Chapitre 30:
Une semaine. Une semaine qu'il est parti. Ma chambre me paraît tellement vide... Je m'étais habitué à cette solitude auparavant, mais il faut croire que sa présence me réconfortait. J'avais voulu lui envoyé une lettre mais je me suis ravisé. Ça ferait trop bizarre. En attendant, Mickaël et moi préparons notre expédition. On avait prévenus Thania et Ray qui étaient partants. La soigneuse et le fluffien devaient se charger de nous dégoter une autorisation. Ça faisait une semaine qu'ils essayent... Mais on fait d'autres choses en patientant. On prépare notre plan d'attaque entre guillemets. On sait désormais où se trouve le cimetière. Il se situe en campagne au nord-ouest. Normalement je devais retrouver les trois débiles aujourd'hui mais je suis tellement pas motivé... En ce moment je tourne en rond. Je ne fais que rester dans ma chambre ou chasser à l'occasion. L'automne approche en plus de cela, et la température rafraîchit. On n'aura bientôt plus autant de gibier et il faudra ressortir nos tenues d'hiver. Ça me deprimais d'avance.
Je me demande tellement ce qu'il fais... Ça m'angoisse tellement que des fois je regrette presque de l'avoir laissé partir. Même si ça me paraît vachement égoïste. Mais j'ai peur pour lui, vraiment. Au final l'éloigner de moi ne fait que me rapprocher encore plus de lui, paradoxalement. Un coup sur la porte me fit sursauter.
« Théo ! Faut que tu te bouges !»
Je ralais pour faire comprendre mon mécontentement. J'avais reconnu la voix de Lya.
« Allez on a besoin d'aide pour le ramassage de bois en plus !
- Quelle perte de temps quand on peut utiliser la magie.
- On la réserve pour les flèches, contra l'aînée. Sors maintenant.»
Je descendis de mon lit et franchit la limite vers l'extérieur. Il devait être proche de midi et pourtant il faisait frais.
« Ah et prends une veste. Ça caille en ce moment.
- Je dois faire quoi ducoup ?
- Descends et va voir Justin. C'est lui qui gère.
- Super.»
On avait beau être mi octobre, il faisait plus froid que l'année dernière. Peut-être était-ce à cause des Furies ? Ash aussi doit avoir froid s'il est dans un camp de survie... Rah j'avais dis d'arrêter avec ça ! Faudrait que j'aille me changer les idées. Arrivé au réfectoire, Justin fut surpris quand il s'aperçut de ma présence.
« Ça alors ! Un revenant !
- Très drôle. Qu'est ce qu'il ya à faire ?
- Pleins de choses. Tiens je sais, pars en forêt et va aider Thania avec ses remèdes. Il lui en manque encore.»
Je leva les yeux au ciel et fila vers les bois. Les feuilles craquaient sous mes pieds, douce mélodie synonyme d'arrivée prochaine du froid. J'avais terriblement envie d'un café. J'adorais cette boisson, et la dernière fois que j'en avais bu avant la semaine dernière devait remonter à au moins deux ans... Arrivé devant la cabane hexagonale, je frappa et attendis.
« Oh ! Salut comment tu vas ?
- On m'a envoyé pour ta réserve.
- Ah oui c'est vrai ! Je vais chercher un panier et une cape et j'arrive. Entre si tu veux.
- Non c'est bon, je t'attends. »
Cinq minutes plus tard, elle ressortit vêtue d'une cape bleu ciel ainsi que d'un grand panier en osier.
« J'ai besoin de feuilles de soucis ainsi que de lavande même si je ne suis pas sûre d'en trouver encore... Et de la sauge.
- C'est tout ?
- Oui. »
On marcha ainsi dans un long silence tout en cherchant les fameuses plantes. Lors de notre formation de chasseur, on nous forme pour reconnaître les plantes médicinales. Des fois je me demande pourquoi j'ai été choisi pour cette fonction et pas une autre. Je repéra de la sauge et le signala à la soigneuse. J'en ramassa quelques plants avant de passer aux herbes suivantes.
« Tu comptes venir cet après-midi ? Demanda-t-elle soudainement
- Oh, eh bien je suppose. Vous avez obtenu une autorisation ?
- Plus ou moins. Disons que j'ai réussie a convaincre Kiara.
- Sérieux ? M'étonnais je
- Eh oui ! Je lui ai dis que ça me ferait voyager et que je pourrais ramener ou découvrir pleins de choses. Mais je suis sûre que ce voyage me sera utile.
- Et elle a acceptée ?
- Elle a dit qu'elle y réfléchirait. J'ai vu des papiers officiels trainer hier, donc je pense avoir de la chance !
- Et pour nous alors ?
- C'est bon aussi. Vous êtes désignés en tant qu'accompagnateurs. On aura moins d'une semaine par contre.
