Chapitre dix-huit

One Direction-Once In A Lifetime

Je passe le week-end tel un zombie. Je me sens toujours autant fatigué, exténué. J'en oublie même l'apéro' chez James et ça inquiète Anna qui m'a téléphoné. Alors, tout ce que je fais, c'est travailler et m'occuper de Jawad.
Le pauvre n'est pas raté ni épargné.

Depuis son hospitalisation, il y a quelque chose qui a changé dans son comportement, dans sa manière d'être et d'agir. Je n'arrive pas à déceler ce que c'est, ce qu'il se passe, ce qui a changé, mais je reste persuadé qu'il y a quelque chose. C'est différent, mais je me tais.

J'entends Jawad s'agiter dans l'appartement, mais je ne sais pas pour quoi. Il finit par s'asseoir sur un des deux tabourets de la mini cuisine et passe sa main avec frénésie dans ses cheveux. Il expire/inspire avec légèreté plusieurs fois à la suite, avant de me demander :

- On a terminé tous les sachets ?

Je relève la tête de mes cours et lui réponds, un peu perdu :

- Quels sachets ?

- Bah de drogues.

Il paraît perplexe et me regarde l'air de se demander où j'ai la tête. Je crois qu'elle est sur mes épaules, mais je n'en suis plus si sûr ces temps-ci. Je finis d'écrire ma phrase puis lui indique :

- J'imagine qu'on les a fini. Tu as encore mal ?

- Oui. C'est insoutenable et aucun de leur putain de médicament ne marche ! C'est à en devenir fou. La nuit, je ne dors même plus parce qu'au moindre mouvement, j'ai mal. J'en ai marre sérieux.

Je me lève et vais m'asseoir en face de lui. Je saisis ses mains qui sont posées sur le petit bar et caresse ses phalanges blessées délicatement de mes pouces. Je lui propose, voulant alléger ses souffrances :

- Tu sais quoi ? Je vais aller en chercher et pendant ce temps, tu vas te reposer. OK ?

- Tu peux passer faire des courses aussi ? Il n'y a plus rien ici.

- Je n'ai pas eu trop le temps cette semaine, désolé.

- C'est rien. Je sais que je t'ai accaparé pas mal de temps.

Je ne démens pas et me prépare plutôt à sortir. Je sais qu'il y a une supérette pas loin ouverte à cette horaire. Je marche vers celle-ci et fais mes achats, avant de me rendre compte que je n'ai plus d'argent pour les joints de cannabis. Je soupire, mais téléphone tout de même à Connor.

Même vendeur, même adresse, même discrétion. Sauf que cette fois, tout ne se passe pas parfaitement bien.

- Comment ça, tu me payeras plus tard ?

- Écoute, Jawad a été hospitalisé et

- Je m'en fous, mec.

- Allez. Je t'ai toujours payé. Et puis tu me connais.

Il semble hésiter, mais finit par déclarer :

- C'est pas le problème. Le truc, c'est que tu seras pas le premier à qui j'avance. Et j'peux t'dire que ça s'est jamais bien fini. Crois-moi.

- Je sais, je sais. Mais en ce moment, je n'ai pas le choix.

"On a toujours le choix". J'entends la voix de ma mère au loin. Et je crois que je viens de creuser un peu plus mon trou. Quel con, encore une fois.

*

Le lundi, je suis bien obligé d'emmener Jawad à la fac, car il ne peut pas conduire avec sa botte au pied. Ça ne m'embête pas, mais c'est tout de même un détour qui me fait lever d'avantage tôt à cause des embouteillages.

- À ce soir, me salue-t-il.

- Euh, non. Je t'ai dit hier que je dormais chez Anna.

- Ah bon, tu es sûr ?

- Aussi sûr que deux et deux font quatre.

- J'ai dû oublier, se contente-t-il d'hausser les épaules.

- C'est rien. Je sais que le retour de l'hôpital est désorientant et fatiguant.

- Je demanderais à Paul de me ramener dans ce cas.

