Chapitre 13 ✓


Je suis dehors sur une place bondée de monde. Les enfants rient et applaudissent devant la performance d'une artiste de rue. Mais à y regarder de plus près, on dirait qu'elle fait sortir des filaments colorés de ses mains.... Une ombre vient soudainement obscurcir la place et le soleil disparaît, faisant chuter la température. Une plume grise tombe lentement du ciel et lorsqu'elle touche le sol, une Furie en sort en rugissant.
Les gens autour hurlent de terreur et essayent de s'enfuir, mais la Furie les tue en deux temps trois mouvements. C'est alors que d'autres plumes commencent à tomber autour de moi, des Furies se matérialisant à quelques mètres de moi, me fixant de leurs yeux rouges rubis. Je suis paralysé, malgré ma peur, je ne pouvais pas bouger. Alors qu'une de ces créatures allaient foncer sur moi, une pierre semblable à de l'améthyste se matérialise devant moi et forme un bouclier translucide tout autour de moi, me protégeant des Furies. Mais les bêtes continuent de foncer sur le bouclier, le fissurant petit à petit. La barrière finit par céder et les bêtes se jettent sur moi, prêtes à me dévorer...

Je me réveillai haletant, couvert de sueur. Quel était ce rêve ? Était-ce une vision ? J'avais beaucoup trop chaud pour le moment. Je pris un verre d'eau dans la salle de bain et sortit dehors. Théo était assis près du bord, bien trop près du bord. Quand la porte claqua, il sursauta avant de se retourner vers moi.

« Qu'est ce tu fous, grogna-t-il.
- J'ai fait un cauchemar.
- Moh pauvre chou. Tu veux que je te fasse un bisou et que je te lise une histoire ? Demanda-t-il ironiquement
- Non mais...
- Ta gueule ste plaît. J'étais bien tout seul. »

Le silence se prolongeant je m'assis à une distance respectable de mon colocataire. Je finis par rompre ce silence

« J'ai rêvé de Furies tout à l'heure... Je me demande si ça n'a pas rapport à Aglia.
- Il te manque ton royaume, hein ?
- Oui, bien sûr, soupirais je.
- Tu sais que le tournoi des moongrades est bientôt ?
- Oui, mais je doute qu'Aglia y participe. Le royaume est en ruine et en deuil.
- Peut-être, mais s'ils sont vraiment là, tu pourras avoir de leurs nouvelles. Pourquoi t'es partit en fait ? T'a tué quelq'un et on te pourchasse ? Nan remarque, t'es bien trop innocent pour ça.
- Eh je te permets pas ! Je suis parti à cause du meurtre de mon père. C'est mon meilleur ami qui l'a tué.
- AH. T'es sûr que c'est bien ton pote ?
- Non justement. Il s'est servi de moi durant toutes ces années... Confiais je »

Les souvenirs m'assaillirent. Tous ces moments passés à rire, à parler de notre avenir, à jouer aux soldats, à s'échanger des potins et des histoires d'horreurs... Tout ça n'avait vraiment aucun sens pour Noah ? Que faisait-il en ce moment ? Est ce qu'il se marrait de mon malheur, dans la salle du trône à admirer le chaos régnant dans la ville ? Ce qui est clair, c'est qu'il ne se morfondait pas. Si ça se trouve, Aglia n'existait déjà plus. Il a peut-être déjà tout détruit.

Théo posa une main sur mon épaule ce qui me fit sursauter.

« Allez, t'as pas à te morfondre. Je suis sûr que t'arriveras à le sauver ton royaume.
- Merci »

Le silence se prolongea. Mais une question me traversai l'esprit :

« Et toi, tu fais quoi ici ?
- Oh pas grand-chose, murmure-t-il, l'air sombre. J'arrivais pas à dormir.
- Si tu le dis. Tu...
- Tu ferais quoi si je sautais là, maintenant ?» Dit-il l'air absent en se rapprochant de plus en plus du bord. Mon cœur battait fort à mes tempes. Il n'allait pas le faire hein ?

« De toute façon, pourquoi je te pose cette question ? Tu t'en fous bien de moi. Je ne représente rien. Je ne compte pour personne »

Sa voix s'était raréfier au point que je ne l'entendais presque plus. Au moment où il allait se laisser glisser. Je le pris brutalement par les épaules et l'éloigna loin du bord. Son regard était vide et des larmes coulaient silencieusement sur ses joues. Je le secouai pour qu'il retrouve ses esprits.

« Théo ! Qu'est ce qui te prend ? Bégayais-je, sous le choc. Tu te rends compte de ce que tu voulais faire ?!
- Oui, oh oui je le savais. Je ne sais pas si je dois te maudire ou te remercier pour cette raison. J'en ai juste marre de cette vie. »

Il se dégagea brusquement de mon emprise et il se leva pour descendre.

