Chapitre vingt

Duke Dumont-Ocean Drive

C'est marrant de voir comment les choses et les gens changent. Il y a des fois où j'aimerais tout recommencer et ne pas faire les mêmes choix. J'ai l'impression de ne rien réussir et ça ne va pas en s'améliorant. J'ai toujours trouvé que le pire c'était de sentir seul même entouré que d'être réellement seul. Moi, je suis les deux. Je me sens infiniment seul et je le suis. Il n'y a plus personne pour moi et peut-être qu'au fond je l'ai mérité. Si je n'avais pas fait ci, si je n'avais pas fait ça, je n'en serais pas là. Enfin, nous referions le monde avec des "si". Sauf que nous ne pouvons pas.

Je vis dans la peur permanente. J'ai peur des gens de la fac et de leurs jugements, j'ai peur de Jawad lorsqu'il s'énerve, j'ai peur de croiser Arthur n'importe où, j'ai peur que des vendeurs m'attendent en bas de ma rue et viennent me trouver, j'ai peur de moi-même et de ce que je deviens.

J'ai peur.

Je rentre à l'appartement sous le vent plutôt agréable d'un début d'Avril. J'entends un sifflement lorsque j'arrive à ma porte et me retourne pour savoir d'où le son provient. Je trouve une paire de yeux marrons me fixer et me faire signe de venir. Putain, pas lui. Pas Connor. C'est jamais bon signe lorsqu'il se déplace lui-même. C'est pas le genre de mec à se salir les mains. J'avance vers lui, le plus assuré que je puisse. Je m'arrête en face de l'homme tatoué et comme bonjour je reçois un poing dans mon œil gauche. Allez, encore. C'est pas comme si je n'étais pas habitué maintenant. C'est presque une routine et c'est triste de le constater.

- Sois tu payes, sois tu te trouves un autre vendeur et je te pète la gueule jusqu'à que tu me rembourses.

- Je vais payer.

- Ouais, c'est ça. C'est ce qu'il disent tous. Sauf que moi, je ne le vois pas ce putain de fric en attendant. Rien, nada alors tu vas te magner le cul parce que c'est pas la première fois que tu nous fais le coup. L'heure c'est l'heure, ici et va falloir que tu l'intègres.

- C'est pas en me cassant la gueule que ça va aller plus vite.

- Ferme-la.

Je ne sais pas ce qu'il me prend. Je crois que je suis rendu à un point où je m'en fous de tout et de ce qu'il peut m'arriver.

- Sinon quoi ? Tu vas me

Pas le temps de finir ma question que je me prends un autre coup qui me fait tomber.

- Allez, vas-y, connard.

Je ne sais même pas si je l'ai vraiment dit, mais il semblerait que oui lorsque je me prends un pied en plein dans l'estomac.

- Kian !

Un hurlement. Mais qu'est-ce qu'il fait là lui ? Il ne voit pas que ce n'est pas du tout le moment ? J'entends ses pas se rapprocher.

- Casse-toi, siffle-t-il à Connor.

Je crache au sol du sang et crois halluciner. Mais qu'il se taise, bordel. Il ne sait même pas à qui il parle.

- C'est qui ça encore ? grogne mon dealeur.

Je me lève, comme je peux et me mets devant Arthur, en le poussant un peu. Franchement après ce qu'il m'a fait, j'aurais pu laisser Connor lui refaire le portrait. Je ne suis juste pas comme ça. La vengeance et la violence n'ont jamais mené à rien.

- C'est bon, je te vois dans la semaine. je souffle péniblement.

Connor grogne quelque chose avant de déguerpir. Je souffle deux, trois fois avant de m'écrouler contre le torse d'Arthur. Il me tient délicatement avant que je ne me détache rapidement de lui et le fixe méchamment.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je, je pensais pouvoir te voir. C'est qui ce type ?

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Va t'en.

- Kian. souffle-t-il, l'air peiné.

- Arthur.

Je sais qu'il a horreur lorsque je fais ça et c'est bien pour cela que je le fais.

- Je suis désolé pour tout ce qu'il s'est passé.

