Chapitre neuf
Blue Foundation-Eyes On Fire One Direction-Spaces
- C'était intense aujourd'hui.
- Je confirme, soufflais-je, en remettant mes cheveux en place.
Anna me sourit et se dirige vers sa voiture.
- Je vais bosser à fond ce soir.
- Oui, pareil avec la journée qu'on a eu. En plus, on a moins d'un mois avant nos partiels. Tu t'es fait un programme, toi ?
- Pas encore et toi ?
- Tout juste ce week-end. J'ai commencé à réviser avec James. Si tu veux te joindre à nous, il n'y a pas de soucis.
- C'est gentil, merci.
James est le copain d'Anna. Il est en même année que nous et c'est par le biais de la fac que ces deux-là ce sont connus.
- Tu rentres avec moi ? me questionne mon amie.
- Je vais rentrer à pieds, merci. secouais-je la tête. Je profite qu'il fasse un peu meilleur.
- C'est comme tu veux. On se voit demain dans ce cas là, me sourit-elle.
Elle me fait la bise puis rentre dans sa petite Fiat500 avant de démarrer. Je regarde la voiturette bleue s'éloigner puis me dirige vers la sortie de la fac. À peine ai-je le temps de faire cinq mètres que je me retrouve plaqué à un mur. Mon dos percute brutalement le béton froid et je prends quelques instants pour rouvrir les yeux, surpris. Deux prunelles bleues me fixent avec colère et je sens que je vais en payer les frais. Mon corps tremble tant il me répugne. Rien que ses mains sur mon col de veste et la proximité de nos corps me dérangent et m'insupportent.
- Qu'est-ce que tu veux, Étienne ? je lâche, en essayant de me défaire de son emprise, mais il a évidement plus de force que moi.
- Plutôt ce que je ne veux pas. Tu arrêtes de traîner avec Arthur, crache-t-il.
Il se moque de moi j'espère ? Nous ne sommes plus en primaire. Je n'ai pas le temps de répliquer quoi que se soit qu'il enchaîne :
- Je connais les gars dans ton genre. Traîné jusqu'au bout, dit-il, en appuyant un doigt dans mon cou. Tu fais le gentil, mais on sait tous les deux quelles sont tes véritables intentions. Je te préviens une fois et ne me fais pas revenir. Il n'a pas besoin d'une personne comme toi dans sa vie.
Sa dernière phrase est dite avec un tel dégoût qu'il me surprend autant qu'il me blesse sans que je ne le contrôle.
- Je n'ai aucune mauvaise intention envers Arthur. En plus, c'est lui qui est revenu vers moi. je me défends, malgré le fait que je sois en position d'infériorité face au mécheux qui continue sa pression dans mon cou.
- C'est ça et moi je suis la Sainte Marie. Je ne veux plus te voir autour de lui. C'est claire ?
Son regard me foudroie et me pousse presque à hocher la tête, mais à la place je réplique :
- Tu te prends pour qui au juste à me dire qui je peux fréquenter ?
- J'ai été calme jusque là, mais il semble que tu ne comprennes pas bien.
Et sans que je n'ai ni le temps de comprendre ni d'esquiver, je reçois un coup de genou en plein ventre. Ça recommence, encore des coups. Je tombe à genoux au sol, les mains autour de mon ventre, complètement à sa merci.
- T'es vraiment qu'une pédale, putain. J'espère que je n'aurais pas à me répéter, la pute.
Il me donne un dernier coup de pied sur le côté et, cette fois-ci, je m'effondre complètement au sol. Je reste quelques instants par terre jusqu'à ce que je sente quelqu'un m'aider à me relever. Un garçon que je ne connais pas et aux traits de visage soucieux m'inspecte du regard avant de me demander :
- Ça va aller ?
- Je, ouais, merci.
- Tu es sûr ? J'ai vu les coups qu'il t'a mis. Tu as besoin que je t'emmène quelque part ?
J'accepte alors sa proposition, sans me méfier, tant je me sens affaibli et incapable de rentrer ni à pieds ni en métro.
