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  Felix plongea ses mains dans l'eau, attrapant la lourde et encombrante casserole. Il grimaça puis commença à frotter avec l'éponge sur l'épaisse couche de gras, la sensation de propreté ne se faisant pas immédiate mais nécessitant plusieurs utilisations de produit pour réussir à obtenir un résultat satisfaisant.

Il était épuisé, cela faisait 5 heures qu'il travaillait et il regardait l'heure avec impatience pour pouvoir retourner chez lui et retrouver son lit.

Alors qu'il posait finalement la casserole sur le côté, s'apprêtant à l'essuyer, il entendit le chef de salle prononcer son nom. Felix se tourna vers l'entrée de la cuisine pour voir un homme avec une grande barbe lui faire signe de venir. Le garçon enleva ses gants, puis sa charlotte alors qu'il arrivait vers la porte.

Le chef de salle jeta un coup d'œil sur le tablier humide de Felix, puis lui donna quelques ordres d'une façon rapide et autoritaire.

- Enlève-moi ça, on a besoin de toi en salle.

Felix retint un soupir en se contentant d'acquiescer avant de se diriger vers les vestiaires des employés.

Travailler en tant que serveur nécessitait une certaine tenue, le restaurant étant assez réputé. Donc le jeune homme aux cheveux flamboyant enfila rapidement sa chemise noire au logo rouge, puis remit ses cheveux en place avant d'attraper un calepin et un stylo.

Finalement il comprit pourquoi on avait fait appel à lui en voyant l'état de la salle, mais aussi le nombre important de personnes installées sur la terrasse, sans compter ceux debout devant le restaurant en attendant d'être placés.

Le garçon alla chercher des nouveaux clients puis les emmena vers une table fraîchement libérée. Il leur proposa les cartes puis les quitta pour aller débarrasser une table à présent en attente d'être préparée pour accueillir d'autres consommateurs.

Alors que Felix plaçait des clients, il sentit une main se poser sur son épaule.

Le garçon jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour voir le barbu, ce dernier lui indiquant qu'il pouvait aller prendre une pause.

Felix se sentit réconforté et adressa un rapide sourire avant de se concentrer encore un peu sur les clients. Puis une fois débarrassé de sa tâche, il se faufila par la porte des employés puis glissa sa main dans sa poche pour en sortir son paquet de cigarette.

La première bouffée en fut libératrice, si bien qu'il ferma les paupières pour apprécier ce moment de calme après l'ouragan qu'avait été la première partie de son service.

- Tu as du feu ?

Le jeune homme ouvrit un œil pour voir un de ses collègues, l'un de ceux qui était bien traités par les autres membres de l'équipe.

Felix hocha la tête puis tendit son briquet en direction de la cigarette.

Son collègue était un des seuls qui considéraient Felix comme un être humain et non pas seulement comme un employé à qui on refilait toutes les tâches ingrates et désagréables du monde de la restauration.

Alors le garçon afficha un sourire narquois en prenant la parole à l'intention du jeune homme à la peau halée.

- Je pensais que tu étais trop bien pour bosser le samedi soir.

Le jeune homme prénommé Yazid tira sur le bas de son tablier, puis il se mit à ricaner doucement après avoir pris une grande bouffée de fumée dans ses poumons. Puis il cracha toute la fumée avant de s'exclamer.

- Les temps sont difficiles, j'ai besoin d'argent et les week-ends payent le plus.

- Tu ne devais pas changer de restaurant ?

Le jeune algérien était un des cuisiniers du restaurant, mais il était une des plus fortes têtes de l'équipe. Il rencontrait beaucoup de difficultés avec l'autorité et n'appréciait pas de recevoir des ordres de la part des personnes qui ne levaient pas le petit doigt.

Felix était comme lui, mais contrairement à son collègue il ne pouvait pas répliquer, par peur de se voir se faire virer dans la seconde qui suit.

Yazid leva les yeux au ciel puis enchaîna.

- J'aimerai bien, mais j'attends une bonne opportunité. Je ne veux pas quitter une cuisine désagréable pour aller dans une autre qui n'en vaut pas plus la peine.

- Est-ce que ça existe vraiment des cuisines qui respectent leur équipe ?

- Je pense oui. Au pire j'ouvrirai mon propre restaurant.

