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 Felix embrassa une nouvelle fois les lèvres de Samuel en laissant un râle de plaisir lui échapper, il sentit son corps devenir lourd alors que les deux jeunes hommes se laissèrent tomber sur le lit après leur étreinte passionnée.

Le garçon observa le plafond de sa chambre en souriant bêtement. Il se sentait heureux, il avait avec lui la personne qui comptait le plus dans sa vie. Il commençait à avoir espoir d'avoir une vraie relation avec lui et ne plus vivre de cette façon. Il voulait avoir le brun entièrement, sans supporter le fantôme de sa femme.

Felix posa sa tête sur l'épaule de Samuel et naturellement il sentit deux bras venir l'entourer alors qu'il sentit les lèvres de son amant déposer un baiser sur le sommet de sa tête.

- Qu'est-ce que tu vas faire demain ?

Le jeune voulait parler, il voulait profiter de chaque instant qu'il pouvait avoir avec l'homme avant que ce dernier ne retourne auprès de sa famille. Mais le brun n'était pas de cet avis, il était exténué de sa journée de cours, du manque de sommeil, il voulait seulement fermer les yeux et dormir.

Pourtant il fit l'effort de répondre, ne voulant pas laisser Felix sans réponse.

- Je suis à l'Université. Pas toute la journée, mais une grosse partie. Pourquoi ?

- Je voulais savoir si tu voulais bien aller avec moi dans un café. J'ai envie qu'on parte en rendez-vous tous les deux.

- Pourquoi pas.

Felix se mit à sourire bêtement, il tourna ensuite la tête vers son amant, mais ce dernier avait les yeux fermés.

Alors le plus jeune leva la main et vint dessiner du bout des doigts les contours du visage du brun en chuchotant doucement.

- Est-ce que tu dors ?

L'absence de réponse lui donna la confirmation que le brun était bel et bien endormi.

Alors le garçon embrassa doucement sa joue, puis se tourna de façon à pouvoir observer le visage endormi de Samuel.

C'était compliqué de se souvenir des débuts, de la façon détachée que Felix jouait envers Samuel, lui indiquant clairement qu'il n'y pourrait jamais rien y avoir entre eux. Le garçon se souvenait d'avoir demandé à Samuel de ne pas tomber amoureux de lui, et cette pensée arracha un sourire au jeune homme.

Il ne se reconnaissait plus, mais d'un sens il appréciait ce qu'il était devenu, il aimait la personne qu'il était aux côtés de Samuel. Il se sentait pour une fois dans sa vie en sécurité, il sentait qu'il n'était plus seul, car il avait le brun. Felix ne faisait jamais confiance aux autres, mais il pouvait donner sa vie à l'homme marié. C'était vrai, désespéré mais pourtant tiré de la simple vérité.

Certes il ressentait toujours une peur immense de perdre Samuel, qu'il l'abandonne pour rester auprès de sa famille. Mais il lui avait confié qu'il allait quitter sa femme, qu'il allait tout faire pour être heureux. Bien sûr il ne se précipitait pas par peur de perdre Lana, de ne plus voir sa fille.

Et Felix comprenait.

Il avait vu Lana, plusieurs fois depuis leur rencontre. Samuel prenait à cœur le fait que Lana apprécie Felix, il voulait que les deux s'entendent bien pour lui confirmer une fois de plus qu'il pouvait quitter sa femme, que tout allait bien se passer.

Le garçon aimait beaucoup passer du temps avec la petite, elle était douce, une personnalité timide mais sociable une fois qu'elle se sentait un peu plus à l'aise. Elle avait tout un monde dans la tête, elle aimait raconter ses histoires à Felix, d'autant plus que le jeune leur donnait vie par le dessin.

Certainement une de raisons pour lesquelles Lana était tombée en amour pour l'ami de son père.

Tout semblait être parfait. Pourtant tout n'allait pas.

Felix glissa ses yeux jusqu'à la main de Samuel où se trouvait son alliance et il soupira avant de murmurer.

- Quand est-ce que tu vas quitter ta femme ?

Le garçon ne voulait pas presser l'homme marié, mais il rêvait tous les jours que le brun lui annonce enfin qu'il avait rompu avec sa femme, qu'ils étaient enfin libres de s'aimer sans avoir peur.

