Chapitre 31
Le cimetière dominait la vallée, ce qui offrait aux âmes se reposant, une vue magnifique sur les montagnes et sur un lac à une dizaine de kilomètres. Les vingtaines de tombes sont entourées de chêne et de verdure ce qui confère au lieu une atmosphère détendue. Des lucioles voletaient alors qu'il ne faisait même pas encore nuit.
J'inspectais les tombes tout en regardant leurs gravures. Certaines dataient d'au moins un siècle. Plus j'avançais vers le fond, plus les stèles étaient anciennes. J'en repéra une dans une matière semblable a du marbre. Je m'en approchais pour lire son inscription. Le texte était rédigée dans une police particulière et je dus me concentrer pour lire, même si rien ne venait me troubler en ces lieux paisibles. Des oiseaux gazouillaient dans les arbres voisins et le vent faisait bruisser les feuilles rougissantes. Au fur et à mesure que je parcourais ces lignes, mes yeux s'écarquillèrent. C'était les indices qui nous manquaient !
Il fallait que je le dise à Ash de toute urgence. Tant pis pour ma fierté. Je me dépêchais de redescendre les escaliers, manquant de déraper. Je courus jusqu'à l'auberge et défonça la porte de ma chambre. Le fluffien se redressa d'un bond sur son lit.
« Mais ça va pas ?! Tu m'a fais une de ces peurs !
- Tais toi et file moi une feuille et un stylo.
- Un s'il te plaît t'écorcherais la bouche ouuu ?
- Oui, dépêche. »
Il grommela en fouillant dans son sac et me les balança. Je rattrapais les feuilles au vol et m'installais sur le petit secrétaire de la chambre. Je m'appliquais pour que mon écriture soit lisible, vu que tout le monde aimait me dire qu'elle était incompréhensible. Après dix minutes d'écriture, je glissais la lettre dans une enveloppe et fila au bureau de poste du village. Ma lettre allait partir à la première heure demain matin. J'espèrais qu'elle lui parviendrait. Je l'avais imprégnée de magie pour qu'il la repère facilement mais on ne sait jamais avec le petit prince...
Ma mission remplie, je n'avais plus qu'à attendre une réponse.
*
Ash
Cela faisait déjà un moment que j'avais regagné Aglia. Ma séparation avec Théo me revenait toujours en mémoire. Je devais bien l'avouer qu'il me manquait un peu. Mais je n'avais pas le temps de penser à tout ça. En rejoignant le camp des Arias, j'ai pu retrouvé ma mère. Ces retrouvailles s'étaient faites dans les larmes bien sûr. J'étais soulagé de la voir encore en vie même si elle était encore mal en point. Sa fièvre était tombée et ses blessures guérissaient doucement. Je perfectionnais ma magie tout en combattant les Furies. Ce sont les seules créatures que nous avons croisées jusqu'à présent avec Axle et Charlie. J'avais pu faire leur connaissance et j'appréciais beaucoup Axle. Sa joie de vivre faisait tellement plaisir malgré ces temps difficiles. Charlie savait se montrer agréable et partageait toujours de bonnes anecdotes. J'étais justement en patrouille avec eux. On déambulait prudemment entre les cadavres des maisons. Ça me faisait toujours un pincement au cœur de voir ces paysages détruits. Un craquement de brindille me fit me retourner d'un coup.
« C'est rien, me rassura Axle. Une brindille.
- On a bientôt fini le secteur et pas de Furie.
- Ne crie pas victoire trop vite Charlie, lui répondit sa cousine. On ne sais jamais ce qui nous attend.»
