Chapitre vingt-deux
Carolina Liar-Show Me What I'm Looking For
Ce sont les vacances d'été pour moi, nous sommes en milieu juillet et je suis désespérément seul. Après nous êtres criés dessus et que Jawad m'est, légèrement "attaqué", il a décidé de partir rejoindre sa famille à Caen dès la fin de son année. J'ai bien tenté de le raisonner et de lui faire comprendre la gravité du problème, mais il n'en était rien. Il faisait la sourde oreille et s'énervait d'avantage. Nous avons réalisé que nous nous faisions plus de mal que de bien en ce moment et qu'une coupure ne nous ferait peut-être pas violence.
J'ai également réalisé pour lui. C'est tellement bizarre de l'admettre, mais il l'est. Jawad est accro à la drogue. C'était sous mes yeux, mais il semble que je me voilais la face et me cachais la vérité. Sauf que j'ai fini par comprendre et que je m'en veux terriblement. J'aurais dû être là pour lui et l'aider. Au lieu de ça, j'ai été une pourriture envers lui. Je le comprends d'être parti, j'aurais fais la même chose à sa place.
Alors ça fait un mois que je survis. Clairement je ne vis plus, je survis juste. Je ne fais pas grand chose à part déprimer, boire comme un trou, fumer des joints, aller me faire baiser pour gagner de la thune puis dormir avec Midnight. C'est le seul qui me reste, mon chat. Je m'y suis attaché à cette petite bête et il semblerait que lui aussi. C'est à la limite que je le préfère aux humains.
Je dépéris et pourris. Je ne pensais pas un jour en arriver là, surtout aussi tôt, mais c'est pourtant ce qui se produit depuis un peu près un mois. J'ai l'impression que mon corps est une vieille maison et qu'elle manque de s'écrouler à tout moment. Je me sens à bout, aussi bien émotionnellement et moralement que physiquement.
C'est un enfer, mon enfer et je ne sais plus comment faire pour m'en sortir indemne. Je n'ai plus de famille, plus d'amis, plus rien d'humain.
Je me lève et pars me doucher après une caresse au chat. Il sera sûrement parti lorsque j'en sortirai. Il part aussitôt que le soleil se couche et que la nuit apparaît puis il revient dormir avec moi. Je m'apprête puis prends mes clés et sors. Je marche un petit temps puis me rends à la ruelle, toujours la même contrairement à moi. J'ai tellement changé et pas vraiment en bien. Je m'avance, accoste et une voiture finit par me prendre.
Je me demande sérieusement comment je peux les attirer. Je ne ressemble plus à rien. J'ai les cheveux mi-longs, le visage aussi pale qu'un mort, une petite barbe recouvre mon visage, des cernes sous les yeux et le tout tient sur deux petites jambes maigrichonnes qui ressemblent plus à des bâtons.
L'homme d'une quarantaine d'années finit par se garer près d'un parc et me tire vers celui-ci. Il me plaque contre un arbre et défait directement les boutons de son pantalon. Il me saisit ensuite par la tête et me met à terre pour que je le suce, chose que je m'oblige à faire malgré mon non-envie.
Il finit par venir comme un gros porc et je crache son sperme au sol. Il me relève ensuite et baisse mon pantalon. Je n'ai jamais été aussi mou et sans envie. De toute façon, tout ce qu'il veut c'est son plaisir celui-là. Je me laisse complètement faire et ne fais aucun effort. De toute façon, il s'en fiche. Il cherche juste à tirer son coup et c'est ce qu'il fait lorsqu'il s'enfonce en moi en même temps que mon dos percute le tronc de l'arbre. Je pousse un petit cri et il me prend plus violemment tout en prononçant des mots salaces et peu valorisants pour moi. Je ferme les yeux et crispe mes mains contre l'écorce de l'arbre tandis que son bassin me donne de violents coups qui me font percuter à chaque fois contre le bois rude.
Un craquement me parvient aux oreilles et m'intrigue. J'ouvre alors les paupières et une tête fait son apparition. Un petit garçon aux cheveux roux me fixe de ses yeux écarquillés. Le type ne semble même pas remarquer étant donné qu'il est de dos et l'enfant s'enfuit lorsqu'un bruit de voiture se fait entendre. S'en suit des gens qui parlent et des lumières de lampe torche. Je comprends immédiatement qu'il s'agit des flics et pousse le connard dégeulasse. Une douleur me déchire l'échine, mais je ne bronche pas.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Pris de panique, je ne lui réponds pas et me rhabille le plus rapidement possible. Je ne prends même pas la peine de demander l'argent et m'enfuis à mon tour. Je me traite mentalement de con d'avoir pu oublier de lui demander dès le début. Je ne suis vraiment pas dans mes baskets.