Mais ça n'arrivait pas.

Samuel racontait souvent que ce n'était pas le bon moment, que sa femme n'allait pas bien le prendre, qu'elle était trop énervée ou n'importe quoi. Felix voulait continuer de croire que tout cela était vrai, que Samuel attendait seulement le moment le plus propice pour être libre sans causer de trop grands dégâts.

Or plus les excuses étaient dites, plus Felix comprenait que Samuel avait toujours peur, qu'il trouvait toutes les raisons possibles pour ne pas parler avec sa femme. Et cela rendait le garçon triste.

Felix voulait Samuel, mais il n'avait pas le droit de lui mettre la pression, il ne pouvait pas lui poser d'ultimatum, il n'avait pas son mot à dire. Car à la base le garçon n'était qu'une ouverture à la sexualité du brun, il était une échappatoire à sa vie de prisonnier.

Du moins c'était ce qu'il se disait sans cesse pour ne pas exploser et aller lui-même voir la femme de Samuel pour lui balancer la vérité au visage.

Felix devait faire taire son côté impulsif, craignant de perdre Samuel en prenant une décision stupide et irréfléchie.

Il poussa un soupir puis murmura une nouvelle fois.

- Je t'en prie ne m'abandonne pas.

Felix ferma enfin les yeux et s'endormit en pensant à ce que pourrait être sa vie avec Samuel et Lana.

Felix se regarda une dernière fois dans le miroir. Il avait vêtu une de ses plus belles tenues, mais une qui n'était pas provocante, il avait donc mis de côté ce qu'il avait l'habitude de porter au King's Heart. Le garçon s'était apprêté car il allait être devant énormément de personne, le jour de l'exposition étant finalement arrivé.

Le jeune homme était un peu stressé de savoir que plusieurs de ses toiles allaient être exposées, que des personnes allaient les observer, les critiquer et peut-être même les aimer. C'était effrayant mais dans un bon sens.

D'ailleurs il ne savait pas quelles toiles son professeur avait choisies, il avait voulu garder sa surprise même pour Felix, justifiant de garder ça secret par une réflexion sur lui-même. Felix était censé réfléchir aux raisons pour lesquelles son professeur avait choisi telle peinture et non pas une autre. Le garçon pensait que c'était stupide, mais il n'avait rien dit, ne s'occupant pas de ce qui pouvait se passer dans la tête de son professeur.

Le garçon se regarda une dernière fois, puis attrapa son téléphone pour envoyer un message à Samuel.

L'homme marié était parti assez tôt, devant retourner chez lui avant d'aller travailler. Il s'était éclipsé pendant que le plus jeune était toujours endormi. Cependant Felix avait vu un mot laissé par le brun, le mettant presque immédiatement de bonne humeur.

Il lui envoya simplement un message lui disant qu'il avait hâte de le voir et qu'il lui souhaitait une bonne journée.

Car Felix était persuadé que la sienne allait être bonne, il n'y avait aucune raison à ce que les nuages viennent recouvrir son ciel bleu et ensoleillé.

Il y avait énormément de monde, des toiles, des statues, des expériences scientifiques et bien d'autres choses étaient exposées aux yeux des visiteurs, mettant en avant les créations et talents des étudiants.

Felix ne s'était pas attendu à voir autant de personnes intéressées par une exposition d'étudiants, mais c'était amusant. Il venait juste d'arriver, accompagné de Johanna. Les deux avançaient à travers le grand hall, observant les travaux des étudiants des autres facultés. Il y avait des talents certes, mais la blonde ne pouvait pas se concentrer sur les expositions, trop amusée à embêter son ami.

- Je ne savais pas que j'étais ami avec une star.

- Arrête de dire n'importe quoi, les gens ne sont pas venus pour voir ce que j'ai fait, mais sûrement parce que cela était gratuit et qu'ils n'avaient rien d'autre à faire de leur journée.

- C'est toi qui dis n'importe quoi.

La blonde frotta les cheveux rouges de son ami, ce qui provoqua un agacement chez ce dernier qui avait pris soin de bien coiffer ses cheveux. Il rouspéta puis se tourna vers son amie en grommelant.