L'algérien marqua une pause, puis il scruta Felix avant de s'adresser à lui en haussant les épaules.

- Je pourrais t'embaucher si tu veux.

Felix se mit à rire doucement, puis il secoua la tête en venant jeter son mégot de cigarette sur le sol. Puis il l'écrasa de sa Dr Martens avant de répondre d'un ton moqueur.

- Tu crois vraiment que je vais passer ma vie à faire la plonge ou à faire le service ? Non merci.

- Ah oui c'est vrai, tu n'es qu'en job étudiant c'est ça.

- Tout à fait, les temps sont durs, mais je ne t'apprends rien.

Yazid finit à son tour sa cigarette, mais il ne rentra pas directement dans le restaurant. Au contraire il croisa ses bras contre sa poitrine, collant son dos contre le mur alors qu'il venait interroger le plus jeune.

- Et tu fais quoi comme étude ? Tu me l'avais dit mais je ne retiens jamais ce genre d'information.

- Je suis dans une école d'art.

- Pour faire quoi ?

- Devenir un artiste. Non, dans un premier temps je pense devenir professeur d'art plastique, mais en travaillant sur mes projets personnels en espérant me faire une place dans le monde de l'art.

Le jeune à la peau halée écarquilla les yeux, impressionné. Puis il fronça les sourcils avant de s'intéresser davantage au garçon.

- Et tu préfères quoi ? La peinture, sculpture ou autre chose. Désolé mais je ne suis pas très cultivé à ce niveau.

- Je préfère peindre, mais la sculpture me plait aussi. Moins facile à faire étant donné qu'il est préférable de le faire dans un atelier. Et pour être honnête je n'en ai pas dans ma colocation.

Yazid hocha la tête aux explications de Felix, puis il jeta un coup d'œil à l'heure avant de soupirer.

Il s'approcha du garçon, puis lui donna une légère tape sur l'épaule avant de lui glisser quelques mots d'un ton amical.

- Je suis sûr que tu t'y feras ta place. D'ailleurs tu pourras me montrer une de tes œuvres un jour si tu veux. Je ne suis pas grand critique, mais je pourrais toujours te donner mon avis.

- Pourquoi pas.

Felix sourit à son collègue alors que ce dernier rentrait de nouveau dans le restaurant.

Le jeune aux cheveux rouges prit un autre petit temps à l'extérieur, puis retourna à son travail pour faire face à la suite et fin de son service, son corps lui hurlant de s'allonger dans un lit confortable et moelleux.

Le retour à l'appartement était le moment préféré de Felix, il aimait retirer ses chaussures puis jeter sa veste sur sa chaise avant de se laisser tomber lourdement sur son matelas. Il ferma les paupières en laissant son corps se détendre après tant d'heures passées à être resté debout.

Le garçon laissa un soupir de soulagement s'échapper bruyamment de ses lèvres, puis il sortit son téléphone de sa poche d'un geste nonchalant pour s'informer de l'heure. Il grimaça en voyant son écran afficher 23h30. Puis il se redressa lentement, son corps semblant plus lourd que jamais.

Felix comptait seulement passer par la case salle de bain pour ensuite dormir, mais alors qu'il en revenait, il s'arrêta devant son chevalet. Il observa la toile blanche durant quelques secondes. Et désespérément il vint prendre place devant celui-ci, essayant de s'imaginer ce qu'il allait pouvoir y représenter.

- C'est peine perdu.

Le jeune homme ferma les yeux d'agacement. Il n'avait jamais imaginé qu'un devoir pourrait autant lui prendre la tête. Il n'était d'habitude pas du genre à trop s'inquiéter, l'inspiration venant facilement. Mais à présent cette toile blanche était devenue son pire cauchemar.

Alors Felix attrapa son carnet de croquis, puis commença à gribouiller dessus, laissant son esprit divaguer lentement.

Mais alors qu'il laissait son crayon s'exprimer sur le papier, ses pensées dérivèrent sur la nuit dernière. Il pensa à Sam, à son innocence et à son corps totalement exposé aux mains expertes de Felix.

Son cœur s'accéléra légèrement alors qu'un sourire satisfait apparaissait sur ses lèvres.

