∆ Chapitre 12 : On a tous notre jardin secret ∆

Dark Link

- Mon grand-père est mort il y a six ans. Quand le Fléau a ressuscité, il a tenté de protéger la Princesse et Link dans leur fuite, mais il s'est pris un tir de gardien dans le ventre. C'est uniquement par miracle qu'il a survécu, mais il a finit par en mourir au bout de 90 ans.

- Attends attends attends, la coupé-je. Comment c'est possible qu'il ai pu survivre aussi longtemps ?

- Ah oui ! J'ai du sang sheikah, grâce à ma mère !

- Je vois... C'est pour ça que tu es si...

Je me coupe.

- Hm ?

Bon sang... J'allais dire "si belle", c'est pas possible...

- Rien. Continue.

Elle me regarde, interrogatrice, avant de continuer.

- Quelques mois plus tard, mes parents sont allés à Elimith, faire du commerce, mais ils ne sont jamais arrivés. Ce sont des voyageurs qui ont trouvés leur charette retournée au bord du chemin. Comme c'était des amis, ils sont immédiatement venus nous retrouver, moi et ma grand-mère. Mais... On a eu beau chercher, on a trouvé aucune trace des corps. Les villageois nous ont dit que c'était sûrement des monstres qui les ont attaqués et pris leurs corps.

Elle tourne la tête vers moi.

- C'est possible ?

- Pourquoi tu me demande ça ?

- Bah, tu étais aux ordres de Ganon, non ? Tu as bien dû cohabiter avec des monstres !

Je repose ma tête dans l'herbe et continue de regarder les nuages. Elle, adossée à son pommier, caresse la tête de son canasson, posée sur ses genoux.

- J'évitai tout contact avec eux, donc je n'y connais pas grand chose.

- Pourquoi ?

- Déjà, l'odeur. Partout où passent les moblins et bokoblins flotte une odeur de transpiration et de pourriture. Logique, vu qu'ils ne peuvent pas aller dans l'eau. En plus, dès que tu essaie de communiquer avec eux, tu te retrouve dans leurs réunions autour d'un feu, et si tu essaies de t'en aller, ils te balancent des pierres dans la gueule.

Je la vois se retenir pour ne pas éclater de rire.

- Tu oses rire, je te trucide.

Elle détourne le regard.

- Mais ça, c'est pour les moblins et bokoblins ! Et les Lezalfos ?

Je hausse les épaules.

- Déjà que j'ai du mal à parler avec les autres, alors les Lezalfos... Ils ne te quittent pas du regard, et dès que tu fais un mouvement suspect, ils te sautent dessus.

Je soupire.

- Alors ouais, moins je les côtoie, mieux je me porte.

Elle éclate de rire. Je l'ignore.

- Pour répondre à ta question, la seule chose qu'ils auraient pu faire des corps, c'est prendre les tissus pour se faire des vêtements, et les os des armes.

Elle arrête de rire et frissonne.

- Et les dévorer ?

- Non... La chair humaine est immonde, selon eux.

- Comment tu le sais ? Tu arrives à communiquer avec eux ?

- Absolument pas, c'est Ganon qui me l'a dit.

- Je vois...

- Bien sûr, ce n'est que ce que je pense, peut-être que j'ai tort...

- Donc tu penses que ça pourrait être bien des monstres ?

J'hoche négativement la tête.

- Je pense qu'ils n'ont pas que ça à faire. Dans tous les cas, vous auriez retrouvés une partie des corps.

- Ouais... Je comprends.

Elle regarde le ciel, à travers les branches du pommier.

- De toute façon, ma mère est très puissante. Plus que moi. Elle ne se serait jamais laissé battre par de stupides monstres.

- Et ton père ? Ce n'est qu'un simple hylien, non ?

Un drôle de sourire apparaît sur son visage.

- Bah... Ma mère ne l'aurait jamais laissé mourir...

Je ne réponds rien, et cache mon amusement. (N/c) se lève subitement, avant de partir au trot vers les autres chevaux.

- Continue, dis-je à la gamine.

- Sincèrement, j'ai aucune idée de ce qui a bien pu leur arriver. C'est pour ça que je veux partir à leur recherche.

- Et pourquoi tu l'as pas fait ?

Elle ferme doucement les yeux.

- Deux ans plus tard, ma grand-mère est morte d'un rhume dont elle ne s'est jamais remise. Sur son lit de mort, elle m'a dit d'attendre ici.

- Attendre quoi ?

Elle semble hésiter à répondre.

- Je ne peux pas te le dire.

- Pourquoi ? grogné-je.

Elle hésite à nouveau.

- Je te le dirais un jour.

- Mais pourquoi ? dis-je en me redressant.

Je m'assois et pose mes coudes sur mes genoux, puis mon menton sur mes mains jointes.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je peux me mettre n'importe où, j'aurais toujours une putain de pierre dans le dos, grogné-je.

- Tu veux te mettre sur mes genoux ?

Je grogne, avant de venir poser ma tête à l'endroit où était son cheval, un peu avant.

.

.

.

C'est juste parce que c'est confortable, n'allez pas vous dire que je l'aime.

