❦ Chapitre 8. ❦

Les jours paraissaient plus paisibles ces derniers temps. Le temps était toujours désastreux et Kakashi ne passait pas une heure sans grelotter ni claquer des dents mais psychiquement, il se sentait presque en paix.

Les coups ne cessaient pas à la maison, Danzo le détestait toujours autant et les garçons ne lui laissaient aucun moment de répit. Cependant, savoir qu'il verrait Obito dans la journée, qu'ils parleraient et passeraient un doux moment ensemble l'encourageait tous les matins à se lever. Il avait toujours envie de lui parler ou d'être près de lui, c'était douloureux de voir tout le monde sur son téléphone alors que lui devait encore s'en passer. Il n'osait pas en parler à son tuteur.

Le brun, lui, avait tenu parole et ne parlait jamais des marques qu'il avait vues l'autre jour. Il se contentait de lui sourire et de le voir le plus régulièrement possible. Kakashi n'était pas sûr qu'il avait parlé de leur petite relation à qui que ce soit et, en fait, il en était reconnaissant. Les oreilles de Fû et de Torune traînaient beaucoup dans les couloirs.

Les premiers baisers, aussi, avaient été timides. Ils s'assuraient qu'il n'y avait personne dans les couloirs ou dans les toilettes. La première fois qu'ils s'étaient vus le lundi suivant, c'était comme s'ils exécutaient une mission d'infiltration. C'était assez embarrassant à raconter mais drôle à se remémorer. De toute façon, tout ce qui relatait d'Obito le faisait sourire.

C'est donc avec entrain qu'ils allèrent jusque chez Obito le vendredi qui suivit, les mains bien séparées mais les corps plutôt proches.

« Ah, vous voilà donc ! Dit la grand-mère d'Obito en les voyant entrer. Allez manger, je vous ai préparé un bon petit plat, tu m'en diras des nouvelles, elle chuchota la dernière partie à Kakashi avec un clin d'œil avant de reprendre, j'ai besoin de votre aide pour vider le grenier alors prenez des forces ! »

Les deux garçons ne se firent pas prier et s'installèrent dans la cuisine chaude où régnait une bonne odeur de frittes. Eh bien, les petits plats qu'elle leur préparait la semaine ne semblaient pas lui suffire, Kakashi était persuadé qu'elle s'était convaincue de lui faire prendre du poids par elle-même. Il sourit à la pensée. Ce n'était que la troisième fois qu'il venait ici et il se sentait tellement accepté, à sa place. C'était une torture de rentrer chez lui le soir.

Ils engloutirent rapidement le repas, le gris toujours fasciné de voir Obito parler autant et réussir à manger rapidement. Quand il lui a fait la remarque, il lui avait répondu que c'était une question d'habitude. Le Uchiha était une vraie pipelette quand il le voulait.

Pour la première fois, Kakashi s'enfonça plus profondément dans la maison et visita le premier étage. C'était grand, le palier ouvert comportait un bureau et une seconde salle de bain servait pour les deux chambres de l'étage. Celle du bas servait à la petite vieille dont la chambre se trouvait juste en face. Au moins, ils avaient choisi la praticité pour elle.

Enfin, Obito l'emmena au dernier escalier presque isolé au bout du couloir où la vieille dame s'arrêta, les articulations trop douloureuses pour monter l'escalier raide. Il desservait sur un petit pallier à deux portes, chacune menant à une extrémité de la maison. L'une d'elles était ouverte et Kakashi put voir une immense pièce qui servait de chambre dans le fond avec sa petite salle de bain ouverte et un grand bureau occupait l'espace opposé. Un canapé régnait au milieu, comme un petit salon aménagé.

La chambre parentale, se dit Kakashi, éblouit par l'immensité de la pièce et sa beauté. Il aimerait absolument avoir une chambre comme celle-ci. Elle devait presque avoir la moitié de la surface de la maison de Danzo. Et ce n'était qu'une pièce ! Il se sentit soudain très inférieur au brun. Le garçon avait tout : une famille, une belle maison, de l'argent... Sans parler de son physique et de son caractère. Non, vraiment, il n'était pas de taille.

« Viens, l'appela Obito sur sa droite, c'est la chambre de mon oncle. Il peut être sympa mais il déteste absolument qu'on aille dans sa chambre, si on peut l'appeler comme ça. »

Le gris hocha seulement la tête et le suivit. Apparemment, lui aussi trouvait les espaces très surdimensionnés. Est-ce que ses amis étaient de la même classe sociale ? Il en doutait, ils le montraient peu. Bien qu'il ne l'avait pas imaginé pour son petit-ami.

