Chapitre 3
Nous arrivons enfin dans leur village. Des enfants se courent après en rigolant. Alors que les plus jeunes s'amusent, les plus vieux s'occupent de préparer le repas. Au milieu du camp, j'aperçois un feu, entouré de plusieurs pierres, réchauffant de la viande que quelques hommes surveillent. Les femmes discutent entre elles et préparent les couverts pour manger. Je souris, en balayant l'endroit de mon regard, devant ce monde que je ne connaissais pas, devant ces personnes si joyeuses malgré leur mode de vie un peu différente de la mienne, de ceux qui sont enfermés derrière les murs, comme je l'étais avant. Lorsque nous avançons assez près pour qu'ils nous remarquent, tout le monde arrête ses occupations et me dévisage. Notre groupe s'arrête et l'homme qui m'a sauvé, est le seul à s'avancer légèrement pour parler aux autres.
- Je vous présente...
Il se retourne vers moi en me montrant du doigt en ayant l'air un peu désolé. Je comprends rapidement ce qui l'embête.
- Diana. Je m'appelle Diana.
Il me sourit en guise de remerciements et se retourne vers le groupe qui nous fait face.
- Je vous présente Diana. Elle sera notre invitée pour cette nuit alors tâchez de bien l'accueillir. Je lui ferais un rapide tour pour les présentations après que nous l'auront soignée. Vous pouvez donc retourner à vos affaires.
A la fin de cette dernière phrase, toutes les personnes exécutent ce qu'il vient de dire et retourne vaquer à leur occupation. A mon avis, ce doit être le chef qui m'a sauvé la vie, au vu de son autorité. Il détourne ses yeux de cette foule qui se disperse et m'observe un instant avant de s'approcher et de me faire signe de le suivre. Nous entrons dans une cabane en bois où une jeune femme range des papiers. Quand nous arrivons sur le seuil de la porte, elle lève la tête vers nous et un sourire se dessine sur ses lèvres. Elle doit avoir dans les vingt, vingt-cinq ans au vu de son physique. Ses longs cheveux châtain qui retombent sur ses épaules sont vraiment longs et ses yeux en amande sont magnifiques avec ses iris qui forment un mélangent de vert et de jaune. Elle s'avance vers nous et me tend la main.
- Bonjour, je m'appelle Eleanor.
J'attrape sa main pour la lui serrer et lui répond à mon tour.
- Bonjour, moi c'est Diana.
Elle fait pivoter légèrement mon bras et observe la blessure que j'ai au bras. Du sang coule sur tout le long de mon bras et mon haut est tout déchiré.
- Ah mon avis, ce n'est pas bien grave ce que tu as là mais tu vas avoir besoin de quelques points de sutures. Suis-moi. On va aller dans la salle d'à côté pour s'occuper de ça.
Je traverse la pièce derrière elle et mon sauveur nous suit également. Eleanor nous ouvre la porte et nous fait signe d'y entrer. Elle m'invite à m'assoir sur la table d'examen que je suis étonnée de voir ici. Je ne pensais pas qu'ils avaient réussi à avoir accès à un matériel comme celui-là. C'est sûre que ce n'est pas le même qu'à l'intérieur des villes emmurées mais c'est déjà ça. Je fais donc ce qu'elle me dit et j'en profite pour découvrir la salle des yeux. Dans l'angle, j'aperçois un vieux lampadaire avec à côté une petite table ronde en bois où un pichet rempli d'eau accompagné d'un verre y sont déposés. Un peu plus loin, là où se trouve Eleanor, il y a un vieux meuble avec toutes sortes d'instruments médicales posés dessus. Je la vois sortir du fil de l'un des tiroirs avec une aiguille. Je la vois farfouiller partout dans ses tiroirs comme s'il lui manquait quelque chose. Elle se retourne vers moi l'air contrarié.
- Qu'est-ce qu'il ne va pas ?
En attente d'une réponse à sa question, le chef la regarde droit dans les yeux se demandant réellement ce qui n'allait pas.
- Il ne me reste plus d'anesthésiant. J'ai dû utiliser le dernier tube d'anesthésiant qu'il me restait la dernière fois avec Ronan.
L'homme se frotte le menton avec deux de ses doigts tout en ayant l'air pensif.
- Il va falloir qu'on aille se réapprovisionner alors, mais une expédition de ce genre devrait prendre une ou deux journées. On ne peut pas la laisser comme ça avec le bras ouvert tout ce temps...
- Non, sa blessure risquerait de s'infecter.
Je les écoute parler. Ce n'est pas bien grave s'il ne m'anesthésie pas le bras, je ne vais pas en mourir. Déjà que je les embête faudrait pas que je commence à piailler parce que madame ne veut pas avoir mal lorsqu'elle se fera recoudre le bras.
- Ne vous embêtez pas pour moi. Je peux très bien me passer d'anesthésie.
Ils se retournent tout deux vers moi.
- Tu es sûre ?
- Oui, ne vous inquiétez pas.
Elle attrape le fil et l'aiguille qu'elle avait déposée sur le dessus du meuble pour les emmener à côté de moi.
- Heu, Graham... si tu pouvais nous laisser le temps que je lui fasse ses points ce serait gentil et puis tu pourrais en profiter pour aller lui chercher une nouvelle tenue puisque son haut est tout déchiré.
Il hoche la tête et après nous avoir fait un signe de la tête, il sort de la pièce, nous laissant seules toutes les deux. Concentrée dans son travail, Eleanor commence à tirer du fil et garde son regard rivé sur celui-ci afin de couper la bonne longueur et de le passer dans l'aiguille.
