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Deux semaines étaient passées depuis que Felix avait pris ses jambes à son cou. Malgré le fait que le garçon avait voulu fuir Sam au maximum, ne voulant pas faire de nouveau face à la conversation qu'ils avaient eue, les deux jeunes hommes s'étaient retrouvés à plusieurs reprises dans la même chambre 97, n'évoquant plus le sujet épineux.
Ils étaient revenus à leur simple accord, ils se retrouvaient à l'hôtel, partageaient un moment passionné puis ils se quittaient en mettant de côté leurs sentiments. Cependant ça ne les avait pas empêché de parfois rire et de parfois même avoir des conversations un peu plus légères.
C'était étrange pour Felix, mais il ne se trouvait pas mal à l'aise, il se laissait simplement à ses rendez-vous avec Samuel, appréciant un peu plus ces moments et oubliant ce qui se tramait parfois dans son cerveau, ne voulant faire face à ses questionnements intérieurs.
Le jeune homme aux cheveux colorés était assis derrière son bureau, écoutant un de ses professeurs parler d'un sujet des plus ennuyants. Il pensait à sa vie, à son corps un peu moins endoloris à cause de la fatigue.
En effet, depuis quelques semaines Felix ne s'était pas rendu au King's Heart, il n'avait pas ressenti le besoin d'y aller, au contraire il avait trouvé une certaine satisfaction dans ses rendez-vous avec Samuel. Il n'avait pas eu de relation sans lendemain depuis un certain temps, à vrai dire il n'en avait pas envie.
La dernière personne avec qui il avait couché en oubliant Sam était Jackson, l'ami de Tameron. Ce dernier savait qui Felix était, il le connaissait sous le nom de Red et maintenant sous sa vraie identité. Et le garçon n'aimait pas ça.
C'était peut-être aussi à cause de ça qu'il n'avait pas remis les pieds au King's Heart. Il ne voulait pas risquer que quelqu'un d'autre sache qui il était, il ne voulait pas que ces personnes rentrent dans sa vie privée, comme Jackson avait fait en couchant avec le jeune homme dans son propre lit.
Felix sentit un frisson de dégoût parcourir son corps, si bien qu'il n'en fut pas le seul à s'en apercevoir. Car quelques secondes plus tard la voix de Simon parvint à ses oreilles.
- Est-ce que ça va ? Tu as l'air bizarre.
Felix revint rapidement à lui puis hocha la tête avant de se tourner vers le garçon à la cicatrice et de prendre à son tour la parole.
- Oui, je m'ennuie seulement.
- Tu m'étonnes, j'ai envie de me tirer une balle depuis le début du cours. Je ne comprends pas pourquoi, monsieur Hauzay est d'habitude intéressant.
- Aucune idée.
Le garçon s'apprêta à retomber dans ses pensées, pensant son échange avec Simon ayant touché à son terme. Mais étonnement le garçon aux cheveux bruns continua de parler, se penchant un peu plus vers son ami.
- Est-ce que tu as remarqué les cocards de Quentin ? Il a le contour des yeux plus noirs que son âme.
Felix fronça des sourcils puis se tourna vers son camarade de classe, et en effet ce dernier était dans un mauvais état. Cela ne s'arrêtait pas à ses yeux, mais aussi à sa bouche éclatée et sa joue marquée par un bleu tournant au jaune vert à présent.
Le garçon ne lui avait pas porté attention, ne s'occupant que de lui-même ou de son ami Simon, c'était pour cette raison qu'il n'avait pas vu l'état du blond.
Le jeune homme ne put se retenir de lâcher un rire mauvais, puis s'adressa à son ami en gardant les yeux rivés vers Quentin.
- Ce connard a peut-être insulté le mauvais gay. Et franchement, je ne le plains pas, c'est bien fait pour sa gueule, être homophobe ne t'apporte rien de bon.
- Je me demande bien ce qui lui est arrivé.
- Tu peux aller lui demander, mais ça sera sans moi.
Felix jeta de nouveau un coup d'œil à Simon avant de poser de nouveau les yeux sur Quentin. Mais au même moment ce dernier se tourna vers le garçon, lui jetant un regard noir avant de murmurer quelque chose qui resta inconnu aux oreilles de Felix.
