-8-
Sam entra dans la chambre, il balaya la pièce du regard d'une façon un peu intimidée. Puis tout à coup il posa son regard sur Felix. Il resta un certain moment totalement hypnotisé par son regard brun, sa main toujours sur la poignée de la porte.
Le garçon lui adressa un sourire narquois, puis se leva du lit. Il s'avança ensuite vers lui d'une façon féline. Mais alors qu'il s'apprêtait à prendre la parole, le plus vieux ferma soudainement la porte avec fracas. Il s'approcha de Felix avec hâte puis prit possession de ses lèvres avec un désir ardent.
Felix laissa un râle de plaisir s'échapper de ses lèvres quand les lèvres de Sam quittèrent les siennes pour venir mordiller la peau de son cou. Ses mains vinrent ses glisser sous les vêtements de Sam alors que ce dernier s'occupait de déshabiller le jeune homme.
C'était un échange affamé, les deux se perdaient dans une danse endiablée, seul leur corps exprimant le manque de passion de ces derniers temps.
Ils tombèrent sur le lit, tous les deux complètement nus. Les mains de Sam venaient se perdre dans les cheveux rouges de son amant, il tirait dessus pour forcer le jeune à pencher la tête en arrière pour exposer davantage son cou.
Felix touchait la peau brûlante de Sam, collant son corps au sien malgré la chaleur que leur contact créait.
Or le jeune aux cheveux colorés prit finalement le dessus, il se mit par-dessus le brun, puis embrassa chaque parcelle de sa peau de ses lèvres humides alors que sa main droite glissait vers son entre jambe. Il prit en main Sam, lui arrachant un râle de pur plaisir, puis s'appliqua à lui faire perdre la tête.
Puis les deux s'épuisèrent dans un échange corporel seulement guidé par le désir de jouissance suprême, n'étant que deux corps assoiffés du fruit défendu.
Felix gardait les yeux rivés vers le plafond, seul dans le lit.
Sam était parti dans la salle de bain pour boire un peu d'eau, laissant alors au garçon l'occasion de récupérer son téléphone et de le reposer sur la table de chevet, une sensation d'inconfort par rapport à ce qu'il venait de faire le faisant frissonner l'échine.
Mais le jeune n'eut pas le temps de trop y songer, car Sam revint quelques instants plus tard, vêtu seulement de son caleçon.
Felix s'était attendu à voir le brun se rhabiller pour quitter la chambre, mais ce ne fut pas le cas. Ce dernier revint sur le lit, s'allongeant près du plus jeune, sans pour autant lui montrer la moindre affection.
Le jeune homme à la chevelure colorée resta silencieux, il observa son partenaire de cette nuit, mais ne dit rien. Il ne savait pas quoi faire, ni quoi dire. Il savait qu'il devrait partir, mais son corps refusait de bouger.
Puis finalement ce ne fut pas lui, mais Sam, qui rompit le silence en prenant la parole tout à coup.
- Ça va faire cinq mois que je n'ai pas couché avec ma femme.
Felix écarquilla les yeux de surprise à la déclaration soudaine de l'homme. Il ne faisait jamais dans ce genre de conversation d'après l'amour, il les fuyait la plupart du temps, ne voulant pas s'occuper des problèmes des autres.
Or cette fois-ci il ne tenta pas de s'échapper, mais au contraire il croisa ses bras contre sa poitrine en parlant à son tour.
- Pourquoi ? C'est elle ou toi qui ne veux plus ?
- Moi je suppose. Elle essaye parfois de m'approcher, mais je lui dis que je suis fatigué ou alors que je ne suis pas d'humeur. Au début elle essayait de me séduire, de s'apprêter pour me plaire, mais après avoir vu que ça ne fonctionnait plus, elle a arrêté.
- Et quelle est la véritable raison ?
Sam tourna la tête pour croiser le regard de Felix, puis il se mit à rire faussement en faisant des allers-retours de sa main entre lui et le plus jeune tout en s'exclamant.
- C'est à cause de ça. Je ne veux plus la toucher parce que c'est une femme, par ce que je ne suis plus attiré par elle.
- Est-ce que tu as déjà été attiré par elle au moins ?