- Je ne sais même pas quelles peintures a choisi mon prof, il a refusé de me le dire, j'espère qu'il n'a pas choisi les plus bizarres.

- Bizarre ? Qu'est-ce que tu appelles bizarre ?

Felix ne savait pas trop, à vrai dire il ne se souvenait pas de toutes les peintures qu'il avait rendues. Il était passionné quand il en réalisait une, il y pensait jour et nuit jusqu'à ce que cette dernière soit finie, il devenait même obsédé par elle. Mais une fois finie, il l'oubliait et il passait à autre chose. Pour lui regarder encore et encore ses œuvres était faire preuve d'un grand narcissisme et était digne d'une perte de temps. Il n'aimait pas faire ça, et c'était une des raisons pour lesquelles il ne récupérait jamais ses peintures une fois celles-ci rendues au professeur.

Le garçon secoua la tête sans répondre à Johanna.

La blonde essaya de l'interroger de nouveau, mais elle vit tout à coup le garçon marcher avec entrain, donc elle accéléra le pas pour arriver à son niveau.

- Où est-ce que tu cours comme ça ?

- Je viens d'apercevoir mon prof, j'aimerais bien lui parler et qu'il me dise où est-ce qu'il a exposé mes toiles.

- Oh d'accord, c'est excitant !

Felix roula des yeux au comportement enfantin de la blonde, mais il ne put retenir un sourire amusé en attrapant sa main pour ne pas la perdre dans la foule.

Puis après quelques instants à chercher, il aperçut des yeux un homme aux cheveux gris d'à peu près 40 ans et il s'exclama tout à coup.

- Monsieur Hauzay !

Le principal concerné pivota vers la voix qui venait de l'interpeller, puis sourit en voyant le jeune homme arriver vers lui.

- Felix, je te cherchais ! Est-ce que tu as vu tes peintures ?

- Non pas encore, je viens d'arriver et je ne sais pas où elles sont.

- Eh bien suivez-moi.

Felix accorda un rapide mouvement de la tête à son enseignant, puis l'écouta avec attention tout en le suivant.

- J'ai déjà eu beaucoup de retours positifs sur vos peintures, même une offre d'achat pour vous dire !

- Sérieusement ?

- Oui, pourquoi vous en doutez ? Vous êtes très talentueux Felix. C'est pour ça que je vous ai choisi parmi tous mes étudiants, je pense vraiment que vous avez du talent et une grande chance d'aller loin en tant qu'artiste.

Le jeune sentit son cœur se réchauffer tout à coup, se sentant fier mais à la fois un peu embarrassé de recevoir des compliments de la sorte. Et le fait que Johanna en rajoute encore plus à son oreille le rendit tout à coup timide.

Or il se concentra et répondit à son professeur.

- Vous exagérez, je suis sûr que ce n'est pas à ce point-là.

- La modestie ne vous mènera à rien Felix, arrêtez de me contredire et soyez heureux de ce que je vous dis. De toute façon vous allez voir de vos propres yeux à quel point je n'exagère pas.

Felix était sur le point de répondre, mais il vit Monsieur Hauzay s'arrêter brusquement. Il lui jeta un regard incertain, puis tout à coup il vit l'homme lever le doigt en direction d'un groupe assez important de personne.

- Vos fans.

Le garçon n'eut pas le temps de répondre que l'enseignant éleva la voix, attirant l'attention des personnes sur Felix, en le présentent comme l'artiste.

Felix sentit tous les regards se poser sur lui, puis rapidement plusieurs personnes se rapprochèrent de lui pour le féliciter, lui poser des questions sur ses techniques et inspirations. C'était quelque chose n'inattendu mais agréable. Felix était le centre d'attention mais cette fois-ci ce n'était pas parce qu'il était séduisant, qu'il avait une réputation incroyable au lit. Non, cette fois-ci les gens s'intéressaient à lui car il était doué, qu'il avait créé des peintures qui plaisaient au regard du public. Et ça faisait du bien.

Cependant il ne se sentait pas complet, il avait certes son amie avec lui, mais il aurait voulu voir Samuel, que le brun voit son travail et à quel point on le félicitait à ce moment précis. Felix avait besoin de la personne qu'il aimait pour apprécier entièrement cette fierté.