La pièce d'en face était l'exacte opposé. Hormis la taille qui était toute aussi conséquente, il y avait de vieux meubles et des cartons poussiéreux entassés dans chaque recoins. Il put reconnaître quelques jouets, sûrement ceux d'Obito qu'il avait abandonnés un jour. La fenêtre en Velux éclairait tranquillement la pièce et lui donnait un aspect chaleureux. Il était sûr qu'en retirant tous ces meubles et en nettoyant, cela pourrait donner une nouvelle pièce élégante.

Obito fouilla un peu avant de lui tendre un premier carton qu'il descendit, puis un autre, et les vas et viens entre le grenier et la salle à manger ne cessèrent jusqu'à ce que la vielle dame semblait avoir trouvé ce qu'elle voulait. Les deux garçons transpiraient et portaient un peu de poussière sur eux. Elle ne les avait pas épargnés.

« Les pauvres chéris, dit-elle en les regardant tomber sur des chaises, je vais vous chercher de quoi boire, vous l'avez bien mérité ! »

Ils la laissèrent partir en silence, attendant qu'elle disparaisse pour se regarder et rire. Ils avaient séché le cours de sport mais avec tout ça, c'était comme si elle leur avait concocté une séance personnelle. Kakashi était persuadé que ses bras et son dos en avaient pris un coup.

« Désolé, dit finalement Obito en souriant toujours, je ne savais pas qu'elle allait nous faire faire ça. Tu aurais peut-être aimé faire autre chose ?

-C'est bon, il secoua la tête, ça me fait plaisir.

-Et voici pour vous. »

La mamie leur tendit chacun un verre de limonade fraîche. Kakashi était étonné qu'Obito paraisse si mince avec tout ce que sa grand-mère faisait à manger et tout ce qu'elle lui proposait entre les repas. Il faisait sûrement énormément de sport, il n'y avait pas d'autres explications.

« A quoi tout cela va vous servir, sans être indiscret ? »

Il désigna tous les cartons dans la pièce qui étaient déjà ouverts pour certains.

« Il y a une sorte de vide-grenier dimanche, le dernier de l'année et j'espérais me débarrasser de quelques breloques. S'il me reste des choses, je les donnerai à des associations.

-Il va faire très froid dimanche, prévint Obito, pourquoi tu ne donnes pas tout directement à des associations ? Ils seraient heureux en voyant tout ça.

-Cela me rappelle ma jeunesse, quand je suivais mes parents sur les marchés tous les dimanches ou quand on faisait des rederies avec ton grand-père. J'aime absolument l'ambiance qui y règne ! Elle sourit. J'aime voir les gens sourire quand ils tombent sur de bonnes affaires ou quand ils croisent d'anciennes connaissances. »

Kakashi aimerait se rendre à l'un de ces vide-greniers pour découvrir tout cela. Il n'en avait vu que quelques-uns à la télé, Danzo y allait souvent mais refusait qu'il l'accompagne. Il n'aimerait pas que des connaissances lui demandent qui il était. Pour lui, il n'était qu'un rapporte-pièce.

La vieille dame proposa à Obito de venir avec elle et son oncle mais il refusa. Il préférait dormir et rester au chaud, peut-être qu'il y ferait un tour dans la journée. Soudain, il se tourna vers le gris avec de grands yeux.

«Est-ce que tu y vas ? On pourrait y aller ensembles ! »

Kakashi secoua la tête et voulut s'excuser. Danzo ne le laisserait jamais sortir. Il pourrait prendre l'excuse de la bibliothèque mais elle fermait tôt le dimanche et le temps qui lui était donné était bien trop court.

Le brun sembla déçu et sceptique mais ne fit aucun commentaire. Il se contenta de terminer son verre et de s'agenouiller sur le sol pour ouvrir les cartons et découvrir ce qu'ils contenaient, vite suivi par Kakashi qui le regardait près de son épaule.

Ils passèrent ainsi le reste de l'après-midi à rire des différents jouets et histoires d'Obito que la vieille dame racontait, accompagnés de biscuits qu'elle avait préparés le matin-même. Quand il fut temps de partir, c'était presque un déchirement. Obito le suivit jusque dans l'entrée avec une mine boudeuse.

«J'aimerais beaucoup qu'on passe plus de temps ensemble. Au lycée, c'est bien trop court et le vendredi après-midi passe vite.

