∆ Chapitre 9 : La lune de sang ∆

(T/p)

- Qu'est-ce que tu fais ?

Il cesse de regarder les nuages, couché dans l'herbe pour me regarder tailler un rondin.

- Une cible pour m'entraîner.

- Une cible ?

- Hmm.

Il repose sa tête au sol et observe un nuage. Personne n'a parlé de ce qu'il s'est passé il y a deux soirs. Après ça, il n'a absolument pas changé son attitude de mal élevé, comme s'il ne s'était rien passé.

- Le nuage, là, on dirait un gros morceau de venaison divine à la broche.

Je lève les yeux.

- Tu trouves ?

- Ou alors une brochette de poissons.

-...

- Ou de champignon.

- T'essaie de me dire que t'as faim, c'est ça ?

- Ouais.

-...

- Je t'accompagne pas, par contre.

- Pourquoi ça ne m'étonne pas ...?

Je continue de tailler mon rondin en pic.

- T'y vas pas ?

- Plus tard.

- Tss...

Je lui jette un coup d'œil discret. Ses sourcils sont froncés en avant et il contemple le ciel avec une moue enfantine. Un détail me perturbe un peu. Depuis la première fois que je l'ai vu, son teint cadavérique a peu à peu repris des couleurs. Ces derniers temps, on aurait vraiment dit un paysan ordinaire. Mais aujourd'hui, il a l'air très pâle, et ces yeux brillent d'un rouge vif. Je ne sais pas si c'est normal...

- Dark ?

- Hmm.

- Tu as l'air fatigué, ça va ?

- Chais pas... Depuis ce matin, j'me sens bizarre.

- Bizarre comment ?

- Bah, bizarre.

On se regarde dans les yeux.

- Précise, dis-je blasée.

- Bah... J'ai la tête qui me lance...

Il met sa main au-dessus de sa tête.

- J'ai chaud et j'ai une pression dans le torse.

- Tu veux que je te fasse chauffer un bol de lait, ou une tisane ? Je ne sais pas quoi te donner d'autre.

Il hausse les épaules.

- T'as pas un autre truc ? Dans ta cuisine, y a pleins de mauvaises herbes, me dis pas qu'y à rien !

- C'est pas des mauvaises herbes !

- C'est des trucs que t'as trouvé au bord du chemin, quoi !

- Tss...

Je me lève et pose le rondin contre le pommier.

- Je vais voir.

Je le laisse seul. Je fouille dans mes produits, à la recherche de quelque chose d'utile. Il a dû attraper froid.

Je commence à lui préparer une tisane. En attendant que l'eau chauffe, je ressort le voir. Yoru s'est allongé à côté de lui. Il le regarde avant de commencer à l'embêter.

Il appuie son doigt sur son museau à plusieurs reprises. Yoru miaule, agacé. Puis, il lui plaque sa main sur ses oreilles et pouffe, voyant la tête que ça lui donne. Yoru pose sa patte sur sa main gantée pour la retirer. Puis, l'homme se met à lui faire des chatouilles sur le ventre. La goutte de trop.

Yoru sort brutalement les griffes et les plantes, avec ses dents, dans son avant-bras. Dark pousse un cri et enlève brutalement sa main, mais le chat y reste à moitié accroché, avant de retomber sur ses pattes.

Je me retiens de pouffer, voyant Dark se tenir son bras charcuté, insultant de tous les noms le chat qui semblait satisfait.

- Ah bah tu l'avais cherché, aussi !

- N'importe quoi !

-...

- Viens m'aider ! Je saigne !

- Rentre... Je vais te bander ça.

Je retourne dans la maison, le sourire aux lèvres. Il me suit, les yeux larmoyants.

- Tu pleures ?

- J'ai mal !

Je pouffe à nouveau.

- Tu étais à moitié mort quand je t'ai trouvé, et là tu pleures pour une griffure ?

- Une ? J'en ai sur tout le bras !

- Ça se voit que tu n'as jamais eu de chat...

- Hein ?

- Rien, viens voir.

Je lui désinfecte le bras. Il crit à chaque fois que le coton touche la plaie.

- Mais arrête de bouger !

Il se mords la lèvre et détourne le regard.

- Je suis plus douillet parce que je ne me sens pas bien, tente-t-il de se justifier, comme un enfant.

- J'y crois, t'en fais pas...

- Tsk !

Une fois son bras désinfecté, je le lâche. Il l'agite un peu devant lui, puis fait demi-tour.

- Où est-ce que tu vas ?

- Dormir.

- Hein ?

- J'ai vraiment l'impression que ma tête va exploser, il faut que je me repose.

- Et ta tisane ?

- Tant pis.

Je soupire.

- Tu veux que je te réveille pour le déjeuner ?

Il hésite.

- Non. Je mangerais à mon réveil.

- Hé ! T'es pas dans une auberge !

Il grogne et disparaît dans le couloir. Je soupire. Il est fatiguant, quand il s'y met...

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Dark Link

Qu'est-ce que tu veux ?