Il parla un instant avec quelques personnes, mais s'échappa rapidement, curieux de voir quelles toiles les avaient fait succomber.

Il y en avait cinq. Felix était d'accord avec le choix des toiles de Monsieur Hauzay pour quatre d'entre-elles, mais la dernier le laissa sans voix.

Le souhait d'avoir Samuel à ses côtés disparut rapidement.

En effet devant les yeux du garçon se trouvait la toile qu'il avait fait de son amant, il pouvait reconnaître ses traits emplis de plaisir, son corps nus exprimant la passion de leur moment intime à tous les deux.

Felix avait oublié cette toile, sa mémoire défaillante l'avait fait disparaître de sa tête et donc il n'avait pas pensé à un seul instant que son professeur aurait pu la choisit pour l'exposer aux yeux de tous.

Il se souvenait l'avoir fait derrière le dos de Samuel, il l'avait faite à son insu alors que le brun lui avait clairement dit qu'il n'était pas d'accord.

Au moment où il avait peint il n'en avait eu que faire de l'avis de l'homme marié, il n'avait eu qu'un seul but, faire le devoir demandé par son enseignant. Il s'était entièrement moqué de ce que Samuel avait pu penser, car à ce moment-là il avait cru ne plus jamais le revoir.

Cependant maintenant tout était différent. Felix était tombé amoureux de Samuel, il était à deux doigts d'avoir une vraie histoire avec lui, bercée dans la confiance et la compréhension de l'autre. Et cette toile sortit de nulle part venait mettre en péril la relation qui était la plus précieuse aux yeux du garçon.

- Est-ce que ça va Felix ?

Le garçon tourna la tête vers son amie. Johanna s'était aperçue du changement brutal dans l'humeur du garçon, elle avait vu son corps se raidir alors que ses yeux s'étaient brusquement écarquillés.

Or Felix ne répondit pas.

Johanna jeta un coup d'œil à la peinture un peu osée, elle la trouvait vraiment belle, passionnée mais ne comprenait pas pourquoi son ami semblait en avoir honte tout à coup.

- Felix, elle est un peu provocante mais elle est très belle. Il n'y a que des adultes ici, tu ne risques pas de les choquer.

Le garçon ne répondit toujours pas, ses yeux rivés sur la peinture.

Il sentit tout à coup la main de Johanna sur son épaule, qui le ramena à la réalité avec brutalité. Il secoua la tête en ressentant l'urgence d'enlever la peinture du mur, de la faire disparaître aux yeux des autres.

Il s'avança et commença à la décoller du mur. Or deux mains l'agrippèrent avec force en lui murmurant à l'oreille.

- Qu'est-ce que vous faites Felix ?

- Monsieur, il faut qu'on la décroche du mur. Elle ne peut pas être exposée, pas ici. S'il vous plait.

- Mais c'est la peinture qui plait le plus, cinq personnes veulent l'acheter, ils ont même proposé de faire des dons à notre école.

- Je m'en fiche.

- Non Felix, nous avons besoin de ces dons, et vous m'avez donné votre accord pour les exposer. Je suis désolé mais vous allez devoir attendre la fin de la journée pour la récupérer.

- Je ne veux pas la récupérer, je veux qu'elle disparaisse tout de suite.

L'homme aux cheveux gris s'interposa entre Felix et la peinture, puis lui lança un regard menaçant en articulant très clairement.

- Elle ne bougera pas d'ici. Arrêtez ou j'appelle la sécurité pour qu'ils vous mettent dehors.

Felix s'apprêta à répliquer quand il entendit tout à coup une exclamation de voix, très claire à cause du silence provoqué par le comportement du jeune homme.

- C'est une blague ?

Le jeune homme tourna la tête pour voir une femme brune les yeux rivés vers la peinture. Et Felix comprit que le monde s'effondrait tout autour de lui quand il comprit que cette femme n'était pas n'importe qui mais la femme de Samuel, et que le brun se trouvait à côté de cette dernière.

