La porte s'ouvrit d'un grincement strident ; Mélanie entra dans la maison qui était la sienne. Elle referma la porte, se débarrassa de sa lourde veste, et se laissa tomber dans le fauteuil le plus proche, fatiguée mentalement plus que physiquement. Elle avait eu une dure journée ; pleine de contraintes, de choix importants à faire, de personnes mécontentes qui venaient se plaindre auprès d'elle. Heureusement, elle serait bientôt à la retraite, débarrassée de tout ce stress, de tous ces problèmes. Après quelques secondes de cette pause mentale, la vieille femme se dirigea vers la salle de bains, à travers les longs corridors de sa demeure. Une douche lui changerait les idées. Sentir ruisseler l'eau chaude sur son corps la revitaliserait sûrement.

Elle entra dans la salle d'eau et referma la porte derrière elle. Elle enleva ses vêtements et les plia soigneusement à côté de la coupole blanche du lavabo. Elle rentra ensuite dans la cabine, où elle vérifia la présence de ses savons. Elle prit dans sa main le pommeau et ouvrit le robinet à fond à gauche ; pour une eau plus chaude ; et des gouttes commencèrent à tomber.

Une ; puis deux ; puis trois ; les gouttes pourpres se posaient sur ses bras. Elle les regarda tomber, une à une, avant que son corps ne soit totalement recouvert de cette enveloppe rougeoyante. Elle se mit à crier ; à hurler ; comme si elle se réveillerait d'un mauvais rêve ; comme si quelqu'un l'entendrait dans cette grande maison et viendrait la rassurer. Elle ferma le robinet et s'écarta à toute vitesse de l'eau écarlate sur le sol qui s'engouffrait lentement dans les canalisations. Elle s'adossa à la vitre de la cabine ; essaya de reculer encore, tétanisée par la peur ; puis ouvrit le battant et s'en enfuit à toute vitesse. Elle enfila rapidement un peignoir et se rua sur son téléphone portable ; dans sa chambre.

-Allô ? La police ?