Chapitre un

Ed Sheeran-The A Team


Je fume le long du trottoir, accompagné d'une petite dizaine de gars bien mis en valeur par leurs vêtements et de mon meilleur ami, Jawad. C'est devenu une routine pour moi et un moyen de me faire de l'argent facile : faire les trottoirs. Cette petite rue de Paris est réputée ainsi ; de beaux jeunes hommes à orientation gay et seulement gay vendent leurs corps et peuvent faire des extras en échange de sommes d'argent. Chaque client est différent. Il y a aussi bien des hommes vraiment friqués et qui peuvent se permettre ce genre d'extra dans leurs vies de petits bourges, que des vieux en manques, ou bien même des jeunes qui sont là pour te rabaisser et bien d'autres. J'y suis habitué et j'en ai vu défiler depuis ces douze mois. Déjà douze mois, que je n'ai plus aucune valeur physique, que je me dégoûte moi-même, que je tangue entre mes études, mes visites à l'hôpital et mon "travail" du soir. Déjà douze mois, pour ne pas dire un an parce que ça me paraît trop, que ma vie a complètement basculé dans le mauvais et sombre côté de Paris.

Jawad me donne un coup de coude et me montre, par un signe de tête, qu'une voiture s'arrête sur le trottoir. On s'approche tous deux de la voiture de sport et la vitre se baisse. Encore un putain de bourge, pensais-je. Un jeune homme, à peine plus âgé que moi, je pense, et qui a l'air bien défoncé, se tient au volant. Il est plutôt beau garçon et une fine barbe recouvre son jeune visage.

-Je prends celui avec le sweat, déclare-t-il, en me regardant fixement.

Jawad me regarde avec plein de compassion et je soupire silencieusement. Ce n'est jamais facile, et je crois que ça ne le sera jamais.

-Envois-moi un texto si tu as un problème. me glisse Jawad à l'oreille, avec une main réconfortante sur mon épaule avant de se reculer.

Je lui lance un petit sourire et ouvre la portière de la voiture avant de m'attacher à l'intérieur. Le châtain avec de la barbe démarre en trombe et conduit vraiment comme un irresponsable, ce qui me confirme qu'il n'est pas dans son état normal. Il annonce d'emblée :

-On va chez moi, je préfère.

-D'accord, je me contente de répondre.

Étant donné sa voiture et ses fringues, il doit vivre dans un lieu plus que décent.

-Tu t'appelles comment ? me demande-t-il, en posant sa main sur ma cuisse, à la limite de mon entrejambe.

Je regarde sa main, mais ne dis rien et me contente de répondre :

-Vini. mentis-je, en lui lançant un sourire aguicheur.

Je ne donne jamais mon vrai prénom, car je ne veux pas qu'on me retrouve ou autres. Alors j'ai pris mon second prénom ; Vini. Jawad a fait de même et se surnomme donc Jad.

-Étienne, pour ma part. Tu es assez jeune.

-Comme toi.

-C'est vrai, rit-il.

Il continue de rouler et je suis rassuré des quartiers qui sont très classes comme je m'attendais. C'est rassurant parce qu'il m'est arrivé d'être dans des quartiers qui craignaient vraiment. Nous arrivons devant un immeuble d'appartements vraiment luxueux et nous montons dans l'ascenseur qui mène au second étage. Il ouvre sa porte blanche et je regarde l'heure sur mon portable : un peu plus de quatre-heures du matin. J'envoie rapidement un message à Jawad, disant que c'est encore un riche et que ça devrait le faire. Je suis ensuite le dénommer Étienne dans son somptueux appartement. La décoration et la peinture sont vraiment fait avec goût et l'immobilier est moderne et classe. Je stoppe ma contemplation et entre dans la chambre de mon "client". Celui-ci me plaque directement contre la porte pour m'embrasser rudement et presse son bassin contre le mien. À mon avis, ça va être rapide étant donné qu'il a consommé auparavant.

