∆ Chapitre 24 : Douloureux souvenir ∆

(T/p)

Je fixe le plafond, plongé dans l'obscurité. Dehors, il pleuvine, les gouttes martèlent le toit dans un bruit fort et continu, mais ce n'est pas ça qui m'empêche de dormir. Au contraire, ça m'apaise, en général.

Je délaisse le plafond pour me retourner dans le lit, roulée sous les draps. Mes yeux se posent inconsciemment sur la forme dans le lit d'en face. Il fait sombre, mais j'arrive quand même à voir Dark. Il est dos à moi, ses cheveux noirs étalés sur son oreiller. Il est si silencieux et immobile. Il ne dort pas.

- Dark ! chuchoté-je.

Pas de réponse.

- Hé, Dark !

Toujours pas de réponse. À quoi il joue ?

Je sors du lit et m'enroule dans les couvertures. Je me dirige vers son lit, et me place au-dessus de lui. Seul ses yeux mi-clos dépassent de la couverture où il s'est emmitouflé. Il fixe un point indéfini sur le mur, les sourcils légèrement froncés.

- Tu devrais dormir, tu sais. Demain, tu vas être épuisé, lui dis-je, écartant une mèche de son visage.

- À moins que mes yeux ne me jouent des tours, tu ne dors pas moins que moi, non ?

- Moi, je me lève, le matin. Ce n'est pas vraiment ton cas.

Il renifle. J'écarte ma main et m'assois à côté de lui. Je remonte ma couverture jusqu'à mon menton et fixe le plancher.

- C'est la première nuit que... je passe hors de chez moi depuis... pas mal de temps... et sûrement pour...

Mes yeux s'humidifient.

- Comment t'as fait, le nuit dernière ? dit-il d'un ton détaché.

-... Ça ne comptait pas vraiment.

Ma gorge se noue.

- Je suis restée à ton chevet toute la nuit, et me suis endormie un peu avant le jour, je crois. Ce n'était pas vraiment le moment... de penser à tout ça.

- Ah bon ? Pourtant, si ma mémoire est bonne, t'as pensé à sauver ton carnet, avant ta propre vie, pendant que ta maison brûlait. C'était pourtant pas le moment.

- ...

- Quoi ?

Je prends une grande inspiration. Faut pas compter sur lui pour réconforter quelqu'un...

- Tu n'as pas vraiment tort... lui répondis-je finalement, la gorge serrée.

- Je n'ai jamais tort.

- Ça va les chevilles ?

- Elles se portent à merveille.

- Je vois ça, dis-je avec un soupire amusé.

Un silence.

- Ça ne te fait rien, à toi ?

- De quoi ?

- Savoir que tu ne dormiras plus jamais dans ta chambre, au ranch. Qu'actuellement, cette pièce se trouve carbonisée, sous les décombres d'un incendie...

-... Pas vraiment, non.

Mon cœur se serre.

- À vrai dire, je m'attache pas vraiment aux endroits où je crèche. Bien que là, contrairement au château d'Hyrule ou autres repères, je m'y sentais particulièrement bien.

Je reste pensive.

- Enfin, faut dire que c'était pas vraiment grâce à l'endroit.

Soudain, quelque chose m'agrippe autour de la taille et m'attire entre lui et le mur, nos visages séparés juste de quelques centimètres.

- Hé ! Qu'est-ce que tu fais ?

- Cries pas, on va se faire virer de l'auberge. J'ai pas vraiment envie d'aller pioncer chez l'autre ahuri, et la météo n'est pas très favorable pour passer la nuit à la belle étoile.

Mes joues s'enflamment. On a déjà été collés, dans un câlin ou à cheval. Mais jamais dans un lit, et de cette manière. Je sens son cœur battre contre ma poitrine, et ses jambes tenter de s'enrouler avec les miennes, malgré les couvertures.

- D... Dark... Arrête ça, espèce de sale pervers tordu !

- Hmm ? C'est toi qui est délibérément venu dans mon lit, de quoi tu te plains ?

Il rapproche sa tête et la plonge dans mon cou. Ses lèvres enfleurent ma peau, me donnant des frissons sur tout le corps.

- Ça m'a donné envie de faire des bêtises, tu vois.

Son souffle me chatouille, faisant brûler mes joues. À moins que ce ne soit dû à sa phrase beaucoup trop perverse à mon goût ? Les deux jouent, j'imagine.

- D... Dark... S'il-te-plaît...