Il aurait pu être un mec louche ou même pire que ça, mais il est simplement un type avec un cœur qui m'a ramené à mon immeuble. Je le remercie puis sors de sa voiture, après qu'il m'est passé son numéro pour que je lui donne des nouvelles. Lors du trajet, j'ai appris qu'il s'appelait Simon et qu'il était en troisième année de médecine. On a parlé de la fac et il m'a même donné des conseils, ainsi que proposé de l'aide si besoin. Comme quoi, les gens biens, ça existe encore parfois. Même à Paris, malgré les clichés sur tous les connards qui peuplent notre belle capitale.
Je rentre dans mon immeuble puis dans mon appartement vide de la présence de Jawad. Un mot est laissé sur le comptoir :
"Je suis parti à la salle de sport me détendre un peu. J'arrive avec le dîner. À toute à l'heure bébé."
Je souris au dernier mot et range le bout de papier dans une boîte, qui rejoint tous les autres depuis le début de notre collocation.
C'est un peu bête cette manie de s'écrire des petits mots alors qu'on pourrait très bien s'envoyer un SMS, mais on l'a fait une fois et depuis ça reste. C'est aussi bête de ma part de garder tous nos mots, mais ils me tiennent à cœur.
Mon sourire ne dure pas longtemps car mon corps me lance et je m'effondre au sol après avoir vu tout bleu. Et merde ! Je n'ai pas mangé depuis deux jours aussi, alors c'est pas vraiment étonnant. Je me relève comme une larve et m'affale sur le clip clap. Je n'ai en aucun cas la force de bosser ni même de quoi que ce soit d'ailleurs.
Je me sors alors un joint que je me roule et allume. Je pose ma tête contre le mur et profite de cette toxine illégale. Ça me fait du bien, mais ça ne me fait pas complètement oublier. Je ferme les yeux, mais ça semble une mauvaise idée car toute la scène avec Étienne se rejoue. Je commence à frissonner en repensant à son doigt sur mon cou. Et je me sens triste, parce que j'en ai marre. Marre d'être toujours la pauvre petite victime qui se fait à chaque fois frapper comme une merde. D'abord pas ces types avec qui je "travaille", mon père, puis l'ami d'un de mes amis. Et je rigole, mon ami, putain. Comme si, un jour, on pourrait réellement être ami, Arthur et moi. Ça sonne impossible rien qu'à nous voir. Nous avons tout d'opposé.
Je recommence à avoir mal au cœur et à avoir envie de vomir à cause du coup que j'ai reçu dans mon ventre et sur ma hanche. Quel connard, ce Étienne ! Il me fera chier jusqu'au bout. Une colère s'empare finalement de moi.
Je finis mon joint et pose mes mains sur mon ventre. Je relève mon sweat et caresse doucement ma peau pour adoucir la douleur. Puis, je pense à Jawad et je l'imagine faire du sport pour me détendre et éloigner toutes ces mauvaises idées qui turbinent dans ma tête. En short et débardeur, en sueur et décoiffé. Et ça me fait sourire comme un idiot. Putain, je fantasme là. Je me mords la lèvre en pensant à lui et tente de me calmer, commençant à devenir plus serré dans mon jean. Je prends de grandes respirations, puis je déprime à nouveau en pensant que je me suis fait frapper.
Et ça ne fait que tourner en boucle dans ma tête. Je suis tellement faible, ce n'est vraiment pas possible. Et ces paroles aussi, c'est dur à encaisser. La porte s'ouvre ainsi que mes yeux pour découvrir un Jawad, tel que je l'avais imaginé mais c'est tellement plus sexy en vrai qu'en pensées. Et là, tout de suite j'ai envie de lui sauter dessus. Malheureusement, je n'ai ni la force ni le morale pour ça. Le basané me regarde et me sourit avant de poser son sac de sport au sol et un sac en plastic sur la petite table haute.
- Alors ta journée ? me demande-t-il.
