Chapitre seize : Memory
https://youtu.be/ZEimHYVlb_w
Chapitre plutôt mature (16+ ??) mais rien de méchant, pas ici, pas pour eux :)
« If you touch meYou'll understand what happiness is »
Durant le dernier weekend des vacances de la Toussaint, Sören parvint à faire partir Oskar et Sara de leur maison. Il leur avait clairement expliqué ses intentions : il voulait célébrer sa première année de relation, donc il souhaitait inviter Éloi et passer du temps seul avec lui. Oskar, bien que réticent, avait fini par accepter. Il avait cherché à parler de sexe avec son neveu, le supposant encore ignorant, mais il s'était heurté à un mur. Ce dernier avait déjà eu cette conversation avec quelqu'un de plus à l'aise sur la question. Il n'avait pas révélé l'identité de Maïwenn, mais le souvenir de leur conversation, quelques mois plus tôt, le fit sourire.
Il avait aussi entrepris quelques recherches, pour savoir comment on faisait l'amour entre hommes. Cela l'avait emmené sur des sites inattendus, et il avait, plusieurs fois, fermé des pages, les trouvant trop explicites ou ridicules par rapport à ce qu'il s'imaginait faire avec Éloi. S'ils le faisaient, bien sûr. Rien n'était joué et cela ne dérangeait aucunement Sören. Ils le feraient d'un commun accord ou ne feraient rien du tout dès l'instant où l'un d'entre eux aurait une hésitation. Et s'il y en avait une, il n'existerait aucune rancœur ni aucun remord sur la question.
Malgré tout, les deux adolescents n'étaient plus si ingénus. Ils avaient déjà vu le corps de l'autre. Au fil des mois, ils avaient appris à s'explorer eux-mêmes et à explorer l'autre aussi, à découvrir quelques sensibilités intimes avec lesquelles ils avaient appris à jouer. Ainsi, même s'ils ne passaient pas à l'acte ce soir, ils savaient qu'ils avaient enfin du pouvoir. Ils savaient qu'ils existaient à l'intérieur de leurs propres corps. Ils se regarderaient nus et ne verraient plus la sauvagerie du passé. C'était une pensée rassurante.
Le jour J, Éloi arriva chez Sören le matin et lui proposa une promenade. Elle ne les mènerait peut-être pas jusqu'au chêne, puisqu'il fallait quelques heures de marche pour y arriver, mais ils voulaient tout de même profiter des derniers jours de beaux temps avant la promesse pluvieuse de la rentrée.
Main dans la main, ils entrèrent dans les bois par le chemin habituel. Ils ne parlaient pas beaucoup, se concentrant à la fois sur les sons et les odeurs de la forêt, mais divaguant aussi vers ce weekend à deux qu'il s'apprêtait à passer.
Pour Éloi, ce n'était que le premier d'une longue liste qu'il espérait poursuivre. L'intimité qu'il avait avec Sören n'existait nulle part ailleurs.
Encore aujourd'hui, il ne savait même pas s'il aimait réellement les garçons. Il n'avait jamais regardé qui que ce soit de cette manière, seulement Sören. Ainsi, il n'arrivait pas vraiment à se considérer homosexuel. Il l'était, d'une certaine façon, mais il ne l'était que pour une personne. Sören aurait pu être une fille, il serait peut-être tout autant amoureux. Non, c'étaient les yeux bleus de l'anglais, son aura secrète et pourtant solaire, son sourire enveloppant qui avaient fait succomber Él. Tout cela aurait pu appartenir à une fille, à un autre garçon, à quelqu'un qui ne se reconnaissait ni dans l'un, ni dans l'autre, ou dans les deux, il s'en fichait complètement. Sören était son présent et son futur.
Beaucoup d'adolescents pensaient ainsi, il en avait conscience. Ses parents lui en avaient parlé, expliquant que les amours de jeunesse pouvaient parfois se terminer aussi brutalement qu'elles avaient commencé. Cependant, Éloi n'y croyait pas. Du moins, si, il y croyait, mais pas dans son cas de figure. Il aurait fallu que ses parents endurent la même chose qu'eux pour pouvoir comprendre exactement ce que cela faisait de se réparer mutuellement. Lui et Sören avaient une complicité bien plus charnelle et émotionnelle que ce que n'importe qui pouvait supposer. C'était de l'amour, certes, mais c'était surtout une rencontre.