Ma veste en cuir et mes chaussures se retrouvent balancées au sol par mes soins. Je le pousse ensuite sur son lit et me mets à califourchon sur lui. Je lui retire son seul vêtement du haut qui laisse dévoiler des tatouages et je m'attaque à son torse. Sa respiration se fait plus bruyante et ses mains se placent autour de ma nuque quand ma bouche et ma langue parcourent son torse. Il meut son bassin contre le mien me faisant comprendre qu'il en veut plus alors je lui mords le cou, lui procurant un gémissement plus audible et répugnant que les précédents. Ses mains viennent trouver mes boutons de pantalon qu'il détache avant de m'enlever mon jean et mon boxer en même temps. Il échange alors nos positions et son corps me domine maintenant. Je m'occupe de son bas que je lance à l'aveuglette. Son regard est dilaté et regarde mon corps avec envie ce qui me m'écœure comme à chaque fois. Il niche sa tête dans mon cou et me pénètre en même temps qu'il suce mon cou sans aucune délicatesse. Ses coups de bassin sont brusques et vont toujours plus loin en moi à chaque fois. Et comme à chaque fois, je me sens littéralement brisé de me faire baiser comme une merde. Et le pire, c'est qu'il fait partie des mecs qui ne prennent pas la peine de se protéger, et par la même occasion de me protéger de toutes ces MST et autres saloperies de maladies. Comme je l'avais deviné, il atteint rapidement l'orgasme et se déverse en moi. Son corps en sueur s'écroule sur le mien et il se décale sur son lit. Je n'ai même pas le temps de parler qu'il s'endort directement, sûrement à cause de sa consommation. Tant pis pour lui.

Je me réhabille et cherche dans sa chambre son portefeuille, que je trouve sur un bureau. Je laisse de côté la douleur que je ressens à mon derrière ; j'y suis habitué maintenant. Je prends plus que d'habitude et range les trois billets de cent dans ma poche de veste en cuir. Je sors ensuite de la pièce et me rends à la cuisine après avoir vérifié qu'il dormait bien. Je me prends une pomme que je trouve dans une corbeille et une bière dans le frigo. Il ne fallait pas s'endormir mon coco. Je m'apprête à sortir, mais la porte s'ouvre au même moment et je me percute contre quelqu'un. Je ne prends pas la peine de regarder la personne plus longtemps que je bondis sur mes jambes et m'enfuis en courant comme un voleur.

-Eh ! Reviens ! crie le garçon, d'une voix plutôt menaçante.

Je dévale les escaliers à toute vitesse et sors de l'immeuble le plus vite possible. Heureusement, le gars ne m'a pas suivi et je regarde sur le GPS de mon téléphone où je me trouve avant de téléphoner à Connor.

"Je peux te voir maintenant ?" je demande, le souffle encore légèrement saccadé.

"Kian, ça faisait longtemps," raille-t-il "je t'envoie un gars au même endroit que d'habitude dans dix minutes."

"OK, salut." je conclus rapidement, en raccrochant.

Je marche vers la rue de rendez-vous qui n'est pas très loin tout en engouffrant mes mains dans mes poches de vestes. Je repense au gars auquel je me suis percuté, et même si je ne l'ai regardé que quelques secondes, je suis sûr de l'avoir déjà vu. Il avait les cheveux plutôt bouclés et mi-longs et portait un long manteau noir, de ce que je me souviens. Mais où je l'ai déjà vu, je n'en sais vraiment rien. Arrivé à la petite ruelle encore sombre par l'heure si matinale de l'hiver, je m'adosse contre un mur et n'attends pas longtemps avant que je ne reconnaisse Jack et ses nombreux tatouages qui recouvrent entièrement son corps. Il s'avance vers moi et me salue d'un signe de tête avant que nous ne marchions plus loin vers la ruelle, à l'abri des regards fouineurs.

-Tu veux quoi ?

-Comme d'habitude, j'ai cent. Tu me donnes ce qui est équivalent et me maroufle pas, déclarais-je d'une voix qui se veut assurée, tout en provoquant une légère fumée tant il fait froid.

-Ce serait mal me connaître, sourit-il mauvaisement, avant de me donner deux sachets bien remplis.

