Chapitre 3

Chapitre 3 :

    Lexi était assis en tailleur sur son lit, un sourire immense sur les lèvres et un stylo à la main. Elle écrivait comme tous les soirs dans son petit carnet, plongeant dans un autre univers. Un monde parfois plus sombre, mais souvent plus beau que celui dans lequel elle vivait. Elle observa un moment le ciel à travers sa fenêtre, à la recherche de la phrase parfaite. Le soleil s'était couché pour laisser place à la lune et aux étoiles. Les réverbères de la rue s'allumaient et traçaient un chemin lumineux jusqu'au ciel. Les rares voitures qui passaient avaient déjà allumé leurs phares. Tout paraissait calme et paisible, on entendait seulement le cri des premiers hiboux à travers la fenêtre lorsque tout à coup, une silhouette vint briser le charme du décor. Lexi reconnu immédiatement sa meilleure amie et se précipita afin de lui permettre d'entrer.

    — Cette maison a une porte Jade, informa Lexi tandis que son amie se faufilait difficilement à l'intérieur.

    — Je voulais pas réveiller tes vieux, se justifia la blonde.

   — Tu dis toujours la même chose, se moqua Lexi.

Elle se dirigea vers son lit pour regagner sa place, invitant silencieusement son amie à la suivre.

    — Excuse-moi d'être civilisée, sale danoise.

    Jade avait récemment visionné une série sur le roi Édouard d'Angleterre dans laquelle les danois étaient représentés comme des barbares. Lexi avait eu beau lui répéter un nombre incalculable de fois que les danois n'étaient plus des vikings, cela n'empêchait pas son amie d'utiliser ce genre d'expression.

    — Tu foutais quoi avant que je débarque, s'intéressa Jade.

    Lexi se saisit de son carnet qu'elle avait posé sur sa table de nuit. Ses carnets comptaient énormément à ses yeux ; tous ces écrits y étaient gravés, chaque histoire qu'elle avait pu inventé, chaque émotion transformée en poème, chaque personnage qu'elle avait imaginé. Ces pages représentaient des moments importants de sa vie.

   — J'ai commencé l'écriture d'un nouveau roman, je crois avoir trouvé une excellente idée.

   — Fait moi un résumé rapide, l'enjoint la jolie blonde.

    La jeune fille paraissait réellement intéressée. Son regard était rivé sur celui de son amie, ses sourcils étaient froncés, elle attendait sa réponse, la mine sérieuse.

   — Alors, entama Lexi les yeux pétillants, c'est une dystopie dans laquelle...

    — Une dystopie ? la coupa Jade, une moue perplexe sur le visage.

    — Oui, en fait, c'est le contraire d'une utopie, expliqua la plus jeune.

    La blonde fît une grimace qui traduisait son incompréhension. Lexi utilisait des expressions difficiles afin de définir des mots compliqués. Autant dire, que cela n'aidait pas énormément Jade.

    — Une utopie, c'est un monde idéal. Enfin bref, laisse tomber, abandonna la brunette.

   — Tu savais que le mot bref signifiait bon revenons-en au fait, interrogea la fille au cheveux d'or, d'un air fier.

     Lexi ouvrit la bouche puis la referma plusieurs fois, on aurait dit qu'elle imitait un poisson. Ses sourcils avaient presque rejoint ses cheveux tellement elle avait l'aire choquée. Après quelques secondes, elle semblait en pleine réflexion.

   — Enfin quelque chose que je sais et pas toi, la nargua sa meilleure amie.

    Lexi se leva afin de ranger son carnet dans le tiroir coulissant de sa table de nuit, tandis que la plus grande profitait de ce départ pour s'étaler de tout son long sur le matelas. Elle analysait silencieusement le plafond blanc, à la recherche d'une possible distraction.

    — Au fait, comment ça s'est passé ton truc avec Madame Blanc, demanda-t-elle alors.

    — Et bien, elle m'a conseillé de faire du commerce.

    — Non mais c'est n'importe quoi ! s'emporta Jade. Tu vas pas écouter cette pauvre femme ! Je sais même pas pourquoi tu hésites. C'est simple : tu kiffes écrire donc tu fais écrivain.