La conversation finie, on replongea dans un silence pesant. L'ambiance du royaume était devenu extrêmement sombre. Un nuage gris semblait flotter en permanence au dessus de nous, ne laissant pas le soleil se montrer. Normalement fin octobre, on voyait encore le soleil ici mais là rien. Selon les Arias, on ne le voyait plus depuis un bon moment. Toutes ces nouvelles ne m'enchantaient guère. D'autant que je n'avais plus aucune nouvelle de Adriana. Même si je dois bien avouer que je l'avais un peu oublié avec tout ça... Ce soir j'avais prévu une escapade au château, bien que cela me terrifiait car Noah pouvait très bien s'y trouver. On avait perdu sa trace depuis des mois. Il tirait les ficelles de ses plans sombres dans l'ombre, sans se montrer. Mais bref. Je devais également aller sur le lieu d'habitation de Adriana. Voir si elle s'y trouvait toujours... Je me demandais sans cesse si elle, ainsi que sa grand mère d'adoption étaient encore en vie. Cette veille dame lui avait apporté tellement de joie et de réconfort durant son enfance. J'espérais qu'elle n'était pas morte, sinon ma meilleure amie se retrouverait une nouvelle fois orpheline.
De retour à notre base, je fila me réfugier dans ma tente. Le camp avait été établi non loin du château, dans ses bois plus précisément. On était ainsi à proximité d'une rivière et plus où moins à l'abri sous le couvert des arbres. Nous étions une trentaine sur cette base. D'autres avaient été établies à des points clés de la ville. Le jour déclinait tranquillement et je me préparais pour m'éclipser. Une fois que tout le monde fut occupé avec les tâches pour le repas, je fila sans demander mon reste.
S'aventurer seul dans mon royaume dans cette atmosphère glauque n'était pas rassurante. Je sursautais au moindre bruit. Des animaux errants tournaient encore en rond dans les rues, ce qui me faisait beaucoup de peine pour ces pauvres bêtes. Plus je m'approchais de la maison d'Adriana, plus j'angoissais. J'étais seul face à mes pensées durant le trajet, et je repensais sans cesse à cette voix qui s'imposait dans mes rêves. Elle m'était étrangement familière mais je ne parvenais pas à mettre un nom ou un visage sur elle. La voix était indéniablement féminine, pas de doute. Elle apparaissait de plus en plus dans mes rêves pour me mettre en garde. Mais de quoi ? Elle ne me le disait jamais. J'irais en parler aux nymphes dès mon retour. Penser à cela me ramenait à Théo. Je n'avais pas de nouvelles de lui et je guettais tout les matins une lettre de sa part. Actuellement il devait être partit pour Islizard. On m'avait informé de son escapade avec Mickaël, Thania et Ray. J'étais très étonné de ses compagnons de route. J'espérais qu'il n'en tuerait pas un avant de rentrer... Penser à lui me faisait toujours sourire en ce moment. Me voilà déjà arrivé devant le cottage en pierre assez vieillot face aux maisons de bord de mer alentours. La bâtisse paraissait encore vivable, j'y toquais donc, confiant. Environ une minute après, on m'ouvrit. Le visage anxieux d'Adriana apparut à travers l'embrasure qui s'illumina en me reconnaissant.
« Ash !!!!!!! »
Elle me prit dans ses bras pour une longue étreinte que je lui rendis, heureux de la savoir en vie.
« Mais qu'est ce tu fous la ??????
- Je suis de retour, dis je simplement.
- Tu sais comment exterminer les Furies ?
- Eh bien temporairement. Pour leur maître c'est plus compliqué.
- Oui ça en vrai je savais... Suffit de viser leur oeil et bim ! N'a plus. Mais bref tu fais quoi là ?
- Je suis venu voir comment tu te portais. Et je suis soulagé de te voir en pleine forme !
- Ça c'est clair. J'ai réussi a rassembler des troupes donc c'est grâce à moi qu'on a retrouvé ta mère et tout ça d'ailleurs,» narre-t-elle en me faisant un clin d'oeil. J'ai rigolé puis expliqué ma mission.
« T'es juste revenu pour ça ?
- Bah oui... Enfin un de mes alliés de Cyberia recueille actuellement des informations susceptibles de nous aider.
- OHHHH qui est ce ? Tu veux rentrer peut-être pour tout me raconter ? Et merci de m'avoir délaissé pendant cinq mois hein.
- Je suis sincèrement désolé Adriana ! Mais j'étais trop inquiet pour tout..
