Punition Divine.
Dieu peut prendre n'importe quelle apparence. Que ce soit celle d'un homme débonnaire, d'une femme câline, d'un monstre issu de cauchemars, d'un enfant effrayé ou même d'un géant de glace qui refroidirait l'atmosphère en un battement de cils. C'est sous cette apparence qu'il apparut alors que je pensais en avoir fini avec le dieu mineur.
Je sentis mon père arriver avant de le voir. Les brumes chaleureuses de l'Enfer devinrent des torrents d'eau glacée et les âmes effrayées s'enfuirent voir ailleurs, à la recherche d'une ambiance plus sèche.
Pour le coup, mon orgueil et mon triomphe venaient de prendre une douche froide et je pouvais apercevoir les ennuis qui se profilaient au loin.
- Athanios ! Mon fils, je venais voir si tu avais fini et qu'est-ce que j'apprends ? Tu as laissé une âme s'échapper avec des souvenirs. Et tu l'as fait VO-LON-TAIRE-MENT ?
La voix de mon père claqua dans l'air froid et brumeux. Je sentis mes épaules s'affaisser légèrement, mais j'arrivai à garder mon calme :
- Père ! Je suis bien heureux de vous voir ! Il faut que vous châtiiez ce dieu mineur, Réam. Il ne m'a pas expliqué la tâche à accomplir.
Ce fut ma première erreur. Que je devais regretter par la suite.
- Je ne reçois pas d'ordre, encore moins de la part de mon fils, gronda Dieu.
Sa voix était tellement glacée que malgré moi, je frissonnai et déglutis. L'air atteignait le zéro absolu et le froid pénétra mon corps, gerçant ma peau, craquelant mes lèvres, gelant mes cils. Je tentai de m'excuser sans bégayer :
- Père, pardonnez-moi, je ne souhaitais que vous conseiller quant à la punition de Réam.
Mon père se tourna vers ce dernier qui n'en menait pas large. Il se tassa sur lui-même, espérant disparaître aux yeux du chef suprême.
- Dieu Réam ! Expliquez-moi !
Réam blêmit. Il paraissait tétanisé face à l'ordre de mon père. Malgré sa haute taille, il n'arrivait pas à l'épaule de mon père. Ses yeux cherchaient une aide qu'il savait vaine. Il tortillait ses mains, mordillait ses lèvres, gigotait sans cesse, en proie au stress. Me dénoncer ou me protéger et se faire châtier ? Le choix était assez cornélien pour qu'il y réfléchisse à deux fois avant de répondre. Finalement, quand il prit la parole, ce fut d'une voix calme et assurée.
- Dieu, ne soyez pas trop dur avec moi ou avec votre fils Athanios. J'ai moi-même expliqué à votre fils le déroulement de notre activité. Cependant, il semblerait que mes explications n'aient pas été suffisamment explicites. C'est pourquoi votre fils Athanios n'a pas correctement effacé les souvenirs de l'âme avant de la relâcher. A l'avenir, je ferai en sorte que mes explications soient plus compréhensibles.
Je ne rêvais pas. Il venait quasiment de m'insulter, me faisant passer pour un idiot de première catégorie, trop stupide pour comprendre une simple explication. Qui plus est, il m'avait dénigré devant mon père.
Dieu contempla gravement Réam avant d'éclater de rire. Un rire profond et chaud qui réchauffa doucement l'atmosphère. Je ne sais pas qui de Réam ou de moi fut le plus surpris, toujours est-il que Dieu continuait de rire.
Réam me jeta un regard ahuri et je ne pus que hausser les épaules pour lui faire part de mon incompréhension. Puis, me rappelant qu'il m'avait insulté, je lui lançai un regard noir, mais il ne me regardait déjà plus. Dieu s'arrêta soudainement de rire et le silence qui suivit me fit presque regretter son rire incongru.
- Dieu Réam, vous êtes délicieux. Je sais que vous atténuez les actes de mon fils. Je connais Athanios, je sais de quoi il est capable et cette tâche que je lui avais confiée, était tout à fait accessible pour lui. Je ne vous en veux pas. Votre situation n'est pas enviable. Mais je ne peux pas vous laisser prendre les responsabilités de ce qui s'est passé. C'est pour cela que vous allez accompagner mon fils Athanios sur Terre, afin de retrouver cette âme et de réparer vos erreurs. J'ai dit.
- QUOI ?
Nos voix s'unirent dans un même cri. Incompréhension, consternation et horreur teintèrent notre exclamation. Je ne comprenais pas que Dieu, mon père puisse me punir ainsi. Aller sur Terre ? Vraiment ?
C'était impossible, Dieu allait forcément se remettre à rire et m'expliquer sa blague. Mais non. Dieu continuait de nous fixer, une lueur d'amusement dans le regard. Il reprit une forme plus humaine : celle d'un homme grand et fort, dont la barbe grise mangeait la moitié de son visage rond. Il restait impressionnant malgré son changement d'allure.
- Dieu Réam et Dieu Athanios, je vous exile un mois humain sur Terre. Passé ce délai, vous pourrez revenir si votre erreur est réparée sinon... Bon courage, mon fils. Puisses-tu revenir grandi de ce voyage.
Et c'est ainsi, que sans autre éclaircissement, ni indication quelconque, Réam et moi fûmes envoyés sur Terre à la recherche d'une âme perdue.
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