Les bruits que font les policiers me confirment leur présence et je me mets à courir. Je m'arrête tout de même au bout d'un moment, essoufflé et perdu dans ce tas d'arbres qui me paraît infini. J'essaye de reprendre mon souffle calmement malgré ma peur lorsque des sanglots et des reniflements retentissent. Je revois le petit garçon, recroquevillé sur lui-même et pleurant à chaudes larmes contre un arbre.
- Hé, je lance.
Il lève la tête vers moi et m'observe, l'air abattu et démuni. Le bruit des policiers qui arrivent me fait paniquer et je décide de partir.
- Aide-moi.
Je ne suis pas sûr d'avoir entendu ni même d'avoir envie de l'entendre alors je ne m'arrête pas.
- S'il te plait, il crie.
Et merde. Je me retourne alors rapidement et sans plus réfléchir, le prends par la main et cours avec lui. Sauf qu'il ne suit pas rapidement et j'entends au loin :
- Police ! Je vous demande de vous arrêter. Nous n'allons rien vous faire, nous patrouillons juste.
Je transpire et panique, mais ne me laisse pas abattre par le peur. Le garçon me regarde, les yeux paniqués et je lui ordonne alors :
- Monte !
Il m'obéit et grimpe sur mon dos. Je sers ses petites cuisses et cours pour trouver une sortie. L'adrénaline semble me faire pousser des ailes, mais je sens tout de même le poids du petit. Il a quoi, dix ans et doit faire à peine quarante kilos ? Pourtant, je les sens bien. Je suis vraiment qu'un faible.
- Là !
J'écoute le gamin et suis ce qu'il me montre. Nous trouvons enfin une sortie et je le pose avant de m'assoir sur un trottoir. J'essuie la sueur de mon front et analyse les alentours. Je tente de me localiser et déclare :
- Suis-moi.
Il le fait et nous marchons dans le silence et la fraîcheur de la nuit tardive vers mon appartement. Il n'a pas l'air plus inquiet que ça au fait de monter dans l'immeuble d'un parfait inconnu qu'il a trouvé entrain de se faire baiser dans un bois. Normal, le gosse. Je me demande comment ses parents s'occupent de lui, si c'est le cas d'ailleurs, et ce qu'il faisait dehors à cette heure-ci. Nous rentrons dans mon appartement et je lui ordonne en désignant le clip-clap :
- Tu t'assois ici et tu ne bouges pas.
Je me rends aux toilettes pour pisser et me lave les mains. Je m'observe dans le miroir et rafraîchis mon visage. Je m'essuie avec une serviette, inspire/expire quelques fois profondément puis sors. Mais il est passé où ? Je veux l'appeler, mais je réalise que je ne sais pas son prénom ni quoi que se soit en fait. Je remarque la fenêtre ouverte et me dirige vers celle-ci. Je soupire de soulagement, sans savoir pourquoi, lorsque je le vois avec le chat sur le toit.
- Descends de là, tu vas te blesser.
- Viens me chercher, me défie-t-il.
Les gosses, je vous jure. Je m'avance, pas vraiment assuré ni rassuré et grimpe sur le toit. Je m'approche doucement vers lui et m'assois à ses côtés. Midnight vient alors se frotter à ma jambe avant de se poser sur mes cuisses.
- C'est ton chat ?
- Oui.
- Il s'appelle comment ?
- Midnight.
- Ça veut dire quoi ?
- Minuit.
Le silence s'en suit et je me tourne alors vers lui. Je me rends ainsi compte qu'il a un sacré coquard à l'œil.
- Tu fais quoi ici ? je demande prudemment. Pourquoi tu n'es pas chez toi ?
- Mes parents se disputaient donc je suis parti. hausse-t-il les épaules, en balançant ses jambes dans le vide.
Je comprends alors que son père est violent ou du moins j'en déduis. Ça me fait de la peine parce que maintenant c'est devenu presque normal que les enfants reçoivent des coups. Comme ça devient habituel qu'un des parents boit trop, que les enfants fument et ainsi de suite. C'est décevant et triste à constater, mais c'est la stricte vérité.
- Ton père est dur ? je me risque à demander.
- Ma mère. Elle est bipolaire, précise-t-il.
Je me prends un poing dans la gueule et c'est plutôt violent. J'avais oublié à quel point les enfants n'ont pas cette barrière pour la plupart. Je ne sais pas que répondre alors je lâche lamentablement :
- C'est pas drôle.
