Chapitre 10 - Le bon moment ?

Aujourd'hui, bonne nouvelle : je sors enfin de l'hôpital. Ce petit séjour dans cet endroit gris et aseptisé m'aura au moins permis de profiter de petites vacances. Certes je n'ai eu droit qu'à une purée de pomme de terre, tandis que d'autres flirtaient avec les airs grâce à un cocktail, mais au moins j'ai pu me reposer tandis qu'on s'affairait autour de moi pour répondre à mes besoins. Ce n'était pas totalement désagréable... Si je ne prends pas en compte les deux gifles généreusement offertes par tata Sylvie.

— Et voilà vos deux omelettes à la girofle... Oh j'allais presque oublié, voici vos couverts, généreusement offerts par la maison !

— Han. Merci.

Whaouh, c'est donc ça l'effet de mes blagues ? Il faut vraiment que je pense à arrêter. Bon que font mes chers Nina et Ulysse ? C'est bientôt l'heure, les gars... Je suis actuellement assis à une table, me demandant comment je vais bien pouvoir leur expliquer la situation. Je leur ai donnés rendez-vous à l'auberge de Kaffa pour qu'on discute. Ils n'ont pas pu me rendre visite, la faute au Grand Lion... D'après ce que Nina m'a dit par message, Ulysse se débrouille de mieux en mieux. Tant mieux, parce que vous allez devoir vous débrouiller sans moi les amis. Ma décision est prise, quand nous aurons remporté ce putain de concours, je m'envolerai vers d'autres horizons.

Ah ! J'aperçois justement Ulysse, toujours à l'heure à ce que je vois ! Et Nina encore en retard, fidèle à elle-même... Est-ce que c'est le bon moment pour leur parler de ma démission ? Non, ça peut attendre. Ce que je vais leur raconter est déjà assez perturbant comme ça...

— Yo ! Alors comment ça va ?

— Ça va bien merci. Mais toi, comment tu vas ?

— Ça va plutôt bien en fait !

— Alors c'était quoi ? Ils t'ont dit pourquoi tu avais fait un malaise ?

— Nina est en retard ? Je vais vous le raconter quand elle sera là... Je n'ai pas trop envie de me répéter...

— Non non, elle ne viendra pas, me répond Ulysse avec un grand sourire.

— Ah... Et pourquoi ça ?

— Elle te prépare une surprise et je peux te dire que ça vaut le coup d'attendre !

— Une... Surprise ? Euh... Ok...

— T'inquiètes ! Ça va être gé-nial ! Quand elle me l'a dit, j'en revenais pas !

— Bon ok, tu m'intrigues, dis-moi tout.

— Je te donne un indice... Lapin !

— Lapin... Tu sais que je ne supporte pas les rongeurs, si vous vous êtes mis d'accord pour m'offrir un lapin... Je...

— Mon petit Albert ! Tu verras ça dans deux jours !

Deux jours ? Pourquoi pas tout de suite ? Je vais devoir encore attendre pour pouvoir avoir ma surprise ? Tu ne peux pas me faire ça ! Surtout après ce que tu viens de me vendre...

— Elle ne te l'a pas dit ? Me demande subitement Ulysse, inquiet.

— Bah non... Pourquoi Nina m'aurait parlé de ma surprise hein ?

— Non pas Nina... Ta tante, elle ne t'a rien dit ?

— Mais me dire quoi ?

— Notre évaluation... C'est dans deux jours...

— QUOI ?!

— Ah... Donc je suppose qu'elle ne t'a pas non plus donné le nom de notre jury ?

— Non, pas du tout ! Elle vous l'a dit ?

— On espérait qu'elle te le donne à l'hôpital, mais visiblement ce n'est pas le cas.

Bordel, il va falloir que j'aille mendier auprès de cette vieille peau ! Tant pis, je suis prêt à tout pour remporter ce concours. Deux jours... Ça nous laisse encore un peu de marge de manœuvre pour adapter notre bar aux goûts de Jean-Jean. Espérons qu'il ne soit pas une sorte de vieux sénile ou pire, un type qui aurait les mêmes références artistiques que tata Sylvie.

— Ok... J'irai la voir pour lui demander qui c'est... Et si jamais elle ne nous le dit pas... Et bien il va falloir faire avec !

— On pourra se débrouiller sans ! Quand tu vas voir ce que Nina a fait !

— Arrête de faire du teasing comme ça... Surtout si c'est pour ne rien dire !

— Haha ! Tu n'es tellement pas prêt !

— Chut !

— Ok ok, bon du coup... Les médecins... Ils t'ont dit ce que t'avais ?

Est-ce que c'est vraiment une bonne idée de tout lui avouer... Il va me prendre pour un fou si je lui dis pour... les voix. Enfin la voix... Non je vais garder ça pour moi. Et puis, hé ! Elle est pas revenu me harceler hein ! Je l'avais bien dit, j'avais juste besoin de vacances, d'un peu de repos.

— Non ils n'ont rien trouvé...

— Étrange... Tu sais si jamais t'as un problème... Quoi que ce soit... Tu peux nous en parler avec Nina. On sera toujours là pour toi !

— Je sais... J'avais juste besoin de me reposer. Regarde moi, je suis un nouvel homme, je n'ai même plus peur d'aller chez Sylvie...

— C'est cool, je suis fière de toi.

— Est-ce... Tu veux pas m'y accompagner quand même ? Juste au cas où ?

— Hahaha ! Sans façon mon pote, j'y retourne plus jamais !

— Très bien... Je vais devoir l'affronter seul...

— Prends des bonbons avec toi, on ne sait jamais !

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