Lorsqu'ils arrivèrent vers leur clairière, ils s'installèrent comme à leur habitude, face à l'étang. Ici, il n'y avait jamais personne. Le lieu était beau, mais trop éloigné pour les passants habituels. Même les randonneurs ne venaient pas souvent jusqu'ici, cette clairière n'apparaissant pas sur le GR. Il fallait s'éloigner de quelques minutes du chemin ordinaire, or, pour oser le faire, il fallait aussi bien connaître les lieux et avoir confiance.
— Tu veux de la musique ? demanda Sören tout fouillant dans son sac.
Éloi était en train d'étendre la couverture au sol. Elle sentait bon le propre. Éloi la lavait toujours lorsqu'ils revenaient d'une sortie.
— Hm, je ne sais pas, j'aime bien l'idée d'être simplement au calme aujourd'hui. N'entendre que la forêt et toi, ça me semble être tout à fait satisfaisant.
— Et si je parle pour dire n'importe quoi ?
— Je te ferai taire, répondit le brun en s'asseyant.
— Ah ouais ?
Sören, plutôt que de s'installer gentiment à son tour, se laissa tomber sur Éloi et le plaqua au sol, non sans douceur. Même si le geste était rapide, il n'avait pas à être brutal.
— Et tu me feras taire comment ?
Éloi ricana et attira davantage le garçon contre lui pour l'embrasser.
— Bien que l'idée soit brillante, je ne suis pas sûr que ce soit suffisant pour que j'arrête de t'ennuyer.
— Déjà, tu ne m'ennuies jamais, ou pas trop. Ensuite, j'ai toujours d'autres plans en tête.
Sören eut un regard malicieux et embrassa à nouveau Éloi, puis lui murmura que c'était peut-être lui qui allait le faire taire ou, au contraire, le rendre plus bruyant. Face à cette déclaration, Él écarquilla les yeux et se laissa faire. Le poids qui était sur lui ne le restreignait pas. Il avait toute une forêt pour se sentir libre et le toit du ciel pour l'éloigner des souvenirs macabres. Sören éloignait les mauvais esprits qui pourraient le tourmenter, donc il n'eut aucune crainte lorsque son petit ami commença à l'embrasser dans le cou, à caresser son torse, sa taille, ses hanches avant que sa main ne glisse, avec précaution, entre ses jambes.
Sören releva les yeux vers lui pour s'assurer que tout allait bien. Sans avoir besoin de verbaliser qu'il était consentant, Éloi l'embrassa et descendit ses mains vers son jean. Il le déboutonna pour offrir à l'anglais un meilleur accès. Puis, sans trop d'hésitation, il en fit de même avec le jean de Sören. Ce dernier laissa un soupir lui échapper et lorsque les mains d'Éloi vinrent se placer derrière sa nuque, il plaqua ses hanches contre celle du brun et bougea doucement, laissant leurs corps se frotter doucement l'un contre l'autre.
Ces derniers jours, ils avaient davantage pu se toucher que durant tout le mois d'octobre. Ces sensations leur avaient manqué et ils se sentait plutôt insatiables depuis le début des vacances. Ainsi, leur excitation ne tarda pas à monter, entre deux baisers plus gourmands et des caresses douces dans le dos, sur les épaules, le cou, les doigts se mêlant parfois aux cheveux.
Éloi fut le premier à agir. Il s'était découvert, finalement, bien plus entreprenant que Sören. Si ce dernier débutait souvent les rapprochements, il était rarement celui qui passait les étapes. Él se dit d'ailleurs, en repensant aux cours de conduite qu'il avait commencés au printemps dernier, que si Sören était le volant qui orientait la destination, lui était plutôt le levier de vitesse qui accéléraient le mouvement. Et lorsqu'il pensa au levier, il glissa sa main dans le boxer de Sören pour sentir sa peau et s'assurer qu'il était au moins aussi désireux que lui.
Le soupir de son petit ami, dont les lèvres étaient désormais perdues contre son cou, lui assura, si cela était nécessaire, qu'il était dans de bonnes conditions. Doucement, il délogea le sexe de Sören de sa cachette et commença à le caresser. L'anglais se redressa un peu afin de trouver une position plus confortable. Il rougissait de plus en plus à mesure qu'Él continuait ses mouvements. Afin de l'accompagner, il imita son petit ami et, tout en prenant appui avec une seule main, il descendit l'autre vers le ventre d'Éloi avant de la glisser à l'intérieur du caleçon du jeune homme. Tous deux soupirèrent et sentir leur désir se faire de plus en plus vorace.