- C'est parfait. On a pas besoin d'une éternité non plus.
- On ne sait jamais. »
La conversation se tut et on termina notre ramassage dans le silence. Je raccompagnais la soigneuse chez elle avant de repartir à l'arbre des chasseurs. Je n'en avais pas parlé à un aîné et si je disparaissait comme Ash du jour au lendemain, je risquais de me faire bannir. Et je n'avais vraiment pas besoin de ça.
Au réfectoire, les chasseurs prenaient leur pause méridienne en discutant fébrilement. Je vis Rosalia parler à voix basse avec Ryuk. Tout le monde paraissait inquiet depuis quelques temps. Une menace planait sur la ville. La monarchie n'en faisait pas grand-chose, les conseils ainsi que les plaintes se multiplient. Je me demandais si une révolution n'allait pas avoir lieu.
« Eh Rosalia.
- Oh tiens tu est revenu. On va avoir besoin de toi. Il faudrait que...
- Deux secondes. La semaine prochaine faudrait que je parte.»
Son visage se décomposa.
« Attends toi aussi tu pars à Aglia ?
- Quoi ? Mais non ! Je pars à Islizard. J'enquête toujours pour Ash.
- Tu as sûrement raison. Il m'a plus ou moins tout expliqué.
- Quand ça ?
- Il y a quelques jours. Il m'a envoyé une lettre.
- Pardon ? »
La jalousie m'envahissait. Il lui avait une lettre à cette pauvre fille mais pas à moi ? L'envie de lui envoyer une missive m'était complètement passée.
« Oh Théo je te parle ! Il ne t'a rien envoyé ?
- Non, crachais je. Mais bref je pars dans une semaine environ. C'est tout ce que vous avez à savoir.
- Mais et l'autorisation du chef et...»
Mais déjà je tournais les talons pour partir dans la forêt. Je l'entendis me rappeler mais je n'en fis rien et fuya.
Je retrouvais mon petit coin de paix dans la forêt. Mon autel de fortune. J'y priais avant de raconter à ma famille mes problèmes du jour. Je faisais toujours ça, même si ça me paraissait tellement débile.
« En plus de ça, j'ai l'impression de retomber amoureux. Alors que je m'étais promis de ne plus l'être. Je ne sais pas quoi faire... Je vais partir pendant quelques jours à Islizard. J'espère que ça se passera bien. Tiens d'ailleurs, je rentrerais peut être le jour de la fête des esprits. J'aurais bien aimé la fêter avec Ash, cette année. Une prochaine fois je suppose. »
Je soupira. J'étais exténué. Ma fatigue était revenu depuis son départ. C'est comme si ma bonne humeur revenue était restée avec lui. J'avais si hâte de le revoir... Je me mordis les lèvres et partis faire un tour pour me vider l'esprit.
*
Ça faisait une heure qu'on avait embarqué dans un aéronef, en route vers Islizard. J'avais pris mes affaires les plus basiques alors que Mickaël avait ramené deux sacs. J'en étais toujours agacé. Ray et Thania nous accompagnaient donc. Je n'avais jamais pu saquer le zoologiste. Il est assez bizarre mais bon. Je vais devoir faire avec. Le fluffien parlait presque tout seul depuis au moins dix minutes, ce qui m'agaçais encore plus. Malheureusement pour lui il s'était retrouvé avec des introvertis. La soigneuse griffonait avec soin dans un carnet en cuir pendant que l'emo regardait le paysage défiler. Moi je fermais les yeux pour tenter de faire passer plus vite le temps. Peine perdue.
« Bon tu peux pas la fermer deux secondes ? Lâchais je, n'y tenant plus.
- Ah désolé. J'aime beaucoup parler je sais.
- Un peu trop même.
- Quelqu'un est déjà allé à Islizard ou Aglia auparavant ? Continua-t-il
- Jamais pour ma part, répondit Thania.
- Moi non plus, parla enfin le jeune zoologiste aux cheveux noirs.
- Eh bah. C'est pour tout le monde sa première fois alors, plaisanta le fluffien. »
Les une heure et demie de trajet passèrent horriblement lentement. Lorsque on arriva enfin à la frontière, j'en fus soulagé. À la sortie de la gare on montra nos autorisations et les Arias nous laissèrent entrer. Les gares des aéronefs sont presque toujours placées sur les remparts. D'ici on pouvait admirer le royaume de Islizard. Je n'étais jamais venu ici. Le paysage était assez industriel. Des usines se trouvaient un peu partout, crachant de la vapeur par leurs cheminées. Les maisons étaient faites en brique rouge et les portes toujours en noir. Le décor était assez monotone et redondant.
« Bon, il va falloir qu'on trouve un tramway pour aller dans le nord. Plus précisément dans le quartier des Lumières, expliqua Thania.