- Et toi ? Pourquoi tu faisais l'amour dans les bois ?
J'ai envie de rire tellement la situation est pourrie.
- Tu es comme ces femmes prostituées ?
- Oui, je baisse la tête.
- Mais tu aimes les hommes ou c'est juste...
Il ne semble pas réussir à trouver une fin à sa phrase alors je réponds :
- J'aime les hommes.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas. C'est comme ça.
Et c'est vrai. Je ne l'ai pas l'impression de l'avoir choisi. Je le suis, c'est tout. Je ne me suis jamais senti attiré par les femmes même si je me suis efforcé parfois. Je ne peux pas changer ma nature et je ne le ferais pour rien au monde. C'est peut-être parfois plus dur, mais j'estime que ça en vaut la peine. Que ce que je ressens en vaut plus la peine que ce que veut la société.
- Tu t'appelles comment au fait ?
- Briac. Et toi ?
- Kian.
- Tu es triste, Kian.
Ce n'est même pas une question et il a raison, je le suis.
- Tu ne l'es pas toi ?
- Si, mais toi ça se voit. C'est si nul que ça de grandir ? Moi, ça me fait peur avec tout ce que je vois. Le manque de boulots, les violences, les problèmes d'argent et d'environnement et toutes les choses nulles.
Je hausse les épaules et réplique :
- J'imagine que je ne suis juste pas tombé à la bonne période, au bon moment et que je ne suis pas comme la société le voudrait. La peur ne te fera que reculer. Affronte-la et défie-la. Tu es plus fort qu'elle après tout.
Il baille alors je lui glisse :
- Rentrons. Il est tard.
Il ne rechigne pas et me suit. Une fois à l'intérieur, il me demande :
- Je peux avoir à boire, s'il te plaît.
Je lui sers alors un verre du robinet et le lui donne. Il me remercie et le boit ensuite.
- Tes parents ne vont pas s'inquiéter ?
- Je ne pense pas qu'ils vont le remarquer. Ils pensent que je dors et que je n'entends et ne vois rien de ce qu'il se passe.
C'est vrai qu'ils sont cons, parfois les adultes. Ils croient, parce que nous sommes plus jeunes, que nous ne comprenons pas. Je ne demande pas à Briac s'il dort ici ou pas parce que je ne veux pas qu'il parte. Je ne veux pas qu'il traîne dans la rue à plus de deux heures du matin ni qu'il rentre chez lui, avec sa situation. Ce n'est pas bien, mais je le fais tout de même. Je lui donne un tee-shirt et en enfile un pour ne pas le gêner du fait que je dors toujours en boxer. Il ne manquerait plus que je passe pour un pédophile. Il se place contre le mur dans le lit et je viens me placer sous la couette aussi.
- C'est qui le gars sur la photo à qui tu tiens le bras ? C'est ton copain ?
- Ça aurait pu l'être.
- Pourquoi ça ne l'est pas ?
- Parce qu'on s'aime, mais qu'on ne peut pas être plus.
- C'est nul ça.
- C'est nul, mais c'est la vie.
Il baille encore et je lui dis alors doucement :
- Dors.
J'appuie sur l'interrupteur et laisse la noirceur prendre place.
- Comme quoi, tous les adultes ne sont pas tous idiots.
Je souris, puis m'endors.
Wait, I'm wrong
Attendez, je me trompe
Should have done better than this
Je pourrais faire mieux que ça
Please, I'll be strong
S'il vous plaît, je serai fort
I'm finding it hard to resist
Je me rends compte qu'il est dur de résister
So show me what I'm looking for
Alors montrez-moi ce que je recherche
Save me, I'm lost
Sauvez-moi, je suis perdu
Oh lord, I've been waiting for you
Oh seigneur, je vous ai attendu
I'll pay any cost
Je paierai à n'importe quel prix
Save me from being confused
Sauvez-moi du trouble dans lequel je suis
Don't let go
Ne renonce pas
I've wanted this far too long
J'ai souhaité ça depuis trop longtemps
Mistakes become regrets
Les erreurs deviennent des regrets
I've learned to love abuse
J'ai appris à aimer l'abus
Hey tout le monde ! Trump nouveau president des États-Unis😅😱 Comme quoi, il ne fallait pas le sous-estimer. En espérant qu'il soit moins direct et plus réfléchi que ce qu'il a laissé paraître si non, on est bien dans la merde.
Nous arrivons dans les derniers chapitres de ce deuxième livre. Déjà, ça me fait bizarre😭😂
Je vous souhaite une bonne soirée ainsi qu'un bon WE de trois jours 🙌🏻😘
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