Je lâche un rire amer et réplique :

- Désolé ? Juste "désolé" ? Tu envoies ce message à toute la fac et tu me dis que tu es "désolé" ? Tu te fous de moi ?

- Comment ça "tu envoies" ? Attends, tu penses que c'est moi qui ait envoyé ça ?

Il paraît ahuri et je me défends alors :

- J'avais trouvé la photo dans ton portable, tu n'étais plus là lorsque le SMS a été diffusé et tu avais un comportement de coupable. Alors, ouais, j'ai pensé que c'était toi.

Et je viens de me trahir en disant "j'ai pensé" parce que maintenant je n'en suis plus si sûr. Après tout, pourquoi aurait-il fait ça ? Quel est l'intérêt ?

- Je te jure que je n'ai rien fait.

- Je sais, je murmure. Je pensais, je pensais juste et je crois que j'avais juste besoin d'un coupable.

- Tu as besoin de te reposer. Tu sembles à bout.

S'il s'avait... Nous restons face à face et j'ai envie de lâcher prise alors je lâche sans réfléchir :

- Partons.

- Comment ça ?

- On prend une voiture et on part, juste toi et moi.

- Je ne suis p-

- Arrête de réfléchir et viens.

Nous prenons sa voiture et je me mets au volant de celle-ci. Arthur semble confus tandis que je me sens un peu mieux. Je conduis et il me fait alors remarquer :

- Tu saignes encore.

Je regarde mes vêtements et hausse les épaules. C'est pas important. Rien n'a d'importance à présent. Il y a un silence entre nous.

- Tu sais, j'aurai aimé que ça marche nous deux.

- Arrête de dire ça. Tu n'as même pas essayé.

- Tout n'est pas si simple. Ma famille ne l'accepterait jamais.

- Pourtant, il faudra bien qu'elle l'accepte un jour. Tu ne vas pas vivre toute ta vie caché juste parce que ta famille ne le tolère pas.

- C'est plus simple pour toi, tu-

- C'est vrai que mes parents l'acceptent totalement comme tu as pu toi-même le constater. je lâche avec sarcasmes, en le coupant. Et puis, on s'en fout. On oublie. Vis le moment présent et oublie le reste.

- Je ne sais pas comment tu fais.

- Comment je fais quoi ?

- Pour prétendre comme ça.

- Sûrement parce que j'ai envie d'y croire.

Je hausse les épaules et mets la musique à fond en ouvrant les fenêtres tandis que nous roulons toujours plus loin.

- J'ai envie de pisser.

- Moi aussi. Je m'arrête dès que je peux.

- Merci.

Vingt minutes plus tard, je m'arrête sur le bords de la route et descends du véhicule en compagnie d'Arthur. Le temps est frais. Je ne peux pas lui en vouloir, il est vingt-deux heures passées.

Nous nous trouvons un coin tranquille, près de buissons et nous faisons ce que nous avons à faire. Je pars ensuite m'assoir sur un tronc d'arbre tombé et Arthur se place à mes côtés.

- Je peux te poser une question ?

Je me tourne vers le bouclé et nous nous regardons yeux dans les yeux et Dieu ce que c'est perturbant.

- Oui. je murmure, intimidé.

- Tu le pensais vraiment lorsque tu m'as dit "je t'aime" l'autre soir ?

Je n'hésite pas longtemps et réponds simplement :

- Oui.

- D'accord, merci d'avoir répondu.

- Et toi ?

- Oui. Oui, je le pensais aussi.

- D'accord.

Nous nous taisons et je trouve ça triste après ce que nous nous sommes avoués.

- Je peux te poser une autre question ?

- Oui.

- Est-ce tu aimes Jawad ?

Et là non plus, je n'hésite pas longtemps :

- Oui, mais-

- C'est tout ce que je voulais savoir, me coupe-t-il avant que je n'en rajoute, merci de ta franchise.

Il baisse les yeux et regarde ses mains. Je l'ai dit, bordel. J'ai vraiment dit ça.

Nous regardons en face de nous, le noir et la noirceur du soir.