Felix ne savait pas pourquoi il posait ces questions, mais inconsciemment il voulait en savoir plus. Il avait vu la femme du brun, il avait vu sa beauté naturelle, et donc il doutait que Sam ne soit plus attiré par sa femme à cause d'un manque d'attirance physique soudain. Elle était belle, séduisante, alors ça ne devait pas venir d'elle.
Sam prit une grande inspiration, puis se frotta le visage en répondant d'un ton lourd et fataliste.
- Non je ne pense pas. Quand j'étais plus jeune j'essayais de me convaincre que je la désirais, mais je comprends maintenant que je n'ai jamais réellement voulu coucher avec elle.
- Pourquoi t'être forcé dans ce cas-là ?
- A cause de la pression de mes parents. Ils sont croyants, catholiques, il voulait que je trouve une petite amie parfaite, et ils m'ont présenté à Laure, ma femme, qui était alors la fille des amis de mes parents.
- Une sorte de mariage arrangé quoi.
Sam jeta un regard noir à Felix puis se précipita pour le contredire.
- Non ce n'est absolument pas ça.
- Ça y ressemble pourtant, en quoi est-ce que ça en est différent ?
- Nos parents ne nous ont pas forcé à être ensemble, ils nous ont seulement mit en contact et ont laissé les choses se faire. Laure est tombée amoureuse de moi, à l'époque je pensais déjà au fait que j'étais attiré par les hommes, mais je refusais de l'accepter. Alors c'est pour ça que je suis sorti avec elle, pour me convaincre que j'étais normal, comme les autres.
Felix tiqua à la dernière remarque de Sam et ne put s'empêcher de lui couper brusquement dans son histoire.
- Tu es normal. Tu en as conscience j'espère ?
- Je sais que je ne suis pas atteint d'une maladie, que je ne suis pas maudit ou quoi que ce soit dans ce genre. Mais comprends que grandir dans une famille intolérante abime un peu ta façon de penser par rapport à l'homosexualité.
Le visage de Felix se crispa tout à coup, il tourna la tête et regarda par la fenêtre, l'obscurité de la nuit enveloppant ses pensées furtives.
Puis il prit de nouveau la parole pour ne pas laisser le silence s'imposer davantage.
- Tu es ce que tu es, il n'y a rien de pervers, de malfaisant à être attiré par le même sexe que soit.
Sam commença à triturer ses doigts, laissant ressentir qu'il se sentait de plus en plus mal à l'aise.
Felix le comprit et décida de revenir au sujet principal.
- Pourquoi être resté avec ta femme alors que tu n'étais pas du tout attiré par elle ?
Un sourire un peu triste apparu soudainement sur les lèvres du brun. Il se perdit un court instant dans ses pensées puis répondit d'une voix douce et quelque peu attristée à la fois.
- Tu l'as vu la raison pour laquelle je n'ai pas quitté ma femme, la même raison pour laquelle nous nous sommes mariés.
- La petite fille dans le cadi.
- Lana, c'est notre fille. Tu m'avais demandé le premier jour où nous nous sommes rencontrés pourquoi j'étais déjà marié à mon âge. Et bien Lana en est la raison. J'avais 19 ans, j'étais prêt à quitter Laure, à lui dire que je ne l'aimais pas. Or, elle m'a annoncé ce même jour qu'elle était enceinte de déjà trois mois. J'étais pris au piège, je savais qu'elle n'allait pas avorter, j'étais contre le fait qu'elle le fasse, mais cela signifiait rester avec elle. J'ai décidé de mettre de côté la personne que j'étais réellement pour devenir un père.
- Elle a donc six ans.
Sam se mit à sourire, prouvant que même si sa fille représentait sa prison, qu'elle était la raison qui l'avait empêché de quitter Laure des années auparavant, il l'aimait du plus profond de son cœur.
Le brun tourna la tête vers Felix puis répondit.
- Pas encore, elle va avoir six ans dans deux mois. C'est la chose la plus précieuse que j'ai au monde, et je ne regrette pas la décision que j'ai prise à ce moment-là.
- Tu ne la regrettes pas, mais tu te sens quand même emprisonné, sinon tu ne serais pas présent dans ce lit avec moi.