      Dans la bouche de Jade, tout paraissait toujours très simple. On aurait cru qu'elle vivait dans un autre univers, dans le monde des bisounours ou dans un film Disney. Elle pensait uniquement au présent, ne se préoccupant pas des conséquences de ses choix, des répercussions qu'ils pouvaient avoir sur son avenir. A vrai dire, Lexi aurait voulu plus lui ressemblait. Elle aurait souhaité vivre dans cette bulle, ne jamais stresser et demeurer dans cette éternelle insouciance. Insouciante était d'ailleurs l'adjectif qui la caractérisait le mieux.

    — Mais on n'en a déjà parlé un milliard de fois ; écrivain c'est pas un métier sûr. Je pourrais écrire un livre digne de J. K. Rowling et ne jamais être éditée ou je pourrais tout aussi bien écrire un ramassis de conneries et finir best-seller, exposa pour la énième fois Lexi.

   — Dans le pire des cas, tu seras une pauvre heureuse. C'est mieux que d'être une pleine osasse triste.

    Lexi trouvait son amie bien gonflée, elle osait se permettre de lui donner des leçons de vie alors qu'elle était sans hésitation la fille la plus superficielle et la plus matérialiste qu'elle connaissait. Elle dépensait tous les mois des sommes exorbitantes en vêtement et en maquillage alors que ses parents n'avaient pas dépassé les frontières depuis une éternité.

    — Je veux pas être pauvre, se contenta-t-elle de répondre.


     Les deux jeunes filles discutèrent jusque très tard dans la nuit, mais les paupières de Jade ne supportait pas le manque de sommeil. Elle s'endormit donc assez rapidement alors que Lexi ne parvenait pas à trouver le repos. Le stress, l'anxiété, l'incertitude l'avaient toujours empêché de fermer l'œil. Ainsi, elle resta éveillée toute la nuit, attendant avec impatience l'aurore, le moment où le soleil se lève et que les nuages dans le ciel sont teintés de pourpre et de roses.

     Lorsque Lexi rejoignit le salon après avoir accompagné Jade à la porte, elle se trouva prise au piège nez à nez avec une furie. Sa mère se tenait droite, un air réprobateur sur le visage et une enveloppe dans la main. Ses yeux  retranscrivaient un amas d'émotions ; un mélange de tristesse, de colère et de déception. Prise de panique, Lexi articula la seule réplique qui lui semblait judicieuse.

    — Je peux tout t'expliquer.

     La vérité, c'est qu'elle ignorait ce que pouvait contenir cette enveloppe et qui pouvait être son expéditeur. Ainsi, elle tenta de se remémorer toutes les actions réprimandables qu'elle avait pu commettre plus au moins récemment.

    — Je peux savoir depuis quand tu as l'intention d'aller étudier dans une prépa commerce ? aboya Madame Clayton.

    Lexi attrapa l'enveloppe entre les mains de sa mère tout en gardant une distance de sécurité. Malgré la situation, elle était impatiente de connaître la réponse. Elle avait transmis sa candidature à une grande prépa de Paris, ainsi, elle s'était dit qu'en visant si haut elle avait que très peu de chance d'être acceptée. Le choix aurait donc était plus simple.

   — Je me suis inscrite un peu partout, minimisa-t-elle en ouvrant l'enveloppe.

     Lexi pris place dans le fauteuil en cuir du salon et entrepris de lire la dite lettre.

    — Nous avons le plaisir de vous informer... commença-t-elle, les yeux brillant.

     — Tu n'iras pas, la coupa sa mère, de toute manière comment tu paierais des études pareilles et où vivrais-tu ?

     Lexi s'était déjà posé toutes ces questions un nombre incalculable de fois, elle y avait réfléchi et avait trouvé des solutions qui lui semblaient plutôt raisonnables.

    — Je ferais un prêts étudiant pour payer l'école que j'obtiendrai. Pour le logement, je me suis inscrite dans une prépa avec internat.

    — Mais la faculté de médecine est juste à côté, tu n'aurais pas à quitter la maison.

    Elle s'installa à côté de sa fille, la tête baissée. Elle observait ses mains en silence, ignorant comment elle devait agir. Ses sourcils étaient froncés, ses yeux fermés, son visage tout entier trahissait son désappointement.

    — J'ignorais que tu voulais partir, formula sa mère d'un voix emplie de déception.

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