Chapitre 2 :✓
J'avais du laisser Adriana seule, ce qui m'embêtait. Je n'avais pas envie qu'il lui arrive quelque chose, mais elle m'a assuré que tout irait bien. L'aria qui était venu me chercher avait ramené mon cheval. Les rênes en main, on galopait donc vers le château. De nuages noirs commençaient a recouvrir le ciel. J'étais assez perplexe car on m'avait juste dit qu'il se passait quelque chose d'horrible, sans entrer dans les détails. Je pouvais donc m'attendre à tout. Cela pouvait passer de ma mère, qui avait perdue son vernis et qui m'accusait de l'avoir volé, à mon père qui se serait pendu.
Drôle d'exemple je sais. Mais malgré qu'on soit une famille royale, on restait une famille. Et mes parents étaient assez.... Fous ? Dérangés ?
Ma mère était la femme la plus maniaque du monde ! Si un objet avait bougé d'un millimètre elle pétait un plomb. Ou encore si elle s'apercevait qu'il restait une trace sur les vitres, vous pouvez être sûr qu'elle allait le dire aux domestiques. Non sans hurler. Mon père, outre ses blagues douteuses, avait des idées bizarres. Il était très intelligent mais avait souvent des projets artistiques, comme il les appelait, farfelu. Une fois il avait voulu faire un tableau avec du sang ! Oui oui du sang. Tout le monde en était resté bouche bée au palais, et on avait caché tout les objets tranchants.
On pouvait donc dire qu'il était un peu fou.
Heureusement, jamais personne du peuple ne connaissait cette facette de personnalité des souverains. Vous imaginez si ça se saurait ? Moi, contrairement à mes parents, j'étais assez normal. Du moins je l'espèrais. Mon seul comportement étrange est de savoir lire des caractères étrangers. Au palais nous avons plusieurs statues écrites avec des caractères différents, et moi je les comprenais. Mes parents disaient que j'inventai tout ça et le médecin royal m'avait déclaré dyslexique. Car outre cette faculté étrange, j'avais du mal a lire le français. Là encore, personne du peuple n'en savait rien. Pas même Noah ou Adriana.
Les chevaux s'arrêtèrent brusquement, ce qui me fit basculer en arrière. Je me rattrapai de justesse sur les rênes. Le pont levis était grand ouvert et les gardes en fonctions n'y étaient plus. L'aria de tout a l'heure me précipita vers la salle du trône. Je commençais sérieusement à m'inquiéter. Que diable se passait il ?
En arrivant dans la salle où mes parents travaillaient habituellement, une odeur de sang régnait.
Au centre de la pièce, le corps de mon père était étendu, un poignard dans le cœur et une flaque de sang tout autour. Cette odeur entêtante me donnait envie de vomir. Ne voyant pas ma mère, je m'imaginais des scénarios improbables. Je fis un pas pour aller voir mon père, mais un Aria m'en empêcha.
« N'approche pas Ash.
- Mais pourquoi ! Tu vois bien que ton roi gît au sol, blessé et ensanglanté ?! Il est peut être encore vivant, il faut le sauver !
- Il n'est pas vivant, tonna une voix, qui me paraissait étrangement familière. »
Une silhouette sortit d'une porte de service, vêtu d'une chemise noire et d'un genre de kimono noir avec des liserets rouges. Il y avait quelques motifs orientaux. Non seulement je reconnaissais ces vêtements, mais aussi son porteur...
« Noah, mais que fais tu la ? Et qu'est ce qui s'est passé ? Demandais je, terrorisé par ce que j'allais entendre
- Oh mais c'est simple mon cher meilleur ami.
Il éclata d'un rire froid avant de reprendre :
- J'ai tout simplement tué notre regretté roi Agulus.
- Mais pourquoi ! C'est insensé ! Tu es mon ami, jamais tu ne ferais ça !
Ses yeux étaient remplis de rage et son air inspirait un profond dégoût envers moi.
- Vraiment ? Moi être ami avec toi ? Hm attends laisse moi réfléchir... Ah oui ! Ce fameux jour où tu m'a suivi jusqu'à chez moi et où tu m'a aidé. C'est là que tu penses qu'on s'est lié d'amitié hein ?
- Bah bien sûr ! Pourquoi as tu tué mon père ! Tu n'avais aucune raison de le faire !
- Ah bon ? Tu le penses vraiment ?
- Mais oui ! Explique tes raisons, quelles qu'elles soient !