Ce n'était pas la première fois qu'ils se touchaient ainsi, à l'extérieur. Tous deux aimaient mêler la forêt à leur sensualité. Cela les faisait frissonner et se sentir plus proches de la vie. Sentir la terre, sous eux, nue bien que recouverte d'herbe, c'était une façon de se connecter au paysage. Sören était heureux de toucher le corps d'Éloi durant une telle saison que l'automne. Elle lui ressemblait toujours autant, lui qui voyait chez le brun un esprit de la forêt durant les soirs brumeux. C'était un esprit silencieux, énergique et soupirant, exactement comme il le voyait immédiatement, juste en-dessous de lui. Ils ne se lâchaient pas des yeux. Éloi arquait de plus en plus son dos pour que Sören continue ses gestes alors qu'il sentait la main du jeune homme s'activer davantage. Il était beau et l'anglais se sentait fondre à son contact.
Soudainement, le brun rompit leurs soupirs par des mots et se risqua à dire à Sören qu'il le voulait, qu'il voulait qu'il lui fasse l'amour, ici, dans cette clairière. L'anglais l'embrassa pour lui répondre mais déclina la proposition. Ils n'avaient rien avec eux qui pourrait leur permettre de satisfaire confortablement ce désir. Éloi essaya des répondre mais la main de Sören bougea plus vite, son pouce venant titiller des parties plus sensibles de son sexe. Il n'eut pas d'autres réflexes que celui de gémir.
En retour, il sentit l'anglais s'affaisser de plus en plus, son bras qui le soutenait commençant à trembler. Il perdait de la force mais se sentait aussi très proche de ses limites. Les deux garçons s'embrassèrent alors après s'être mutuellement autorisés à laisser leur plaisir les envahir, ce qui ne tarda pas à arriver pour Éloi dont les gémissements mirent un terme à la retenue de Sören.
Quelques minutes après, ils étaient allongés l'un à côté de l'autre, essoufflés, satisfaits, et tendrement suspendus au ciel.
— How can it be so exquisite every time ? That's unbelievable... (Pourquoi cela est si délicieux à chaque fois ? C'est incroyable...)
Éloi était désormais habitué au fait que Sören revenait à l'anglais lorsqu'ils étaient tous deux dans cet état. Même lorsqu'ils se touchaient, le jeune homme ne répondait que très rarement en français.
Cela n'était clairement pas pour déplaire à Él qui adorait entendre son accent, sa langue en partie natale.
Sören maîtrisait aussi bien les deux langues. Avec sa mère et ses amis, il avait toujours parlé en anglais. Le reste du temps, y compris à l'étranger, il était dans des écoles françaises et son père insistait pour que Sören connaisse parfaitement chacune des deux.
— By the way... Did you really say you wanted me to be a top ? (Au fait... Tu m'as vraiment dit que tu voulais que je top ?)
Éloi se plaça sur le côté afin de regarder la tête de son petit ami.
— Hm hm, le coupa-t-il en confirmant d'un signe de tête.
Sören se tourna vers lui aussi, les sourcils froncés.
— Are you sure ? Sûr ?
Il revenait doucement au français, se souvenant de la personne à qui il s'adressait. Éloi n'était peut-être pas mauvais en anglais, mais Sören l'avait parfois perdu lorsqu'il se laissait vraiment aller.
— J'y ai pensé plusieurs fois et, même si on n'en a jamais vraiment parlé, je me suis rendu compte que les deux positions m'iraient très bien. Et dans le doute, pour toi, je me suis dit que tu préférerais peut-être être celui qui le fait.
— Je... J'y ai pensé aussi et, même si cela me rend nerveux, j'ai confiance en toi pour que l'inverse puisse se faire. Mais... Je t'avoue que... Pour une première fois, je préférerais, effectivement, être celui qui le fait. Si cela ne te gêne pas, vraiment...
Éloi l'embrassa sur la joue.
— Si je te le propose, c'est que ça ne me gêne pas.
— Ok.
— Ok.
***
Après leur promenade, les garçons revinrent chez Sören. La maison était vide et il y faisait bon. Oskar et Sara avaient rallumé les chauffages, et bien que cela fasse légèrement grincer des dents Éloi, dont la préservation pour la nature lui semblait supérieure au confort, eh bien, il fut tout de même content de se sentir au chaud après être resté si longtemps dehors.
Ils mangèrent rapidement en parlant justement d'écologie et de végétarisme, sujets qui nourrissaient les passions d'Éloi et le rendaient bavard.
