∆ Chapitre 8 : Qui es-tu, Dark ?∆
Dark Link
- La fleur... bouquet... en bouquet fane... et... renaît... et jamais ne renaît... La fleur en bouquet fane et jamais ne renaît.
Je regarde la phrase, blasé. La gamine apparaît dans mon champ de vision.
- Tu fais des progrès ! Ce livre t'es utile, finalement !
Je grogne et traduis la prochaine phrase.
- Dis, tu veux pas m'aider à cueillir les pommes pour la tarte de ce soir ?
- Je travaille, là.
- Tu peux bien arrêter cinq minutes, non ?
- Non.
Elle soupire et sort de la chambre. Il faut que je comprenne ce qu'il y a de noté sur ses documents. Et aussi pourquoi elle les a en sa possession. Je me demande ce qu'elle sait sur les ombres. Mais je ne peux pas lui poser la question, ça serait suspect.
Je laisse tomber le livre en soupirant, fatigué. Je n'aurais jamais pensé que ce serait si exténuant d'apprendre une langue.
Je sors de la chambre et longe le couloir pour monter à l'étage. Je cherche un autre livre sur les ombres. Au bout d'un long moment , j'entends la gamine monter à son tour.
- Tu as déjà laissé tomber ? dis-t-elle en s'asseyant à genoux à mes côtés.
- Et toi, t'as laissé tomber la tarte ?
Je la regarde, scandalisé.
- Mais nooon, je la ferai tout à l'heure.
- Pourquoi pas maintenant ?
- J'aurais qu'à la faire cette après-midi, si on la mange ce soir.
- T'as la flemme, en fait.
Elle se mords la lèvre pour s'empêcher de m'insulter. Je ricane, mesquin.
- Tu veux de l'aide ? demande-t-elle.
- Pour faire quoi ?
- Pour traduire tes textes en ancien hylien.
- Nan, ça va.
- Tant pis, alors.
Elle prends un livre sur l'étagère poussiéreuse et le feuillette.
- Si tu restes là, ne fais pas de bruit.
Elle me foudroie du regard.
- Jusqu'à dernière nouvelle, c'est encore ma maison, alors je fais ce que je veux.
Je grogne.
- Ne me dérange pas.
Elle roule des yeux et continue sa lecture. Contrairement à moi qui ne trouve rien d'intéressant, elle semble passionnée par son livre. Je lui jette régulièrement un coup d'œil. Elle tourne les pages avide de connaître la suite, s'attarde sur les dessins et tente de déchiffrer quelques inscriptions. Elle ne remarque même pas que je la fixe.
Quand elle lit, ses lèvres bougent comme si elle lisait à voix très basse. Le roi d'Hyrule avait ce tic, lui aussi. Avec lui, ça me soûlait, je ne sais pas pourquoi. Pourtant, avec elle, je trouve ça presque mignon.
.
.
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Ha ! Mignon ? Mais je pense à quoi, moi ? Je me mets à rire doucement, amusé par ma propre bêtise. Elle me jette un coup d'œil, interrogatrice.
- Laisse tomber.
Et je me reconcentre à ma lecture. Du moins, j'essaie. Je dois me retenir de la regarder à nouveau toutes les minutes. Cette fille me rends fou...
Quand soudain, mon regard s'accroche sur un mot du texte que je survole.
Dans le passé, le Fléau a eu recours à beaucoup d'espèces de monstres. Les Bokoblin, Armos, Darknut (ou hache-viande selon les versions), Lezalfos, Moblin, Skeletos, Spectre et Stalfos sont les plus courants et dangereux. Mais il a également fait appel aux ombres. Des copies conformes, notamment du Héros, version sombre. Dans les écrits, on dit qu'ils sont redoutables, car ils possèdent les mêmes techniques que leur côté lumineux. Qui sait s'ils ont même une conscience propre !
Je grince furieusement des dents. Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Le passage sur les ombres s'arrête là. Je lis minutieusement la page avant de soupirer.
- Il y a un problème ?
- Non rien.
Je claque le livre avant qu'elle n'ait pu lire.