Le garçon resta immobile alors que le regard plein de haine de la femme se posa sur lui. Elle observa Felix puis la peinture, avant de jeter un regard interrogatif vers Samuel. Le brun avait les yeux écarquillés à cause du choc, il tourna ensuite légèrement la tête vers Felix, une énorme déception dansant dans son regard.

Puis Samuel tourna les talons alors que sa femme s'enfuyait à grands pas.

Felix revint brusquement à lui à cause d'un choc électrique. Il ouvrit la bouche, laissa sa voix tremblante percer le silence.

- Samuel.

Mais le brun ne s'arrêta pas.

Le jeune homme savait qu'il avait fait une énorme erreur, il n'avait jamais vu Samuel le regarder de la sorte, d'une façon si déçue, son cœur se brisant doucement. Alors il se mit à courir pour rattraper l'homme marié.

Cependant, quand il arriva enfin près du brun, il vit ce dernier en pleine dispute avec sa femme. Cette dernière s'adressait à lui les yeux emplis de larmes, mais son visage délivrait une colère brute, son index se plantant dans le torse de son mari.

Et au fur et à mesure que Felix se rapprochait il pouvait entendre leur conversation.

- Est-ce que tu penses à Lana ?

- Laure, je pense à ma fille chaque jour. Je l'aime et je ne veux-

- Tu l'aimes ? Tu te fous de ma gueule, pourquoi est-ce que tu as posé de cette façon pour un étudiant alors ?

- Je n'ai pas posé, je-

Samuel voulait se défendre mais il ne savait pas comment, il ne comprenait même pas quand et comment cette peinture avait été produite. Il avait donné un refus catégorique à Felix de le peindre, alors pourquoi est-ce qu'il se retrouvait exposé de la sorte ?

- Tu n'as pas posé ? Bordel, tu n'es qu'un pervers.

- Quoi ?

- Tu m'as bien entendu, quel genre de personne pose de cette façon. Tu as vu ton visage, tu étais en train de jouir. Comment- comment est-ce que tu peux me faire ça Samuel ? A Lana et moi ?

Felix comprenait que la brune était manipulatrice, qu'elle faisait en sorte de se servir de leur fille pour faire culpabiliser Samuel. Mais le brun n'y était pour rien, il ne méritait pas d'être traité de la sorte.

Alors il ne réfléchit pas et s'avança vers eux d'un pas décidé avant de prendre la parole d'un ton assuré.

- Samuel n'a rien fait, je-

- Felix, tais-toi.

Le ton de Samuel était empli de haine, si bien que le garçon sentit son cœur être traversé par des centaines d'aiguilles. Il ne supportait pas de voir son regard noir se poser sur lui, ni même voir un dégoût grandir sur son visage.

Mais à ce moment-là il ne pouvait pas obéir, il devait essayer de protéger le brun, car c'était Felix le fautif, il n'avait pas obéit et maintenant il s'en mordait les doigts.

- Non laisse-moi parler. Je suis désolé, je suis tombé amoureux de Samuel. Je l'ai peint sans qu'il le sache, basé de mon imagination. Il n'a rien fait de mal, je l'ai seulement imaginé pour un devoir. Je ne savais pas que mon enseignant allait l'exposer.

Le garçon mentait.

Le visage de l'homme marié se crispa d'incompréhension durant un court instant, il ne comprenait pas ce que Felix disait, ni même son but à ce moment précis. Il aurait dû comprendre qu'il le protégeait, mais après la trahison du tableau, Samuel ne pouvait pas accorder le moindre sentiment envers le plus jeune.

Laure fronça les sourcils, puis elle se tourna vers son mari en l'interrogeant d'un ton empli de haine.

- Est-ce que c'est vrai ?

Felix ne savait pas ce que Samuel allait dire, alors il ne lui laissa pas le temps de répondre et prit la parole à sa place.

- Samuel m'a dit qu'il ne pourrait rien y avoir entre nous, mais je n'ai pas accepté, c'est pour ça que je l'ai peint. Mais il n'a rien fait de mal.

La brune se tourna vers le garçon, puis brusquement elle s'approcha de lui et le gifla. La gifle fut si brutale et inattendue que la tête du jeune homme parti violemment sur le côté, craquant à cause du choc.

