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Il était temps de rentrer pour l'adolescent. Salué par ceux qu'il croisait, il entendait son prénom partout. John par-ci, John par-là, salut John... Dans ces mots répétitifs et incessants se mêla une phrase bien différente qui vint caresser ses tympans.

« Celui qui l'attrape... »

Ailleurs, au même moment, un fugitif faisait résonner ses pas dans une ruelle sombre lors d'une course effrénée. Il se retournait régulièrement et voyait ses poursuivants s'en approcher de plus en plus.

« Celui qui l'attrape pourra obtenir ce billet de deux livres... »

L'orphelin sans identité courait dans des flaques d'eau et aspergeait les chats apeurés. Sa gorge s'asséchait. Son estomac se nouait. Ses poumons brûlaient. Les yeux rouges, la vue troublée par ses larmes de terreur, il tentait d'échapper aux habitants du quartier.
Ces types cherchaient à l'attraper pour le vol d'une baguette de pain rassie. Lui, il voulait juste se nourrir. Ses jambes laides et émaciées ne l'emmenèrent pas très loin. Il était épuisé, au bord de la mort depuis des lustres.
— Il est passé par ici !
Caché dans un tas de poubelles, en grand manque d'oxygène, il respirait fort et tremblait. Les adultes couraient devant lui sans l'apercevoir. Certains étaient vêtus de pagne déchirés ; d'autres étaient entièrement nus et sales – couverts de boue, de sueur et de sang, sans compter les parasites dans les cheveux.
Lorsque tout semblait terminé, que ses poursuivants s'étaient éloignés, une main s'approcha de son visage, sans qu'il ne l'ai vu arriver. Il exprima sa surprise lors d'un sursaut.
— Viens vite... On va partir de l'autre côté.
C'était son ami, un autre adolescent de son âge et sans un sou, abandonné par sa propre famille.
— Dépêche-toi ! Tu vas te faire tuer !
— Merci, John...
Le garçon aux yeux injectés de sang et aux cernes impressionnants attrapa le bras de son camarade afin de l'extirper hors des sacs.
— Allons-nous-en.

Le voleur sortit de la pile avec difficulté et commença à suivre son sauveur. Ensemble, avec la plus grande discrétion, ils s'approchèrent d'une ruelle adjacente où attendait un homme au ventre tombant.
— John... Ce type...
Le garçon recherché ouvrit grand ses yeux. Il se tourna alors vers celui en qui il avait confiance. Il avait été trahi.
             Bien trop fatigué, il n'eut point le réflexe de fuir. Le type victime d'obésité l'attrapa alors et le mit sur son épaule. Le pauvre jeune était incapable de se débattre ou de s'enfuir.
— John ! On était amis !
— Je suis désolé... Je veux survivre, moi...

Le cœur empli de remords, l'adolescent regardait le propriétaire de la boulangerie en ruine s'éloigner. Le type lâcha le billet qui virevolta jusqu'aux pieds du jeune garçon crasseux. John saisit celui-ci avec sa main droite où il manquait son annulaire et le glissa dans la poche de son seul habit.
— Attendez ! Il manque une livre !
L'homme se retourna et lui asséna un brutal coup de pied dans le ventre.
— T'es qu'un gamin, tu n'en feras rien. Prends ce qu'on te donne et ferme-la.
Les autres traversaient encore la ville à la recherche du fugitif. En les regardant courir, il recula, la main sur son ventre. Il marcha de longues minutes jusqu'à atteindre sa maison : un habitat totalement détruit, sans toit. Il y avait seulement un matelas dépouillé de son rembourrage. Couvert de tâches d'urines, de sang et d'excréments.
Un seau servant à récupérer l'eau de pluie était posé devant chez lui afin de se laver mais la plupart du temps, des jaloux s'en servaient puis tapaient dedans pour le renverser. Il louait cet endroit pour quelques misérables livres.