Le visage de Sam se referma tout à coup. Il examina son corps presque nu, puis celui de Felix recouvert de la fine couverture de l'hôtel de basse qualité dans lequel il s'était échappé pour être enfin lui-même.
Il soupira, puis s'adressa au jeune aux cheveux rouges d'une voix démunie et attristée.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Je me sens mal, je ne pense qu'à la sensation d'intense plaisir que j'ai ressenti avec toi. Cela fait deux semaines que je ne l'avais pas ressenti, si bien que quand je t'ai de nouveau croisé je n'ai voulu qu'une seule chose : la sentir de nouveau.
- Je ne suis pas ici pour te juger.
Sam ne répondit pas tout de suite, il marqua une pause pour venir observer le visage de Felix, fronçant légèrement les sourcils, puis l'interrogea tout à coup.
- Pourquoi est-ce que tu es là d'ailleurs ?
Felix ne pouvait pas dire la vérité, qu'il était venu pour avoir un cliché de Sam, de sa passion, même si ce dernier avait refusé de se laisser prendre en photo.
Alors il opta pour une demi-vérité, essayant de cacher ses secrets.
- Seulement pour le sexe. Ça fait deux semaines que je te trouve personne d'intéressant, personne ne m'attire ou bien quand je me retrouve au lit avec eux, c'est décevant. Avec toi j'étais sûr d'être satisfait.
- Je pensais que tu ne couchais jamais avec la même personne, et c'est la troisième fois maintenant.
- Je sais. Mais comme tu as dit, tu as ta femme, tu n'es là que pour nos contacts physiques. Donc il n'y a aucun risque pour que tu puisses tomber amoureux de moi. De mon côté j'ai de quoi me changer les idées, sans avoir peur des retombés.
Sam se contente d'acquiescer. Il resta un moment silencieux, complètement absorbé par ses pensées. Ses sourcils se mirent à tressaillir, alors qu'une pensée furtive traversa son esprit tout à coup.
- Qu'est-ce que je vais faire ?
Felix mit quelques secondes à comprendre que Sam lui posait la question, qu'elle n'était pas simplement rhétorique.
Tout d'abord il resta muet, car il n'en savait rien. Le garçon ne donnait jamais vraiment de conseil, il ne savait pas vraiment comment gérer sa propre vie, alors il ne pouvait pas guider celle des autres.
Puis il jeta un coup d'œil vers le brun, réalisant que ce dernier attendait une réponse. Il ferma les paupières, puis finit par soupirer quelques mots.
- Qu'est-ce que tu attends de moi ? Je suis incapable de t'aider, tu dois être celui qui sait le mieux pour toi. Tu dois faire des choix, par toi-même.
- Mais je ne sais pas quoi faire.
Sam se redressa lentement, puis il enfouit son visage dans ses mains en marmonnant pour lui-même.
- Je n'aurais jamais dû me laisser tenter, c'était une erreur.
- Tu penses que c'était une erreur, vraiment ? Si ça avait été une erreur tu ne serais jamais revenu au King's Heart, tu te retrouverais encore moins ici ce soir.
- J'ai l'impression d'avoir franchis une ligne et de ne plus pouvoir faire marche arrière.
L'homme se tourna vers le plus jeune, il afficha un air anxieux, n'essayant pas de le cacher à un seul instant.
Felix se sentit un peu mal à l'aise. Il fuyait les gens tristes la plupart du temps, il essayait d'éviter de côtoyer un maximum ceux qui exprimait trop leurs sentiments. Il n'était ami qu'avec trois personnes, et ils ne parlaient pas trop de leurs problèmes entre eux. C'était quelque chose que le garçon ne faisait pas, il en était même inconnu.
Mais Sam lui ouvrait son esprit, il lui demandait clairement son aide, d'un air suppliant que Felix voulait prendre ses jambes à son cou.
Cependant il ne le fit pas. Il prit simplement sur lui et se lança dans un monde qu'il ne connaissait pas.