Le garçon commença alors à dessiner les traits de l'homme marié, traits qui étaient flous dans son esprit. Il tenta de former une image un peu plus nette de Sam, mais c'était peine perdue. Alors il ne dessina qu'une figure inconnue, aux traits emporté par une passion qui avait empli Felix d'excitation.

D'habitude il ne perdait pas de temps à penser à ses conquêtes. Il se laissait aller aux sensations qu'avait ressenties son corps, sans penser à celui qui les avait provoquées. Mais avec Sam c'était différent. Felix avait été son premier, il était comme un professeur, et le jeune homme ne pouvait s'empêcher de penser à son élève. Il se demandait si ce dernier savait maintenant ce qu'il voulait ou s'il allait continuer sa vie d'époux hétéro sans jamais retenter l'amour passionnel homosexuel.

Felix n'accorda pas plus d'importance à ce que Sam allait décider de sa vie, car à vrai dire ça ne l'intéressait pas plus que ça. Cependant le jeune se remémora des sensations qu'il avait ressenti en couchant avec le brun, il essaya de dessiner les expressions de plaisir du plus vieux pour essayer de les appliquer sur le papier.

Mais quelques heures passées avec lui ne lui avait pas permis d'imprimer son visage avec exactitude dans son esprit.

Alors Felix grogna avant de balancer son crayon et son carnet sur son bureau.

Il savait qu'il aurait dû profiter de cette expérience unique, celle de la première fois, pour travailler sur son devoir. Il se trouvait bête maintenant, car c'était une de ses solutions pour son travail. L'infidélité, l'envie de briser une promesse pour aller au bout de ses désirs. Sam avait trompé sa femme, il avait franchis cette limite pour pouvoir comprendre ce dont il désirait le plus au monde. Sa passion l'avait poussé à fauter. Felix aurait pu exploiter cette situation pour sa peinture, mais il n'y avait pas songé un seul instant.

Maintenant sa possibilité de se retrouver dans une situation similaire était inexistante. Il n'allait pas pouvoir retrouver un homme marié à défleurer du jour au lendemain.

Felix se tira les cheveux puis donna un coup de pied dans une chaussette abandonnée sur le sol avant de se diriger vers son lit. Il se laissa tomber puis bougea dans son lit d'une façon frustrée, comme le ferait un enfant, alors qu'il s'insultait mentalement.

Il avait besoin d'une muse, et plus ça allait plus il désespérait.

Alors ses paupières finirent par se fermer, même si son esprit continuait de tourner à toute vitesse. Puis tout à coup, la fatigue de la journée l'emporta pour lui accorder quelques heures insuffisantes de sommeil.

Felix se laissa tomber dans le canapé de son appartement. La journée du lundi avait été particulièrement longue et ennuyante. Il n'avait eu que des cours théoriques et n'avait pas touché à un seul matériel d'art de la journée. Il en était même venu à se demander s'il était bel et bien dans un parcours artistique.

Le garçon poussa un long soupir avant de tourner la tête à côté de lui. Simon se laissa tomber lui aussi de fatigue. Il se passa sa main sur ses yeux puis s'exclama à l'intention de son ami.

- La semaine vient à peine de commencer que je rêve déjà du week-end.

- Moi pas du tout. Le week-end est la partie de la semaine qui m'épuise le plus. Il n'y a qu'en semaine que je peux me reposer un minimum.

Le brun jeta un regard perplexe à son ami, puis il s'exprima d'un ton détaché.

- Je ne sais même pas quand tu peux te reposer, vu que tu sors souvent. Je me trompe ?

- Sortir me permet de me sentir mieux. Je profite un peu de ma vie, de ma jeunesse.

- Tu baises à gauche à droite.

- Oui.

Simon haussa les épaules puis s'exprima sans réfléchir un seul instant.

- Je ne pourrais pas faire ce que tu fais.

- C'est-à-dire ?

- Coucher avec des inconnus sans pouvoir m'attacher. Je veux dire, je dois connaître un peu la personne pour coucher avec tu vois ?

Le garçon aux cheveux rouges haussa les épaules. Il plongea dans ses pensées durant un court instant.

Il songeait aux nombreuses relations qu'il avait, les visages défilèrent dans sa tête, certain ayant été oublié avec le temps. Or rien ne le dérangea, c'était comme ça qu'il vivait sa vie et ça lui allait entièrement.

Il se frotte le menton avec perplexité puis répondit avec honnêteté à son ami.