Peu de temps après, à l'intérieur, l'adolescent cherchait sur son sol poussiéreux la moindre miette de nourriture.
— John !
Quelqu'un frappa la grande planche en bois qui servait de porte. Celle-ci tomba sur le parquet dans un bruit fracassant. John se leva et alla jusqu'à lui.
— T'as les cinq livres ?
L'adolescent baissa les yeux et attrapa ce qu'il avait dans sa poche. Son nouveau billet et deux petites pièces sans valeur.
— Non. Tu peux me laisser encore quelques jours ?
Son interlocuteur de plus grande taille, à l'extérieur, l'attrapa par le cou. Ses bras étaient couverts de tatouages affreux faits par des amateurs et il avait un piercing sur le nez.
— Je te loue cette maison de luxe pour cinq putain de livres. T'es pas foutu de payer en temps et en heure ? Tu dégage.
Projeté plus loin dans la rue, il roula sur le béton froid et son nez heurta un mur. Quelques gouttes de sang coulèrent hors de ses narines.
— Ne reviens pas, gamin. Vas donc au foutoir et fous-moi la paix.
— Jordy, attends. Je ne veux pas aller là-bas.
— Tu fais ce que tu veux mais laisse-moi tranquille. On est tous dans la merde ici.
Le ciel était aussi gris que les tons monotones de la ville. Une seule couleur décorait les rues de ses nuances sombres. D'un rouge vif de sang frais à du pourpre bien incrusté. Les odeurs variaient elles aussi entre les cadavres d'animaux et des flaques de vomi.

En ce début de soirée, l'adolescent marcha de longues minutes en titubant. Il chancelait devant les pauvres adultes tombés bien bas dans la folie. Certains organisaient des combats à mort entre insectes en tout genre ; d'autres fabriquaient des bibelots immondes avec ce qu'ils trouvaient.
Finalement, le jeune arriva au foutoir. C'était le coin le plus désolé du quartier. Un simple trottoir. Les habitants s'entassaient dessus, les uns sur les autres pour se tenir chaud. Aucun d'eux n'avait de vêtement, d'argent, ni même de quoi se nourrir. Un des types léchait une flaque d'eau pour s'hydrater. Un autre chantait avec une voix cassée. Ils étaient tous insupportables à geindre et à pleurer.

Certains appelaient cet endroit la cour des lamentations. Y vivre ne serait-ce que pour quelques heures était une honte même pour les pauvres.
— Bernardoooo !
Une pauvre femme allongée sur le béton hurlait ce prénom.
— Bernaaardoooo !
Elle grattait les croutes répugnantes de ses parties génitales avec ses ongles cassés jusqu'à en saigner. De nombreux boutons remplis de pus sur ses joues éclataient sous la pression des doigts de son autre main.
— Bernaaardooo !
— Ta gueule, sale pute ! hurla un homme ivre.
Une bouteille en verre se fracassa contre le crâne de la femme qui hurla bien plus fort suite à la douleur. Le type lui trancha alors la gorge à plusieurs répétitions pour la faire taire. Les trous dans son cou s'agrandissaient et John dût assister à cette horreur.
Cet homme était la cible idéale pour lui. Il puait l'alcool à plein nez et ne tenait pas très bien debout. Il devait avoir de l'argent pour s'acheter ses bouteilles.

Pendant un instant, il l'observa et plongea ses mains dans l'eau d'une flaque pour ensuite se frotter les cheveux. Ceux-ci étaient tout pleins de terre et de poux. Il fit mine de se les laver en attendant que l'alcoolique s'approche. Ses mains devinrent noires et quelques mèches purent retrouver une couleur semblable à celle d'origine : le blond.
— Hé, gamin.
L'homme s'arrêta devant lui. Il ferma sa bouche, gonfla ses joues et laissa entendre un bruit de gloussement au fond de son gosier.
— Monsieur ?
Un jet très liquide et jaunâtre sortit de sa cavité buccale. Des bouts de chair restèrent coincés entre ses dents. L'homme vomit sa bière de basse qualité – imbuvable par une personne censée – et avala les morceaux de son dernier repas. C'était courant comme méthode dans le quartier pour ne pas gaspiller.
Jordy, de son côté, urinait dans le seau en bois. Son jean troué était baissé jusqu'à ses chevilles. Il laissait la vue de son postérieur à tous les passants.
— J'ai l'argent.
— Tu l'as volé à qui ?