Et je ne réagis pas comme je l'aurais voulu puisque j'explose en larmes. J'en ai tellement marre de ma vie. Trois fois en une semaine. Trois fois que je me fais frapper, putain. Ça craint vraiment. J'entends Jawad venir vers moi et je me jette dans ses bras, ayant besoin de réconfort.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Kian ? questionne mon métisse, très inquiet de l'état dans lequel je me mets subitement.
- J'ai mal, je crie, en complet désarroi.
Je cache ma tête dans son épaule et m'accroche à lui, le plus possible. Il me prend la tête et la recule afin que nous nous fassions face.
- C'est quoi le souci ? Dis-moi.
Je lui montre mon ventre rougit et son regard si doux habituellement devient haineux à en faire peur.
- Qu'est-ce qui t'a fait ça ? beugle-t-il, hors de lui.
Je n'ai pas envie de répondre alors je pose ma main sur la joue du basané et la caresse pour la calmer un peu, ce qui semble marcher. Il pose sa main sur la mienne avant de la saisir et d'embrasser chacun de mes phalanges d'une manière si douce que cela m'en ferait oublier mes douleurs. Il continue sur sa lancée et place un baiser sur mon poignet puis remonte jusqu'à mon épaule. Il la suçote légèrement sans s'y attarder avant d'attaquer ma nuque.
Mes larmes continuent, mais plus il s'occupe de moi plus elles diminuent. Il s'installe plus confortablement sur le canapé et commence à marquer ma peau du cou. Je place ma tête en arrière pour qu'il est un meilleur accès et pousse des petits soupires de satisfaction.
Il finit par venir embrasser, avec toujours autant de délicatesse, mes clavicules puis descend et enlève par la même occasion mon sweat et mon tee-shirt. Il caresse alors du bout du doigt mon torse et je frissonne à son contact.
Il me fait tellement me sentir bien, même lorsque ça ne va pas. Il embrasse chaque parcelle de mon torse endolori et je me sens bien plus apaisé et détendu qu'après mon joint. Mes mains se trouvent dans les cheveux en bataille de Jawad. Je pousse quelques couinements avant que je ne lui attrape la tête pour l'embrasser. Je décroche nos bouches, toujours bouleversé par les paroles du mécheux aux yeux bleus plus tôt et demande :
- Qu'est-ce que tu penses de moi ?
Mon brun s'arrête de respirer un instant avant de me regarder droit dans les yeux.
- Tu veux vraiment que je te dise ce que je pense de toi ?
- Oui, s'il te plaît. plaidais-je, clairement faible et désemparé. J'en ai besoin.
Il attrape ma main et lie nos doigts ensemble.
- Je pense que tu es le gars le plus incroyable que j'ai connu et que je connaisse. Que tu es une personne magnifique avec un cœur tout aussi merveilleux.
En même tant de ses mots, il pose sa main sur mon cœur battant la chamade. Il sait exactement quels mots employer.
- Tu es ce gars qui a toujours été là pour moi, quoi qu'il s'est passé. Même après cette nuit, tu es resté et je ne t'en remercierais jamais assez. Tu es ce gars au regard sombre et aux mains froides, mais au cœur chaud. Tu es ce gars qui se bat pour survivre et que j'admire. Tu es ce gars que
Il n'a pas le temps d'en dire plus que je l'embrasse tendrement. C'est comme un merci et il le comprend, comme toujours.
Your spine is ablaze
Ta colonne vertébrale est en feu
*
One Direction-Spaces
Le lendemain, je suis réveillé par des petites caresses dans mon dos. Je marmonne un truc incompréhensible avant de me retourner et de me blottir contre le corps chaud de Jawad. Je l'entends rire et je souris en même tant de poser un baiser sur son torse. Je laisse mes lèvres sur sa peau et il me caresse distraitement mes cheveux courts.
- Faut se lever, marmotte.
- Non.
Il pousse un petit ricanement puis se dégage de moi afin de sortir du lit. Je grogne et immerge à mon tour. Nous nous préparons et prenons notre petit déjeuner ensemble avant de discuter un peu, étant en avance.
- J'y vais ce soir.
Mon cœur bondit contre ma cage thoracique et je m'oppose :
- Il n'y a pas besoin, on devrait avoir assez pour la semaine.