Puis, nous nous retournons en même temps et nos lèvres se rencontrent. Je dis "nos lèvres" parce que je ne sais pas qui a embrassé qui et je crois qu'on s'en fout. Le baiser sonne un peu désespéré, mais ça aussi, on s'en fout. Nos corps se rapprochent et il enroule ses bras autour de mon corps pour me serrer contre lui. Je lâche un petit gémissement et le taquine avec ma langue. Nous finissons par nous décrocher, à bout de souffle et je glisse :

- J'ai froid.

Il hoche la tête avant de se lever et de me tendre la main. Je la saisis et il m'enveloppe de sa grande main chaude pour me conduire au véhicule noir. Il m'ouvre la portière arrière et nous nous glissons tous les deux à l'intérieur. Sans perdre de temps, nous recommençons instantanément où nous en étions rendus. Nos bouches, nos langues, nos corps. Nous ne pouvons plus nous arrêter. Arthur finit par se retrouver torse nu et moi en boxer et sweat. C'est n'importe quoi, c'est bazar, mais on s'en fout. On s'aime, c'est tout. Il commence à défaire son pantalon, mais je l'arrête. Je dépose des baisers juste au-dessus de son jean puis parle :

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Ça nous fera plus de mal que de bien.

Son regard est triste tout comme doit être le mien, mais il me comprend puisqu'il acquiesce.

- On peut quand même s'embrasser.

Ce n'est pas une question, c'est une affirmation de sa part. Sa bouche revient trouver la mienne et nous continuons jusqu'à reprendre notre souffle avant de retrouver la chaleur de l'autre. Je suis assis sur son bassin et lui sur la banquette arrière. Sa tête touche presque le plafond de la voiture et ça me fait rire. Je taquine ses tétons et joue avec sous ses gémissements. C'est bizarre pour moi et pour lui aussi, mais pourtant nous nous le disons :

- Je t'aime.

- Moi aussi, je réponds.

Je le sers dans mes bras et explose en sanglots san le contrôler. Il me serre aussi fort que je le fais puis dépose des baisers partout sur mon visage ce qui accentue mes pleurs. Je déclare, à travers mes larmes :

- T'es tellement quelqu'un de bien, Arthur. C'est nul et injuste. Tellement, bordel.

- C'est rien. Chut. il sourit, les larmes aux yeux.

- Je t'aime. Je t'aime, je répète dans le creux de son épaule.

Je continue de murmurer ces trois mots sans savoir combien de temps s'écoule réellement. Je reste dans ses bras et il se met à chanter. Ça me rassure et m'apaise. Tellement que je m'endors.

We're riding into the dark night,
Nous roulons dans la nuit noire,
With half the tank and empty heart
Avec la moitié du réservoir et le cœur vide
Pretending we're in love, when it's never enough
Prétendant que nous sommes amoureux, quand ça n'est jamais assez
As the silence filled the lonely air
Alors que le silence emplit l'air
Oh, they can hear knock knock baby
Oh, ils peuvent entendre Toc, Toc bébé
We see a storm is closing in,
Nous voyons une tempête qui se rapproche,
Pretending we're escaped
Faisant semblant que nous nous sommes échappés

Don't say a word while we danced with the devil
Ne dis pas un mot alors que nous dansons avec le démon
You brought the fire to a world so cold
Tu as amené le feu dans un monde si froid
We're out of time on the highway to never
Nous manquons de temps sur la route pour l'infini
Hold on (hold on), hold on (hold on)
Tiens bon (Tiens bon) tiens bon (tiens bon)

No way that we can stop, no no
Pas moyen que nous arrêtions, non non
A quarter tank is almost gone,
Un quart du réservoir a presque disparu,
I wish we could take it back in time,
J'espérais que nous pourrions revenir en arrière
Before we crossed the line, no now, baby
Avant que nous ne traversions la ligne, alors maintenant, bébé
We see a storm is closing in,
Nous voyons qu'une tempête approche
I reach out for your hand
Je prends ta main

Hey tout le monde ! Nous sommes vers les derniers chapitres du livre et j'espère qu'ils vont tout autant vous plaire😀

Ça me fait bizarre de me dire que ça va bientôt se terminer, mais bon, c'est comme ça hein😅😭😀

Je vous souhaite une bonne semaine de vacances et vous dis à bientôt !😉

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