Il me relâche brutalement, se plaçant sur le dos à mes côtés.

- Ça va, ça va, je te taquine, dit-il, avec une moue. Je suis bien trop fatigué pour faire ce genre de chose.

Il ferme les yeux.

- Par contre, si j'essaie de recommencer, un jour...

Je le regarde, les joues plus écarlates que jamais.

- Essaie de ne pas avoir la tête de quelqu'un qui ne demande que ça, si tu ne veux pas, ok ?

Ça y est. Mon cerveau a définitivement cessé de fonctionner. Lorsqu'il se remets en marche, au bout d'un bon bout de temps, je me rends compte qu'il s'est endormi, les bras enroulés autour de mes hanches.

- Espèce de sale bâtard...

Mince... Je voulais lui demander à quoi il pensait, tout à l'heure... Il avait l'air si tourmenté...

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Dark Link

La nuit avait pourtant bien commencé. Bien que la paysanne m'ait réveillé à plusieurs reprises à force de bouger, ou parce qu'elle m'empêchait de respirer en pionçant sur mon torse. Enfin, ça, c'était avant que je ne commence à rêver. C'est un peu comme toute les nuits, soit je me retrouve à me taper la discute avec l'autre con, soit je revis un moment passé depuis que je suis une ombre. Bordel... Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça, sérieux ?

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J'ouvre lentement les yeux. Ils mettent peu de temps à s'habituer à l'obscurité. Normal, ma morphologie d'ombre est complètement différente de celle des hyliens.

Par exemple, je suis beaucoup plus résistant, je me régénère très vite et je suis extrêmement difficile à tuer ; même en ayant perdu un membre ou la moitié de mon sang vidé sur le sol, je serai encore vivant. C'est ce que m'a dit Ganon, et j'ai eu l'occasion de le vérifier à plusieurs reprises.

Comme ce soir, par exemple. Et heureusement qu'il a dit vrai, sinon, je ne serai pas là. J'essaie de remuer un peu. Un long et douloureux frisson me parcourt, mais je suis en un seul morceau, si on peut dire ça comme ça.

Je force un peu, et arrive à me mettre sur les genoux. Ma tête bascule en arrière, mais j'arrive à me stabiliser. Je fixe le ciel nocturne, les yeux rivés vers le haut. On voit bien les étoiles, ce soir.

J'attrape l'épée à mes pieds, et m'en sers pour me relever. J'ai des bleus partout sur le corps, des griffures et des plaies dues aux flèches, mais rien comparé au putain de trous dans mon bide. Je bouge mon épaule gauche. Elle est tranchée par une sale entaille ensanglantée. Fais chier...

Je crachote un peu de sang, avant de porter mes doigts à la bouche. Je siffle. Même pas un claquement de sabots. J'avais pourtant laissé cette jument merdique devant l'entrée de l'amphithéâtre, pourquoi faut-il qu'elle se casse, à chaque fois ?! Je la perds une fois sur deux, bordel !! Surtout que là, j'ai besoin d'elle...

Ne jamais compter sur personne. Ah, ça, jamais.

Je contourne les plaques de rancœurs, évite de ne pas me prendre les pieds dans les bouts de flèches ou d'armes lancées, et essaie de sortir de ces ruines. J'ai le visage couvert de sang, bordel. Il s'écoule de mon nez plus vite que la cascade de Faroria, de ma bouche et de la plaie de mon arcade sourcilière, coulant dans mon oeil et m'empêchant de l'ouvrir correctement. J'essaie de l'essuyer, mais le dos de ma main, couvert de ce même liquide poisseux, n'est sûrement pas la bonne chose pour le faire. La seule chose que j'arrive à faire, c'est l'étaler.

Il y a quelques heures, même pas, Ganon a eu la charmante idée de me punir. Pourquoi ? Parce qu'en voulant tuer une soldate gerudo qui nous attaquait dans le désert, j'ai malencontreusement perdu le contrôle de moi-même, comme souvent ces derniers temps, et tué dans la foulée un des deux yigas qui m'accompagnaient.

Quand je bute un monstre par ci par là, il ne dit rien, d'habitude. Mais un yigas, il ne doit pas pouvoir les ressusciter je pense. À moins qu'il ne s'ennuyait et a juste trouvé un prétexte pour voir une bonne bagarre, avec moi en lambeaux comme supplément.