Puis il entendit la voix féminine lui hurler dessus.

- Ne t'approche plus mon mari espèce de psychopathe.

- D'accord.

Laure sentit une nouvelle vague de haine la parcourir, si bien qu'elle leva une nouvelle fois la main pour gifler le garçon. Mais avant qu'elle n'ait pu le faire, elle sentit une main s'enrouler autour de son poignet, puis une voix s'élever derrière elle.

- Ne fais pas ça.

Samuel ne regardait pas Felix, il avait les yeux rivés sur sa femme. Et quand la brune se tourna vers lui, il colla ses mains sur ses joues avant de venir chuchoter avec tendresse.

- Je suis désolé, mais il ment.

- Samuel !

Felix s'épuisait à protéger Samuel pour que le brun finisse par repousser son aide. L'homme marié jeta un regard noir en direction de son amant, puis se concentra de nouveau sur sa femme avant de continuer d'une voix sèche.

- Il faut qu'on parle Laure. Partons d'ici.

La femme ne répondit pas, mais elle s'écarta brutalement du contact de son mari, puis lui souffla qu'elle l'attendait à la voiture avant de partir d'un pas rapide, les larmes roulant sur ses joues.

Felix l'observa partir. Or il la quitta des yeux quand il aperçut Samuel partir à son tour du coin de l'œil. Alors il se tourna vers le plus vieux et attrapa son bras en haussant le ton.

- Mais qu'est-ce que tu fous ?

Samuel se dégagea du contact du garçon, comme si sa main l'avait brusquement brûlé et que la douleur était trop forte à supporter. Il balaya les alentours du regard, voyant les curieux les observer avec grande attention. Puis il fit un pas vers Felix pour que leur conversation ne soit pas entendue.

- Je lui dis la vérité, je suis obligé maintenant.

- Non, tu aurais pu suivre mon histoire. Pourquoi est-ce que tu veux t'infliger ça, j'essayais de t'aider.

- De m'aider ? Tu te fous de moi Felix ?

Le ton de Samuel était hargneux, d'une telle puissance que les jambes du jeune homme aux cheveux rouges furent tentées de reculer. Mais le garçon resta sur place et prit la parole d'un ton désolé.

- Samuel laisse-moi t'expliquer.

- Non ! Il n'y a rien à expliquer, maintenant laisse-moi tranquille. Je ne veux plus te voir Felix, à cause de toi je vais sûrement perdre ma fille. A cause de toi je dois faire mon coming out alors que je ne voulais pas le faire.

- Je suis désolé Sam.

Felix sentit les larmes rouler sur ses joues, son cœur le faisait souffrir d'une façon dont il se demandait comment son corps pouvait supporter la douleur. Il essaya de poser sa main sur le bras de Samuel, cependant le brun se dégagea rapidement, il tourna le dos et lui lança quelques mots emplis de déception et de haine.

- Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?

Samuel ne laissa pas le temps à Felix de répondre, mais au contraire il s'en alla sans attendre la justification du garçon.

Felix sentit son monde entier s'écrouler, il sentit la terre s'ouvrir sous ses pieds pour venir l'engloutir avec appétit.

Il se haïssait, il se détestait tellement qu'il en avait la nausée. Il se maudit d'avoir été égoïste, qu'à cause d'un stupide travail de peinture, il venait de perdre la personne qui comptait le plus à ses yeux.

Alors tout à coup il donna un coup de pied dans une chaise, la frustration et la haine glissant dans ses veines avec rage et rancœur. Il devait sortir tout de suite, il devait respirer l'air extérieur pour que ses pensées puissent réellement se calmer.

Mais avant il devait faire quelque chose.

Felix marcha à grands pas vers la peinture qui représentait Samuel, il donna un coup de poing violent, si bien que son poing traversa la toile. Puis il la décrocha du mur sous le regard affolé de son enseignant et finalement il la jeta sur le sol avant de marcher dessus, craquant alors définitivement la toile.

Puis finalement, il sortit de l'exposition, ne sachant pas ce qu'il devait ou ne devait pas faire par la suite.




J'ai fini d'écrire le dernier chapitre ! Je compte publier les chapitres plus rapidement maintenant !

AudreyPh18

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