- Non, je pense pas. baisse-t-il la tête, comme honteux et je comprends rapidement qu'il s'est passé quelque chose.
- Qu'est-ce que t'as fait, Jawad ?
Je me recule, anxieux et inquiet.
- D'abord, je suis désolé. On a fait les cons avec Max ce week-end.
- C'est à dire ?
Je commence à avoir vraiment peur étant donné sa tête et je sens que je vais m'énerver. Enfin, me connaissant, ça va être une petite gueulante.
- Maintenant dis, je lâche.
- On a vraiment fait les cons avec Max. On était complètement défoncés et on a dépensé plein de fric dans un club friqué d'un de ses amis.
- C'est à dire plein de fric ?
Il se passe une main derrière la nuque et me regarde de son regard tendre caramel qui me fait tout le temps craqué, mais pas là. J'inspire et expire fortement, cherchant à me détendre.
- Tout l'argent qu'on avait mis de côté.
Et je mets un temps pour réaliser. Il n'est pas sérieux ? Il me fait une blague, c'est ça ? Et j'ai l'impression que je vais exploser. Alors je me lève, enfile un manteau, prends mon sac et mes clés et me dirige vers la porte, mais le métisse m'attrape par le bras.
- Je suis tellement désolé. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, mais je vais me rattraper.
- Comment ? En allant te faire sauter tous les soirs ? Non, parce que je vois pas.
Et je constate que je l'ai blessé puisque son regard se voile d'un liquide transparent et il me lâche le bras, vaincu. J'en profite pour partir en claquant la porte. Je dévale rapidement les escaliers et sors de mon immeuble. Aussitôt que je suis dehors, je m'allume une cigarette avec fureur.
Je le déteste, putain !
J'ai les larmes aux yeux tellement que ça me dégoûte. Toutes ces soirées à vendre mon corps pour avoir de l'argent maintenant réduit à néant. Ouais, moi aussi je me demande ce qu'il s'est passé dans sa tête. Je ne sais pas, on avait genre dans les mille euros de côté. Comment il a pu tout claquer en un week-end ? Comment ? !
Je suis furieux et je shoote dans tout ce qui me tombe sous les pieds. OK, il n'y a pas que le fric dans la vie, mais quand on rame comme moi pour se sortir la tête de l'eau, c'est important.
Je ne fais que ruminer en allant vers la fac. Une voiture s'arrête à mes côtés et je remarque qu'il s'agit d'Arthur qui me propose de monter, un grand sourire illuminant son visage. J'hésite un long moment étant donné ce que m'a fait Étienne, mais je me dis que j'ai le droit de faire ce que je veux et que c'est encore moins lui qui va me dicter mes fréquentations. Il ne peut pas contrôler ma vie après tout et comment pourrait-il être au courant ?
J'écrase alors ma cigarette et rentre dans le véhicule avant que le bouclé ne démarre.
- Ouh, il y a quelque chose qui ne va pas, je me trompe ?
- Non, je ronchonne, pas du tout même.
J'ai les bras croisés sur mon torse tel un gamin capricieux et les sourcils froncés.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Un problème avec Jawad.
- Vous avez rompu ?
Il tourne la tête vers moi et je suis étonnée de sa question, alors je réplique :
- Comment tu veux rompre quand tu n'es même pas en couple ? Bref, passons, je n'ai pas envie d'en parler.
Nous parlons d'autres sujets et il réussit à me faire sourire et même rire malgré ma mauvaise humeur. Nous arrivons à la fac et il me propose :
- Tu veux que je te ramène ce soir ?
- Je veux bien merci. On a qu'à manger ensemble ce midi ?
- Ça me va.
- Il y aura Anna, une de mes amies, et son copain aussi.
- Pas de soucis. On se donne rendez-vous devant le bâtiment C ?
- Parfait, je souris.
Puis, nous allons en cours. Le repas du midi se passe très bien entre nous quatre. Ça ressemble comme à une sorte de repas de couples et c'est inconfortable comme situation étant donné qu'Arthur et moi ne sommes pas ensemble.