Sören, au fil des mois, s'était laissé convaincre par son petit ami et avait franchi le cap du végétarisme. De toute façon, s'il voulait continuer sa vie auprès du brun, il savait qu'il n'avait pas tellement le choix. Cependant, jamais il n'avait ressenti de pression. C'était grâce aux informations qu'il avait collectées et sa propre remise en question qu'il avait changé ses habitudes alimentaires. Él était si persuasif que même Sara commençait à revoir son opinion sur les produits animaliers. Oskar, en revanche, était prêt à ralentir mais il ne s'imaginait pas arrêter.
Ainsi, les habitudes des gardiens de Sören avaient beaucoup changées. Les courses n'étaient plus les mêmes. Ils achetaient des fruits et des légumes français et adaptaient de plus en plus leur frigo et leurs placards à une variété saine d'aliments. Éloi les avait même accompagnés au marché, une fois, afin de les conseiller.
À ce souvenir, Sören eut envie de rire. Il aimait avoir un petit ami engagé, avec des valeurs qui l'animaient.
— Tu es sûr que tu survivrais à des études dans une université en ville ? questionna-t-il en croquant dans une pomme.
— M'en parle même pas. La simple idée de devoir partir dans un endroit avec trop d'humains m'angoisse.
Éloi s'imagina quelques secondes dans cette situation, presque nauséeux à l'idée de la vivre, puis il reprit :
— C'est un sacrifice que je suis prêt à faire pour trouver un moyen de ne vivre qu'auprès de la nature ou des animaux. Et pour vivre avec toi, aussi, bien sûr.
— C'est ton plan de carrière ? Et tu sais précisément ce que tu veux faire ?
— Ouvrir un refuge pour les animaux que les humains carnivores déciment. Ou travailler dans la préservation des forêts. Peut-être un peu les deux. Je ne sais pas.
Sören ricana en découvrant que le plus sérieux d'entre eux avait des objectifs mais aucune idée de la façon dont il devait s'y prendre pour les atteindre. Ni comment prioriser et choisir. C'était une grande différence.
— Quoi ? Tu te moques de mes idées ? rit Él en retour.
— Pas du tout. Elles sont brillantes. Elles te ressemblent. C'est juste que ça me semble un peu flou.
— En fait, j'irai dans la ville que tu choisiras pour tes études et je m'adapterai en fonction, tout en restant dans les domaines qui m'intéressent.
— You're so sweet... (Tu es adorable...) Mais tu n'as pas à te sacrifier pour moi ainsi.
— Je ne me sacrifie pas, je choisis ce qui me rend le plus heureux. Et il se trouve que tu es assez haut classé dans la liste.
Sören attrapa une des mains d'Éloi par-dessus la table du salon et la serra doucement.
— D'accord, faisons ainsi, mais choisissons ensemble la ville et prenons un endroit où on peut tous les deux faire ce qui nous intéresse.
— Qu'est-ce que tu veux faire, toi, d'ailleurs ?
Ce n'était pas un sujet qu'ils abordaient souvent. Sören faillit se taire, sachant que son père voudrait avoir son mot à dire sur cela. Cependant, son absence de plus en plus significative le laissait espérer qu'il pourrait aller dans la direction qu'il voulait.
— De la traduction. De romans, principalement.
Éloi acquiesça, se disant que le choix était pertinent et logique.
Sören n'était pas de ceux qui rêvaient en grand, mais il n'était pas non plus idiot quant à la direction que sa vie devait prendre. Certes, il ne s'imaginait sans doute pas en défenseur du droit des animaux ou en écolo engagé, mais il se projetait. Il se projetait aux côtés du brun, tout en mobilisant ses points forts, ce qui était essentiel pour Éloi.
Tout allait se mettre en place naturellement. Ils aspiraient à la même tranquillité, ils se portaient le même amour, et se savaient compatibles de bien des manières, donc il semblait évident pour Éloi que la route accidentée de sa vie se poursuivrait aisément auprès de Sören.
Après quelques minutes, les garçons firent la vaisselle, ce qui fit presque râler l'anglais. En effet, ils avaient l'équipement nécessaire pour ne pas faire cela, mais Él préférait largement nettoyer à la main sans utiliser trop d'eau. Et ce fut d'ailleurs suite à une discussion à ce sujet que Sören avait découvert que les Barzh avaient aussi un lave-vaisselle. Mais le tyran vert ne voulait pas qu'il tourne. Ses parents s'étaient pliés à sa volonté assez naturellement.