-En parlant de ça... Commença Kakashi, réfléchissant aux mots qu'il devait employer. Je dois te dire que je suis du même avis mais que ça risque d'être compliqué.

-Comment ça ?

-Ne t'inquiète pas, ça n'a rien à voir avec toi, c'est juste que... Tu vois... Mon tuteur refuse catégoriquement que je sorte. J'ai des horaires précis à respecter pour les cours, j'ai un temps limité pour aller à la bibliothèque et je dois parfois aller faire des courses. »

Il se souvenait de sa vie passée où il n'avait pas le droit de parler de cela à qui que ce soit, restant discret dans le fond de la classe, sans jamais parler à personne. Aujourd'hui, parler à Obito semblait si facile, plus il prononçait de mots sur ses problèmes personnels, plus la boule au creux de ses côtes semblait s'apaiser. Il se sentait changé, pas seulement physiquement.

«Jamais il ne me laisserait sortir, je suis désolé... Il ne veut pas que j'ai d'amis. Je pense que tu sais ce qui arrive si je lui désobéis... »

L'image des bleus traversa instantanément l'esprit du brun qui resta silencieux, en train de digérer les choses et de réfléchir. Kakashi, de son côté, se sentait de moins en moins sûr de lui. Il pensait en avoir trop dit et s'être encore plus ridiculisé. Il allait passer pour une personne faible, à se faire marcher dessus tout le temps sans se défendre.

Enfin, Obito bougea et l'entoura de ses bras qu'il aimait tant. Il le forçait à se coller à lui, contre sa chaleur, et la réalité le frappa de nouveau. Le jeune Uchiha était plus âgé que lui de presque trois ans. C'était beaucoup dans la période de l'adolescence, il était plus développé et n'avait pas les mêmes attentes que ceux de seize ans à peine.

S'il avait un compagnon, il se doutait qu'il ne ferait pas que de le regarder dans les yeux. Il voudrait partager des choses avec lui, beaucoup de moments pour se découvrir et montrer ses habitudes. Il voudrait aussi aller plus loin du point de vue sexuel.

Kakashi n'avait rien contre ça. Avec les hormones et son manque de socialisation, il voulait apprendre à faire les mêmes choses que tous les adolescents de son âge comme sortir, se faire des amis, faire la fête... Même si l'idée était effrayante dans l'ensemble, il était prêt à se jeter à l'eau. Punaise, lui-même voulait aller plus loin avec le beau brun !

Cependant... N'allait-il pas finir par le prendre pour un gosse bizarre et asocial et le laisser tomber à la fin ? C'était très probable et il ne voulait pas que ça arrive. Obito était la plus belle chose qui lui était arrivée en dix ans. Certes, tout allait très vite et il y avait encore beaucoup de zones noires mais il ne pourrait jamais assez le remercier pour s'être autant approché de lui.

Il leva à son tour ses bras et se cramponna à lui comme s'il était sur le point de s'envoler.

« Je peux attendre, dit enfin Obito, ce n'est pas comme si on ne pouvait pas se voir du tout

Il se détacha un peu de l'étreinte pour lui sourire chaleureusement et Kakashi se sentit fondre. Dire que ce type était à lui... Il se pencha dans le mouvement d'Obito pour que leurs lèvres se touchent enfin et il ne put s'empêcher de sourire. Il se sentait en paix et heureux. Le brun semblait accepter sa situation pour le moment, ce qui lui laisserait du temps pour expliquer ses projets pour la suite du lycée. Il n'avait plus que trois ans à tenir dans cette maison de fous.

«Tiens, mon chéri, je t'ai laissé quelques gâteaux de côté. Ne pars pas sans ! J'ai failli les oublier

Le gris sursauta littéralement en entendant la grand-mère près d'eux. Il voulut s'éloigner du brun mais ce dernier le tenait fermement contre lui, échangeant quelques mots avec elle sans qu'il ne les comprenne vraiment. Se faire surprendre de la sorte était complètement embarrassant. Le voyant rouge comme une tomate, la dame lui sourit gentiment et lui expliqua.

« Mon petit-fils ne peut rien me cacher. Je suis contente qu'il soit avec un si gentil garçon. »

Elle lui tendit le sachet transparent et il se contenta de hocher la tête en la regardant partir. Obito avait un air coupable sur le visage et s'excusa de ne pas avoir tenu sa langue. Il l'embrassa une dernière fois pour s'excuser et le laissa partir, conscient de l'heure qui tournait.