Après les cours, le bouclé me propose d'aller à la bibliothèque travailler et j'accepte avec plaisir. Malgré le fait que nous ayons travaillé, j'ai bien aimé ce moment passé en sa compagnie.
Il est plus de dix-neuf heures trente lorsqu'il me propose, un peu nerveux, en passant une main dans ses cheveux mi-longs :
- Ça te dit d'aller boire un verre ?
- Oui, avec plaisir. je lui souris.
Il me rend mon sourire, plus détendu et attache ses cheveux en un chignon qui le rend incroyablement beau. Bon, faut que j'arrête. Hétéro, Kian, hétéro. Quel gâchis.
- Tu penses à quoi, me demande-t-il, en penchant la tête.
- Oh, rien d'important.
Nous marchons vers un bar qu'il aime bien. Étant donné la température fraîche de l'extérieur, nous prenons une table à l'intérieur. Nous posons ensuite nos manteaux avant de nous asseoir et de commander à boire. Arthur prend un DBK tandis que je prends une DSP. Les commandes arrivent et le bouclé déclare spontanément :
- T'es vraiment mystérieux comme gars. Et atypique aussi, rajoute-t-il.
Je finis ma gorgée et hausse les épaules, réfléchissant.
- Tu trouves ?
- Oui, il y a quelque chose qui m'intrigue chez toi.
Je baisse les yeux, clairement gêné et déstabilisé comme un petit enfant. Chaque mot qu'il prononce me procure un battement de cœur plus fort contre ma poitrine.
Je touche mon pied de verre et le tripote pour m'occuper les doigts. Je sens une main me soulever la tête doucement et je croise une paire de yeux verts et une rangée de dents blanches.
- Pourquoi tu baisses la tête ?
- Je ne sais pas. Tu me déstabilises un peu à vrai dire.
Il pousse un petit ricanement et boit une gorgée de son verre.
- Ça a quel goût, je demande, n'ayant jamais goûté un DBK.
- À un diabolo banane kiwi, me taquine-t-il, goûte si tu veux.
Je me saisis de son verre et ingurgite alors un peu du liquide vert.
- Ce n'est pas mauvais, mais c'est vachement sucré.
- Je peux comprendre.
Après un petit silence, Arthur se lance finalement :
- C'était quoi le souci ce matin ?
- Mm... Je ne veux pas t'embêter avec mes histoires sans importance.
- Elles sont importantes puisque tu leur accordes de l'importance.
Je me décontracte sur ma chaise et réponds alors :
- Jawad a dépensé tout l'argent que lui et moi avions mis de côté.
- Ah ouais... Ça craint un peu, il grimace.
- Ouais, même beaucoup. Je ne sais absolument pas comment réagir. J'ai limite la trouille de rentrer à l'appart' et de devoir lui faire face.
- Tu ne devrais pas avoir la trouille. Lui, devrait l'avoir étant donné ce qu'il a fait.
- Ouais, t'as sûrement raison. Le pire, c'est que je sais que je vais lui pardonner sans rien dire ni faire.
- Pourquoi tu penses comme ça ?
- Parce que je n'arrive pas à être en colère ou à lui faire la tête. C'est plus fort que moi, je ne peux pas.
- Pourtant, pousser une gueulante de temps en temps ça ne fait de mal à personne.
- Je ne suis pas comme ça. Sans vouloir te vexer, je ne te vois pas non plus être en colère contre quelqu'un. je me moque gentiment.
- Ah oui, et pourquoi donc ? Regarde quand nous nous sommes rencontrés pour la deuxième fois, tu n'étais pas tout fier devant moi. il ricane.
- Je venais de me faire frapper, je me braque, un peu vexé.
- Désolé, c'était maladroit de ma part de remettre ça sur le tapis.
- Oui, un peu.
- Pour me faire pardonner, je paye la tournée.