« Laisse-moi, j'ai besoin d'être seul.
- Fais attention à toi, ajoutais je. »

Il me jeta un regard par-dessus son épaule, les yeux brillants. Je le suivis des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse. Mon rythme cardiaque ralentit pour revenir à un rythme régulier. Il avait vraiment essayé de se suicider ou j'ai rêvé ? Pourquoi ? Même si je ne l'appréciais pas plus que ça, je ne pouvais pas le laisser se tuer devant moi. J'aurais eu sa mort sur ma conscience, et ça m'aurait été insupportable. L'esprit tourmenté, je rentrais dans notre chambre. Mon cauchemar me poursuivit. J'avais rêvé de Furies et d'une pierre mauve... Est ce que cela avait une signification ? Surtout cette pierre.... J'en avais bien une qui y ressemblait mais...

Je finis finalement par m'endormir, en me torturant l'esprit.

Je me réveillai en sursaut, d'un sommeil sans rêves. Je regardai la petite horloge sur une étagère : neuf heures. J'étais en retard pour mon entraînement.

Une fois préparé à la hâte et à avoir emporté quelques provisions du réfectoire, je me dirigeai vers le terrain d'entrainement. Tyler et Luna m'attendaient comme tous les jours. Ils semblaient avoir une discussion animée, mais ils s'interrompirent à mon arrivée.

« Tiens salut Ash.
- Tout va bien ? Demandais je en remarquant leur air distrait.
- T'aurais pas vu Théo ce matin ? Il est introuvable depuis hier soir, répondis la jeune adolescente. »

Les évènements d'hier me frappèrent de plein fouet, faisaient apparaitre une boule dans mon ventre. A bien y réfléchir, je ne l'avais pas vu dans notre chambre ce matin, c'est vrai. Mais il était souvent levé avant moi.

« Non, il s'est passé quelque chose ?
- Je sais pas. Ce matin il devait aller en ville, mais on ne l'a pas trouvé.
- C'était important ?
- Assez ouais.
- Je pourrais le remplacer non ? Proposais je »

Luna sembla hésiter.

« Je sais pas trop... Parles-en à Rosalia ou Lya.
- On peut reporter l'entraînement du coup ?
- Vas-y, fit Tyler. On a des choses à faire aussi. »

Je les saluai avant de foncer retrouver les deux aînées du clan. Je trouvai Lya sur le chemin du réfectoire.

« Hé ! L'interpellais je.
- Ah, commença-t-elle, t'aurais pas...
- Non. Je suis venu le remplacer.
- Hein ? Tu sais au moins c'était quoi sa mission ?
- Non, mais ça ne fait rien. Que devait-il faire ?
- Il devait se rendre en forêt, voir Ray et Thania pour les informer pour le tournoi des moongrades.
- Eh bah voilà, c'est pas compliqué. Je peux le faire ? »

En passant je pourrais toujours questionner Thania sur la magie ancienne. Hier soir j'ai beaucoup réfléchi par rapport à ça. Même si je devait absolument apprendre à me défendre, je ne devais surtout pas perdre de vue mon objectif principal. Je revins alors a l'instant présent. Lya semblait réfléchir, plongée dans un dilemme.

« Allez quoi ! Je fais partit des vôtres maintenant !
- Bon d'accord, céda-t-elle. Tu demanderas à Thania le chemin pour aller chez Ray.
- Je pourrai passer en ville juste après ? J'ai une course à faire niveau vêtements.
- Ah ouais, bon tiens. Je te donne 100 drachmes. Et fais vite. »

Je la remercia avant de filer en forêt. Normalement je me souvenais du chemin pour y aller. Je vis quelques chasseurs revenant de patrouille ou de chasse. Lorsque je vis la cabane de Thania, je pressai le pas, mais je fonçai dans quelqu'un sans faire attention...

« Désolé, M'excusais je.
- Qu'est ce que tu fous là toi ? Grogna une voix que je connaissais trop bien.
- Théo ? Je pourrais te retourner la question.
- Ok laisse-moi deviner, dit-il blasé, tout le monde s'est inquiété de pas me voir pour ma mission donc on a envoyé un petit toutou me chercher, c'est ça ?
- Euh oui. Mais t'étais partit faire quoi là ?
- T'occupes. Bon viens faut encore aller voir l'autre emo.
- Hein ? Fis je perdu. »