- Je ne pense pas que je pourrais m'attacher à quelqu'un. Je veux dire par là tomber amoureux et toutes les merdes qui vont avec. Je suis bien seul, j'aime le sexe mais pas les problèmes qui vont avec.

- Tu ne veux que les points positifs.

- Exactement, et qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ? Beaucoup de monde ne comprenne pas comment je fonctionne, comme si j'étais une bête curieuse. Certains me disent même que je vais finir par souffrir de la situation, comme si inévitablement ils voulaient que du mal m'arrive.

Simon observa ses poings légèrement abimés par des bagarres qu'il aimait engendrer de lui-même. Puis il laissa sa tête tomber en arrière sur le dossier du canapé avant de s'exprimer d'un ton détaché et fataliste.

- Le mal arrivera toujours à t'attraper Felix. Les gens comme toi et moi sont destinés à souffrir toute leur vie.

Felix jeta un regard blasé à son ami.

Il aurait préféré entendre une réponse plus enthousiaste, lui remontant le moral par rapport à sa vie. Mais Simon ne faisait que de participer à ce sentiment inévitable qu'un jour ou l'autre il ne sera plus celui qui décide de sa vie.

Le jeune poussa un grognement, puis glissa sa main dans la poche de son jean pour venir y attraper son téléphone en répondant au brun.

- Merci de ta positivité.

- La vie pue la merde, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

Felix ne prit pas la peine de répondre. Il se contenta de regarder les messages qui s'affichaient sur son écran, laissant alors la pièce s'emplir d'un silence confortable.

Simon et Felix n'étaient pas le genre d'amis à parler tout le temps. Il aimait rester ensemble sans se forcer à faire la conversation. C'était le sentiment de ne pas être seul qu'ils appréciaient.

Simon ferma les yeux puis s'assoupit.

Felix quant à lui laissa son téléphone de côté, pensant à sa vie, et au mauvais œil qui ne cessait de l'observer.

Alors que le jeune aux cheveux colorés échangeait des messages avec son amie Johanna, Simon ouvrit tout à coup les yeux, sursautant légèrement. Felix porta son attention sur son ami, mais ne l'interrogea pas. Au contraire il resta silencieux, laissant l'autre s'exclamer tout à coup.

- Il faut que je parte, je dois aller au cimetière.

Felix trouva ça étrange, mais il ne posa pas de question. Il acquiesça seulement puis suivit Simon des yeux alors que ce dernier quittait la pièce ainsi que l'appartement sans dire quoi que ce soit d'autre.

Le garçon se laissa de nouveau distraire par son téléphone, ne se sentant pas d'humeur ce soir-là pour aller au King's Heart.

Puis à partir d'un moment il se leva du canapé. Il partit dans sa chambre, mettant de la musique alors qu'il se changeait pour enfiler une chemise trop grande pour lui tâchée de peinture de toutes les couleurs. Et finalement il prit place devant de son chevalet, prenant une nouvelle toile.

Il savait que celle pour son travail était toujours vierge, mais il ne voulait pas peindre quelque chose d'autre dessus, ce fut pour cela qu'il la mit de côté.

Felix attrapa son pinceau puis le plaça derrière son oreille alors qu'il cherchait sa peinture dans le tiroir de son bureau.

Il y avait beaucoup trop de chose dans son tiroir, le jeune étant un peu du genre à tout cacher dans ses tiroirs ou meubles sans rien trier, il enfonçait ses affaires même s'il n'y avait plus de place. Il forçait au lieu de jeter ce qui était vide ou inutile. Il remettait le tri à plus tard, en sachant consciemment qu'il n'allait jamais le faire.

Alors à ce moment-là, quand il vit qu'il n'arrivait pas à trouver les fournitures dont il avait besoin, le jeune artiste tira brusquement sur son tiroir, l'enlevant pour venir en vider son contenu sur le sol.

C'était un réel chaos, les pinceaux, les feutres et tout objet de forme cylindrique roulèrent sur le sol, certains venant se glisser sous le lit. Mais Felix finit par trouver ce dont il cherchait.

Cependant, alors qu'il s'apprêtait à se positionner devant sa toile blanche, il marcha sur un tube de gouache rouge, le faisant exploser sur son pied. Sa chaussette blanche devant rouge, alors qu'une bonne partie de la gouache avait giclé sur le bas du jean du jeune homme.