- Pour éviter d'avoir trop mal, tend bien ton bras et regarde le tableau sur ta gauche, ça t'aidera à penser à autre chose.
J'acquiesce et exécute son conseil. Le tableau est ancien. Quelques morceaux de peintures se sont enlevés et le reste est un peu craquelé sur les bords mais on arrive quand même à distinguer un édifice vraiment impressionnant. Il est recouvert d'arbre qui ont poussé un peu partout dessus et nombreux sont les lierres qui s'y sont agrippés. Tout est en débris mais les arches et les grandes ouvertures sont encore en place. Un peu plus au... Aïe. Je déporte mon attention de la toile pour regarder mon bras. Elle vient tout juste de m'enfoncer son aiguille dans la peau. Je grimace à cause de la douleur. Se faire trouer le bras à vif à coup d'aiguille, c'est vraiment douloureux. Je décide de me concentrer sur autre chose que ce qu'elle me fait pour ne pas trop y penser. Sans savoir pourquoi, ma vue s'attarde sur la jeune femme. Elle est tellement concentrée dans ce qu'elle fait. Une mèche de ses cheveux lui retombe sur son visage. Un de ses doigts l'envoie à l'arrière de son oreille afin de ne pas être gênée. Les secondes s'écoulent tandis que mon sang, lui, à arrêté de couler. Un dernier point et ça y est. Elle fait un nœud et jette ce qu'il reste en fil.
- Ca y est, je viens de finir. Il faudra surveiller que ça ne s'infecte pas mais normalement tout ira bien. Il me reste quelques calmants pour la douleur, je vais aller te chercher ça.
En l'attendant, je jette un coup d'œil à ce qu'elle m'a fait. Les points sont réguliers et très bien fait. Elle se débrouille vraiment bien. Je me demande depuis combien de temps elle fait ça. La voilà qui revient avec une petite boîte de médicaments dans les mains. Elle ouvre le couvercle et en sort deux petits cachets qu'elle me tend.
- Tiens, avale ça avec le verre d'eau qui se trouve sur la petite table là bas. Tu pourras en prendre un toutes les quatre heures jusqu'à demain mais après, ce sera pas plus d'un toutes les huit heures.
- D'accord. Merci beaucoup.
Une fois mes pieds à terre, je vais prendre de l'eau pour avaler les deux cachets.
- Tu pourras te changer avec ça. Ce n'est pas comme les vêtements que tu as l'habitude de porter je pense mais nous n'avons rien d'autre.
- Ce n'est rien, vous faîtes déjà beaucoup pour moi et puis elle m'a l'air bien cette tenue.
A vrai dire, je ne l'avais même pas vue rentrer dans la pièce avec les habits.
- Bon et bien, je vais te laisser te changer et quand tu auras finis tu pourras nous rejoindre dehors.
Elle sort de la pièce en fermant la porte derrière elle, me laissant seule avec ma nouvelle tenue dans les mains. Je déboutonne mon pantalon et enlève mon haut. J'enfile ce qu'elle m'a donné et me regarde un instant dans le miroir, pas loin de la sortie, pour voir de quoi j'ai l'air. Mes cheveux sont légèrement décoiffés mais dans l'ensemble ça va. Je passe mes doigts vite fait dedans afin de les démêler et après avoir vérifier un dernier coup, je décide d'aller les rejoindre dehors. Tout le monde est assit autour du feu et discute tranquillement avec des assiettes dans leurs mains. J'avance peu sûre de moi et me cogne dans quelqu'un. Je lève rapidement la tête et m'excuse.
- Oh non ne t'inquiètes pas, c'est moi qui n'est pas fait attention.
C'est un garçon d'à peu près mon âge qui me fait face. Je ne sais pas vraiment quoi dire. Difficile d'entamer une conversation quand on ne connait pas la personne en face de nous. Nous restons un court instant en nous regardant sans savoir quoi dire puis il finit par briser le silence.
- Tu t'appelles Diana c'est ça ?
- Oui.
- Moi c'est Jack. Au fait, je me demandais, tu viens bien des villes enfermées ?
- Oui pourquoi ?
- Et bien, je me demandais pourquoi t'en étais partie ?
Je le regarde mais je ne sais pas si je dois lui dire. Ma grand-mère m'a dit que des gens recherchaient le grimoire que j'ai à présent en ma possession. Peut-être qu'ils en font parti de ces personnes... Lui dire la vérité pourrait donc être risqué même si, au final, le livre est vierge, du coup ça n'aurait pas vraiment d'importance mais bon.
- Je dois retrouver une personne.
- Ah bon ? Qui ça ? On peut peut-être t'aider ?
- Euh, je sais pas trop... je sais pas si je peux vous en parler...
Je le vois froncer légèrement des sourcils cherchant à comprendre mes raisons. Mais rapidement, il me sourit et au moment où il s'apprête à me dire quelque chose, une main se pose sur son épaule. C'est l'homme de tout à l'heure.
- A ce que je vois tu as rencontrée mon fils, Jack.
Je le regarde étonnée. C'est vrai qu'en regardant de plus près il lui ressemble un peu, mais c'est surtout la couleur de ses cheveux qui les rapproche sinon à part ça, y a pas grand chose.
- Au fait, j'avais oublié de me présenter. Je m'appelle Graham et je suis le chef de ce village. Bon et bien, maintenant que les présentations sont faîtes, venez donc manger tout les deux.
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