Alors, il m'a envoyé dans les ruines de l'amphithéâtre, là où il y a son lynel albinos. Je suis mal placé pour parler, avec mon teint cadavérique, mais bon... Le problème, ce n'est pas le lynel, en fait. J'aurais pu m'en tirer sans trop de dégâts, en temps normal. Le problème, c'était la putain d'armée de monstres dans les étages des ruines.

Y avait de tout, boko, lezalfos, moblin... J'en avais jamais vu autant réuni, à croire que l'autre porc a rassemblé tous ceux de la région juste pour ça. Et ils étaient là, à balancer des flèches, pendant que je combattais.

Un lynel ou des flèches, ça ne me pose pas de problème, d'habitude. Sauf quand je dois gérer les deux en même temps. C'est ce que j'ai essayé de faire, les premières minutes.

Grave.

Erreur.

Alors, je suis monté au triple galop tous les buter, mais l'autre hybride était pas de cet avis. Je vous passe les détails, mais en gros, c'est comme ça que j'ai terminé dans cet état. J'ai finis par tous les liquider, hein, vous inquiétez pas. J'ai juste fait un petit somme, quand l'adrénaline est retombée.

J'arrive hors du bâtiment, contourne la rancoeur, et vois la petite jument noire, à quelques pas. Elle est venue, au final... Oui, n'allez pas croire qu'elle est restée là tout le long, elle a juste dû se rapprocher en m'entendant siffler.

Je traverse les quelques mètres qui nous séparent, et m'appuie contre elle. Elle lève sa tête de l'herbe grasse pour me regarder, les naseaux dilatés. Sûrement à cause de l'odeur métallique du sang.

Je vérifie son harnais, avant de me hisser, par je ne sais quel miracle, sur sa selle. Elle ne bronche pas, contrairement à d'habitude.

- J'ai pas besoin de ta pitié, tu sais, dis-je entre mes dents, crachant quelques gouttelettes de sang par la même occasion.

Je la talonne, et elle part au petit trot.

Cette situation est déjà arrivée une ou deux fois. Me retrouver en miettes parce que l'autre sanglier a décidé de me « punir ». J'en ai ras-le-bol. Il se fiche bien que je bute tous ses monstres, il pourra les faire revenir à la prochaine lune de sang, ce fumier. Et c'est pareil pour moi ! Alors, ça ne lui coûte rien d'organiser ce genre de combats.

Mais cette fois, qu'il ne compte pas sur moi pour revenir. Je me tire. Loin. Dans les montagnes, au coeur du désert gerudo, ou même sur une île tout au fond de la mer s'il le faut, mais plus jamais je reverrai son pif, croyez-moi !!

Je me couche sur l'encolure de ma monture, avec un profond râle. C'est ça... À partir de maintenant, je n'ai plus aucun lien avec lui ou son armée de faiblards...

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- Dark ! Je t'ai laissé dormir le plus longtemps possible, lève-toi !

J'ouvre un oeil avant de le refermer immédiatement, aveuglé.

- Argh ! De la lumière !

- Dark, tu n'es pas un vampire ! Dépêche-toi, faut vraiment qu'on y aille, maintenant !

Je grogne, incapable de lui donner une autre réponse. Je me sens retomber lentement dans les bras de Morphée. Le confort d'un lit, c'est une chose dont je ne me lasserais jamais.

- Dark !

Je me redresse en sursaut, avec l'impression qu'il s'était écoulé un siècle.

- Hein, quoi ?

Je plisse les yeux, à cause de la lumière trop vive à mon goût. La gamine me regarde sur le pas de la porte, prête à partir.

- Debout !

Elle attends quelques secondes avant de quitter la chambre d'auberge, me laissant seul. Je regarde autour de moi, encore à moitié endormi. Une fois mes yeux habitués au jour, je me rends compte qu'il ne fait pas si clair que ça. Je m'approche de la fenêtre. Dehors, le village est plongé dans une sorte de brouillard, me donnant encore plus l'envie de me recoucher.

De mauvaise grâce, j'enfile ma tunique et mes bottes et attache mes cheveux. S'il fait ce temps là ici, j'imagine pas comment ça doit être, là haut... Je m'effondre sur le lit, décidant que je pouvais bien prendre cinq minutes en plus. Ce n'est pas de l'avis de la paysanne qui rentre une nouvelle fois dans ma chambre encore plus énervée que tout à l'heure.

- C'est quelle heure, demandé-je avant qu'elle ne puisse commencer à crier.

- 8 heures du mat'.

