Chapitre 32:

J'étais effondré. Adriana essayait de me motiver et de me relever tant bien que mal. Je n'avais plus la force de continuer. Après dix minutes de lutte, elle rentra dans la chambre et en ressortit aussi sec avec une clé en or. Elle me releva, cette fois-ci sans problème et je la suivis mécaniquement. Je ne pensais plus à rien. J'étais vide. Ce qui s'est passé après je ne m'en souviens pas. J'ai juste quelques bribes par-ci par là où je me vois marcher, ou bien Adriana sur ses gardes avec sa dague fermement accroché à sa main. Elle me raccompagna au camp de survie. La lune était désormais masquée et il était difficile de voir où l'on mettait les pieds. Si j'avais récupéré les armes secrètes, ça je m'en moquais bien. Tout ce que je désirais, c'était venger mon père. Alors qu'on approchais du camp, je m'arrêtais d'avancer. Mon amie se retourna interloquée et pressée de rentrer chez elle. La colère m'envahissait à mesure que je pensais à Noah et tout ce qu'il avais fait. Mes poings tremblaient et je serrais les dents. Et dire que je le pensais être mon meilleur ami... Ces derniers mois il ne faisait que me détruire ! Aveuglé par la rage, je me mis à hurler comme jamais. Je laissa exploser toute ma colère. Adriana restait pétrifiée face à ce spectacle. Lorsque ma voix se brisa, je me mis à genoux et j'éclatais en sanglots. Adriana me releva tout en essayant de me réconforter. Elle me conduit jusqu'au camp où elle m'y laissa.

Je ne me souvenais plus de rien à part des torrents de larmes dévalant mes joues et de la voix de ma mère. Le reste n'était que brouillard.

*

Le lendemain matin, mes yeux ainsi que ma gorge étaient horriblement secs. J'ouvris les yeux et découvris une tente que je ne reconnaissais pas. J'observais les alentours et découvris que j'étais simplement dans la tente de ma mère. Elle n'était plus présente mais son lit était encore défait. Elle ne devait être levée depuis peu de temps. J'étais allongé sur un lit de camp juste à côté de sa couche. Une odeur rassurante de lavande était diffusée, ce qui me rappelait ma vie au château. Une aria passa la tête à travers l'ouverture qui servait de porte et poussa un cri en me voyant. Quelques instants plus tard, ma mère me serrait dans ses bras, soulagée. Je ne comprenais pas grand chose à la situation, perdu.

« Maman, que se passe-t-il ?
- Tu ne te souviens de rien ? S'exclama-t-elle
- Euh si... J'étais allé voir Adriana puis on est allés au château et...»

Tout mes souvenirs me revinrent en mémoire ce qui me comprima la poitrine. Je suffoquais. Ma mère me passa immédiatement ma ventoline tout en me massant le dos.

« Calme toi et essaie de me raconter.
-Je... J'ai vu.. papa.
- Comment ?
- Je ne veux pas le raconter mais c'était horrible.
- Ce n'est pas grave mon chat. Tu as déjà réussi à ramener les armes secrètes. Je suis fière de toi. »

Elle m'étreigna une nouvelle fois et cela m'apaisais.

« Tu ferais mieux de retourner à Cyberia, me dit-elle.
- Mais pourquoi ?!
- Rester ici ne fera que te décourager et te traumatiser. Rappelle toi pourquoi tu étais parti au départ.
- Je ne peux pas... Il faut que je prenne soin de toi maman !
- Les Arias le font déjà très bien. Tu dois accomplir ta destinée Ash. »

Son regard bienveillant scrutait ma réaction. Je ne savais que dire ni même que faire.

« C'est décidé, tu repartiras dès que tu auras recouvré tes forces.
- Bien...
- Raconte moi ton séjour à Cyberia plus en détail maintenant ! Est ce que tu t'es fait des amis ? Enchaîna l'ancienne souveraine.»

Décontenancé, je souris avant de tout lui raconter. Chaque fois que je parlais de Théo, mon cœur se gonflait de joie. J'avais hâte de le retrouver n'empêche... En plein milieu du récit du jour de ma découverte de Ryuku, une aria nous interrompit en nous donnant un courrier. Mon rythme cardiaque s'accéléra. Ce devait être Théo. La lettre n'étais pas signée mais elle était bien à mon nom. Je ressentais également des traces de magie dessus. Aucune introduction juste quelques lignées mises entre guillemets :
«  Les trois royaumes seront chacuns touchés par le même mal, le maître des Furies venant récupérer son pouvoir. Seule la lumière l'abattra.