Ça m'embêtait un peu de le croiser... Je n'allais pas pouvoir parler tout de suite a la soigneuse.
« Tu connais jamais personne, soupire-t-il. Tu verras bien. Et oui j'ai déjà vu Thania. Elle était là à s'émoustiller " oh oui merci de m'avoir communiqué la date ! J'en étais plus sûre ! Ahahhahahah" » imita-t-il d'une voix faussement aiguë. Je ne pus retentir mon éclat de rire.
« Tu dois toujours passer en ville au fait ?
- Oui, affirmais-je. Lya m'a donnée cent drachmes.
- Eh ben, elle est radine c'te meuf.
- Ça coûte cher en ville ?
- Je sais pas, combien coûtait tes magnifiques vêtements débordants de luxe au palais ?
- T'exageres.
- Non, je suis réaliste. Quand tu devras aller dans les hauts Bourgs, tu devrais entendre toutes les pimbêches "ah regarde ma nouvelle robe ! 3000 drachmes ! "

Il conclut sa phrase d'un geste de la main vers l'avant. J'éclatai de rire à nouveau et je remarquai une leur amusée danser dans ses yeux.

« T'as peut être raison. Je ne faisais pas attention aux riches à Aglia.
- Ah bon !!!!! Crie-t-il, ironique.
- Eh ouais. Comme tu dis, je m'intéressais aux gueux.
- Et ton meilleur pote là, c'était un riche ou pauvre ?
- Plutôt pauvre, dis je un peu froidement.
- Ah... Bon, nous voilà arrivés. »

Il me montra une cabane semblable à celle de Thania, mais une écurie était attelée à la maison. Un cheval passa la tête par son box et hennit en nous voyant approcher. Un garçon un peu plus âgé que nous sortit la tête de derrière l'écurie également. Il nous salua et s'approcha.

« Bonjour à vous deux. Je ne te connais pas toi, ajoute-t-il à mon attention. Qui es-tu ?
- Ash, je suis un nouveau chasseur.
- Bravo.
- Oui bref, on m'a chargé de t'annoncer la date du tournoi. C'est dans une semaine, nous coupa mon "ami"
- Très bien merci. Vous voulez rester un peu ? Je pourrais montrer à Ash mon nouvel hippogriffe !
- Ça existe vraiment ? Fis je, surpris
- Mais bien sûr que ça existe ! Presque tout est possible dans la forêt du sud.
- Bon désolé Ray, mais on doit y aller, à plus.
- Tu pourras m'envoyer un autre chasseur demain ? J'aurais besoin d'aide !
- Si tu veux, soupira mon compère. »

Je salua le jeune homme et emboîta le pas à Théo. Ray avait, par ailleurs, une mèche de cheveux noirs qui lui cachait l'œil droit , tandis que le gauche était d'un mauve bizarre...

« Bon allez, on va devoir aller faire du shopping, soupira le brun
- Tu pourrais t'acheter des trucs aussi.
- J'ai pas d'argent.
- Bah comment vous en gagnez alors ?
- On est rémunérés à partir de 18 ans, donc j'ai encore un an à attendre. Sinon faut aller travailler en ville. Mais tu te doutes bien que c'est compliqué entre les entraînements et les patrouilles.
- Oui, ok. »

On traversa le pont de pierre et on déboucha dans la ville. Les gens grouillaient déjà, allant de magasin en magasin, de place en place. Des étals étaient installés et des marchands criaient leurs bonnes affaires aux badauds.

« Et bien sûr, c'est le marché, râla Théo en se pinçant l'arête du nez. Bon regarde là-bas, c'est la friperie.
- Tu viens pas avec moi ? M'étonnais je.
- J'ai d'autres trucs à foutre. Je m'assurerai de revenir te chercher. »

Et il fila entre les stands, disparaissant de ma vue. Je me dirigeai donc vers la friperie. Dans la vitrine, des vêtements de style steampunk sont installé. Je poussai la porte et une clochette signala mon entrée. Une odeur de poussière régnait dans la petite boutique, ce qui me fit éternuer. Je déambulai entre les boîtes en carton et les présentoirs à vêtements. Je repérai finalement un sweat vert sur un portant, l'enlevai du cintre et l'enfilai par-dessus mon t-shirt. Je cherchais un miroir et me tournai pour voir le résultat sur moi. Satisfait, je le retirai et le posai en vrac sur mon épaule.

Sur un mannequin, un pantalon brun taille haute était exposé. Je m'approchai pour le détailler, car il était différent des jeans traditionnels que je connaissais... Une moitié de jupe était accroché sur la jambe gauche. La tenue était complétée par un chemisier aux manches bouffantes et à une plume dans les cheveux. Je continuai mon exploration et tomba sur une montre incrustée dans un bracelet de cuir. Je caressai la matière du bout des doigts, quand une voix me fit sursauter

« Alors, comment tu trouves la mode made by fluffiens ? »

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