- Les monstres au fil des siècles ? lit-elle sur la couverture.
Je grogne en réponse.
- Pas tip-top.
- Pourquoi ?
- Que du blabla pour rien dire, ça m'énerve.
- Oh...
Elle laisse son regard errer sur l'étagère.
- Je n'ai pas tant de livres, je ne sais pas si tu pourras trouver quelque chose de mieux.
Ce n'est pas vraiment le problème du nombre. À la bibliothèque du château, j'ai eu beau chercher, je n'ai rien trouvé de plus.
- Et toi, tu lis quoi ?
Elle sourit.
- Un livre sur les légendes des Bois Perdus ! C'est notre discussion de l'autre jour, à l'étang qui m'a donné envie de m'y renseigner un peu plus.
Un frisson désagréable me parcours le dos.
- Et tu trouves des trucs ?
- Pleins ! Mais je l'avais déjà lu, il me semble.
Elle retourne le livre pour me montrer un dessin sur la double page.
- Regarde ! C'est magnifique, non ?
Un goût de bile m'emplit la bouche et j'ai la douloureuse impression qu'une épée me fend le crâne.
C'est un dessin que je ne connais que trop bien, pour être ma dernière vision avant 100 ans de souffrances dans le néant.
Au centre, il y a l'épée purificatrice, entourée de fleurs et de korogus. Et en arrière plan, on peut voir l'immense arbre mojo.
Une douleur immense me traverse tout le corps, comme lorsque j'étais encore dans le néant. Je ne suis plus capable de savoir ce qu'il y a autour de moi, juste de ressentir une immense douleur. Il y a des traumatismes qui restent, j'imagine...
Combien de temps est-ce que ça a duré ? J'en ai aucune idée. Le pic dans ma tête s'estompe peu à peu, de même pour la sensation que mon corps brûle. Je reprends doucement conscience de ce qui m'entoure.
Je suis étalé sur quelque chose de dur, le plancher, et ma tête sur une chose dousse et apaisante. Ça me fait penser à la sensation que j'avais dans le lit. Du confort. Quelque chose se balade dans mes cheveux. Je veux rester là.
Je sens aussi mes vêtements collés à ma peau par la sueurs, et le goût de bile dans ma bouche.
J'ouvre un œil et relève doucement la tête. Une légère pression la repose sur la surface confortable. Les cuisses de la gamine. Un peu devant l'étagère, il y a de la bile étalée sur le plancher. La mienne.
- Ça va ? me demande doucement la gamine.
- Toi et tes questions... dis-je d'une voix rauque.
Elle ne répond pas, sa main toujours dans mes cheveux. Je m'en étais déjà rendu compte l'autre soir, mais... ça m'apaise vraiment. Ça fait du bien.
- Dark...
- Tais-toi, grondé-je.
Laisse-moi profiter.
Plusieurs instants de silence passent. Qui aurait cru que moi, l'ombre du Héros éprouve du plaisir à être la tête sur les genoux d'une gamine de cent ans de moins que moi ? Je suis si faible...
- Qui es-tu, Dark ?
Elle le dit si doucement, comme dans un souffle. Mon cœur se serre, me faisant réaliser que j'en ai un.
- Rien.
C'est la vérité. Une ombre assoiffée de vengeance mais traumatisée par ses souvenirs, incapable de les voir sans souffrir le martyrs, et incapable de dormir, sans rencontrer son créateur... Même si ces derniers temps, je ne ressens plus que sa présence ; c'est du pareil au même. Au final, je ne suis rien.
Elle ne répond pas. Elle passe juste ses doigts sur mon visage. Je regarde au loin, profitant de ses caresses.
Au bout d'un moment, mes yeux se ferment lentement. Je sombre peu à peu dans un sommeil agité. Un de mes derniers souvenirs est le fredonnement de la gamine. J'ai déjà entendu cette berceuse quelque part, mais je ne sais plus où.
Tant pis, j'y réfléchirai un autre jour...
∆ À suivre... ∆
Quoi ? Deux chapitres publiés en deux jours ? Serai-je malade ? La réponse est oui X)
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