Une fois les trois contrées détruites, il sera trop tard pour le sceller, jusqu'au prochain recommencement. »

Ma mère avait lu avec moi cette légende, que Théo avait dû découvrir. S'il avait d'autres informations, il n'avait rien écrit d'autre.

« La lumière, qu'est-ce que ça pourrait être ? M'interrogeais je. Une magie solaire ?
- Cela existe-t-il ?
- Peut-être. Quand je retrouverais Ryuku, je lui demanderais. A part ça je ne vois pas ce que cela pourrait être.
- Dans cette légende on ne mentionne pas le gardien des souvenirs perdus, remarqua ma mère
- Ce n'est peut-être pas toute la légende en entier. J'ai l'impression qu'il en existe plusieurs versions enfait...
- Oui avec le fait que le gardien doit combattre avec le parent le plus proche de Noah c'est ça ? Réfléchis ma mère.
- Oui. Mais je ne vois pas qui cela pourrait être. Ses parents sont morts, sa soeur aussi... 
- Je chercherais dans les registres des naissances. Enfin s'il existe toujours. Enfin bon. Ne te tracasse pas trop avec ça. Tu en parleras avec ceux qui étaient partis avec ce Théo.»

Elle me regarda d'un air malicieux en prononçant son nom. Je rougis de gêne. La reine brune éclata de rire.

« Arête c'est pas drôle !
- Oh que si ! Hâte de le rencontrer ce garçon. »

Je souffla ayant compris où elle voulait en venir. Même si bon... Je ne savais plus où j'en étais aussi. Je remarquais alors les fameuses armes entreposées dans la tente. L'arc était d'une telle beauté... Il était en ivoire blanc, et des ailes dorées l'ornaient. La corde était bien solide et produisait un son étrangement mélodieux quand on la pinçait. L'épée quant à elle, était en argent et en or. Le manche portait le blason de Aglia et une étrange aura de magie l'entourait... Elle réveillait quelque chose en moi ce qui provoqua l'écho de la voix dans mon esprit... Mais elle ne répéta pas les mêmes mots que d'habitude.

« Ash... C'est moi, Lyvia...»

« Lyvia ?
- Que se passe-t-il ? Demanda ma mère surprise.
- Cette épée... Il y a de la magie dessus. Elle a provoqué un écho en moi. Enfait depuis quelques temps, j'entends une voix dans mes rêves.
- Pardon ? Et la reconnais tu ?
- Pas vraiment. Elle me dit vaguement quelque chose.
- Étrange. Au fait on a découvert quelque chose de formidable sur les plumes ! S'extasia la Souveraine
- Quoi donc ?
- Les Furies mangent la joie des gens n'est ce pas ?
- Oui et donc ?
- Eh bien ce serait enfait leurs souvenirs. Et les plumes en seraient. Des souvenirs perdus...
- Mais oui c'est ça !!! M'écriais je. »

Tout s'assemblait... Le gardien des souvenirs perdus avait probablement comme tâche de restituer ces souvenirs aux gens ! Et peut-être cela les faisait redevenir normaux et non plus Furies. Je sortis mon journal de bord et écrivit immédiatement cette découverte. Il n'empêche que je ne sais toujours pas qui est ce gardien ni qui est le parent proche de Noah... Ni où Ryuku a pu passer.

« Tu t'inquiètes beaucoup trop mon fils.
- Je sais, soupirais je. Mais je me fais beaucoup de soucis pour mes proches et pour l'avenir.
- Je me doute. Tu ferais mieux de partir dès demain. Tu as besoin de retrouver ta magie et tes alliés. »

***

Théo

Ces quelques jours passés avec ces idiots de première avaient été éprouvants. Dès le deuxième jour j'avais pété un câble sur Mickaël. Le pauvre était resté hébété toute la journée. Ma missive était arrivée a bon port. Grâce a la magie je l'ai senti. J'espérais que cela ferait rentrer vite fait mon petit prince... Moi même j'étais sur la route du retour. Et enfin... Le reste du séjour j'avais visité le village et ses alentours. C'était un coin de campagne tout a fait charmant mais je trouvais les habitants froids. Comme possédés... J'avais en effet fait une mauvaise rencontre lors d'une de mes nuits d'insomnie. J'étais monté au cimetière et quelq'un s'y trouvait déjà. Surpris, j'avais voulu le laisser. Mais il s'est levé et a commencé à me demander quel était le but de la vie. Il a commencé a me saisir le bras et à me conter sa vie des plus ennuyantes. Mais j'étais trop pétrifié pour pouvoir répliquer. Son corps était dénué de toute chaleur et ses yeux étaient de simples puits noirs. J'ai réussi à m'échapper grâce à ma magie du vent. J'avais levé une grosse bourrasque qui l'avait fait dégager et j'ai fui.