Elle pose sa main dans mes cheveux.

- Maintenant, c'est à ton tour de me raconter ton histoire !

- Nan.

- Hein ? Mais tu l'avais promis !

- J'ai menti.

-...

- Me regarde pas comme ça.

Je soupire, sous son regard insistant.

- Mon histoire...

Je n'ai pas d'histoire.

- Alors ?

Qu'est-ce que je peux bien lui dire ?

- Tu peux commencer par qui tu es, si tu veux !

Elle est marrante, elle...

- Je ne suis rien, je te l'ai déjà dit.

- Ne dis pas n'importe quoi, c'est impossible !

- J'en suis là preuve vivante, tu vois.

-... Bon, je vais t'aider, alors... Tu as toujours été aux ordres de Ganon ?

- En quelques sortes...

- Ça veut dire ?

- ...Pas vraiment ?

- Soi plus précis, enfin !

C'est hors de question que je lui dise que je suis une ombre. Totalement hors de question.

- À l'origine, je suis juste un fragment d'âme. Ganon m'a permis de fouler le sol de mes propres pieds, si je me mettais à son service.

- Et tu as déserté ?

- Ouais. J'en ai eu ma claque. Être traité comme un vulgaire jouet, tuer pour la seule raison qu'on me l'ordonne, ou devoir être le servant des yigas. J'avais pas signé pour ça !

- Le servant des yigas ?

- Hmm. Parfois, au lieu de me laisser me reposer, Ganon m'envoyait tenir compagnie aux yigas. Comment dire que ça se terminait jamais bien.

- Pour qui ?

Je la foudroie du regard.

- J'ai vraiment la tête de quelqu'un à perdre contre les yigas ?

- N... Non...

- Voilà.

Je regarde le ciel à travers le feuillage. Enfin, juste à moitié, vu que j'ai la tête pile sous sa poitrine. Les joues roses, j'essaie de ne pas y prêter attention.

- Au final, je n'apprends pas grand chose sur toi... soupire-t-elle.

- Qu'est-ce que tu veux. On a tous notre jardin secret.

- T'as pas tort... Mais comment veux tu que je t'aide si j'en sais si peu ?

Elle semble réfléchir à une autre question.

- Quand tu es parti, tu es allé où ?

- À aucun endroit précis. J'ai essayé de me cacher à Elimith, mais, même si je ne leur ai rien fait, ils ne m'ont pas laissés entrer.

- Pourquoi ?

- Je leur faisais peur. Ils n'avaient pas vraiment tort de se méfier de moi, en réalité...

- Ça doit pas être facile.

- Borf... Tu sais, j'ai l'habitude qu'on me jette des regards haineux, ou paniqués pour aucune raison. Ça ne me fait rien.

- Menteur.

Je lui jette un regard interrogateur.

- Quand tu t'es réveillé, l'autre fois, tu n'as pas osé croiser mon regard. Tu avais peur que je t'en jette un comme les autres, non ? Tu as préféré vouloir partir en premier avant que je te rejette, j'ai pas raison ?

... Elle m'a démasqué tellement facilement...

- En fait, dit-elle, tu es quelqu'un de plutôt sensible, hein !

Je rougis.

- Et en manque d'affection !

Est-ce vraiment étonnant ? Pendant que j'étais rattaché au blondinet, je voyais comment on le traitait. À part pour sa copine et le piaf, on l'admirait, le complimentait et faisait tout pour attirer ses faveurs. Tout le contraire de moi, en gros, même avec les sbires de Ganon.

- Tu sais, je suis juste un démon. L'affection, tout ça, ça me sert à pas grand chose.

- Dis pas n'importe quoi. Une vie sans affection, ni rien, c'est une vie que personne veut.

Je grogne en réponse.

- Tu vas me dire que tu n'aimes pas quand je te caresse ?

-... Non...

Je soupire. Elle n'a pas tort. Soudain, je me relève en frôlant sa poitrine. Je secoue ma tête dans tous les sens. Aucune mèche ne tombe devant mes yeux, aucune ne part dans tous les sens... Je passe ma main dans mes cheveux et, au lien d'avoir pleins de boucles emmêlées, elles sont toutes regroupées en une seule.

- Arrête de toucher ! J'ai jamais fait une si belle tresse, même sur (N/c) !

- Une tresse ? Non mais t'es pas bien ?

Putain, j'arrive même pas à l'enlever...

- Arrête ! C'est pas comme ça qu'on fait !

Mais elle ne m'aide pas pour autant, trop occupée à se moquer de moi.

- Tss... Maudite gamine... grogné-je, en laissant tomber.

- Arrête, ça te va si bien !

Je gronde. Mon regarde croisé celui d'(N/c), à l'autre bout de l'enclos.

- Au fait, ton cheval... Il semble pas un peu jaloux ?

- T'en fais pas, il te fera rien.

- T'es sûre ?

- Mais oui ! Par contre, ne lui tourne pas le dos... Garde toujours un œil sur lui et, si t'entends un bruit de sabots, part en courant...

-...

- Si tu fais ça, tu craindras rien.

∆ À suivre... ∆

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