Le blond aux cheveux longs secoua son appareil génital et se baissa afin d'attraper son habit et de le remonter.
— Ce ne sont pas tes affaires. lui lança son ancien locataire.
John lui tendit un billet de cinq livres et ce qu'il avait dans les poches.
— Je te donne un peu plus de six livres. Depuis que Le groupe est au pouvoir, l'argent est devenu la seule loi, n'est-ce pas ? Je t'ordonne de me laisser la maison. T'as mis ton loyer à cinq, je mets plus.
— On est dans le quartier le plus pauvre, on est isolés des autres. Ici, ça fonctionne différemment. Dégage.
John se mit à genoux devant l'homme.
— Je t'en prie. On peut cohabiter. Je suis prêt à dormir sur le sol. Je peux aller chercher à manger.
— Ne me fais pas rire. T'en serais incapable.
— Tu réduis le loyer et je fais tous les efforts du monde !
Le blond grimaça.
— Tu te paies ma tête ? Je dois vivre avec un gamin et baisser le loyer ?
— Je ramène de quoi te nourrir. S'il te plaît Jordy... Deux livres.
— Quatre, surenchérit l'adulte.
— Trois.
Les dents serrées, complètement blasé, il acquiesça finalement et baissa les bras.
— Bon, va pour trois livres.

Pendant des jours entiers, ils devinrent colocataires de la maison en ruine. Dans ce bidonville, les deux s'arrangeaient pour obtenir n'importe quoi. De la viande de rat, du pain, du riz... Ils se mêlaient à tout type d'affaires et parvenaient à survivre parmi les plus pauvres du quartier.
Un soir, de l'argent en poche, John prit une route menant à son habitat. Sans regarder dans les yeux les types agressifs qui fouillaient les poubelles, il avançait, tête baissée.
— John.
Une main se posa sur son épaule.
— Salut... dit son poursuivant.
— Ah, salut Axel.
— Comment tu vas depuis le temps ?
Le garçon continua d'avancer. Son ami se mit alors devant lui.
— Lucas, le voleur de baguette. Tu te souviens de lui ?
— Ouais.
— Le boulanger l'a attrapé l'autre jour et on ne l'a jamais revu.
— C'est horrible... répliqua l'adolescent dans un ton semblant bourré d'ironie.
— Attends.
             Axel approcha sa bouche de l'oreille de son ami et lui murmura ces mots :
             — Il mange nos amis ! Comment il peut être aussi gros à ton avis ?

Ses yeux luisaient. John tremblait. Impossible de paraître insensible et pourtant...
— Qu'est-ce que ça peut me faire ? C'est la dure loi de la nature.
C'était de sa faute et il le savait. Mais dévoiler ses faiblesses était dangereux dans ce quartier. Il devait rester impassible.
— Tu t'en fiches ou quoi ?
— Dégage, Axel.
Le roux aux airs de garçon courageux afficha un sourire niais.
— Tu me fais marcher, hein ? T'es distant depuis que t'es chez Jordy. C'est du cinéma ?
Le long silence du garçon était très significatif.
— Tu n'es plus mon ami ?
— Personne n'a d'ami ici. On fait ce qu'on peut pour survivre.

L'orphelin reprit la route en direction de son taudis partagé. Une fois chez lui, il se laissa tomber sur le matelas tout plat. Ses bras le démangeaient. Il avait de nombreuses plaques rouges dessus. Ses joues se creusaient. Ses dents étaient jaunes.
— Je ne peux pas te laisser vivre ici.
Jordy entra dans la pièce, les mains dans les poches.
— Tu vas crever dans ma maison et tu m'emmène des parasites. Et ça me déplaît.
— Il me faut juste un peu d'eau et je me laverais. Je t'en prie, laisse-moi ici.
— Il en est hors de question.
L'homme saisit les cheveux crasseux de l'adolescent et le souleva.
— Jordy ! Tu me fais mal !
En se débattant, avec le peu de force qu'il avait, John frappa son colocataire.
— Ordure...
             Le type grimaça et poursuivit :
             — Tu veux rester ici ? Tu vas payer plus cher.

Il plaqua le visage du garçon contre le mur. Le gamin n'était plus capable de bouger. Il manquait d'énergie. Avec une seule main, tout en maintenant la tête de John sur le mur, Jordy le déshabilla. Puis, d'un coup sec, il pénétra l'orifice de l'adolescent qui ne laissa échapper de sa bouche qu'un gémissement de douleur. Il sentait les va-et-vient du pénis à peine dur à l'intérieur.
Secoué par la brutalité des coups de rein de son propriétaire, il versa une larme, sachant pertinemment qu'il était inutile d'opposer la moindre résistance. C'était le prix à payer pour éviter le foutoir. John devait juste satisfaire les besoins de ce monstre.