Les Furies sont presque moins effrayantes que les pauvres gens luttant contre elles. Mais bref d'ici une dizaine de minutes nous serons enfin rentrés chez nous. Je quittais mes compagnons de route en les saluant à peine et je partis directement. Ils ne m'avaient pas vraiment aidés durant ce périple donc pas besoin de m'attarder avec eux. Je les avais assez vus.

On était le 30 octobre, la fête des esprits aurait lieu demain. En toute honnêteté, c'était ma fête préférée. Elle était exclusive à Cyberia et tout ses habitants la fêtait. Avant de rentrer à l'arbre des chasseurs, je fila a mon autel pour prier. J'espérais que Ash reviendrait bientôt lui aussi. C'est qu'il allait presque me manquer cet idiot. En attendant, ici il faisait de plus en plus froid. J'allais devoir recoudre mes vêtements d'hiver... Je soupira. Quelle période déprimante. D'autant plus que ça allait faire deux ans qu'on s'était séparés avec l'autre idiot. Je l'aime encore autant que je le déteste. Je l'oublie de plus en plus avec l'arrivée du petit prince. Mais il n'empêche qu'il m'arrive encore de m'endormir en pleurant à cause de lui. Du mal qu'il m'avait fait.

Je dû finalement rentrer à l'arbre avant de me faire remonter les bretelles. Rosalia me tomba dessus à la seconde où je rentra dans le réfectoire.

« Alors ça va tu t'es bien amusé j'espère ?! Tu vas être puni pendant au moins deux semaines. File immédiatement en ville faire raccomoder la pile de vêtements au lavoir !
- Je suis ravi de te revoir aussi merci.
- Oui ne t'en fais pas. Allez va faire ça. Tu pourras t'acheter quelques trucs si tu veux. »

Elle me glissa une dizaine de pièces dans la main avant de retourner a ses tâches. Rosalia était vraiment la maman cool qu'elle pensait être. Je ne la connaissais pas tant que ça mais elle savait se montrer sympa avec tout le monde. J'allais chercher les trois panières de linge et je les chargea sur une monture. Me voilà ensuite parti pour la ville. En cette fin de matinée, les gens rentraient doucement chez eux préparer le repas. Les enfants sortaient de l'école en discutant gaiement. Je me demandais ce que ça faisait d'avoir une enfance normale. D'aller à l'école et d'avoir des amis. Tout un univers que je ne connaisserais jamais. J'arrivais enfin a la boutique de couture proche de l'atelier des fluffiens.

La gérante me connaissait bien vu que c'est presque toujours moi qui vient ici pour les vêtements d'hiver. Lorsque je franchis la porte, un carillon retentit.

« Oh Théo ! Ça fait un moment. La dernière fois c'était un jeunot qui était venu à ta place. Je me demandais si tu étais malade.
- J'étais en mission à vrai dire, m'excusais je.
- Rien de grave ? Demanda-t-elle tout en me donnant d'autres panières déjà prêtes.
- Non j'étais parti pour régler les affaires de ces derniers temps. Vous devriez faire attention à vous.
- C'est ce que je fais. Ça me fout tellement la frousse tout ce que j'entends...
- Tout redeviendra normal je vous le promets. »

Elle me regarda d'un air triste. Je repartis ensuite à mon cheval. Je rentrais dans une boulangerie pâtisserie pour m'acheter un petit truc. J'avais finalement pris un pain au chocolat et un café. Je dégusta ma collation aux abords de la forêt en compagnie du cheval de Ace. Je n'avais pas de monture rien qu'à moi. À mes 13 ans, le chef avait voulu m'en faire cadeau mais la jument ne voulait manifestement pas de moi. Et triste ironie du sort, elle s'était prise d'affection pour Kuma. C'était un peu grâce à ça qu'on s'est rapprochés. Mais bref. J'avais fais d'autres tentatives d'approche, que ce soit avec des chevaux, des chats ou même des oiseaux. Mais tous me fuyait. Même les humains. C'est comme ça depuis que je suis petit de toute manière. J'avais ensorcelé ce cheval stupide pour qu'il me laisse le monter. Sinon à coup sûr qu'il m'aurait laissé tomber.

Je rentrais finalement avec mes panières, plus déprimé que jamais. Je gravissais les escaliers quand j'entendis des cris de joie et de surprise. Sérieux il se passe quoi encore ?

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