Dehors, Kakashi semblait toujours aussi embarrassé mais il sourit tout de même. La vieille dame les acceptait. Son regard tomba sur les gâteaux qu'il tenait dans la main et il s'arrêta près d'une poubelle. Ils étaient succulents et faits avec amour mais si Danzo tombait dessus, il en entendrait parler longtemps. Il ne pouvait pas non plus les avaler avant de rentrer, il pourrait s'étouffer ou tomber malade tant il y en avait.

Il pesa le pour et le contre un moment, triste à l'idée de s'en séparer, puis laissa tomber son sac pour les fourrer dedans. Il suffisait de ne pas les montrer, Danzo pourrait dire ce qu'il voulait, des personnes l'appréciaient et il ne pouvait pas se moquer d'eux par derrière. Il ne reprit sa route qu'une fois sûr qu'ils ne faisaient pas de bruit quand il marchait.

*

Kakashi s'étira et se releva après avoir fini de récurer la salle de bain. L'après-midi était bien avancé et il avait enfin terminé de nettoyer la maison. Il ne restait plus qu'à aspirer les sols et les laver. Il était reconnaissant que tout le monde soit parti, il n'avait pas à s'ajuster en fonction d'eux et s'il se dépêchait, tout serait sec avant qu'ils ne reviennent.

Il se tourna pour partir mais s'arrêta en voyant son reflet dans le miroir. Il avait été trop pressé ou trop fatigué ces derniers temps pour se regarder. Il n'y avait pas de suspens, il voyait toujours son visage blanc et creusé, ses yeux sombres entourés de traces bleues ou violettes selon son manque de sommeil. Avec ses cheveux clairs tombant en bataille, il ressemblait à un cadavre vivant.

Aujourd'hui, c'était comme s'il y avait une autre personne en face de lui. Son teint était toujours aussi pâle mais il semblait que ses joues n'étaient plus aussi creuses qu'avant. Le fin duvet de poils blancs qui étaient les prémices d'une future barbe ne se voyaient presque pas mais étaient bien présents. Ses yeux étaient toujours aussi sombrement entourés par contre.

Fronçant les sourcils, il releva un peu le T-shirt qu'il portait pour montrer son ventre. Lui aussi, avait assez changé. Il ne se voyait pas sous les couches de vêtements, ce qui le protégeait des remarques de Danzo, mais la peau ne collait plus autant les côtes et l'ancien creux était réduit.

Sa relation avec Obito ne le soutenait pas juste moralement. Avec les aliments qu'il lui apportait pour combler son manque de repas, il lui avait vraiment fait prendre un peu de masse. Il ressemblait toujours à un squelette, il ne pouvait pas changer du jour au lendemain mais il se préférait comme ça. Il avait... Un peu plus de formes. Il pourrait le dire au brun lundi, il serait sûrement tout aussi content que lui de l'apprendre.

Fier de voir qu'il changeait, il se remit au travail en grignotant un gâteau de temps en temps. Cela faisait énormément de bien de se dépenser sans avoir l'estomac vide. Danzo allait sûrement se rendre compte bientôt que quelque chose clochait et il espérait que ce serait le plus tard possible.

Quand la maison fut enfin propre du sol au plafond, il enfila un pull et attendit impatiemment que l'homme daigne rentrer. Il ne pleuvait pas encore, ils annonçaient de la pluie pour la fin d'après-midi. S'il se débrouillait bien, il pourrait aller à la bibliothèque.

A son retour, Danzo vérifia la propreté de toute la maison. C'était triste de voir qu'il n'avait rien d'autre d'assez important à faire. Face à la propreté indéniable, il ne put que le laisser courir dans le quartier voisin. Alors avec ses livres en sûreté dans son sac à dos, le gris ne traîna pas pour rejoindre le bâtiment public. C'était une vieille bibliothèque plutôt bien entretenue qui avait quelques murs de pierres qu'il aimait beaucoup regarder. C'était un endroit calme et chaleureux comme il les aimait.

Il farfouilla les allées à la recherche des œuvres de Jiraya, son professeur de français, qui écrivait des livres avec de superbes structures. Malheureusement, il ne trouva rien et il ne restait que les allées dites « pour adultes » qu'il n'avait pas fouillées. Cela aurait du sens étant donné quelques scènes très graphiques qu'il pouvait y avoir. Il se demanda vaguement s'il y en aurait d'autres dans les livres suivants.