Après ce rapport, assis sur le sol, les fesses en sang et collé contre un mur, il restait inerte tandis que Jordy préparait des bols de riz cru. La vaisselle n'a pas été lavée depuis des jours. Une araignée se baladait dans leur nourriture.
— C'est prêt.
Quelques cafards passaient sur les pieds de John qui attrapa une grosse poignée de riz. Il était rebuté mais affamé. Avec la plus grande délicatesse, il emmena sa main jusqu'à sa bouche. Le garçon mâcha les grains croquants et sentait les pattes de l'arachnide bouger. La petite bête tentait de s'enfuir mais se retrouva broyée entre les molaires de l'adolescent dépressif.
Chaque matin, chaque soir, c'était le même refrain. John devint le jouet sexuel et sans saveur de Jordy.

Depuis l'avènement d'un nouveau gouvernement appelé Le groupe, l'argent et les négociations étaient devenues la loi. Tout était légal quand on avait de quoi acheter le silence des autres. L'anarchie devint le mode de vie de l'être humain. Sans argent, le jeune garçon n'était plus qu'un déchet parmi tant d'autres.
— Au fait, gamin.

John se lavait le visage avec leur seau d'urine datant de quelques jours. C'était ce qu'il pouvait trouver de plus propre dans le quartier.
— Tu m'écoutes quand je te parle ?
Il ignorait son compagnon d'infortune. De ce fait, très agacé, l'homme lui éclata le nez à coup de talon.
— C'est chez moi alors tu me réponds !
— J'en ai assez.
— Tu trouves quelque chose à redire ? Cette fois, c'est trop. Tu dégages pour de bon.
John baissa les yeux.
— Si t'es pas sorti dans cinq secondes, je te bute... déclara Jordy d'une suave voix.

Les mois passèrent. Vivant dans le foutoir avec des gens malingres, le garçon devenait fou. Les quelques pièces qu'il gagnait dans de sombres affaires finissaient dans un bocal qu'il cachait dans la rue aux animaux. Un endroit où les humains n'allaient pas en général.
Le jour de sa majorité, Alex vint le voir. Lui aussi avait l'air d'être déprimé, dépravé, mort à l'intérieur.
— Salut... Joyeux anniversaire.
— Vous me répétez ça depuis dix ans. Joyeux anniversaire... Ai-je l'air joyeux ? J'en ai marre de ces conneries.
— Tu m'en vois navré...
— Mais arrête ! Arrête bordel ! T'es qu'un hypocrite ! Personne n'a de sentiment ici. On est là parce qu'on ne mérite pas d'avoir de l'argent !
Le roux aux yeux gris l'attrapa par le col et le plaqua contre un mur, enragé.
— Et de quel droit des types décident ça ? Qui mérite d'avoir de l'argent plus que d'autres ?

Un éclair de génie vint aussitôt frapper John.
— Si toutes ces livres pouvaient disparaître, ce serait bien.
— Tu as raison ! hurla John.
Un brin de courage le gifla et ses paupières tombantes s'écarquillèrent.
— J'en ai assez de vivre comme tel.
Axel lâcha son ami et détourna le regard, gêné.
— Tu sais... Je disais ça sous le coup de la colère...
— Moi, je ne plaisante pas. J'ai eu une révélation. J'ai vendu mes amis, j'ai tué et volé ceux qui avaient ne serait-ce que quelques pièces. J'ai bu ma propre pisse, je me suis fait violer. Mes parents m'ont abandonné.
Il leva les yeux et fixa son ami, déterminé.
— Je vais faire tomber le groupe. Mieux ! Je vais le racheter...
— Tu as de l'ambition, c'est bien. Mais tu sais que c'est impossible, hein ? Tu t'en rends compte, John ? Tu ne pourras jamais créer cette utopie.
— Au contraire. Je vais amasser l'argent des autres par tous les moyens. Je vais abandonner mes émotions petit à petit et devenir une personne qu'on ne pourra plus atteindre. Je vaincrai ce groupe.

Axel recula.
— T'as toujours été cinglé.
Sans lui répondre, John se mit à courir. Il alla jusqu'à sa petite cachette, essoufflé au bout de quelques secondes seulement. Les animaux, se sentant menacés par son arrivée si soudaine, réagirent différemment. Certains s'enfuirent et d'autres l'attaquèrent. Mordu par des chiens porteurs de maladies et griffés par des chats ébouriffés, il sauta sur son bocal.
Le jeune garçon put s'échapper plus loin avec son pot d'argent. Puis, il bouscula le roux qui l'avait suivi, curieux.
— Qu'est-ce que...
Les deux se regardaient dans les yeux.
— Tu avais de l'oseille caché depuis tout ce temps ?
— Non ! J'ai économisé pendant des mois entiers pour pouvoir m'enfuir !