- Je te taquine va !»
Sa grand mère fut tout aussi surprise de me voir. Elle prépara du thé et on s'installa pour m'écouter raconter mes péripéties. Ce soir si je me rendais au château, c'était pour récupérer les armes de mes ancêtres. Cachées dans la crypte du palais, elles étaient bien dissimulées. Les deux armes sont un arc assez puissant et une épée. J'ai appris les rudiments de l'épée mais je serais clairement plus efficace avec l'arc. Mais bon, valait mieux prendre en même temps l'épée avant que Noah ne s'en saisisse.
« Je viens avec toi, déclara mon amie rousse.
- Hors de question ! Et si Noah est là ?
- Ce serait toi le plus en danger. Et dire que tu voulais y aller seul... Quelle folie.
- Pas si seul puisque j'ai un familier.
- Certes mais je ne le vois pas. Et toi non plus.»
Depuis mon retour à Aglia, Ryuku ne se montrait plus. J'avais beau l'invoquer il ne venait plus. Je me rongeais les sangs par rapport à cela. Ma magie marchait toujours et ma pierre était active. Je ne comprenais pas. J'avais pensé que peut-être il ne pouvait pas s'éloigner aussi loin de sa région d'origine...
« Je suis persuadé qu'il est toujours en vie.
- Certes mais en attendant il ne sera pas là pour t'aider. Bref on ferait mieux de partir de suite si tu ne veux pas inquiéter tes amis. »
Elle enfila sa tenue de combat et pris sa dague en argent avec un bouclier assorti. La lune se reflétait dedans ce qui était très joli. Sa grand-mère nous prodigua quelques conseils puis on partit. On emprunta le passage secret de l'église qui le reliait à la bibliothèque royale. Ce serait plus prudent que de pénétrer par l'entrée principale. On arpentait le couloir étroit dans un silence morne. On avait très peur tout les deux, même si je savais que Adriana n'assumerait jamais. Je poussa lentement le dernier battant en retenant mon souffle. On entra enfin dans la bibliothèque sans un bruit. Personne. Je devais d'abord gagner la chambre de mon père pour récupérer la clé de la crypte. Elle se trouvait au même étage que ma chambre et on pouvais toujours emprunter les passages des domestiques.
« J'ai un mauvais pressentiment, lança soudainement ma meilleure amie. Il n'y a personne. Pas un souffle de vie. Ou sont les Furies ou les Arias ?
- Bonne question. Mais passons par les passages. C'est plus prudent.
- Hm.»
On traversa des chambres de domestiques ainsi que des pièces de couture sans croiser personne. C'est lors de la traversée du dernier couloir nous séparant de la chambre parentale, que tout se corsa. J'allais pousser la porte en bois quand on entendit un râle horrible. A une dizaine de pas derrière nous se trouvait une furie. Adriana fit l'erreur de se retourner et hurla. Je la pris par le bras et on courut jusqu'à la fameuse chambre. Le couloir me semblait horriblement long. Les râles et les cris de la bête se faisaient plus insistants. Au moment d'atteindre la porte, je me retourna et ce que je vis provoqua une vague d'émotions en moi. Littéralement. Le couloir se remplit d'eau ce qui noya la furie. Adriana me criait de faire baisser l'eau. J'avais complétement oublié qu'elle ne savais pas nager. Je me calma et l'eau s'évapora. J'avais encore perdu le contrôle de moi-même. Alors que pourtant j'étais censé être presque au point. Cela sappa tout mon moral.
« Allez on doit continuer, m'encouragea -t-elle d'une voix tremblante. Oublie ça.
- Comment tu veux que j'oublie ce qui s'est passé ? J'ai failli te tuer et Noah...
- Il se sert de tes faiblesses justement !
- Oui mais quand même... Utiliser le cadavre de mon père comme furie... »
Mes jambes tremblaient tant que je m'effondrais. Cette ordure avait greffé son âme a une furie. Mon père était condamné à voler la joie des gens pour se nourrir. Cette vision me dévastait.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top