Je lui donne un billet et m'éloigne de la ruelle après avoir caché les deux sachets dans ma veste. Je marche encore jusqu'à mon appartement qui a tout d'opposer à celui de ce Étienne. Je passe la clé dans la serrure puis monte l'escalier qui me semble toujours aussi interminable après mes journées remplies. La plus mauvaise idée qui soit le quatrième étage ! Surtout quand les marches ne sont pas toutes droites et certaines pas entiers. J'ouvre ma porte et m'enferme avant de poser ma pomme et ma bière sur mon petit bar qui sert aussi de table pour manger. J'ôte mes vêtements et reste simplement en boxer. Je pars ensuite cacher mes sachets dans une boîte que je ferme à cadenas sous le clip clap, que je partage avec Jawad. J'ouvre ma bière que j'ai "emprunté" à ce Étienne et finis par m'allonger dans mon lit/canapé/clip-clap après avoir allumé la télé. Et, même si je suis crevé et que tout mon corps me hurle de dormir, je reste éveillé, à attendre le retour de mon colocataire. C'est devenu une de nos habitudes, à Jawad et moi : attendre le retour de l'autre afin de s'assurer que tout va "bien".

Plus tard dans la nuit, enfin le matin, le verrou tourne et Jawad rentre à son tour. Il semble épuiser tout comme moi, mais garde son charme, une cigarette au bec. Je me redresse légèrement et pousse la bière puis loin au sol.

-Tu as fait combien ? lui demandais-je, une fois qu'il a fermé la porte.

-Trois cents et toi ?

-Six cents, moins cent avec l'herbe et les pilules.

-Tu as eu combien avec le dernier client ? Il m'avait l'air bien défoncé. me questionne-t-il, tout en se déshabillant pour venir s'allonger à côté de moi, en boxer.

-Trois cents, il s'est endormi ce con. riais-je légèrement, en lui prenant sa cigarette.

-Tu m'étonnes. Dire que tu vas à l'hôpital demain. soupire-t-il, avant de poser sa tête sur mon épaule et d'observer le plafond, le regard vide.

-Ouais, huit heures tapantes debout. dis-je, en poussant une latte de sa cigarette avant de la lui rendre. Je vais dormir.

-Ouais, je vais faire pareil. annonce-t-il, en terminant sa cigarette. Ma mère va sûrement passer demain.

-C'est bien ça. Faut que j'appelle la mienne d'ailleurs. déclarais-je harasser, en passant la couette par-dessus mon corps peu vêtu. Bonne nuit.

-Bonne nuit. déclare Jawad, après avoir jeté son mégot dans la bière et éteint l'écran télé.

Il dépose un baiser au creux de mon épaule et je me blottis contre son corps. Il m'encercle de ses bras tatoués et murmure doucement à mon oreille :

-Je te promets qu'on s'en sortira.

C'est ce genre de paroles rempli de promesses qui me font espérer une situation meilleure que la nôtre actuellement. Je me dis qu'heureusement que Jawad est là. Il m'apporte tellement, c'est mon appui dans toute cette merde qu'est ma vie. On s'entraide à notre manière et nous battons pour ne pas nous faire bouffer par cette vie sans cœur.

White lips, pale face
Les lèvres blanches, le visage pâle
Breathing in snowflakes
Respirant en flocons de neige
Burnt lungs, sour taste
Les poumons brûlés, un goût amer
Light's gone, day's end
La lumière s'éteint, la journée se termine
Struggling to pay rent
Se débattant pour payer le loyer
Long nights, strange men
Les longues nuits, les hommes étranges

But lately her face seems
Mais ces derniers temps son visage semble
Slowly sinking, wasting
Lentement sombrer, se désagréger
Crumbling like pastries
S'émiettant come un gâteau
And they scream
Et ils crient
The worst things in life come free to us
Les pires choses dans la vie nous tombent dessus comme ça
Cos we're just under the upper hand
Parce qu'on est juste les vaincus
And go mad for a couple grams
Devenir dingues pour quelques grammes

Voici le premier chapitre de Le Gars Du Trottoir(LGDT), j'espère qu'ils vous a plu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Sur ce, bonne journée/soirée et merci d'avoir lu 😀

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