Le jeune homme aux cheveux rouges lança un regard vide au blond, puis lui fit un sourire des plus narquois en montrant son propre œil, mettant soudainement le blond en colère. Avant de finalement se mettre à rire et tourner son attention vers son ami.
- C'est le karma.
- Tu ne crois pas au karma, moi non plus à vrai dire. C'est juste qu'à force d'être un batard il allait tomber sur plus fort que lui et être remis à sa place.
Felix haussa les épaules, puis se concentra de nouveau sur le cours, s'ennuyant de nouveau en à peine quelques secondes.
Le garçon attrapa ses affaires pour sortir de la classe et enfin rentrer chez lui. Or, alors qu'il suivait Simon vers la porte de sortie, il entendit quelqu'un prononcer son prénom. Il se tourna alors pour voir son professeur lui faire signe se rapprocher.
Felix demanda à Simon de l'attendre puis se dirigea sans attendre vers l'homme aux joues creusées et aux cheveux noirs complètement en bordel.
- Qu'est-ce qui se passe monsieur ?
- Je voulais vous voir pour avoir votre autorisation. Nous avons décidé, avec des collègues des universités environnantes, de faire un projet afin de récolter de l'argent et d'attirer de nouveaux élèves.
- Quel projet ? Et en quoi avez-vous besoin de mon autorisation ?
- Nous voulons mettre en valeur chaque branche, donc en art nous avons pensé à faire une exposition des meilleurs travaux de nos élèves. Et bien sûr j'ai directement pensé à vous Felix. Vous êtes l'un des étudiants des plus prometteurs, chacun de vos travaux sont travaillés et parfaits. Mais je ne peux pas les exposer sans votre accord.
Le garçon se sentit flatter, son professeur étant un homme des plus compliqués à convaincre, notant sévèrement et n'hésitant pas une seule seconde à démonter ses élèves quand il n'était pas satisfait de leurs travaux.
Alors l'entendre parler de lui de cette façon était vraiment agréable. Pourtant le jeune homme n'accepta pas tout de suite, voulant en savoir un peu plus avant de donner son accord.
- Et qu'est-ce que j'y gagne ?
Monsieur Hauzay parut surpris de la question de son élève. Pourtant il n'en fit pas la remarque et se contenta de répondre honnêtement à sa question.
- Déjà une certaine reconnaissance pour votre travail, être exposé n'est pas donné à tout le monde. Vous pourrez peut-être être contacté par la suite si quelqu'un aime votre travail. Mais pour parler de quelque chose de plus concret, vous serez rémunéré pour l'exposition de vos tableaux.
- Ça m'intéresse un peu plus.
- Ne rêvez pas non plus, ça ne sera que des cacahuètes. Mais si vous refusiez, quelqu'un d'autre serait ravi de prendre votre place vous savez.
Felix se mit doucement à rire en remettant en place sa chevelure rouge. Puis il adressa un signe poli de la tête à son professeur avant de rajouter quelques mots.
- J'accepte. Vous avez pensé à ce que vous allez choisir pour exposer ?
- Pas encore, je ne pense pas vous en parler. Vous verrez le jour de l'exposition. D'ailleurs ne me demandez pas la date car je l'ignore toujours.
- D'accord. Vous avez autre chose à me dire ou je peux partir ?
- Vous pouvez partir.
Le garçon sourit puis tourna les talons, sentant la satisfaction danser dans son estomac. Car pour une fois il était reconnu pour autre chose que son corps, il était mis en valeur pour quelque chose dans laquelle il avait mis tous ses efforts, travaillant d'arrachepied toutes ses années pour arriver à un tel niveau.
Simon l'interrogea ensuite sur la raison pour laquelle le professeur voulait le voir, puis il ne commenta pas la nouvelle, se contentant de faire un signe de la tête.
Felix avait passé plus de deux heures dans un café après ses cours. Il avait retrouvé Johanna pour passer un peu de temps avec elle, la blonde ayant voulu fêter la nouvelle de l'exposition des œuvres de Felix.
Celle-ci exprimait beaucoup plus ses sentiments que Simon, c'était même pour cela qu'elle ne se sentait pas tout le temps à l'aise en compagnie du garçon à la cicatrice, le trouvant trop étrange.
Simon était introvertie mais d'une compagnie agréable avec un certain humour qui faisait rire Felix. Mais ce dernier n'était pas resté longtemps au café avec le garçon et la blonde, ayant rendez-vous chez son psychologue.
