Episode 2 partie 2. Coïncidence

Malgré la sérénité de la nuit, l'étau autour de ma poitrine ne bougeait pas d'un pouce. Ma tête commença à tourner.

Des bruits de pas résonnèrent au loin. Un frisson me remonta l'échine. Il était plus d'une heure du matin et j'étais seule. Pas un comportement très prudent. Heureusement, je me trouvais presque en bas de mon immeuble. Les claquements des chaussures sur le bitume se rapprochaient rapidement.

Je m'arrachai à la beauté de la nuit pour rentrer chez moi, en sécurité, quand la personne qui marchait sur le pont s'arrêta, à quelques mètres de moi. Je tournai la tête avec méfiance avant de me pétrifier.

Muette devant cette apparition, j'étais incapable de détaler. Il se tenait droit, éclairé par la pleine lune et les réverbères. Sa poitrine montait et descendait au rythme effréné de sa respiration. Son regard de la couleur des feuilles de printemps ne me quittait pas. Une expression incrédule sur les traits, il ne ressera pas son grand manteau marron, battu par le vent.

L'étau qui m'asphyxiait se brisa. L'oxygène se déversa dans mes poumons.

Nous restâmes de longues secondes à nous dévisager. Quelles chances y avait-il que je tombe sur lui une seconde fois ? Pourquoi le destin me jouait-il cette mauvaise blague ? Où alors je devenais folle ? Peut-être m'étais-je endormie en regardant la lune et maintenant, je rêvais qu'il me retrouvait ?

Il s'avança, félin, malgré son imposante stature. Sa main se leva vers ma joue avec lenteur, comme pour ne pas effrayer un animal sauvage. Ce que j'étais presque. J'aurais pu m'enfuir, si mon corps entier n'était pas paralysé. Je voulais gérer seule ma vie. Avec Will, je pouvais résister, mais avec lui ? J'avais lutté pour oublier notre rencontre, pour l'enfermer dans un coin de mon esprit, ne garder que le souvenir d'un rêve. Mais le voilà qui revenait me hanter.

Je saisis son poignet avant qu'il ne me touche. Mais au lieu de le repousser, je calais mon visage dans sa paume rugueuse.

— Toi... murmura mon amant en caressant ma peau avec douceur.

Mon cœur se mit à palpiter de façon incontrôlable. Ses iris avides se plantèrent dans les miens quand il s'empara de ma nuque. Il était si près que son odeur fauve m'enveloppa. Des effluves d'alcool se mêlaient à son haleine.

— Je ne pensais pas te revoir un jour, poursuivit-il penché sur moi.

Mon souffle devint erratique. Ses lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres des miennes. J'attrapai son manteau et l'attirai à moi brusquement. Notre baiser fut une explosion. Je n'arrivai plus à réfléchir.

Quand je le relâchai, nous haletions tous les deux.

— Tu es toujours avec l'autre abruti ? grogna-t-il en enlaçant ma taille.

— Non, bredouillai-je en secouant la tête, je l'ai quitté.

Pourtant, mon téléphone sembla soudain peser plus lourd dans ma poche. Ses lèvres perdues sur mon cou firent dévier le cours de mes pensées.

— Et toi, tu as quelqu'un ?

Question stupide. Comment un apollon pareil serait-il seul ? Il me relâcha et son visage se ferma. Sa réponse muette me permit de reprendre quelque peu mes esprits. Ce mec me faisait vraiment un effet inexplicable. Certes, il était magnifique, mais cela ne m'avait jamais suffi à me faire tourner la tête de cette façon. J'avais pourtant décidé de ne pas être sa maitresse. Mais il n'avait qu'à apparaitre pour que je me liquéfie.

L'idée de le repousser m'effleura. Il dut le lire sur mon visage, parce qu'un éclairé de panique traversa ses traits. Il attrapa mon menton entre le pouce et l'index pour le soulever. Son regard se vissa au mien.