- Tu as franchis cette ligne. Tu as goûté à ce dont tu désirais le plus, tu t'es laissé aller à des fantasmes que tu t'es efforcé de camoufler dans ton esprit depuis ton jeune âge. Et maintenant que tu sais le goût et la couleur, tu ne veux plus les oublier mais en connaître davantage.
- Et pour ma femme ?
- Quitte-la.
- Quoi ! Il en est hors de question, et pour faire quoi ?
Sam était choqué de la réponse du jeune aux cheveux rouges. Il avait les yeux grands ouverts et les veines de son front commençaient doucement à se faire de plus en plus visibles. C'était la pire des réponses, la plus insensée selon lui.
Pourtant c'était la seule solution pour Felix, il ne croyait déjà pas en l'amour, alors il ne s'imaginait pas rester avec une personne à cause de laquelle il se mentait à lui-même. Mais Sam ne sembla du même avis.
- Ecoute, je ne suis pas bon en conseil. Je ne sais pas ce que tu dois faire avec ta femme, pour moi le plus naturel serait de la quitter pour éviter de vous faire souffrir tous les deux.
- Je ne peux pas.
- Pourquoi ?
- A cause de Lana.
Felix ouvrit la bouche pour répliquer, mais il comprit soudainement le problème de Sam.
Ce n'était pas qu'il voulait rester avec sa femme seulement pour protéger sa fille, certes ça en faisait partie. Mais ce n'était pas la véritable raison. En effet, celle qui l'empêchait d'être véritablement lui-même était la peur, il était effrayé d'être lui-même depuis toute sa vie, et il se servait de toutes les raisons possibles pour ne pas se mettre en danger. Et à ce jour, son excuse était sa fille.
Alors le jeune homme comprit qu'il ne pouvait rien faire pour lui. Alors il ajouta quelques mots d'un ton détaché.
- Si tu ne veux pas la quitter, tu vas devoir avoir une double-vie, celle avec ta famille le jour, et la nuit celle qui te représente vraiment, dans un lit avec un homme.
- Etre infidèle.
Sam afficha un air un dégoût sur ses traits. Il détestait ce qu'il faisait, il se haïssait de faire ça à la mère de sa fille. Mais pourtant, quand il se tourna de nouveau vers Felix, il confirma qu'il était prêt à être cette personne.
- Et comment est-ce que je fais ça ?
- Trouve-toi un homme qui accepte de ne coucher qu'avec toi, qui ne veut pas avoir plus et qui accepte de coucher avec un homme marié.
Le brun resta immobile, son regard planté dans celui de Felix. Il resta un très long moment comme ça, si bien que le garçon finit par se demander ce qui n'allait pas.
Puis tout à coup il comprit.
Le jeune homme se leva brutalement du lit, venant se cogner dans la table de chevet. Il secoua vivement la tête puis ramassa ses vêtements en répondant d'un ton pressé.
- Il en est hors de question, je ne me lance pas dans ce genre de chose. Je suis désolé mais tu vas devoir trouver quelqu'un d'autre.
Felix s'habilla en vitesse.
Cependant Sam ne voulait pas le laisser s'enfuir aussi facilement. Il se leva à son tour du lit, puis le contourna pour venir se mettre face à Felix.
Ses joues et le bout de ses oreilles se tintèrent d'un couleur rouge alors qu'il prenait la parole, dans l'espoir de convaincre le plus jeune.
- Pourquoi pas ? Tu as dit que tu ne voulais pas de relation avec n'importe qui, que tu aimais seulement les relations d'un soir.
- Justement, j'aime les relations d'un soir, pas les relations où je suis la maîtresse d'un mec marié !
Sam ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Il croisa ses bras contre sa poitrine, l'air un peu embarrassé. Puis il chuchota.
- Je ne veux pas de maîtresse, je veux seulement vivre ma sexualité comme je l'entends avec quelqu'un en qui j'ai un minimum de confiance.
- Et bien trouve toi quelqu'un d'autre.
- Mais Red !
Le brun se tut, puis il grommela tout à coup.
- Je ne sais même pas pourquoi je t'appelle Red, ce n'est même pas ton vrai prénom.
- Et alors ? Si je te donne mon vrai prénom ça créera un lien entre nous, et je ne veux pas de lien, avec personne. Je savais que d'accepter de coucher avec toi une seconde fois était une mauvaise idée, et maintenant tu me proposes ça ! Non mais je rêve ?