Johanna s'était ensuite fait un plaisir à parler sur le dos de Simon, Felix ne répondant pas à son amie, ne voulant pas parler du brun en son absence.
La blonde avait finalement convaincu son ami à se rendre dans un bar après un certain temps à discuter dans le café. Bien que Felix n'avait pas voulu au début, il n'avait pas pu résister aux yeux doux de son amie et s'était laissé embarquer dans un bar.
Alors que Johanna commandait les verres au barman, le jeune homme trouva une place au fond du bar, près du billard. Il prit place puis laissa son regard balayer la pièce d'un regard extrêmement las.
Il n'aimait pas ce genre d'endroit, cela grouillait de personnes hautaines, la plupart des clients étant des étudiants en commerce ou bien en droit voulant prendre un verre après leur journée à l'université. Felix connaissait bien ces personnes, il en avait une image négative ayant déjà côtoyé plusieurs d'entre eux. Car derrière leur attitude d'homme hétéro sûr deux, se trouvait des gays refoulés refusant d'être des tapettes en plein jours. Le garçon avait couché avec plusieurs d'entre eux, et à chaque fois l'expérience avait été décevante.
Il était agacé d'être là, mais se retint de se plaindre, voulant simplement passer du temps avec son amie.
Il se mit à sourire quand il vit la blonde s'approcher de lui avec dans ses mains deux verres de bières. Elle en tendit un à son ami puis s'exclama de vive voix.
- Ça faisait une éternité qu'on ne s'était pas retrouvé tous les deux dans un bar.
- C'est de ta faute, tu choisis toujours les pires bars de la ville.
- Quoi ? N'importe quoi, ce bar est super cool. Les alcools sont bons et pas trop hors de prix, et en plus il y a des snacks de qualités.
Felix montra du doigt un groupe de plusieurs jeunes hommes, tous habillés de la même façon, un costume tiré à quatre épingles, accompagné de la même coupe de cheveux.
- Est-ce que tu parles de ce genre de snack ?
- Pas forcément. Mais sinon oui, les mecs de droits sont plutôt pas mal en général.
- Ils sont surtout machistes à souhait, développant un sentiment de supériorité sur les autres.
La blonde leva des yeux au ciel puis donna un léger coup de poing dans le bras de son ami avant de répliquer.
- Arrête de les mettre tous dans le même sac, ce n'est pas sympa venant d'un type qui est stigmatisé sans arrêt.
- Ne me dis pas que tu es en train de comparer le harcèlement qu'on fait aux gays avec ces connards prétentieux.
- Non je n'ai pas dit ça. Mais je pensais que tu serais plus apte à comprendre qu'on ne doit pas juger les gens par rapport à leur allure.
Felix afficha un air agacé, il but quelques gorgées de sa bière puis reprit la parole en observant toujours le groupe.
- Pour moi il n'y en a pas un mieux que l'autre.
- Je peux essayer de te prouver le contraire ?
Le garçon arrêta de respirer.
L'intonation de voix de Johanna lui était familière, c'était celle qu'elle avait quand une idée de mauvais goût dansait dans sa tête, n'annonçant rien de bon la plupart du temps.
Felix lui jeta un coup d'œil affolé puis la menaça tout à coup.
- Je te préviens, si tu fais quoi que ce soit je me barre sur le champ.
- Arrête de me regarder comme ça, je n'ai rien fait.
- Pas encore. Qu'est-ce que c'est ton idée stupide ? Je vois bien sur ton visage que tu as une idée, et je n'aime pas ça.
La jeune femme plaça ses cheveux derrières ses épaules, puis croisa ses doigts pour y déposer son menton alors qu'elle s'adressait à son ami avec malice.
- Je veux te prouver que ce ne sont pas tous des connards, qu'est-ce que tu penses d'en inviter quelques-uns à partager un moment avec nous ? On parie un billet de 20 sur le fait qu'ils sont arrogants ou non.
- Déjà, je n'ai pas d'argent à parier. Et puis c'est hors de question, je n'ai pas envie de les voir me dévisager ou de te draguer toute la soirée.
- J'en connais quelques-uns, ça n'arrivera pas.
- J'ai dit non.
La blonde soupira bruyamment. Elle se laissa tomber en arrière, croisant ses bras contre sa poitrine d'une façon colérique. Elle jeta un œil mauvais à son ami puis déclara brusquement.