Il me lance un clin d'œil et je souris. Nous savons très bien pourquoi il le fait et c'est absolument gênant pour moi. Nous continuons de parler jusqu'à que nous nous rendions compte qu'il est déjà dans les vingt-deux heures. Il part payer et rit avec la barman ce qui ne me laisse pas indifférent et me provoque comme un pincement au cœur étrange. Arthur revient vers moi et nous sortons de l'établissement. Nous marchons dans la rue où il fait nuit et seule la lumière des lampadaires et de la lune nous guide.
- Tu le connaissais le gars de la caisse, je m'intéresse, un peu curieux.
- Oui, je vais souvent dans ce bar en fait.
Je hoche la tête et il me sourit. Nous nous dirigeons tranquillement vers sa voiture qui est garée plus loin.
- C'était cool ce soir, j'ai bien ri. Personne ne m'avait encore fait cette blague.
- Dix lignes, dix lignes, je me marre, en y repensant.
Nous rigolons ensemble puis il reprend :
- J'ai aimé te découvrir et appendre à te connaître.
Je mets mes mains dans mes poches, touché de ses paroles.
- Et tu as aimé ce que tu as découvert ? je demande, mi joueur mi gêné.
- Oui, beaucoup. Pourtant ce n'est que le début.
Je confirme en hochant la tête et nous arrivons à sa voiture. Nous continuons de papoter pendant le trajet et il s'arrête devant ma porte d'appartement.
- Merci pour le verre.
- Ça m'a fait plaisir, sourit-il.
Je lui rends son sourire puis lui embrasse la joue avant de sortir de sa voiture. Un dernier signe de main de sa part et je rentre dans mon immeuble. Je rentre dans l'appartement et trouve Jawad au sol, recroquevillé sur lui-même.
- Jawad ?
Je referme la porte et m'approche rapidement de lui. Il lève la tête et je tombe directement sur son visage ravagé de larmes.
- J'ai merdé Kian. Je suis tellement désolé, pleure-t-il fort. J'ai tout foiré. Je ne suis qu'un égoïste.
Il pleure de nouveau et sa respiration se fait saccadée. Je m'approche de lui et le prends dans mes bras. Il est en sueur, le pauvre. Je comprends toute de suite qu'il est en train de faire un "bad trip". Au lieu de s'accrocher à moi comme je l'aurais imaginé, il se dégage de mes bras et pleure encore plus en tremblant.
- Je ne te mérite pas. Pars, laisse-moi. Va avec arthur. Je ne te mérite pas.
Je le regarde avec peine et les larmes me montent aux yeux. Je réalise alors que mon amitié avec Arthur le dérange énormément et ça me peine. Je ne veux pas que cela change ma relation avec Jawad.
- Ja', calme-toi. Tout va bien.
Je sais qu'il a besoin de réconfort dans ces moments là. Je le reprends dans mes bras, mais il continue de se débattre. Je le serre un peu plus contre moi et il finit par céder entre deux sanglots audibles.
- Arrête. Je ne suis qu'un gros porc, un dégueulasse ! crie-t-il.
- Tout va bien. C'est pas grave, c'est juste de l'argent. C'est rien ça, je le rassure du mieux que je peux.
Je dépose un baiser sur son front et il tremble à nouveau.
- Tu ne comprends pas, Kian. J'ai fait encore pire.
Il se redresse et je le laisse faire, démuni.
- Quoi ?
J'ai la voix qui tremble. La pire chose qu'il puisse faire, c'est trahir ma confiance et mon amour d'une quelconque manière.
- Je t'ai trompé.
Et là, je reçois littéralement une pierre sur la tête. C'est ça, je suis assommé. Une larme s'échappe de mon œil et je le vois pleurer encore plus. OK, nous nous prostituons tous les deux, mais c'est différent. Là, c'est en dehors, c'est complètement différent.
- Quand ?
J'ai la voix tremblante et faible, mais j'essaie de rester fort et de ne pas pleurer. Tu parles d'un connard !
- Le week-end dernier. J'ai tellement peur de te perdre.
- Et c'est en baisant un autre mec que tu crois que ça va s'améliorer ? ! Bravo, super intelligent !