— Je suis toujours avec la même femme. Pourtant, il me suffit de t'apercevoir pour perdre la tête. Quel est ton secret, naïade ?

Il effleura mes cheveux puis descendit sur ma joue, mon cou, et glissa le long de mon dos jusqu'au creux de mes reins. Je passai mes mains sous son manteau ouvert, puis sous son pull et caressai sa peau brûlante. Des décharges électriques se répandirent dans tout mon corps, enflammant mon ventre. Il se contracta, lui aussi, sous mes doigts. Il se délectait de mon contact, comme moi du sien.

— J'allais te poser la même question. Je croyais avoir réussi à vivre avec l'idée de ne plus te revoir...

Il me fit taire d'un baiser chaud et fougueux au goût de bière. Il me pressa plus fort contre lui.

— Pas moi, gronda-t-il. Ça fait trois mois que je rêve de toi toutes les nuits. L'idée de te retrouver m'obsède. Et te voilà, comme si de rien n'était, capable de m'oublier. Tu es cruelle, naïade.

Je suivis le contour des muscles de son dos, brûlant mes paumes sur sa peau incandescente.

— J'ai parlé de vivre sans te revoir, pas de t'oublier.

Il suffisait de me regarder, agrippée à lui, pour comprendre que ce n'était pas le cas. Je glissai mes doigts dans ses cheveux bruns pour l'attirer contre ma bouche. Ma langue partit à la conquête de la sienne dans un baiser profond.

— Tu as vraiment l'impression que je j'y suis parvenue ? demandai-je quand je finis par me détacher de ses lèvres.

Sa paume frôla ma fesse si vite, que je ravalai un hoquet de frustration. Dans un coin de mon cerveau, une alarme se déclencha. Nous étions en pleine rue, au milieu de la nuit, en train de nous bécoter comme des lycéens. Il était plus que temps de museler mes hormones et de mettre fin à cette folie.

— On est en train de faire une bêtise. Nous en avons déjà fait une il y a trois mois, je préfère ne pas recommencer.

Je me retournai, les mains appuyées sur la rambarde du pont. Le reflet de la lune me happa une nouvelle fois. Il s'approcha de moi dans mon dos. Sans qu'il me touche, je percevais son corps viril derrière moi. Même s'il garde respectueusement ses distances, j'allais craquer. Il suffirait que je le regarde pour que mes vêtements prennent la fuite.

Je fixai l'eau.

— Comment fais-tu pour résister ? me demanda mon apollon, le souffle court.

Plus je me perdais dans le reflet de la lune, plus mes barrières cédaient, les unes après les autres.

Il a une femme dans sa vie. Et alors ? C'est lui l'infidèle, pas toi. Il doit sauter sur tout ce qui bouge. Ça évite une relation durable. Ma rupture est déjà si compliquée. Justement, tu as besoin de te détendre. Aux dépens d'une autre ? ...

Malgré mes protestations silencieuses, je n'étais plus tout à fait maitresse de mon corps. Ma main effleura la sienne.

L'invitation fit mouche. Il repoussa mes cheveux. Ses doigts glissèrent sur ma nuque jusqu'à mon épaule. Ses lèvres menaçaient de suivre le même chemin. Je m'efforçai de respirer. Je le sentis, dur contre mes fesses, sans y penser, je me cambrai, à la recherche de son contact.

Sa main se faufila jusqu'à mon ventre qu'elle caressa avec langueur. Je dus lutter contre le besoin de le pousser plus bas. Quand il flirta avec la ceinture de mon pantalon, pénétrant à peine sous le tissu, je gémis et penchais la tête pour lui offrir mon cou qu'il mordit. Puis il l'embrassa.

— Tu ne... m'aides pas... haletai-je. C'est toi... qui es supposé résister. En plus... n'importe qui pourrait nous voir...

À ces mots, il se figea. C'est alors que ce que je craignais arriva. 

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