- Tu n'es vraiment pas amusant. Tu étais drôle avant, on s'amusait à parier sur les personnes qui se trouvaient toujours dans leur placard. Mais maintenant tu ne fais plus rien.
- Je suis toujours amusant, mais je ne veux pas passer ma soirée avec des abrutis.
- Tu ne les connais même pas.
- Et je n'ai pas envie de les connaître.
L'atmosphère entre les deux amis était devenue soudainement assez tendue.
Felix resta quelques secondes silencieux, puis tout à coup se leva de sa chaise en déclarant qu'il avait besoin d'une cigarette.
Dehors la pluie commençait doucement à tomber, le crachin désagréable étant balayé par le vent.
Felix grogna en sentant un frisson parcourir son corps. Mais il n'abandonna pas, voulant à tout prix fumer sa cigarette, son corps en ressentant malheureusement le besoin. Il sortit son briquet de sa poche, mais comme le monde sembla tout à coup vouloir s'acharner sur lui, ce dernier ne fonctionna pas, agaçant d'autant plus le garçon.
- Fais chier.
Alors que le jeune homme s'apprêtait à faire demi-tour il entendit une voix s'élever à côté de lui.
- Tu as besoin d'un briquet ?
- Oui merci.
Felix se tourna et attrapa le briquet qu'on lui tendait. Or il sentit son estomac se retourner tout à coup quand le jeune homme qui lui prêtait le briquet se fit entendre de nouveau.
- Red ?
Felix ferma les paupières, sentant le monde l'oppresser tout à coup.
Il croisa le regard du jeune homme vêtu d'un costume et il observa son visage, reconnaissant vaguement une de ses nombreuses conquêtes passées.
Le garçon poussa un soupir en sentant ses épaules s'affaisser alors qu'il vint se frotter les sourcils en prenant soudainement la parole.
- Pourquoi est-ce que je dois croiser des personnes comme toi ce soir ?
- Comme moi ? C'est-à-dire.
- Qui me connait en tant que Red. Ecoute, tu ne veux pas faire comme si tu ne m'avais pas vu, ou simplement m'oublier ?
L'étudiant en droit fronça les sourcils tout à coup. Il croisa ses bras contre sa poitrine et étudia le visage du garçon aux cheveux rouges avant de répondre.
- Pourquoi ? Tu as peur que je découvre ta vraie identité ?
- Si tu penses à un seul instant me faire du chantage, pense au fait que je sais que tu aimes te faire prendre, et à mon avis tes amis ne doivent pas être au courant.
Le jeune fut stupéfait des mots de Felix, si bien qu'il regarda rapidement autour de lui pour vérifier que personnes ne l'avait entendu. Puis il se rapprocha brusquement pour venir chuchoter.
- Je ne voulais pas te faire chanter, je ne suis pas comme ça. Je suis désolé si certains le font, mais ce n'était pas mon but.
- Vraiment ?
- Oui ! J'ai juste été surpris de te voir ici, je respecte le fait que tu aies une vie privée, que tu ne veux pas lier ce qui se passe au King's Heart à ta vie de tous les jours.
Alors que Felix écoutait le jeune il se sentit légèrement mal à l'aise, s'en voulant de s'être senti attaqué alors que l'autre ne lui avait rien dit.
- Je suis désolé, je suis un peu à cran.
- Ce n'est rien.
L'étudiant posa une main amicale sur l'épaule de Felix, puis lui accorda un petit sourire en ajoutant quelques mots.
- Mais si tu me permets de te dire quelque chose. Les gens se demandent où tu es passé au King's Heart. Tu ne t'es pas montré depuis plusieurs semaines, certains sont en détresses.
- Vraiment ? Personne n'en a profité pour prendre ma place.
- Prendre ta place, tu es indétrônable Red. Personne ne t'arrive à la cheville, ça m'étonne que tu n'en aies pas conscience.
Felix se mit à sourire au compliment de l'inconnu. Il lui adressa un regard séducteur en venant à son tour toucher son épaule, redevant soudainement Red.
- Merci, je suis touché de voir que je marque autant les esprits même en étant absent.
Il passa ensuite sa langue sur sa lèvre inférieure, puis glissa sa cigarette entre ses lèvres alors qu'il l'allumait avec le briquet emprunté.