- Ne sois pas surpris, c'est toi-même qui m'as proposé cette idée.
Felix afficha un air stupéfait, puis il écarta ses bras en s'écriant soudainement.
- Pas avec moi !
- Et pourquoi pas ? De quoi est-ce que tu as peur ?
Le garçon se mit à rire jaune face à la réponse de Sam. Il posa sa main contre son ventre en riant de plus belle, puis il lui jeta un regard noir en s'arrêtant violemment de rire.
- Je n'ai peur de rien. Je t'ai dit que je ne m'attache pas aux gens. Je ne crois pas en l'amour ou toutes ces conneries de ce genre.
- Alors pourquoi est-ce que tu refuses, en quoi ça te pose problème ?
Felix s'immobilisa, puis laissa ses bras tomber de part et d'autres de son corps, puis fronça les sourcils en répondant avec honnêteté.
- Je ne veux pas que tu m'imposes de quelconques règles.
- Je ne le ferai pas.
- Je veux continuer de voir qui je veux, de coucher avec qui je souhaite et quand je le désire.
- Je ne m'y oppose pas.
Le garçon était irrité des réponses de Sam, comme s'il lui proposait une occasion en or. Or, il n'était toujours pas prêt à l'accepter.
- Et qu'est-ce que j'aurai en échange ?
Sam ne répondit pas.
Il ne savait pas quoi offrir à Felix, il ne savait pas quoi lui donner pour le convaincre d'accepter sa proposition.
Pourtant, après un certain de réflexion il finit par lui dire quelque chose, d'une si grande franchise que Felix sentit les poils sur ses bras s'hérisser désagréablement.
- Je te promets de ne jamais tomber amoureux de toi.
Le garçon fronça les sourcils, peu convaincu de sa réponse. Il n'aimait même pas du tout ça, la promesse étant veine et peu fiable.
Alors il vint en attaquant tout à coup.
- Je ne veux pas de ta promesse, de toute façon tu ne pourrais m'aimer dans tous les cas. Je veux autre chose.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Je ne sais pas encore quoi, mais je finirai par le savoir et je te demanderai d'accepter peu importe ce que je te demande.
Sam afficha un air légèrement surpris, puis il écarquilla les yeux, sous le choc du sous-entendu de la réponse du garçon.
- Tu acceptes ?
Felix poussa un grognement en venant tirer nerveusement sur ses cheveux colorés. Ses yeux bruns balayèrent la pièce alors qu'il répondit à Sam, regrettant déjà sa décision.
- Je sais que je fais une grave erreur. Mais oui, j'accepte.
Sam se mit à sourire doucement, il pencha légèrement la tête pour observer le visage baissé du jeune homme. Puis tout à coup il fronça les sourcils en s'exprimant avec franchise.
- Je ne veux pas te forcer la main, tu peux refuser et m'envoyer balader.
Felix leva la tête et rencontra le regard noisette de Sam. Il détourna bien vite le regard, se sentant un peu inconfortable tout à coup. Puis il fit un signe rapide de la main en répliquant avec un ton agacé.
- J'ai dit que j'acceptais, seulement parce que ça ne changera rien à ma vie.
- Je comprends, merci.
- Ne me remercie pas, je vais juste continuer à baiser avec toi comme je suis déjà en train de le faire. Rien ne va changer.
Sam hocha la tête, puis commença à se revêtir de ses vêtements.
Alors que le jeune homme brun était complètement habillé, il jeta un coup d'œil furtif à Felix, hésitant à lui dire ce qu'il avait dans l'esprit. Mais après quelques secondes de réflexion il se lança.
- Est-ce que je peux avoir ton numéro de téléphone, pour pouvoir se donner rendez-vous ?
Le réflexe de Felix fut de refuser, or il s'empêcha de le faire, comprenant tout à coup que Sam allait avoir besoin de son numéro pour pouvoir le joindre, ne pouvant pas fonctionner aux rencontres hasardeuses comme ce jour-ci.
Il grommela puis tendit sa main vers Sam.