Axel le frappa au visage. Surpris, John laissa tomber le bocal qui se brisa au contact du sol. Sans faire attention au verre, tout en se taillant les doigts, le type ramassa les billets et s'enfuit en hurlant qu'il était riche. Le pauvre jeune homme fut dépouillé de ses dix livres le jour de son anniversaire.

Jordy, lui, eut de la visite dans sa maison délabrée, un peu plus tard. Tandis qu'il découpait un rat avec un tesson de bouteille en guise de couteau, un homme entra sans frapper. Il portait un grand manteau beige, allant jusqu'à ses genoux, ainsi qu'un pantalon blanc et des mocassins. La personne mesurant 1 m 60 tout au plus retira son chapeau et adressa un tendre sourire au propriétaire.
— Bonjour, monsieur. dit-il d'une voix grave et d'un ton agréable. Je m'appelle Escribar de Malgenmunsh. Je viens prendre possession de votre habitat.
— Alors déjà, c'est pas très poli d'entrer chez les gens de la sorte. Puis je refuse, vous n'en avez pas le droit.
— J'ai entendu parler de vous, vous savez... Votre ancien appartement a pris feu et vous êtes venu vous réfugier ici. N'étant en aucun cas réellement propriétaire, je peux le saisir.

Le type tatoué s'approcha de son interlocuteur accompagné de deux hommes tapis dans l'ombre.
— Si je peux me permettre, un riche n'a rien à faire ici. Dégagez ou payez-moi.
— Dans un monde comme celui-ci, la police existe toujours et fait ce que les gens comme moi demandent.
Dans l'incompréhension totale, Jordy sourcilla simplement en glissant ses mains dans ses poches.
— Je les paie...
Et le perçant sifflement de la balle précédé du coup de canon marqua un court silence. Jordy baissa les yeux et vit un trou dans son thorax.
— Ils vous tuent...
Ses lèvres se teintèrent d'un pourpre éclatant. La main sur sa blessure, il recula sans dire un mot et finit par tomber à la renverse. Les policiers derrière Escribar croisèrent leurs bras.
— Bien. Partons, chers amis.

Le quartier avait une superficie d'environ trente kilomètres carrés. Dans tout cet espace, les plus riches des pauvres et les plus démunis se connaissaient. Le mot se passa rapidement. Tout le monde savait pour la mort de Jordy.
John, dans la ruelle aux animaux, assis contre un mur, leva les yeux.
— Bonjour, mon garçon.
L'homme au chapeau se pencha vers lui.
— Comment t'appelles-tu ? Où sont tes parents ?
— Je n'ai pas de parent ni d'identité. J'ai obtenu mon surnom ici. On m'appelle John Doe.
— Très bien mon garçon. Ta vie est un véritable cauchemar, n'est-ce pas ?
— Allez-vous-en. Je suis bien ici.
— Plaît-il ? J'ai dû mal entendre.

Le type s'accroupit devant le jeune sans abri et lui adressa un sourire en fermant ses yeux.
— J'ai un travail honnête pour toi. Plutôt loin d'ici. Voudrais-tu changer les choses ?
— Qu'est-ce ? s'étonna John.
— Travailler dans le motel de mon cousin Jackson. Tu pourrais y gagner cent livres par mois. N'est-ce pas merveilleux ?
Il se tourna vers ses acolytes et leur fit un clin d'œil.
— Je peux leur donner de l'argent et te violer. Ils fermeront les yeux. Je peux te tuer. Ils fermeront les yeux. Je peux tout faire sans que personne ne soit au courant. Nous vivons dans un monde où un enfant comme toi a besoin d'argent pour survivre. Tu ne peux pas refuser.
C'était l'occasion pour John de prendre un nouveau départ. De recommencer une plus belle vie. Il pouvait s'approcher de son rêve. Son idéal. Une utopie.
— J'accepte monsieur... dit-il avec hésitation, ne connaissant pas son prénom.
— Escribar... Messieurs, emmenez-le. Ce garçon va pouvoir devenir grand.
Il le regarda s'éloigner avec les policiers et dans les ténèbres de la ruelle, il sourit.
— J'en suis convaincu...

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