Une soudaine vague de fatigue traverse mon corps, une nouvelle raison de ne pas bouger.

- Si tôt ? On a le temps, alors ! Je peux me rendormir encore un quart...

- Tôt ?! On était sensé partir il y a 2 heures !

- C'est pas ma faute si vous êtes masochistes.

- C'est pas la question !

Elle soupire, ne me voyant pas bouger.

- Ça va, j'arrive, baillé-je.

Qu'est-ce que je ferais pas pour elle ? Enfin, même si ça, techniquement, c'est pour moi, que je le fais... Elle sort une nouvelle fois. Je grogne et l'imite. Je descends les marches et vais dans la salle à manger.

Plusieurs voyageurs y prennent leur petit-déjeuner. À mon entrée dans la pièce, ils me jettent un regard inquiet, soudainement sur leurs gardes. Un homme d'âge moyen se lève de table pour quitter la pièce la tête haute. Pas que ça me dérange. Le matin, moins je vois de monde, mieux je me porte.

Je m'assois à sa place et interpelle l'aubergiste. Elle s'approche de moi le pas hésitant.

- Vous êtes avec madame (T/n) ? demande-t-elle.

- Madame (T/n) ?

Je réfléchis, le nom me rappelant vaguement quelque chose.

- O... Oui, une jeune femme de votre âge, avec les cheveux (c/c) et les yeux (c/y).

- (T/p) ?

Ah oui, c'est son nom de famille. Elle a dû me le dire, une fois ou deux.

- Ouais, chuis avec elle. Pourquoi ?

- Elle a déjà commandé votre petit-déjeuner, je vous l'apporte immédiatement ! dit-elle en s'inclinant vers l'avant.

- Elle est où ?

- Eh bien, elle vient de partir, après avoir versé la note, dit-elle avant de s'éloigner.

Je soupire du nez, les yeux se fermant tout seul. La femme revient avec un plateau très chargé qu'elle dépose sur la table en me souhaitant un bon appétit. Je commence à manger les tartines de pain, avant de grimacer. Malgré la tonne de beurre, on ressent un arrière goût amer. Comme j'ai le ventre vide et que ce n'est pas le moment de faire la fine bouche, je termine les tartines puis me rabats sur le jambon cru. C'est pas délicieux, mais bon... C'est pas comme si j'avais vraiment le choix. Ensuite, je passe aux céréales, au fromage et aux œufs durs.

C'est plus copieux que quand on était chez la gamine, mais c'était meilleur là-bas. Je m'attendais à mieux, pour une auberge. Par contre, elle m'a vraiment pris les trucs les plus chers et en grande quantité... La vache, il roule sur l'or, le Héros !

Les autres clients me regardent avaler tout ça, estomaqués. Ils sont facilement impressionnables. Une fois le petit-déjeuner terminé, je me lève et m'apprête à sortir. L'aubergiste ne me retient pas, j'imagine que c'est bon, alors.

Je sors, avant de frissonner.

- Putain, on se les pèles, dans ce trou !

Je m'empresse de retourner chez l'autre, sous ce temps de chiottes. Vous voyez, ces jours où on sait, dès le réveil, qu'on a juste à se recoucher tellement on a compris que ça allait être une journée de merde. Bah aujourd'hui, c'en est un. Croyez-moi.

Je traverse le pont qui mène à sa baraque, pour les voir près du feu. La gamine me regarde en soupirant, amusée.

- Enfin ! Je pensais que tu t'étais recouché !

Je fais la moue.

- Qu'est-ce que j'aurais voulu...

Je m'accroupis près du feu et tends mes mains vers lui, espérant me réchauffer un peu. Ouais... Je la sens vraiment pas, cette journée...

∆ À suivre... ∆

Le plus dur, c'est pas d'écrire le chapitre. C'est de trouver l'inspiration TwT

Oui, j'ai littéralement passé tout mon temps depuis les dernières vacances à faire des essais de ce chapitre, pour qu'au final, hier, en combattant le lynel dans l'amphithéâtre je me dise : Tiens, Dark il prends pas assez cher, dans cette fanfic, et si je le faisais combattre ce lynel ?

Oui, ça c'est passé comme ça. Donc j'ai écrit la moitié du chapitre cette nuit, parce que l'inspi elle venait trop d'un seul coup, l'autre partie (après le rêve) vient de la première version du chapitre. Voilà, vous savez tout TwT

Kiss et au prochain chapitre ❤️

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