Felix se mit à jurer, il glissa ses mains dans ses cheveux colorés et tira dessus de frustration. Il s'insulta mentalement d'être aussi bête et bordélique. Il se dit que rien de tout ça ne serait arrivé s'il avait rangé le contenu du tiroir avant de vouloir absolument peindre sans attendre une seule seconde.

Le garçon observa l'explosion de gouache puis se déshabilla de ses chaussettes et de son jean tâchés.

Ses jambes blanches et fines étaient exposées, le bas de sa chemise lui arrivant à mi-cuisse.

Il attrapa ses vêtements tâchés puis se dirigea vers la salle de bain pour aller les nettoyer. Or, tout à coup la porte de l'appartement s'ouvrit brusquement quand Felix se trouva au milieu du couloir, totalement exposé au regard du nouvel arrivant.

Tameron fut surpris quand il posa ses yeux sur Felix, mais il sembla brusquement s'affoler en voyant la couleur rouges vives sur les vêtements du garçon, couleur qui tâchait aussi ses mains.

- Bordel Felix est-ce que ça va ?

Le jeune homme noir s'approcha rapidement de son colocataire, laissant alors à Felix la possibilité de voir deux autres personnes entrer dans l'appartement. Le garçon voulut les regarder avec un peu plus d'attention, mais la tête de Tameron cacha de nouveau sa vue.

Alors il se concentra sur ce dernier et répondit en souriant moqueusement.

- Ce n'est que de la peinture, ne t'affole pas comme ça. Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je pensais que tu ne rentrais pas ce soir ?

- Oh, je devais aller chez un pote à deux heures d'ici, mais c'est finalement annulé. Donc j'ai proposé à Jackson et Oumar de passer la soirée ici. Ça ne te dérange pas ?

Felix pencha légèrement la tête pour observer les deux amis de Tameron.

Le premier, un que Felix connaissait, s'appelait Oumar, c'était le meilleur ami de Tameron, lui aussi originaire du Mali. Il était sympathique, du genre infidèle, qui aimait les femmes sans pour autant vouloir choisir. Felix n'aimait pas la façon dont il trompait ses copines, pensant qu'il vaudrait mieux pour lui de ne sortir avec personne et de simplement profiter de la vie. Mais Oumar n'était pas de cet avis, et Felix le respectait.

De ce qui était de l'autre ami de Tameron, ce dernier était totalement étranger au garçon. Il ne l'avait jamais vu de sa vie, et son colocataire n'avait jamais parlé de lui. Il avait les cheveux bouclé bruns, ses yeux étaient verts émeraude. Felix croisa son regard et tourna rapidement le regard avant de s'adresser à son ami.

- Non je m'en fiche, mais je suis là ce soir. Je n'ai pas envie de sortir.

- Vraiment ? Oh, tu n'as cas te joindre à nous si tu veux. Enfin c'est toi qui vois.

Puis Tameron se tourna vers ses amis en leur faisant signe d'entrer.

Oumar salua rapidement Felix en passant à côté de lui, puis se dirigea sans hésiter vers le salon. Jackson s'avança vers le garçon, il l'observa de la tête au pied, puis s'arrêta brusquement devant lui.

Puis tout à coup il s'exclama, levant un sourcil narquois.

- Est-ce qu'on se connaît ?

Le jeune fronça les sourcils, croisant ses bras contre sa poitrine, faisant remonter la chemise de quelques centimètres.

Le bouclé sourit doucement alors que les cuisses du garçon furent un peu plus dévoilées. Mais redressa son regard quand Felix prit la parole pour lui répondre.

- Non, je ne te connais pas.

- Oh. J'ai pourtant l'impression de t'avoir déjà vu quelque part. Tu es sûr qu'on ne s'est jamais croisé ?

Felix ne le connaissait pas, il en était certain. Alors il secoua la tête avant d'enchaîner rapidement.

- Je dois aller laver ça, ravi de t'avoir rencontré.

Puis il se dirigea vers la salle de bain, prenant soin de fermer la porte derrière lui alors qu'il pouvait encore sentir le regard lourd de Jackson sur lui. Il s'adossa contre la porte puis poussa un long soupir pour évacuer le sentiment d'inconfort qui s'était installé dans sa poitrine.