Le brun lui tendit son portable et le jeune ne tarda pas à s'en saisir et à entrer son numéro avant de le rendre à son propriétaire.
Felix se maudissait intérieurement. Il avait franchis trop de limites en une seule soirée, il était en train de créer un genre de relation avec un homme, lui ayant accordé le droit de le revoir à de multiples occasions, mais aussi lui ayant donné son numéro, choses qu'il ne faisait jamais.
Le garçon détestait ça. Mais il préférait oublier, ne voulant pas donner plus de crédit à Sam qu'il ne l'avait déjà fait.
Alors il vint s'habiller à son tour, balançant quelques phrases au brun.
- Surtout tu gardes ce numéro pour toi. Si jamais j'apprends que tu l'as donné à quelqu'un d'autre, ou que tu as simplement parlé du fait que tu l'avais en ta possession, je couperai court à tout ça. C'est bien compris.
- Red, je ne veux pas te faire défaut. Je te suis reconnaissant de bien vouloir m'accorder ton expérience et de m'aider dans la connaissance de mes propres désirs. Je ne prendrais pas le risque de te mettre dans une situation délicate.
Felix acquiesça, puis il enfila son sweatshirt avant d'enfouir son téléphone dans la poche de son jean.
Il s'avança ensuite vers Sam, puis lui adressa une remarque.
- Tu sais que ça ne pourra pas durer éternellement ?
- Je le sais. Mais pour le moment je ne veux pas me prendre la tête, je veux seulement profiter.
- D'accord.
Le garçon adressa un signe de la tête à Sam, puis lui glissa un billet dans la main pour payer sa part de la chambre. Et enfin il quitta la chambre 97, sans jeter le moindre regard au brun, se sentant déjà assez en colère contre lui-même pour risquer d'aggraver les choses.
Felix claqua la porte de l'appartement, il traversa le couloir d'un pas énervé et rapide. Mais alors qu'il s'apprêtait à entrer dans sa chambre, la porte de la chambre de Tameron s'ouvrit brusquement. Son ami avait les yeux plissés à cause de la lumière, ses vêtements froissés soulignant le fait qu'il avait déjà commencé une bonne partie de sa nuit.
L'homme à la peau noir observa celui aux cheveux rouges puis prit soudainement la parole.
- Pourquoi est-ce que tu fais autant de bruit ?
- Tu étais déjà en train de dormir ?
- Il est 2 heures du matin Felix, alors oui, j'étais déjà en train de dormir. Et tu m'as réveillé à entrer comme un sauvage.
Le garçon soupira doucement, ses épaules tombant légèrement alors qu'il s'excusait auprès de son colocataire. Ce dernier lui fit un geste rapide de la main et reprit la parole.
- Pourquoi est-ce que tu es énervé ? Ton coup de ce soir était une nouvelle fois décevant ?
Felix ferma les paupières.
Il aurait aimé que ce ne fût que ça. Mais non, il était la cause de sa propre colère, ayant accepté quelque chose qui ne lui ressemblait pas.
Alors il répondit simplement en tournant les talons pour se diriger dans sa chambre.
- Retourne te coucher.
Puis il s'enferma dans sa chambre, se laissant tomber quelques instants plus tard dans son lit, les yeux rivés sur le plafond alors que la lumière blanche de la lune traversait sa fenêtre pour éclairer sa peau.
Il resta immobile, laissant son esprit fonctionner à vive allure.
Finalement, il sortit son téléphone de sa poche, se souvenant de la vidéo prise de Sam. Il la déclencha et la regarda avec une grande attention.
On pouvait voir le visage passionné de Sam, ses expressions de visages des plus intenses, de ses mouvements de son corps, ses mains venant s'ancrer dans la peau laiteuse de Felix à plusieurs reprises.
Le garçon avait entre ses mains ce dont il avait tellement besoin. Et il ne perdit pas de temps, il se leva de son lit, attrapa sa toile blanche pour la poser sur le chevalet. Et en quelques instants il commençait déjà à peindre, laissant s'exprimer la passion qui déchirait les traits innocents de Sam.
Il y passa la nuit, n'ayant à aucun instant fermé les yeux.
AudreyPh18
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