Il se fit discret et passa sans être vu derrière les étagères. Bingo. Impossible de rater les livres aux couvertures flashies. Il prit soigneusement le deuxième tome dans la main et en observa la couverture. Un homme courait après un femme, typique de son professeur. Il jeta un rapide coup d'œil autour de lui pour s'assurer qu'il était seul et l'ouvrit pour le feuilleter un peu. Il semblait aussi intéressant que le premier. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à l'emprunter incognito.

Il fit un dernier tour rapide pour attraper quelques livres et s'avança vers le comptoir heureusement vide. Il espérait que le livre serait noyé parmi les autres et qu'il pourrait le prendre sans que l'homme ne s'en rende vraiment compte.

«Désolé petit, dit-il finalement en regardant le livre et sa carte d'adhérent, tu es trop jeune pour emprunter ce livre. »

Il se contenta de hocher la tête et de ranger les autres dans le sac. Ses joues étaient rouges de gène, le type pensait sûrement qu'il n'était qu'un petit pervers. Il sortit rapidement de là et prit son temps dehors pour se calmer. Il faisait déjà noir et les bouchons de fin de journée se faisaient moins denses. Il reprit son chemin, un peu contrarié de s'être vu refusé l'emprunt et réfléchit à la façon dont il pourrait se le procurer. Demander à un adulte était inconcevable, il n'allait pas non plus en parler à Jiraya. Eh bien... Il semblait qu'il allait devoir attendre. Comme toujours.

Au moins, il avait de la lecture pour ce week-end.

Il rentra rapidement à la maison, les garçons étaient arrivés entre temps et suppliaient Danzo dans le salon pour organiser une fête le mois prochain. Il allait forcément accepter, il le faisait toujours. Il ne leur refusait presque rien.

Il monta se réfugier dans sa chambre et s'installa sur le lit pour lire. C'était tout ce qu'il faisait de ses soirées, il lisait et il préparait le repas. Parfois, il révisait. Danzo ne le dérangea pas, il se contentait juste de le regarder préparer l'apéritif et le dîner tandis qu'il restait avachi sur le canapé.

Quand ils eurent fini plus tard ce soir, il se dépêcha de tout débarrasser pour nettoyer, ranger et enfin aller se coucher. Tout le ménage l'avait épuisé. Ce n'est que lorsque qu'il ferma le dernier placard que l'homme vint le rencontrer.

«Demain, je sortirai un moment, dans le quartier voisin, il dit en le fixant de son regard froid, j'espère que tu te tiendras à carreau et que tu n'oublieras pas les règles.»

Kakashi hocha seulement la tête et le regarda partir. C'était une habitude maintenant. Il voulait sûrement parler du vide-grenier, celui auquel la grand-mère d'Obito comptait participer. Il soupira en pensant à son brun pendant qu'il allait à l'étage. Il aurait aimé l'avoir avec lui en ce moment, profiter de son sourire et de sa chaleur. Il voudrait tellement lui ressembler...

Il se laissa glisser dans le sommeil, sans que le ventre n'ait gargouillé une seule fois aujourd'hui et se laissa imaginer une vie parfaite avec Obito et sans Danzo.

*

«Devine ce que j'ai trouvé hier !»

Kakashi se détourna du lavabo dans lequel il se lavait les mains pour se concentrer sur Obito qui venait d'entrer dans les toilettes. Il avait l'air tout aussi joyeux que d'habitude, ce qui était assez étonnant étant donné qu'il n'était pas encore sept heures et demie et que, normalement, il serait à peine réveillé à cette heure.

« Tu es là tôt, dit-il en se penchant vers l'horloge dans le couloir, c'est surprenant. Qu'as-tu trouvé, alors ? »

Le brun sourit et ferma la porte derrière lui pour le rejoindre. Il l'attrapa gentiment par les côtés de son bassin et l'attira vers lui pour partager sa chaleur corporelle et l'embrasser. Kakashi adorait ça, il se sentait presque aimé et les sensations étaient juste hallucinantes. C'était comme s'il n'y avait rien autour d'eux, comme s'ils étaient seuls et qu'ils le resteraient. Malheureusement, les bruits dans les couloirs les ramenaient à la dure réalité qu'ils allaient devoir se séparer et aller en cours bientôt.

Obito se détacha un peu et fouilla dans les grandes poches de son manteau avant d'en sortir des lunettes fantaisies en forme d'étoiles. Il les mit et se pavana la tête haute, fier de lui.

«Elles me vont bien, n'est-ce pas ?

-Elles te donnent un air ahuri, pouffa le gris, consternant l'autre.