- Tu te souviens de ce jour aussi, où toi et tes parents m'avaient abandonné pendant deux mois ? Tu t'en souviens ?! Par ce que moi oui ! Ma sœur est morte et à cause de vous ! Tout ça pour votre tournoi de merde ! Cracha t-il. Avant ça, j'espérais peut être, être ami avec toi , mais tu à tout gâché ! Depuis ce jour funeste, je te hais toi et toute ta famille ! Je vais vous tuer, a petit feu pour vous faire endurer ce que j'ai vécu ! »
Je restais sans voix face a ce qu'il venait de me dire. C'est a cause de moi si sa soeur est morte ? Non bien sûr que non... Ce n'est pas ma faute.
« Et c'est a cause de ça que tu l'a tué ? Articulais je d'une voix faible.
- Oh non bien sûr que non. Peut être que tu ne l'a pas vu, mais dans les faubourgs, tout le monde crève de faim ! De plus en plus de gens sont possédés par les furies. Tu a entendu parler de cet attentat il y a quelques semaines ? Et bien c'était une de mes amies qui était possédée par cette créature ! Elle a blessé mon père, et maintenant il est aux portes de la mort ! A cause des mauvaises récoltes ,tout coûte plus cher. Et personne ne peut s'acheter son pain, on vole donc, on se rassemble en clan. Tout ça pour au final sombrer dans le désespoir et se faire posséder !
- Mais non enfin.Tout le monde est nourri correctement et personne n'est en proie aux furies...
- C'est peut être ce que tu crois car tu restes dans les quartiers fréquentés, mais dans les petites ruelles, tu peux croiser la mort a chaque coin de rue !
- Mais pourquoi ?
- Je veux gouverner ce royaume et que chacun vive bien. Mon objectif est assez simple, éliminer le concept de pauvreté. Accepterais tu, ô prince d'Aglia, dit Noah d'une voix ironique.
- Écoute Noah c'est n'importe quoi ! On peut trouver des solutions à tes problèmes, je te le jure. On va soigner ton père et on va vous loger dans une vraie maison et...
- Oui mais pour combien de temps ? Et que fais tu de ma pauvre sœur ? Tu va la ramener à la vie ? Non ! Le mal est déjà fait et c'est trop tard pour réparer tes erreurs. Grâce à ta générosité, mon plan est en route. D'ici quelques jours, attends toi à voir la pagaille régner sur ta chère ville ! »
Il monta sur le rebord d'une fenêtre ouverte et déclara :
« A la prochaine, Ash»
Il tira une révérence et sauta, en parfait timing avec un éclair, et le début d'un déluge. Je tremblais et mes jambes flageolantes cédèrent. Je me retrouvais à genoux, des larmes dévalant sur mes joues.
« Ash est ce que tout va bien ! S'écria une Aria
J'aurais voulu lui répliquer une réponse cinglante mais les mots restaient bloqués dans ma gorge. Je ne comprenais pas ce qui venait de se passer... Pourquoi cette si soudaine trahison ? Est ce qu'il préparait son plan depuis longtemps ? Je remarquais a peine les Arias qui embarquèrent le corps de mon père. Solène, l'aria qui s'est le plus occupée de moi étant petit, posa une main sur mon épaule.
« Il faut te reposer, viens.
- Non, gémis je, Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? Je ne comprends pas...
Solène s'abaissa et me prit dans ses bras. Mes sanglots reprirent. Elle m'accompagna ensuite dans ma chambre, en me disant de dormir un peu. Dehors, la tempête faisait rage. Que lui avait-il pris ? Et ma mère ? Où était-elle passée ? Je m'allongea sur mon lit et m'entreprit d'essayer de dormir. Les paroles de Noah me revenait sans cesse en tête. Son expression également. Il avait l'air fou, une rage dévastatrice l'animait. Si j'ai bien compris sa tirade, il allait vouloir tuer toute la famille royale et régner sur le royaume. Il avait aussi parler que la pagaille gagnerait bientôt la ville. Parlait t-il des furies ?
Ces créatures aux longues capes noires portant un masque blanc, qui cachait trois yeux rouges sang et une bouche remplie de croc pointus et d'une langue de vipère. On ne sait grand-chose d'elles. Juste qu'au bout d'un long moment de souffrance pour la victime possédée, elle meurt.
Islizard, le royaume voisin, avait déjà souffert de ces monstres. Cela avait causé un profond chaos et une guerre civile. Les morts se comptaient en millions. Si les habitants d'Aglia se laissait gagner par ces bêtes, le royaume deviendrait un champ de bataille. Les vêtements de mon ancien meilleur ami m'avait frappé en le voyant. Pourquoi ? Car c'est moi qui les lui avait donné. Enfait, il m'avait demandé ce genre de vêtements et je les lui aient offerts. Depuis la mort de sa sœur, j'avais essayé de me racheter en répondant à toutes ses demandes, aussi bizarres soient-elles.