Il n'avait jamais rencontré Jackson avant, il avait beau chercher dans sa mémoire son visage ne lui était en aucun cas familier. Or ce que le garçon ne comprenait pas, c'était ce sentiment de peur silencieuse qui se glissait sous sa peau. Il ne savait pourquoi, peut-être qu'il lui rappelait quelqu'un de son passé.

Felix l'ignorait, alors il essaya de passer à autre chose.

Il ressortit de la salle de bain après avoir enlevé le maximum de peinture sur ses vêtements puis après les avoir mis dans la machine à laver.

Felix était sur le point de retourner dans sa chambre quand Tameron l'interpella de l'encadrement de la porte du salon.

- Felix tu te joins à nous ?

Le garçon hésita. Il voulait peindre, laissant la musique l'assourdir, il voulait être seul pour une fois.

Mais son ami ne sembla pas vouloir lui laisser le choix. Car il s'avança tout à coup puis posa son bras sur les épaules du plus petit avant de chuchoter doucement.

- Ne t'inquiète pas ils sont gentils. Jackson est marrant, je suis sûr que tu pourrais t'entendre avec lui.

- Je ne sais pas, je voulais peindre un peu.

- Tu peux toujours boire un verre avec nous puis t'enfermer dans ta chambre. Pour une fois que tu es à la maison le soir.

Tameron accorda un large sourire à son colocataire, puis il lui tendit une cigarette qu'il avait prise dans le paquet de Jackson pour la proposer au jeune aux cheveux rouges.

Felix roula des yeux puis répliqua d'une voix narquoise.

- Tu crois vraiment m'appâter avec une cigarette ?

- J'essaye. Est-ce que ça fonctionne ?

- Tu fais chier.

Felix attrapa la cigarette avant de la glisser entre ses lèvres, délivrant clairement son accord à son colocataire.

Tameron frappa dans ses mains, heureux de voir son ami les rejoindre.

Or Felix pointa ses jambes du bout du doigt avant de parler rapidement.

- Laisse-moi aller enfiler quelque chose d'abord.

- Bien sûr ! Je te sers un shot de tequila ?

- Oui.

Felix partit enfiler un bas de jogging et un sweat-shirt puis revint dans la salle.

Tameron et Oumar étaient installés dans les deux fauteuils alors que Jackson était assis seul dans le canapé, ayant pris soin de laisser une place pour Felix.

Le garçon tiqua légèrement mais laissa un visage impassible prendre place sur ses traits. Il vint prendre place en faisant attention de ne pas se coller au bouclé, puis attrapa son verre avant de le finir d'une traite.

Tameron était plongé dans une conversation avec Jackson, mais il vit rapidement que le verre de son colocataire était déjà vide. Alors il prit soin de le remplir, tout en continuant sa conversation.

Felix se laissa aller dans le fond du canapé puis ferma un instant les paupières.

Or tout à coup il entendit une voix s'élever à côté de lui, la personne s'adressant clairement à lui.

Il tourna la tête pour voir les yeux verts de Jackson rivés vers lui.

- Qu'est-ce que tu as dit ?

- Je te demandais ce que tu étudiais.

- Oh, je suis en école d'art. Et toi ?

Jackson remit ses cheveux en ordre tout en répondant à la question de Felix.

- Je suis en droit. Je suis en dernière année de master de droit social. Ça a l'air un peu chiant et tu n'as pas tout à fait tort.

- Oh je ne juge pas, chaque métier est important et motivant. Tu fais ce que tu veux et c'est bien.

- C'est moins intéressant que l'art. Est-ce que tu peins ? Je veux dire est-ce que tu exposes ce que tu fais ?

Felix ne voulait pas forcément parler avec Jackson. Et il se sentit soulagé quand son téléphone se mit à vibrer sur la table, l'écran affichant la tête de Johanna.

Le garçon se leva rapidement puis s'excusa auprès des trois jeunes hommes avant de partir dans sa chambre, avec la clair intention de ne plus en sortir.



Je suis désolée de ne pas pouvoir publier beaucoup ces temps-ci, mais je suis en pleine période de stage, je suis débordée et exténuée. J'espère pouvoir me remettre rapidement à l'écriture une fois mon stage fini et publier plus régulièrement !

AudreyPh18

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