-...

Arrête de bouder, je sais que t'es là.

-...

Tss... Si c'est pour faire ça, tu pourrais me laisser tranquille, non ?

- Alors ?

Enfin ! Alors quoi ?

- Tu t'amuses bien, avec la paysanne ?

Dis pas n'importe quoi...

- Qu'est-ce que vous êtes mignons, tous les deux ! Tu semblais vraiment heureux, sur ses genoux !

H... Hein ? Comment tu sais ça ?

- N'oublie pas que tu es ma créature. Je fais tout ce que je veux de toi ! Y compris savoir ce qu'il se passe à tes côtés !

Sale chien ! Je ne suis pas à toi !

- Si. Et ça ne changera pas.

Si tu fais tout ce que tu veux de moi, pourquoi tu ne me ramène pas à tes pieds ! Oh, pardon ! Tes sabots !

- Parce que ce n'est pas ma volonté.

Hein ?

- Je vais te laisser t'amuser encore un peu dans ton ranch, ça me divertis.

Tsk !

- Dis, tu savais que ces dernières nuits, ta paysanne veille sur toi ? Tu as le sommeil très agité, ça l'inquiète.

Quoi ?

- Tu ne savais pas ? Tu ne sais donc pas non plus qu'elle se démène pour trouver quelque chose qui peut te donner un sommeil plus tranquille ?

Je...

- Et toi tu la traites comme une vulgaire servante, si ce n'est pas malheureux...

Tsk ! Ce n'est pas mon problème, je ne lui ai rien demandé !

- Eh bien tu lui diras ! Je vais te laisser te réveiller, te voir passer une journée entière à dormir m'insupporte.

Hein ? Eh, attends ! Qu'est-ce que tu me fais ? Pourquoi je me sens si bizarre !

- Réfléchis, crétin ! Tu ne sais pas quel jour on est ? Tu as pourtant déjà connu ces sensations, non ?

Attends !

- J'oubliais ! Fait attention à la fille ! Tu as tendance à perdre le contrôle, ces nuits là, alors veille à ne pas la tuer !

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La lune de sang. Je me réveille en sursaut, couvert de sueurs. Mon corps entier me fait mal, j'ai l'impression que mon sang est en ébullition.

Je me redresse douloureusement. La pièce est éclairée par une lueur rouge venant de la fenêtre. C'est la nuit...

Je me lève, puis attends un peu, pris de vertiges. Il faut que je fasse attention. Si je relâche ma vigilance, je peux perdre le contrôle à n'importe quel moment.

J'allume la bougie sur la table de chevet et vais dans le salon. Il est vide. Ganon a tort, la gamine ne veille pas sur moi toute la nuit.

Il doit y avoir une carafe d'eau, dans la cuisine. C'est tellement le bordel... Je vais passer la nuit à la chercher !

C'est à ce moment que je remarque le carnet de la gamine, sur la table. Quand j'ai voulu le lire, elle s'est énervée, mais là, elle n'est pas là.

Peut-être que je pourrais le lire maintenant... Elle n'en saura rien !

.

.

.

Ce n'est pas parce que je suis à deux doigts de perdre conscience que je vais rater une occasion pareille !

Je tends le bras pour l'attraper, quand je sens une aura maléfique. Je jette un coup d'œil autour de moi, avant de pousser un petit cri. Par la fenêtre, le canasson belliqueux me regarde de manière démoniaque...

Finalement, je vais éviter de le lire... Ce n'est pas si important, surtout que si elle l'apprend par l'intermédiaire de ce salaud de poney, je vais passer un sale quart d'heure...

Je repars à la recherche de la carafe. Mais où est-ce qu'elle est passée, sérieux ?

Soudain, la douleur que je ressens depuis un moment s'amplifie brusquement. La bougie que je tenais tombe violemment au sol. À travers le sifflement assourdissant qui résonne dans mes oreilles, j'entends un miaulement lointain.

Je sens le sol sous mes genoux, puis une surface froide sur mon front. Je suis tombé.

Je ne vois que du rouge, n'entends que les hurlements de tous les monstres revenus à la vie et ne ressent que le surplus de puissance que m'envoie Ganon.

C'est comme flotter dans un néant teinté de sang créé par le Fléau, où tous ses sbires se retrouvent.

Soudain, je sens une pression sur mes épaules qui me ramènent faiblement à la réalité.

- Dark ! dit une voix étouffée par tous ces cris.

Je me sens être remué.

- Dark ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

La voix me paraît si lointaine, mais je sais qu'elle est juste là. Il ne faut pas que je craque... Il ne faut surtout pas que je craque...

- Casse-toi...

Je ne me suis pas entendu parler, mais je sais l'avoir dis à haute voix.

- Dark !

- Casse-toi !!

Ça y est, je sombre dans l'inconscience. Non... Pas dans l'inconscience... Dans la folie.

∆ À suivre... ∆

Je publie souvent, en ce moment. Ma réserve de chapitres part en flèche TwT XD

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