La pluie mouillait ses cheveux, collant quelques mèches sur son front. Mais celle-ci ne le mit pas à son désavantage, au contraire elle lui donna un côté séduisant plus impactant, qui coupa brusquement le souffle de l'étudiant en droit.
Puis Felix glissa le briquet dans la poche de son interlocuteur, prenant soin de se rapprocher dangereusement de lui. Il sourit puis chuchota à son oreille.
- Je vais revenir au King's Heart, soyez simplement patients.
Puis il tourna les talons, marchant sous la pluie pour arriver à sa moto, sentant une sensation dans son estomac, peu agréable et même dérangeante.
Quand le garçon arriva en bas de chez lui, il envoya un message à Johanna, s'excusant auprès d'elle pour son départ brutal. Il lui spécifia que ce n'était pas à cause d'elle, mais qu'il avait croisé quelqu'un qu'il ne souhaitait pas voir.
Bien évidemment la jeune femme n'avait pas répondu à son message, prouvant que ça n'allait pas entre eux, qu'ils n'étaient pas en très bon termes à ce moment précis.
Felix se sentit mal.
Il n'avait pas beaucoup d'amis, alors se savoir en conflits avec la blonde le rendait mal. Il ne se sentait pas bien, sa tête travaillant beaucoup trop brusquement.
Il ouvrit la porte de l'appartement, sentant ses épaules lourdes. Il avait besoin de repos, de ne rien faire. Felix était dans une humeur compliquée, il se sentait vide, brusquement très triste sans trop en comprendre la raison. Il avait juste envie de se mettre dans son lit, de s'enrouler de sa couette et se rendre sourd en écoutant des chansons aussi tristes que lui.
Le garçon comprit rapidement qu'il était seul dans l'appartement, Tameron étant sorti.
Felix prit une douche rapide, puis enfila un large sweatshirt oversized sur un jogging lui collant les jambes. Il était prêt à dormir, à s'isoler complètement.
Alors que le jeune homme attrapait ses écouteurs, il entendit brusquement la porte d'entrée s'ouvrir avec fracas.
Felix sentit une peur courir dans ses veines, ne se souvenant brusquement plus s'il avait fermé la porte à clef ou non. Il pensa tout de suite à un cambriolage à cause du boucan et d'absence de voix. Le garçon attrapa son téléphone, puis une paire de ciseaux assez grande avant d'ouvrir sa porte avec prudence.
Son cœur battait la chamade dans sa poitrine, ses mains tremblaient légèrement, ne sachant pas à quoi s'attendre. Quand tout à coup une voix s'éleva dans l'appartement, permettant au garçon d'évacuer la pression.
Il abandonna sa paire de ciseaux puis marcha à travers le couloir en s'écriant.
- Bordel Tameron tu m'as fait peur, je pensais qu'on se faisait cambrioler.
Felix s'arrêta brusquement en voyant Tameron dans un état d'ébriété avancé, obligeant d'être soutenu pour pouvoir marché. Il avait une tâche sur son t-shirt qu'on pouvait comprendre comme du vomi à cause de l'odeur. Il était tel un déchet, et la personne qui le soutenait paraissait elle aussi bien atteinte par l'alcool.
Le garçon sentit son sang ne faire qu'un tour alors qu'il croisa le regard de Jackson. Et presque immédiatement il se sentit mal à l'aise par sa présence. Surtout quand ce dernier s'exclama.
- Oh Red, je suis ravi de te voir. Ton coloc est dans un sale état, et je ne suis pas en état de conduire, je vais rester ici pour dormir, ça ne te dérange pas ?
Un poids appuya sur les poumons du jeune homme, l'empêchant brusquement de répondre et de s'opposer à cette nouvelle. Il sentait le regard dérangeant du bouclé sur lui, essayant de se faire séducteur mais donnant un effet plutôt étrange.
Felix secoua la tête, puis tourna les talons.
Il se précipita en quelque sorte dans sa chambre, puis prit soin de fermer à clef. Mais au lieu de retourner dans son lit, il prit place sur sa chaise de bureau, le regard fixé sur la porte alors qu'il attendait.
Puis finalement, après quelques minutes, il vit la poignée de sa porte bouger, signifiant que quelqu'un essayait de l'ouvrir. Et Felix n'eut pas besoin de demander de qui il s'agissait, car il le savait très bien.
