PRÊTRESSE RETURN


Elle les a guidé, elle les a protégé. Elle était retournée à sa vie normal. Sans le nawak, tout était redevenu "normal"... Mais le nawak était toujours là, quelque part en elle, partout où elle allait. Le nawak l'appelait, elle essayait de ne pas les entendre, ne pas les voir. Car après tout elle les avaient vu disparaître. Mais au fond d'elle elle savait qu'ils étaient de retour... Fallait-il recommencer??? Fallait-il refaire partie de cette bande de fou??? 

Puis, dans sa vie, certains moutons lui ont fait du mal. Ils l'ont trahie sans remords. Ils l'ont rejetée. Certains encore, ne respectaient pas sa différence... 

Seule, abandonnée, trahie... elle sentait comme un manque. Mais au fil des mois, elle avait compris que ce n'était pas les autres qui lui manquaient, ce n'était pas ceux qui l'avaient trahie... Elle avait besoin du grand nawak, tout reconstruire. Elle avait besoin d'une alternative, pour fuir cette société qui l'avait tellement fait souffrir. 

Elle était plus forte que ces moutons, plus fort qu'eux tous. Elle n'était pas à terre, plus maintenant, dès qu'elle se mit en route vers "le couche tard", du moins ce qu'il en restait. Elle était en manque, il lui fallait, les voir, les guider pour se sentir utile. Mais après la grande chute du nawak, le porte parole avait-il encore confiance en elle??? Elle n'en savait rien, mais instinctivement, elle marcha toujours tout droit espérant arriver à bon port. Perdue, mais malgré toutes les faiblesses, tous les chemins mènent à la dignité. 

Après plusieurs jours de marche, elle aperçu cette tanière de pierre, elle se souvenait du mot de passe qui la guiderait au couche tard, cette taverne souterraine. La pluie mouillait son chaperon noir et ses cheveux. L'éclat de la lune révélait son teint grisé par la société, sa mauvaise mine qu'elle avait depuis la "fin" du grand nawak. Elle doutait de trouver quelqu'un dans ce repère abandonné qui était jadis le lieux de rendez vous de tous les gens différents, plein du matin au soir, ayant toutes les activités possibles et inimaginables. Elle l'imaginait vide, en ruine... Le temps avait même effacé toutes traces de révolution??? 

Elle s'approcha de la paroi de pierre, frappa de trois coups distincts. La pierre glissa lentement sur le côté. Elle fût surprise elle même que l'antre était encore intacte. Elle regarda autour d'elle... elle était seule... dans cette région du monde abandonnée par la folie des hommes, trop prétentieux pour imaginer que leurs cartes avaient négligées certains coins reculés, qu'on ne peut voir qu'avec le cœur. 

Elle avança lentement mais sereinement sans trembler dans ce couloir noir, cette allée qui descendait de plus en plus dans le noir. La pierre se referma. Elle avança encore et toujours dans l'ombre, guidée par son instinct,sa force, son envie de vengeance, de tout recommencer,  son habitude de l'endroit qui n'avait jamais disparue, le nawak qui recommençait à la guider... Elle l'avait sentit, cette force invisible et bienveillante qui la protégeait. Puis après une bonne heure de marche, elle arriva à cette porte. L'ouvrir serait le retour au nawak, elle serait là où elle les avaient rejoints pour la première fois. Elle savait que même après la fin du nawak, la porte n'était pas fermée, jamais, pas pour les lapins, et surtout pas pour elle.  Elle avait peur, peur d'ouvrir, peur d'être encore seule... qu'ils ne soient pas là... que son intuition de retour du nawak était fausse. Il n'y avait pas de musique qui rythmait parfois la vie à l'intérieur... 

Après plusieurs minutes passées devant la porte à se remémorer sa trahison, les moments passés avec le nawak, l'aide qu'elle apportait et qu'ils lui apportaient, le visage fatigué et démoli du porte parole, l'amour perdue de manna-man, la barbarie de bolaf le hideux, la tâche de la faucheuse et encore tout ce qu'elle connaissait... Puis elle franchi le pas, elle prit le risque de tout recommencer. Elle ouvrit la porte.  

Elle vit toute la taverne détruite, tout par terre, détruit... Mais elle vit surtout, éclairé par la lumière de trois lanternes, Bolaf, le hideux assis sur une table, aiguisant un couteau . Manna-man accoudé au bar, qui ne pleurait pas en buvant son verre. La faucheuse derrière le comptoir servant avec le patron habituel. Et surtout, le porte parole, dos à elle, face au mur. Tous dans le silence le plus profond. Comme ci ils avaient toujours été là... assis, à attendre, comme ci rien n'avait changé. Elle retira son capuchon. 

Elle resta sur le seuil de la porte à les contempler. Puis, le porte parole brisa le silence: 

-Nous t'attendions. Et je me demandais quand allais-tu rentrer...

-mais comment???!! Comment l'avez vous su??? 

-Allons ma chère... je te connais par cœur.

-très bien. sachez que je suis prête porte parole. 

-"porte parole"?   dit-il en tournant légèrement la tête.

-oui... porte parole.

Il baissa la tête et dit: -il y a bien longtemps que l'on ne m'a pas appelé comme ça...  

elle répéta alors: je suis prête... le nawak m'a manqué...

-moi aussi...  dit-il

le silence regagna la pièce. Elle prit un verre avec manna-man. Puis, elle se tourna vers le porte parole toujours dos au mur. Puis elle dit d'un ton décidé

-Bon alors! On fait quoi?! On reste ici à attendre??? Non on a du boulot!... Alors porte parole... on fait quoi?

Il sourit, releva la tête et dit calmement: -je te retrouve enfin...

-moi aussi... dit-elle en baissant la tête et en poursuivant:-je suis de retour... je suis prête

-Moi aussi je suis de retour, et maintenant je suis prêt.  dit-il en souriant

Bolaf et la faucheuse rigolèrent en levant leur verre. 

Le porte parole se retourna, avança, les regarda un par un avec le sourire. 

On fait quoi dit-il??? 

Il y eut un silence, personne ne sut répondre sauf que le tavernier qui dit 

-bah c'est vous le chef, chef, c'est à vous de décider...

ils acquiescèrent tous de la tête. 

le porte parole répondit:-nan nan nan, je vous demande ce que vous vous voulez... pourquoi êtes vous tous là??? 

Il eut un temps de réflexion considérable et manna-man dit doucement, son verre à la main:

-on est là pour recommencer, pour se relever. 

Ils acquiescèrent tous. 

le porte parole prononça alors :

-c'est donc pour ça que nous sommes réunit alors? Ainsi soit-il.. 

-alors chef... on fait quoi???

Il les regarda, avec un léger sourire. Ils étaient scotché à sa mâchoire, attendant sa réponse.

Il soupira en souriant et leur dit:- eh bien... on rallume la machine voyons! 

s'en suivi d'un longue fête comme jadis! la prêtresse pleura de joie, elle était enfin avec les siens, sans trahison, en sécurité prête à reprendre sa place, son rôle. dès la seconde ou elle était rentré ici, elle avait repris des couleurs, malgré l'obscurité. Elle se sentait bien, éclairé par la lumière de leur cœurs. 

Ils chantaient tous en cœur "on rallume les étoiles, on rallume la machine, c'est le grand nawak! etc" même manna-man était debout chantant, bolaf debout sur une table, le verre à la main. Ils allaient tout reconstruire, plus fort, plus grand. 

-tu m'as manqué. dit le porte parole à la prêtresse. elle lui souri, lui dit "moi aussi" et la fête repris de plus belle, tous trinquèrent au nouveau Grand Nawak! 

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