-Les personnes imaginatives sont incomprises

Kakashi rit et se poussa sur la pointe des pieds pour l'embrasser, un peu plus sûr de lui chaque jour. Au début, il avait peur de faire le premier pas au risque de paraître trop collant. Le brun l'avait vite encouragé à oser davantage.

Obito fit mine de bouder quelques secondes avant de l'embrasser de nouveau, encore et encore, jusqu'à ce que Kakashi soit obligé de le pousser pour qu'il puisse respirer convenablement.

«J'ai aussi trouvé ça, dit-il en tendant un tube de crème usagé, ma grand-mère ne s'en servait plus. C'est pour apaiser les bleus.»

Le gris ne comprit pas tout de suite le rapport mais rougit quand il le fit. Comment pouvait-il lui expliquer que ce n'était pas nécessaire sans lui avouer qu'il n'avait pas le droit de se soigner ? En fait, il n'était pas sûr d'y arriver. La plus simple façon était de lui raconter la vérité directement mais c'était encore un sujet difficile. Qui n'aurait pas le droit de se soigner ?

Il secoua la tête et s'éloigna un peu, rapidement suivit par l'autre adolescent qui ne comprenait pas.

« Tu vas vraiment te moquer de moi, il souffla en espérant qu'il ne l'entende pas, mais il n'y a rien, je t'assure. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi. »

Le visage souriant et enfantin du brun avait disparu et Kakashi le regrettait. A la place, il y avait une mine sérieuse, bien qu'un peu sombre, qui lui rappelait facilement l'âge qu'il avait. Dieu, c'était atrocement sexy mais très intimidant aussi. Il continuait d'avancer jusqu'à ce que Kakashi soit dos au mur, sans aucun échappatoire, et lui attrapa doucement un poignet.

« Tu ne peux pas me faire croire ça. Tu bouges comme si tu faisais attention à chacun de tes mouvements, comme si tu avais mal. Je ne t'ai vu faire ça que quelques fois alors j'imagine que ça arrive seulement lorsque les contusions sont fraîches.»

Ce type était vraiment la définition de la perfection. Cet aspect sérieux lui allait tellement bien ! Et cette facilité à lire les choses était charmante. Il ressemblait presque au détective Sherlock Holmes, le héros du livre qu'il avait lu ce week-end.

Il soupira et acquiesça d'un mouvement de tête, pas d'humeur à le contredire.

«Bien, c'est vrai. Mais si on apprend que j'ai essayé de me soigner, ça va mal se terminer. Je sens l'odeur même si le tube est fermé. »

Le brun soupira et s'éloigna, se contentant d'attendre. Aucun des deux ne bougea. Kakashi ne savait même pas s'il était énervé, s'il l'avait vexé ou s'il attendait qu'il parle. Dans le doute, il se racla la gorge.

«Qu'est-ce qu'il y a ? Il bégaya de peur d'apprendre qu'Obito voulait mettre fin à leur relation.

-J'attends que tu te déshabilles. »

Les joues pâles s'enflammèrent soudainement, c'était si fort et soudain que Kakashi crut qu'il allait tomber dans les pommes. Ce n'était pas la réponse qu'il attendait et il ne se voyait même pas se déshabiller devant lui, surtout ici. C'était osé. Pourquoi devait-il même le faire ?

Face à l'absence de tout mouvement moteur, le brun s'expliqua.

« On pourra toujours le nettoyer ce midi. Au moins, ta peau en profitera pendant quatre heures, c'est mieux que rien. Ça te laisse l'après-midi pour perdre toute l'odeur.

-Comment on fait pour les vêtements ? Ils vont s'imprégner de la crème

Obito réfléchit un instant avant de fouiller son sac et d'en sortir des vêtements.

« Bien, on oublie les jambes mais tu peux mettre le T-shirt et la veste que je mets pour le sport. Je vais courir en quittant, ça ne me dérangera pas d'avoir ton odeur sur moi. »

Il souriait avec tendresse et le cœur du gris sembla fondre à son tour. Quel beau parleur, pas étonnant que toutes les filles lui couraient après.

« Alors ? Demanda Obito qui s'impatientait. L'heure tourne, je risque de te déshabiller moi-même à ce train là. »

Au vu du regard effronté, il était évident qu'il se moquait gentiment de lui en le provoquant. Malgré tout, ce qu'il disait ne lui déplaisait pas et Kakashi se sentit courageux l'espace d'un instant.

« Ce n'est pas comme si ça me dérangerait. Qui dit que ce n'est pas ce que j'attends ? »

Ce fut maintenant au tour d'Obito de rougir mais il ne resta pas embarrassé longtemps, contrairement au gris tout à l'heure. Il s'avançait justement vers lui comme un prédateur et lui attrapa les poignets pour le tirer vers lui.