Lorsqu'Éloi prit son téléphone pour regarder l'heure, il proposa à Sören qu'ils aillent se changer afin de regarder un film ou simplement passer du temps dans les bras l'un de l'autre. Le rythme de leurs cœurs avait accéléré suite à cette déclaration. Ils avaient une vague idée de ce qu'ils souhaitaient réellement faire mais aucun des deux ne trouvaient vraiment les mots pour faire le premier pas.
Ce fut finalement Sören qui en parla, à la fin du film, tandis qu'il était tranquillement allongé contre Éloi, sur le canapé du salon. Sa tête était posée sur la poitrine du garçon et il dessinait dessus des petits cercles du bout des doigts en attendant qu'Él daigne répondre. Ce-dernier, la tête en arrière sur l'accoudoir, accepta avant de caresser doucement le dos de Sören. L'anglais ne se le fit pas dire deux fois et se leva, enthousiaste, pour éteindre la télé, avant de tirer Éloi hors du canapé et l'attirer contre lui.
— Chambre ? demanda le brun.
— Chambre. Je ne pourrais plus jamais regarder cette pièce normalement si on le fait ici.
Dans un rire, ils avancèrent doucement, tout en s'embrassant, vers la pièce voulue. Au fur et à mesure qu'ils s'approchaient, Sören retirait des vêtements à son petit ami, et Éloi en faisait autant, amusé.
La nudité ne l'effrayait plus. La peur de l'intime non plus. Il se sentait libre de ses choix et tellement confiant.
Ils arrivèrent intégralement nus dans la chambre de Sören et tombèrent ensemble sur le lit, sans aucune grâce, mais hilares.
Chaque minute qui passa engagea de plus en plus de sérieux dans leurs gestes, leurs baisers, leurs caresses. Ils prirent tout le temps dont ils avaient besoin pour se mettre en condition. La maladresse des premiers instants étaient parties au fil des mois. La gêne, ils l'avaient balayée presque dès le début. Ils ne leur restaient plus qu'à consentir à se compléter charnellement. Et lorsque tout fut prêt, lorsque Sören parvint à détendre suffisamment Éloi pour passer à l'acte, et qu'il utilisa ce qu'il fallait pour que cela se passe avec douceur, il s'allongea sur le lit et laissa le brun mener la danse.
Il ne voulait pas le brusquer. Il ne voulait pas l'empêcher de contrôler ce qu'il se passait, notamment parce qu'il aimerait, lui aussi, pouvoir le faire le jour où ils inverseraient les rôles. Tout devait être accepté, partagé. Éloi se plaça sur Sören et l'installa graduellement en lui, afin de ne pas ressentir un trop grand inconfort. Sören le regarda faire, le touchant à peine du bout des doigts, trop émerveillé par ce qu'il se passait et ce qu'il ressentait. Lorsqu'Éloi commença à bouger doucement sur lui, ils se regardèrent intensément. Ne pouvant se retenir, Sören se redressa du mieux qu'il put afin d'embrasser Él et de le prendre dans ses bras. Leurs bouches se trouvèrent avec avidité, étouffant leurs gémissements, étouffant les soupirs, mais respirant. Se respirant.
Au bout de plusieurs minutes, Éloi sembla se perdre dans son plaisir. Sören et lui avaient trouvé un rythme qui leur correspondait, qui leur prouvait que l'on pouvait faire l'amour dans le plaisir. Qu'être pénétré ne signifiait certainement pas être possédé. Sören embrassa le cou de son petit ami et sentit sa sueur, le sel de sa peau. Ses mains tenaient fermement Éloi tandis qu'ils bougeaient à l'unisson.
Et, sans qu'il ne s'en soit aperçu, Sören releva les yeux et sentit que tout le poids de son amant reposait entre ses bras et qu'il s'était totalement abandonné à lui, la tête en arrière, les bras écartés, les yeux clos. Cette vision exquise ravit Sören. Il se sentit submergé d'émotions, de sensations, et d'amour. Il avait, entre ses mains, de précieux mystères à protéger et dont il fallait prendre un grand soin.
Et tandis qu'il succomba à son plaisir, dévorant des yeux la confiance qu'Éloi lui accordait, il sentit, quelques instants plus tard, celui du jeune homme se déverser.
Ce dernier se resserra contre lui dans une étreinte humide et frémissante. Leurs souffles haletants faisant écho dans l'oreille de l'autre. Puis, avec beaucoup de douceur, Sören bascula Éloi en arrière, maintenant sa tête pour l'allonger sur le lit. Il s'installa à ses côtés, encore tremblant lui aussi et sentit son cœur battre la chamade.
Ils n'avaient besoin d'aucun mot pour savoir qu'à eux deux, ils venaient de se libérer.
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