- Eh bien allons-y. »
Mickaël faisait des commentaires sur à peu près tout ce qu'il voyait. Ce qui m'agaçais franchement. Ce voyage allait tester ma patience. Et je n'en avais pas. L'air était vachement pollué ici, ce qui me faisait tousser de temps en temps. Pas étonnant que les Furies aient envahis le royaume il y a peu. Les habitants d'ici travaillent soit à la mine soit dans les usines. Et ce ne sont pas des métiers très engageants. D'après ce que j'ai découvert, la population fait de grosses différences entre les moongrades et les ouvriers. Si une personne devient chasseur, fluffien ou bien Aria, ils obtiennent des avantages indéniables. De meilleurs conditions de vie et de travail. L'avenir des enfants du peuple est assuré. Alors que s'ils deviennent ouvriers, ils sont obligés d'exercer leur métier jusqu'à 60 ans. Ce qui est énorme comparé aux 50 ans voir 45 chez les moongrades. Les ouvriers doivent travailler d'arrache-pied pour gagner à peine de quoi se nourrir.
Cette injustice a causé beaucoup de rancoeur et de jalousie, allant même jusqu'à déchirer des familles quand tout les enfants ne sont pas destinés au même chemin. C'est cette rancœur qui a créé la guerre civile de Islizard. Actuellement les injustices se sont un peu réduites mais sont toujours présentes. Si Noah prend le contrôle de ce royaume, une nouvelle guerre sera à prévoir.
Sortant de mes pensées, je vis qu'on était arrivé à la station de tramway. Une dizaine de minutes plus tard, on était au pied d'une petite montagne.
« Eh ben. Là-bas c'était la pollution à gogo et là on se retrouve à la campagne, déclara le fluffien.
- Mais nan jure. »
Je leva les yeux au ciel. Si je ne le giflais pas avant la fin de semaine ce serait un miracle. Le tram nous avait déposés à un abri bus en bois, tout proche d'un village. Aux alentours, on voyait des champs, faisant concurrence à la montagne. Selon nos indications, le cimetière se trouvait là haut.
« Est ce qu'on irait pas voir au village pour nous héberger ? Fit remarquer Thania.
- Ouais c'est vrai ! Mes sacs pèsent lourd.
- T'avais qu'à en prendre qu'un seul.
- Sinon Ray, ta pas prononcé un seul mot depuis ce matin ! S'écria Mickaël.
- Euh j'ai pas grand chose à raconter à vrai dire...
- Ouais bon allons-y avant que la nuit tombe. Vous ferez connaissance sur le chemin. »
Je partis devant sans même les attendre. Le village avait la même ambiance qu'en ville mais plus... Naturelle. Il y avait plus de végétations et d'ambiance, de chaleur. Les maisons étaient les mêmes qu'en ville mais avec parfois des toits de chaume. Je vis alors un bâtiment plus imposant que les autres. Je poussa les doubles portes et y pénétra. J'entendais mon équipe de bras cassés me suivre en protestant. Enfin, surtout une personne en particulier devrais je dire. A l'intérieur, un long comptoir forme un angle. Il devait servir de réception ainsi que de bar si j'en crois les étagères remplies d'alcool. Un escalier en bois se dresse à ma gauche, menant vers les étages.
Une femme arriva après quelques minutes d'attente.
« Bonjour jeune homme ! En quoi puis-je vous aider ?
- Ce serait pour.... Commençais je.
-Avoir deux chambres, termina la soigneuse.
- Super ! Voici vos clés ! Vous comptez visiter la région ? Vous avez bien raison. C'est la meilleure partie du royaume. On y trouve des vestiges de notre histoire ainsi que de très beaux paysages. Si vous voulez en savoir plus, je serais ravie de vous aider ! Raconta la réceptionniste. »
Je pris nos clés et monta au premier étage d'un pas lourd.
« Doucement ou tu vas passer à travers le plancher ! Plaisanta le blond
- Et moi je vais te faire passer par la fenêtre.
- Ça s'appelle défenestrer quelq'un ça, intervint Ray.
- Mais non jure. »
J'ouvris ma chambre et y balança mon sac avant de ressortir aussi sec.
« Tu ne te reposes pas ? S'étonna la soigneuse.
- Non. J'ai des choses à faire.
- Tellement mystérieux ce gars... Fit Mickaël.
- Ferme la. Je vous laisse vous débrouiller, à plus. »
Je sortis dans le village avant de me diriger vers un panneau qui indiquait le cimetière. Il pointait la montagne comme prévu. Là, un escalier aussi raide que la justice m'attendait. Il était près de deux heures de l'après-midi, et avec le vent, je tremblais presque de froid. Enfin arrivé au bout de ce périple, ce que je découvris me coupa le peu de souffle qui me restait.
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