« Je ne te pensais pas aussi ouvert ni exhibitionniste, lui chuchota-t-il.

-Il y a encore plein de choses que nous ne savons pas, rappelle-toi. »

Obito grogna bas dans sa gorge en signe d'approbation et s'attela à lui retirer l'écharpe qu'il posa sur l'un des sacs. Ce serait fâcheux qu'elle touche le sol sale.

Il s'attaqua ensuite au sweat-shirt mais Kakashi était un peu plus tendu, il faisait froid dans les couloirs et il n'y avait aucun radiateur dans les toilettes. Quand il fut en T-shirt, il grelottait presque mais le brun ne s'arrêta pas pour autant. Le plus jeune se trouva rapidement torse nu et Obito se mit à la tâche, étalant rapidement la crème froide sur les bleus les plus visibles.

Danzo avait été contrarié de ne rien trouver d'intéressant hier durant sa sortie, alors il avait beaucoup bu et il s'était défoulé sur lui en rentrant. Ça allait, il avait connu pire. Ce n'était pas vraiment douloureux mais il ne put se retenir de siffler quand les doigts chauds massèrent la peau cassée à un endroit sur le ventre. Obito allait lentement et sans rudesse, il prenait soin de bien faire pénétrer la crème sous l'épiderme sans causer de douleur. C'était presque apaisant, cela faisait longtemps que personne ne l'avait soigné de la sorte.

Kakashi profitait des petits mouvements qui le relaxaient un peu malgré le froid quand des pas s'approchèrent soudainement. La poignée de porte bougea et Obito eut à peine le temps de l'attraper et de les enfermer dans un toilette qu'un garçon entra. Ils restèrent silencieux, osant à peine respirer sous peine de se faire prendre. Ils espéraient que l'autre ne ferait pas attention aux deux sacs et aux vêtements abandonnés dans un coin.

Il y eut un moment de silence presque interminable puis le bruit dans l'urinoir emplit la pièce. C'est à ce moment là que kakashi se rendit compte de la proximité qu'il avait avec le brun et de ses mains toujours sur lui. Elles se remirent en mouvement, comme si Obito s'amusait de leur situation. Eh bien, heureusement qu'il avait de bons réflexes, il n'osait imaginer ce qu'il serait arrivé s'ils étaient restés sur place.

"Bizarre," ils entendirent l'autre dire après un moment de silence puis la grande porte claqua.

Ils attendirent encore un peu pour s'assurer qu'ils étaient seuls et, enfin, Obito rit.

"Il ne s'est même pas lavé les mains !

-C'est tout ce qui te préoccupe ?"

Le plus grand baissa les yeux vers lui, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire. Kakashi était très conscient des mains qui s'étaient arrêtées sur son ventre et se surprit à l'apprécier. L'autre riait et se collait davantage, profitant de la rougeur de ses joues. Il finit enfin par l'embrasser et se recula pour sortir de l'espace confiné.

"Tu sais, on va bientôt avoir un problème si tu es toujours embarrassé quand on est collés."

Il semblait qu'il trouvait toujours quelque chose de plus embarrassant à dire quand le gris pensait qu'il ne pouvait pas faire pire. Il allait finir par le tuer, ses joues brûlaient tant il y avait de sang qui lui été monté au visage. Il grogna et enfila le T-shirt prêté sans lui donner un second regard, conscient de l'heure qui tournait et des yeux qui lui brûlaient le dos.

Quand il eut enfilé la veste de sport noire trop grande pour lui, des bras l'entourèrent et gardèrent son dos collé à la forte poitrine. Obito lui embrassa rapidement le cou, heureux de son effet.

"Nous avons le temps pour ça, ne t'inquiète pas."

Kakashi leva les yeux au ciel et se dégagea de l'étreinte. Il aimait Obito mais il ne savait plus s'il était prêt à être si intime avec lui. Il était content qu'il accepte de lui laisser de l'espace et du temps. C'était la première personne avec laquelle il se tenait si proche, il n'avait pas fait de câlins depuis que son père était parti en plus.

Les sacs sur les épaules, le brun l'attrapa une dernière fois pour l'embrasser et ils se séparèrent. Kakashi avait toujours les joues rouges et il espérait que ça partirait bientôt. Il pourrait le mettre sur le compte du froid si son sang ne bouillonnait pas autant. La chair de poule due au froid était bien loin maintenant.