Je ne m'étais jamais posé de questions à ce sujet, mais et si il s'était servi de moi ? Il m'avait déjà demandé de la poudre à canon, soi disant pour son travail. Mais il avait peut être tout autre projet. Et si c'était moi qui avait déclenché son plan et sa haine ?
Je finis par m'endormir sur ces sombres pensées.
Je me réveillais au petit matin. L'aube pointait et le ciel se dégradait avec du orange, du rouge et du rose. Avec ce beau paysage, on pouvais oublier le drame d'hier. Mais pas moi. Il m'avais hanté toute la nuit. Je revoyais encore le corps de mon père, les paroles de Noah. En particulier, son expression. Il avait l'air comme possédé. Ne m'étant pas changé hier, je me fis une rapide toilette et changea de vêtement. Je descendis ensuite dans le salon royal. Des Arias discutaient d'un air sombre. Solène me fit signe de venir.
« Tu a bien dormi ? Commença-t-elle
- Ça peut aller. Où est passée ma mère ?
- On l'a retrouvée séquestrée dans un placard. Elle va bien. Elle se repose actuellement. Tu pourras lui parler tout à l'heure.
- Que va-t-on faire maintenant ? Est ce qu'il s'est passé des drames cette nuit ? M'inquiètais je
- Les rapports de nos soldats n'ont rien préciser de ça. Quelqu'un a juste dû tuer une Furie.
- Et la personne possédée va bien ?
- Ta bonté te perdra Ash. »
Je le savais bien. C'est aussi a cause de moi que Noah a sûrement accès à des armes. D'ici ce soir, le village serait en feu. Si cette nuit il n'y avait eu qu'une furie, dans quelques jours il y en aura des centaines. Le bruit de porte s'ouvrant me fit lever la tête. C'était ma mère. Je me levais d'un bond.
« Maman tu va bien ?! Que ta fais Noah ?!
- Je vais bien Ash, calme toi.
- Votre majesté ! Êtes vous sûre d'avoir récupéré ? Demanda un Aria
- Oui, ne vous en faites pas. Servez nous un petit déjeuner.
- Oh oui ! Excusez nous ! »
L'aria-valet se précipita en cuisine. Les autres le suivirent. Seul Solène resta présente.
Le teint de ma mère était pâle et ses cheveux noirs étaient emmêlés, signe qu'elle ne s'était pas coiffée. Des cernes se creusaient sous ses beaux yeux verts. Elle ne s'était vêtue que d'une robe de chambre beige. Cette nonchalance sur son apparence était bizarre. Elle qui d'habitude était si strict sur ce qu'elle reflétait aux autres.
« Que va t-on faire ? Se lamenta-t-elle
- Il faut banir Noah ! Dis je, en proie a une colère soudaine
- Ça ne te ressemblerait pas mon fils. C'est ton meilleur ami. Il t'écoutera si tu lui donnes les bons mots.
- Mais c'est trop tard maintenant. Il est déjà complètement devenu fou. Le raisonner sera impossible.
- Alors que faire ?
- Attendre. Voilà tout ce que nous pouvons faire, déclarais je, le visage sombre »
Les jours passèrent et la situation se dégradait. Chaque jour on nous parlait de vol, de furies ravageant les rues... Face à l'inactivité des souverains, les habitants s'étaient rebellés et sont venus au palais protester. On pouvait très bien les comprendre. Mais ma mère n'était plus que l'ombre d'elle même. C'est a peine si elle mangeait. Moi, je restais dans ma chambre, en pensant à Noah, à mon père. Je n'allais pas mieux que ma mère en réalité. Mes journées se résumaient à contempler le plafond, le coeur serré et parfois pleurer jusqu'à ce que je m'endorme. Les Arias veillaient a ce que je me nourrisse mais même ça, devenait une tâche compliquée à réaliser. Je n'ai pas de nouvelles d'Adriana d'ailleurs.Je me demande ce qui lui est arrivé. On n'avait plus entendu parler de Noah depuis la dernière fois aussi. Peut être voulait il se la jouer discrète.
Hier, Solène m'avait raconté que des gangs se créaient et semaient la pagaille en ville. Les plus faibles devaient se cacher en forêt ou dans les hauts Bourgs. Il n'y a que là, où la situation n'était pas instable. Les plus proches amis de mes parents venaient au palais parler à ma mère ou essayer de raisonner le peuple. Peine perdue.
