le combat sous la surveillance de leur entraîneur. Le jeune nain essayait d'assener des coups puissants mais Thoran les évitait sans problème. Le jumeau de Thorin préférait contourner la garde de Frerin que lancer des grandes attaques.

Soudain, Thoran exécuta une roulade pour éviter un coup de lame. Il se redressa rapidement et frappa le flanc de Frerin avec le plat de son épée et l'envoya au tapis. Essoufflé, il le releva directement.

- Je déteste quand tu passes derrière. Râla Frerin.

- Et moi quand tu laisse tes flancs exposés. Je t'ai déjà dit que tu devais toujours exploiter les faiblesses de l'adversaire, et non laisser les tiennes exposés

- Je sais. Je ferais attention la prochaine fois. Dit son jeune frère. Il se dirigea alors vers l'établi pour ranger son épée. Tu savais que le seigneur Gorik et son fils étaient à la montagne ?

- Quoi ? S'exclama brusquement Thoran. Cet abruti de Verek est ici ?

- Je sais que tu ne l'aimes pas. Mais tu dois faire un effort.

- Je ne le déteste pas. Répliqua Thoran. J'ai juste envie d'encastrer sa sale gueule dans un mur.

Souriant devant la colère de son grand frère, Frerin continua de ranger leurs armes quand ils entendirent une voix assez désagréable.

- Regarder qui voilà. L'erreur de la nature en personne. Cracha Verek. Le nain était plus jeune que Thoran mais il était nettement plus grand. Il avait des cheveux bruns roux et ses yeux verts fixaient Thoran avec colère.

- Qu'est ce que tu veux ? Répliqua Thoran. Son regard acier exprimait la même colère. Quelques mètres derrière son frère, Frerin n'osait pas s'interposer. Il savait que si son frère était en colère, il était capable de détruire tout se qui se trouvait à porter de main.

- Je ne crois pas t'avoir vu lors de notre arrivée. Reprit Verek.

- Tu voulais quoi ? Que je viennes te saluer ? Répliqua le jeune loup.

- Il me semble que toute la famille du roi doit être présente pour accueillir un seigneur. Protesta Verek. Je ne crois pas que ton père accepteras un tel affront. Ajouta

- C'est le roi qui décide qui il veut à ses côtés. Répliqua Thoran en lui tournant le dos pour partir.

- Tu as raison. Je ne vois pas pourquoi le roi sous la montagne voudrait de ta présence. Tu n'es qu'une erreur. Tu n'aurais même pas du exister. Cria Verek.

À la seconde d'après, Thoran abattit son poing dans le visage du fils de Gorik. Ce dernier alla s'écraser à l'autre bout du terrain. Il porta les mains à son visage pour constater que sa lèvre était fendue.

- Je t'interdis de m'insulter. Hurla Thoran, tournant alors les regards dans sa direction. Tu ne sais rien de moi.

Verek allait répliquer mais l'entraîneur vint s'interposer et leur ordonna de se calmer. Frerin attrapa le bras de son frère et le tira vers les escaliers. Une fois qu'ils furent dans leurs appartements, Frerin reprit la parole.

- Mais qu'est ce qui t'as pris ?

- Il était hors de question que je laisse m'insulter. Répliqua Thoran.

- Je comprend mais maintenant, tu vas avoir le seigneur Gorik sur le dos en plus de père. Tu te rends comptes des conséquences ?

- J'assumerai. Répondit Thoran.

Sachant que son frère ne se calmerait pas tout de suite, Frerin quitta la pièce.

Dans la soirée, Thoran eut droit à une sévère correction de la part de son père. Ce dernier l'avait giflé et donné une punition. Jusqu'à nouvel ordre, il ne remettrait plus les pieds dans la bibliothèque et devra monter la garde toute les nuits sur les remparts pendant deux mois. Avant que le jeune nain ne quitte la pièce, son père l'interpella une dernière fois.

- Tu iras aussi présenter tes excuses à Verek. Rajouta Thrain.

- Quoi ? Ce sale rat m'a insulter et c'est moi qui doit aller m'excuser. Cria Thoran en colère.

- Tu n'as pas à discuter. Termina son père. Tu commences ton tour de garde ce soir.

Fou de rage, Thoran claqua violemment la porte derrière lui. Sa mère était près de la fenêtre et avait essayé de calmer son mari. Avant la dispute, elle avait voulu éloigner Thorin, Frerin et Dis mais Ilyssia était certaine qu'ils étaient derrière la porte. Elle prit la parole à son tour.

- Je ne l'ai jamais vu autant en colère. Soupira t-elle. Tu ne crois pas que tu as exagéré ?

- Pas du tout. Grommela Thrain. Il n'avait pas à le frapper. Il nous a mit dans une situation délicate avec le seigneur Gorik.

- Et tu lui as demandé les raisons de son geste ? Demanda sa femme.

- Et que ce que ça changerais ?

- Il avait sûrement une bonne raison mais tu ne lui laisse jamais le temps de s'expliquer. Thoran se bat très rarement comparé à son frère. Mais j'ai la très nette impression que tu préfère Thorin. Je devrais peut-être te rappeler qu'il est aussi ton fils.

- Je sais. Cria Thrain. Et je n'en préfère pas un à l'autre. Il doit se maîtriser.

- Alors je ne t'apprendrai rien en disant que presque tout les jeunes nains l'ennuie à cause du fait que c'est un prince mais aussi parce qu'il est le cadet des jumeaux. Les trois-quarts des nains de cet montagne le considère comme un moins que rien, comme quelqu'un qui n'aurait jamais du exister. Je ne supporterais pas le fait que son père le traite comme tel. Répliqua Ilyssia en tournant les talons.

Du côté de Verek.

- Il a oser me frapper. Ragea Verek.

Son père était assis dans le fond de la pièce, près de la cheminée. Il soupira en entendant son fils.

- Tu n'avais pas qu'à l'insulter.

- Je n'ai fait que dire la vérité. Cracha le plus jeune.

- Et tu pris pour qui en disant ça ? C'est la troisième depuis que nous sommes dans cet montagne que tu bats. Nous partons dans une semaine. Si j'avais on me rapporte que tu as encore fait quelque chose, tu seras enfermé dans ta chambre jusqu'à la fin du séjour. Menaça son père.

- Oui père. Grommela Verek.

Le jeune nain tourna les talons et entra dans sa chambre. Nerveusement, il passa la main sur sa lèvre fendue et se jura qu'il le ferai payer. Il allait rendre les coups au centuple. Oh oui, Thoran allait souffrir.