Il bloqua sa respiration, rapprochant ses jambes de son torse alors qu'il attendait que Jackson abandonne et parte. Cependant il continuait d'essayer d'ouvrir la porte, avant de finalement se mettre à frapper et à hausser la voix.
- Red, pourquoi est-ce que tu as fermé la porte ?
- Je suis occupé.
- Tu peux l'ouvrir pour qu'on puisse parler ?
Felix sentit une panique prendre part de son corps. Il comprit qu'il allait devoir supporter de dormir dans son appartement en sachant que Jackson voulait entrer dans sa chambre.
Il avait certes couché une fois avec lui, mais depuis ce moment, il se sentait toujours mal à l'aise en sa présence, surtout quand ce dernier essayait sans cesse de l'embrasser quand il passait des soirées dans l'appartement avec Tameron.
Felix essayait de le fuir à chaque fois, passant sa soirée dehors, ou la plupart du temps avec Sam.
Le garçon sentit tout à coup une urgence. Il attrapa son téléphone puis composa rapidement un numéro, priant pour que l'autre réponde.
Puis finalement après un long moment à entendre la tonalité résonner dans le téléphone, une voix s'éleva.
- Allo Felix ?
- Sam, je- je suis désolé de te déranger. Est-ce qu'on pourrait se voir à l'hôtel ?
La voix de Felix était bouleversée, pressée et n'articulant que rarement, comme s'il ne voulait pas qu'on l'entende parler.
L'homme marié ne mit pas longtemps à répondre, d'une voix navrée et assez basse.
- Je suis désolé ça ne va pas être possible. Ma femme est partie pour une formation, je suis avec ma fille.
- Oh, d'accord.
Felix sentit une cage se refermé sur lui. Il pensa à appeler Johanna, même si cette dernière lui en voulait pour être parti sans rien dire. Car le garçon ne voulait pas rester chez lui, il devait s'en aller.
Mais alors qu'il était sur le point de raccrocher, la voix de Sam s'éleva de nouveau, inquiète cette fois.
- Est-ce que tout va bien ?
- Je suis désolé de t'avoir dérangé.
- Attends Felix.
Le garçon était dans un état frôlant la panique, surtout quand il entendit Jackson lui demander d'ouvrir la porte alors qu'il essayait d'entrer une nouvelle fois. Alors il ne raccrocha pas, sentant qu'il était en sécurité avec Samuel au bout du fil.
Il ne répondit rien, laissant le brun continuer.
- Si tu as besoin tu peux venir chez moi. Je t'ai dit que j'étais prêt à t'écouter si tu le voulais.
Felix ne voulait pas parler, mais il avait besoin d'un endroit où fuir.
Alors il accepta en chuchotant.
- D'accord. Tu peux m'envoyer ton adresse ?
- Bien sûr.
- Mais pas tout de suite, reste encore au téléphone avec moi. Juste deux minutes.
La demande de Felix était étrange, pourtant Samuel ne posa pas de question, il accepta de rester au téléphone avec le garçon.
Le jeune homme attrapa rapidement quelques affaires qu'il enfourna dans un sac à dos, puis il enfila sa veste en gardant son téléphone à son oreille. Puis finalement il se tourna vers la porte. Il prit une grande inspiration, son cœur battant encore la chamade, frôlant même la folie, et il déverrouilla la porte.
Jackson afficha un sourire de satisfaction en voyant Felix ouvrir la porte. Il s'apprêta à entrer dans la chambre, mais le garçon prit la parole en montrant très clairement au bouclé qu'il était au téléphone.
- J'ai pris mes affaires j'arrive. Ne t'inquiètes pas ça ne me dérange pas de venir t'aider, je n'étais pas encore couché.
Puis il jeta un coup d'œil à Jackson.
- Je suis désolé je dois y aller. Merci d'avoir ramené Tam.
Finalement il contourna le jeune homme et partit en direction de la porte d'une démarche pressée, enfilant ses chaussures sans même faire les lacets.
Il claqua la porte et put enfin respirer, n'ayant pas réalisé qu'il retenait sa respiration. Puis il prit de nouveau la parole.
- Envoie-moi ton adresse Sam, j'arrive.
- D'accord, sois prudent sur la route.
Felix sentit quelque chose dans sa poitrine mais préféra l'ignorer, raccrochant au nez de l'homme marié sans prendre la peine de lui répondre.
AudreyPh18
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