Je soupirais. J'allais à nouveau me rendormir quand ma porte de chambre s'ouvrit brusquement.
« Ash !! Réveille toi bordel ! »
Adriana.
« Je te reconnais pas la ! Te morfondre ? Depuis quand ce mot fait partit de ta vie ? Non mais n'importe quoi ! Lève toi ! »
Je ne lui répondis pas. Elle avait l'air soulagée et agacée, des cernes creusaient ses joues. Je me relevais sur un coude en soupirant. J'eus a peine le temps d'ouvrir la bouche qu'elle m'empoigna par le bras pour me lever. Je vacillais quelques instants avant d'enfin prendre la parole.
« Oh doucement !
- Non Ash on a pas le temps pour ça ! Donc tu vas arrêter de te la jouer dépressive et tu vas te bouger le cul !
- Mais que veux-tu que je fasse ?
- Et bien sache que moi j'ai fais des choses pendant que tu foutais rien, déclara t-elle en croisant les bras. J'ai rassemblé des civils prêts à se battre pour toi.
- Des rebelles en soit ?
- Exact !
- Et donc ?
- Déjà tu vas te laver et t'habiller. »
Je la regardais, vidé de mon énergie et de ma joie de vivre habituelle.
« Allez ! Dans dix minutes je veux te voir à la bibliothèque !
-Ok ok j'arrive, soupirais je»
Un quart d'heure plus tard, on se retrouva à la bibliothèque.
« Bon qu'est-ce qu'on fait la maintenant ?
- Chercher des infos sur les furies ! Répond-elle en me toisant. »
Cela me fit l'effet d'une gifle. Pourquoi j'y avais pas pensé avant ?
« Doit bien y avoir ça dans les archives royales »
Comme elle s'éloignait, je la suivis, le cerveau tournant a plein régime. On pénétra dans une pièce moins vaste que la bibliothèque royale. Ici on trouvait de vieux documents ainsi que des choses sur la magie, les runes... On m'a toujours interdit l'accès des archives. Mais là, c'était urgent.
« Tu sais quels genre d'ouvrage on doit chercher ? Demandais je
- Ah ça y est ! Tu as retrouvé la parole ?
- Euh oui...
- Et bien tant mieux ! Et pour répondre à ta question ; j'en sais rien. Mais faut trouver des bouquins aux 'airs bizarre non ? On trouvera bien des trucs suspicieux.
- Ça se tient. Yen a plein dans le fond. Va voir. »
Elle me fit un pouce et s'y dirigea rapidement. Au bout de quelques minutes de recherche, je repérai un ouvrage parlant de créatures fantastiques. J'en consultais le sommaire et vit une page parlant des furies.
« J'ai trouvé ! Mexclamais je.
- Fais voir ça ! »
Les premières lignes parlaient de leur description :
Grande créatures démoniaques à la longue cape noire, un masque couvrant leur visage qui cachait une langue de vipère et trois yeux rouges. On ne sait pas vers quelle période précise elles sont apparues ni pourquoi. On a juste constaté qu'elles avaient l'air de posséder les gens, leur faisant commettre toute sorte de crimes atroces. Si les victimes ne sont pas rapidement exorcisées, elles meurent.
Toutes ces choses évoquées, on le savait déjà. Pas d'infos nouvelles malheureusement. Je détournais mon attention du livre mais Adriana sauta de joie.
« Ta vu ça ?! S'écria t-elle
- Non, quoi ?
- Mais la !! Ils mentionnent une légende en lien avec elles. Par ce que je sais pas si monsieur est au courant, mais il ya de plus en plus de Furies en ville.
- Oh mon dieu... Il va falloir trouver une solution.
- Et tu l'a devant tes yeux ébahis. Répliqua mon amie
- Une légende sérieux ?
- Mais en lien avec les Furies ! Elle donnera sûrement des infos sur leur apparition et peut-être même comment les faire disparaitre.
- Oui je suppose, répondis je, las. »
*
Je commençais enfin a m'assoupir quand un grand tremblement se fit sentir. J'en tombais de mon lit. Un séisme ? Ce n'était pas courant dans la région. Dans le couloir, des domestiques se parlaient avec inquiétude, d'autres paniquaient. Je passa la tête par une fenêtre et vit mon ancien meilleur ami, dans la cour du château. Il me vit et se téléporta littéralement devant moi. J'en restai bouche bée. Comment a-t-il fait ça ?
« Mon cher Ash, comment va tu depuis la dernière fois ? Tu tires une sale tête »
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