Je lui souris et viens passer une main sur son visage, un peu pâlot comparé à d'habitude. Je constate qu'il a la peau un peu humide. Pourtant le temps est frais en ce mois de février. Je m'inquiète alors :

- Tu as chaud ?

- Oui, je crois que j'ai attrapé un virus ou un truc du genre.

- Mon pauvre garçon, ce n'est pas ta période. j'ironise et il lâche un petit rire.

Je dépose un baiser sur sa joue et il sort du véhicule. Je me rends ensuite à la fac. Je suis un peu en avance et Anna me prévient qu'elle arrive. Je l'attends et traîne sur mon téléphone lorsque je reçois un message avec une photo. Mon BlackBerry est tellement ancien que je ne peux pas voir la photo. Par contre j'arrive très bien à lire le message :

"Vous voulez les services de Kian Uehara ? Il vous suffit de téléphoner au 01 23 45 67 89 . Il sera ravi de répondre à votre demande comme le prouve la photo jointe ci-dessous."

Je sens mon monde s'écrouler aussitôt ma lecture terminée. Qu'est-ce que c'est que ça ? J'observe les gens autour de moi, mais je semble être le seul à avoir reçu le message. Un frisson me parcourt et je me sens complètement déboussolé. Je remarque qu'Anna arrive vers moi et me fait la bise, l'air de rien alors que je me sens défaillir.

- Ça ne va pas ?

Je ne réponds rien tandis que son IPhone vibre. Je n'ai pas besoin d'être Einstein pour deviner le contenu du message en vu de la réaction de Anna. Mon amie lève la tête vers moi, plus que choquée. J'observe à mon tour la photo et second coup de massue.

A-t-il osé faire ça ? Pourquoi a-t-il fait ça ? ! Ça n'a pas de sens. Non, non et non !

Anna semble autant perdue que moi et finit par balbutier un truc du genre qu'elle doit voir James ou quelque chose du genre. Elle me laisse tout seul et j'ai l'impression d'être à nu devant tous les étudiants. J'ai bien vite remarqué qu'ils sont, pour la plupart, scotchés sur leur téléphone et qu'ils font vite le rapprochement entre le gars de la photo et moi.

C'est horrible, juste et affreusement horrible. Et encore plus parce que je sais qui est l'auteur de ce message et que je n'en reviens pas. Je finis par aller au premier cour, puis au second et à tous les autres avant que la journée ne s'achève, enfin.

- Hé, c'est toi Kian ?

Je ne me retourne pas. Ça a été comme ça toute la journée et ça ne semble jamais s'arrêter. Je continue de marcher et accélère lorsque je comprends que les deux gars me suivent. Ils ont quel âge sérieusement ?
Nous ne sommes plus au lycée ni même au collège. Je finis par arriver à ma voiture avec soulagement. Pourtant, au moment où je m'apprête à ouvrir la portière, un bras m'arrête. Je me dégage de l'emprise du gars et le fusille sévèrement du regard.

- Cassez-vous, je siffle entre mes dents.

- On a même pas le droit à une petite fellation ?

J'en ai marre, c'est assez, même largement. C'est plus que ce que je peux supporter. J'ai pratiquement les larmes aux yeux tellement ils me dégoûtent.

L'un des deux mecs me plaquent contre ma voiture par mon col de veste. Il a tellement de force qu'il me soulève. Je suis pris de court et tente de me débattre, sans résultats.

- Lâche-moi, je grogne.

- Qu'est-ce que tu vas faire de toute façon ? Les pédales comme toi, ça me répugne.

Et c'est vrai, qu'est-ce que je vais faire ? Nous ne sommes pas dans un film. Pas de super-héros pour me sauver ni pour m'aider. La vie est une contradiction à elle-même. Elle est à la fois un film, mais elle n'en sera jamais un. Nous avons beau en être les principaux acteurs et suivre un scripte déjà écrit, elle prendra toujours une tournure étrangère à celle que nous avions créé. C'est triste, mais c'est comme ça.

