Comment briser le silence après une agression ou du harcèlement sexuel ?

N'aies pas honte de ton histoire. Elle va inspirer les autres !" Sous ce mantra inspirant posté sur Instagram le 11 octobre 2017, Cara Delevingne a révélé avoir été lors de ses débuts en tant que comédienne.

Contre un rôle dans un de ses films, il lui a demandé d'embrasser une fille dans sa chambre puis l'a forcée à l'embrasser. L'actrice et mannequin confie dans ce même post ses sentiments après l'agression : de la peur et du dégoût, mais aussi de la honte et de la culpabilité.

Des sentiments qui empêchent très souvent les femmes (et les hommes) victimes de harcèlement ou d'agression sexuelle de porter plainte.

Briser l'omerta autour des agressions sexuelles : la force d'internet

Est-on en train de vivre (enfin) une révolution ? En tout cas, le tabou autour des agressions sexuelles est sur le point d'être levé.

L'affaire Weinstein, révélée dans le New York Times le 5 octobre 2017, a levé l'omerta sur le chantage sexuel qu'imposait le producteur à de nombreuses actrices depuis 20 ans. Le scandale a poussé d'autres personnalités publiques, tous milieux et tous sexes confondus, à prendre la parole sur les agressions qu'elles ont subies.

Angelina Jolie, Léa Seydoux, Kate Beckinsale, Lena Headey, la gymnaste américaine McKayla Maroney, le cinéaste Blaise Godbe Lipman...

Puis, à l'initiative d'Alyssa Milano, une vague de a déferlé sur les réseaux sociaux. Car, loin des projecteurs, des milliers de femmes et d'hommes sont victimes de harcèlement et d'agressions.

Même les hommes (moins victimes de violence sexuelles en proportion par rapport aux femmes), se sont engagés à se défaire des stéréotypes et à changer d'attitude à travers le .

Une prise de parole encore très difficile pour les victimes d'agressions sexuelles9 victimes sur 10 ne portent pas plaine.

Selon la dernière enquête "Cadre de vie et sécurité" de l'Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE) et de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), 84 000 femmes ont été victimes de viols ou de tentatives de viols en 2014. Seules 10% d'entres elles ont déposé plainte.

L'enquête révèle par ailleurs que plus de la moitié d'entre elles ne font même aucune démarche : ni consulter un médecin, ni se tourner vers une association, ni appeler un numéro vert.

Dans le milieu professionnel par exemple, 1 femme sur 5 se dit victime de harcèlement sexuel. Selon l'enquête de l'IFOP pour le Défenseur des droits sur le , publiée en 2015, seule 1 femme sur 3 se plaint auprès de sa hiérarchie. Pire, 28% de celles qui se sont plaint ont subi un blocage dans leur carrière, et 14% d'entre elles n'ont pas vu leur contrat renouvelé.

Les causes du silence autour des violences sexuelles.

Bien souvent, la peur des répercussions est la cause du silence des victimes. Les pressions et les chantages affectifs également.

Les actrices victimes de Weinstein craignaient de voir leur carrière anéantie si elles le dénonçaient, tout comme en général les femmes ont peur des répercussions si elles dénoncent leurs agresseurs (qui, dans 90% des cas, font partie de leur entourage).

En cause aussi, les qui persistent dans l'esprit des hommes comme des femmes. En témoigne l'enquête IPSOS de décembre 2015 sur "Les Français.e.s et les représentations sur le viol et les violences sexuelles", qui révèle, entre autre, que :

- 63% des Français.e.s pensent qu'il est plus difficile pour un homme de maîtriser son désir sexuel.

- 24% des Français.e.s pensent qu'une pénétration digitale ou une fellation, aussi forcées soient-elles, ne constituent pas un viol.

- 21% des Français.e.s pensent qu'une femme peut prendre du plaisir à être forcée.

- 19% des Français.e.s pensent que lorsqu'on essaie d'avoir des relations sexuelles avec elles, beaucoup de femmes disent 'non' mais ça veut dire 'oui'.

Et ces croyances sont aussi (voire plus) présentes chez les femmes que chez les hommes.

Autant de données qui soulignent la persistance, aujourd'hui encore, d'une culture du viol, qui veut aussi par exemple qu'une femme qui a fini par céder à la pression de son agresseur n'a donc pas été violée...

D'où l'importance de connaître ses droits pour mieux réagir en cas d'agression ou de harcèlement.

Seule 1 femme sur 10 porte plainte après un viol ou une tentative de viol.

Vers quelles institutions se tourner quand on est victime d'agression sexuelle ?Harcèlement, agression, viol : définitions.

Selon la loi du 6 août 2012, le harcèlement sexuel consiste en des propos ou comportements (répétés ou non) à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à la dignité de la personne en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

Une victime de harcèlement peut porter plainte dans les 3 ans qui suivent les faits les plus récents, et le harcèlement est passible de 2 ans de prison et de 30 000€ d'amende.

Une agression sexuelle dans le code pénal est un délit défini par les articles 222.27 à 222.30 comme "toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise". Elle est passible de 5 ans de prison et de 75 000€ d'amende. Là encore, le délai de prescription est de 3 ans.

Le viol, lui, est un crime passible de 15 ans de prison. Dans les articles 222.23 à 222.26 du code pénal, il est défini comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. » En cas de viol ou de tentative de viol, le délai de prescription est de 10 ans (ou 20 ans après la majorité dans le cas de viols sur mineurs).

Que faire en cas d'agression ou de harcèlement sexuel ?

Une fois qu'on connaît ses droits, qu'on sait quels mots mettre sur le traumatisme qu'on a subi, on est beaucoup plus capable d'en parler. Et il FAUT parler ! Mais auprès de qui ?

Les associations de soutien aux femmes victimes de violences sont de très bons interlocuteurs : elles mettent les victimes en lien avec des juristes, des psychologues, des médecins, des travailleurs sociaux et des conseillers familiaux qui sauront les guider et les soutenir dans leurs démarches. Pour trouver une association, rendez-vous sur .

L'État a également mis en place une de jour et de lieux d'écoute partout en France et en Outre-Mer.

Des numéros de téléphone sont aussi disponibles : le 3919 est le numéro de référence.

Il FAUT parler !

Plus largement, des actions sont menées auprès des collèges et lycée : mise en place de guides pour les enseignants et les directeurs et des vidéos de prévention visant à sensibiliser et à éduquer les jeunes, pour étouffer les stéréotypes dès le plus jeune âge.

Ensuite, bien que ce soit une étape souvent difficile (surtout quand des questions suspicieuses et remarques sexistes émergent pendant le témoignage), il est vivement conseillé de signaler les faits à la police ou à la gendarmerie, où des dispositifs d'accueil et d'aide aux victimes ont également été mis en place.

Aujourd'hui malheureusement, peu d'agresseurs sont effectivement condamnés par la justice, et quand ils le sont, c'est souvent de manière beaucoup plus légère qu'espérée.

Mais pour que les choses changent, que les tabous soient brisés et les idées reçues anéanties, parler, c'est déjà beaucoup.

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