Il baisse la tête, mais se défend :
- On n'a pas couché ensemble, je lui ai juste fait une fel-
- Tais-toi, je crie, tais-toi !
Je le regarde avec tout le dégoût du monde et me lève.
- Kian, je suis désolé. Pardon.
Je ne l'écoute pas, pris dans un tourbillon de déception. Ouais, parce que je ne suis même pas en colère, juste déçu et triste. Je prends mon manteau, mes clés, mon sac avec mon ordi' de cours sous les pleurs et excuses de Jawad et pars. Aussi simplement que ça, je pars. Il fait froid, mes larmes coulent en cascade sur mon visage et je marche vers sa résidence. J'espère qu'il y aura quelqu'un. Je sonne à l'interphone et entends :
"- Oui ?"
"- C'est Kian, je peux rester ce soir ?"
"- Kian ? Bien-sûr, je t'ouvre."
La porte du hall s'ouvre et je me dirige vers la seconde puis prends l'ascenseur. J'arrive à sa porte qui est déjà ouverte et elle me prend directement dans ses bras.
- Je suis désolé de débarquer à l'improviste.
- Il n'y a pas de soucis, me sourit tendrement Anna.
Elle me fait rentrer dans son appartement et je lui raconte tout. Bien-sûr, je dis que Jawad était entrain de faire une crise d'angoisse et non un "bad trip". La culpabilité m'envahit quand je pense que je l'ai laissé tout seul dans ce moment. Je suis qu'un gros nul. Anna m'écoute me lamenter comme une grosse merde et nous prépare du thé à la vanille comme j'aime tant.
- Putain, on dirait deux vieilles.
Je me marre à travers mes sanglots tandis que nous sommes sous un plaide, sur le canapé en train de voir un thé. Super cliché comme scène. Une fois que j'ai fini de parler, Anna déclare :
- Le problème avec vous deux, c'est qu'à ne pas vous décider, vous finissez par vous blesser.
- C'est-à-dire ? je demande, perplexe.
- Vous n'êtes pas en couple, mais vous couchez ensemble. Vous vous aimez, mais vous n'êtes pas ensemble du coup, vous êtes perdus. Vous vous appartenez mutuellement et vous avez besoin l'un de l'autre, mais vous ne savez pas comment le gérer. C'est comme si vous vous aimez de trop.
Et ses mots vont faire écho en moi jusqu'à que je réussisse à m'endormir dans le lit d'Anna avec elle, soit vers deux heures. Putain d'insomnies.
Who's gonna be the first one to start the fight ?
Qui va être le premier à commencer la dispute ?
Who's gonna be the first one to fall asleep at night ?
Qui va être le premier à s'endormir la nuit ?
Who's gonna be the last one to drive away ?
Qui va être le dernier à partir ?
Who's gonna be the last one to forget this place ?
Qui va être le dernier à oublier cet endroit ?
We keep taking turns
On fait ça chacun notre tour
Will we ever learn ?
Est-ce qu'on va finir par apprendre ?
The spaces between us
Les espaces entre nous
Keep getting deeper
Continuent de s'agrandir
It's harder to reach her
C'est plus dur de l'atteindre
Even though I've tried
Même si j'ai essayé
Spaces between us
Les espaces entre nous
Hold all our secrets
Détiennent tous nos secrets
Leaving us speechless
Nous laissant sans voix
And I don't know why
Et je ne sais pas pourquoi
Who's gonna be the first to say goodbye ?
Qui va être le premier à dire au revoir ? Who's gonna be the first one to compromise ? Qui va être le premier à accepter un compromis ?
Who's gonna be the first one to set it all on fire ?
Qui va être le premier à tout mettre en feu ?
Who's gonna be the last one to drive away ?
Qui va être le dernier à partir?
Forgetting every single promise we ever made
Oubliant toutes les promesses qu'on ait faites
Hey tout le monde ! Chapitre en avance comme prévu 😏
Vous trouvez que la réaction d'Étienne est justifiée ?
Que pensez-vous du comportement de Jawad vis-à-vis de Kian ?
Je vous laisse et vous dis à bientôt ❤️
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top