Je me fais interrompre dans ma réflexion lorsque je me prends un coup. Et c'est sûrement le coup de trop. Celui qui me fait sortir de mes gongs. Il y en a trop ces temps-ci et la violence ne sera jamais une solution sur la longue durée.

Alors, dès son premier poing au visage, je réagis. Je n'ai pas de super-héros pour me sauver, alors autant être le mien et me sauver moi-même. Je suis entièrement contrôlée et envahie par l'adrénaline que je la laisse me guider. Je lui mets une tête bien placée et lui fais saigner son nez et sûrement le mien par la même occasion. Le deuxième veut s'attaquer à moi puis il laisse tomber et ramasse son pote avant de déguerpir.

Je respire fortement, près à continuer s'il le faut, puis laisse toute la pression redescendre. Je m'affale contre la voiture et finis par ressentir une douleur à mon arcade. La pauvre, elle morfle en ce moment.

Je rentre dans le véhicule couleur violette et monte le son de la radio largement plus fort que d'habitude. J'ai besoin que le son soit plus fort que mes pensées. J'ai besoin de me vider la tête ou juste de me vider. Je sais que je vais faire des conneries, mais je m'en fous.

Je vais dans un supermarché et achète une bouteille de Vodka sous les regards insistants des gens et encore plus de la caissière. Je me rends ensuite au pont de la dernière fois et m'assois entre les barreaux de celui-ci. J'ouvre la bouteille et je commence ma montée dans le monde parallèle. Je délire, complètement, mais je m'en fous. Je pourrais l'appeler le pont du désespoir. C'est bien. Ça sonne bien, je trouve.

Je me lève, manquant de tomber, et grave rapidement avec mes clés de voiture sur le métal : "pont du désespoir". Puis je pars.

Je traîne dans les rues. Parfois, je m'arrête et observe les gens ou bien ce sont eux qui se mettent à me regarder. J'achète par la suite un paquet de cigarettes que j'entame aussi tôt tout comme la bouteille de whisky que j'ai remplacée à la place de celle de Vodka. La pauvre petite a terminé je ne sais où. Je finis par danser à chaque fois qu'il y a un concert de rue et ça commence à en faire beaucoup j'ai l'impression. Je me sens libre, jeune et sauvage. Je tire de l'argent dans une borne, non sans difficulté, et patiente pour rentrer dans une boîte de nuit. Je fais attention avec les vigiles afin de ne pas paraître trop alcoolisé pour rentrer.

La chaleur est accablante et je cherche déjà avec qui je vais passer ma soirée. Je n'ai pas envie d'être seul. Pas ce soir. Je finis par filtrer avec un mec cool et charmant. Grand, comme je les aime. Je me frotte un peu à lui et nous finissons par sortir. Il me propose d'aller chez lui et je finis dans son lit. Au moins, je ne suis pas seul.

Once in a lifetime
Une fois dans une vie
It's just right
C'est juste parfait
We make no mistakes
On ne fait pas d'erreurs
Not even a landslide or riptide
Pas même un glissement de terrain ou un contre-courant
Could take it all away
Pourrait nous enlever ça

When I close my eyes
Quand je ferme mes yeux
All the stars align
Toutes les étoiles alignées
And you are by my side
Et tu es à mes côtés
You are by my side
Tu es à mes côtés

Once in a lifetime
Une fois dans une vie
It's just right
C'est juste parfait
We are always safe
Que nous soyons toujours en sécurité
Not even the bad guys
Pas même les mauvais garçons
In the dark night
Dans la nuit sombre
Could take it all away
Pourraient nous enlever ça

Once in a lifetime you were mine
Une fois dans une vie tu étais à moi

Hey tout le monde ! Ça sent les vacances par ici 😀 Plus que trois jours les gars et c'est fini😜

Je vous laisse avec ce petit chapitre qui laisse planer de gros doutes. Je vous souhaite un bon WE et une bonne nuit !

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