Il souriait toujours quand la sonnerie retentit dans tout le lycée et qu'il atteignait sa salle de classe. Deidara le regardait toujours d'un mauvais œil mais il ne s'en préoccupait plus. S'il savait comment Obito le traitait, il en ferait une syncope.

"Asseyez-vous vite, dit le professeur Namikaze une fois qu'ils étaient en classe, nous allons rapidement parler de la réunion parents-professeurs."

Kakashi grimaça, oubliant l'euphorie des derniers instants. Il n'appréhendait pas spécialement cette rencontre, Danzo se fichait des résultats tant qu'ils ne parlaient pas d'un point de vue personnel. Le professeur Namikaze, en revanche, serait absolument capable de parler de ses "addictions" et son tuteur pourrait très mal le prendre. Il espérait qu'ils ne se feraient pas remarquer.

Il devait encore lui en parler et ça, c'était une autre paire de manches. Il lui crierait encore que c'était de sa faute et qu'il était un vrai moins que rien.

"Cette année, vous devez uniquement nous indiquer vos horaires de disponibilités. L'administration se chargera de vous répartir dans les tranches de rendez-vous en fonction de la demande de vos professeurs et de vos résultats."

Aïe, Danzo ne voyait jamais que le professeur principal, il se fichait des autres. Les professeurs attribués risquaient de les attendre longtemps.

Tandis que le prof distribuait les papiers, il se laissa distraire par le soleil qui commençait à se lever dehors. Il voulait juste aller marcher un peu, profiter du temps sec à condition de porter des vêtements plus chauds. Ceux qu'il portait étaient imbibés de l'odeur d'Obito. Elle le calmait, il n'appréhendait plus autant de croiser le regard de l'homme blond et de vaciller.

Une main se posa sur son épaule et il faillit sursauter. Le propriétaire n'était nul autre que le professeur lui-même qui lui souriait un peu.

"Ne t'égare pas trop, reste avec nous s'il te plaît."

Le gris hocha la tête et accepta le papier en silence. Son attitude était étrange et bien différente de celle de d'habitude. Même Rin, assise devant, avait un regard sceptique qui se changea vite en surprise quand elle le regarda de plus près.

"Hey, elle lui chuchota, ce sont les vêtements d'Obito, non ?"

Cette journée commençait vraiment avec beaucoup de gêne. Il rougit une nouvelle fois et détourna le regard. Il n'avait pas envie qu'elle suspecte quoi que ce soit ou qu'elle s'immisce dans ses affaires. Il haussa les épaules et prit l'air le plus désintéressé possible.

"J'ai eu des soucis avec les miens ce matin."

Il pouvait donner plus de détails pour se justifier mais il n'en avait juste pas envie. Il n'avait pas à lui raconter ce qu'il ne voulait pas juste pour lui faire plaisir. Elle attendit un peu qu'il élabore mais face à son silence, elle bouda et se retourna pour regarder le tableau.

Eh bien, il se demandait si elle allait en toucher deux mots à Obito, puisqu'ils étaient censés être amis. D'ailleurs, est-ce qu'il avait perdu son béguin pour elle ou devait-il avoir peur de la concurrence qu'il était sûr de perdre ?

*

"Il est hors de question que j'aille voir toutes ces personnes. Nous n'irons qu'au professeur principal."

Danzo grogna et prit une autre gorgée de son whisky. Il buvait beaucoup ces derniers temps. Kakashi, lui, se contentait de hocher la tête et de barrer les autres noms pour que l'homme s'y retrouve mieux.

Ils venaient d'obtenir les dates de rendez-vous et il avait eu l'horreur de constater qu'il n'y avait pas qu'un mais plusieurs rendez-vous fixés. Il y en avait un pour son professeur de français, qu'il soupçonnait avoir explicitement demandé à l'avoir, ainsi qu'un autre pour le sport et l'histoire-géo. Il n'osait imaginer son vieux prof de sport expliquer à Danzo qu'il ne venait pas au cours obligatoire. Il s'était sentit mal jusqu'alors.

Il savait que Danzo n'userait pas son temps pour de telles choses, il lui avait déjà crié dessus parce que les rendez-vous des premières années n'étaient pas en même temps que les terminales, pour Fû et Torune. C'était quand même un risque, au moins jusqu'à ce qu'ils soient de nouveau à la maison ce jour là. Et s'ils croisaient le vieil homme dans les couloirs et qu'il les appelait ? Il était certain de signer son arrêt de mort.

Cette semaine déjà, Obito s'était rendu au cours pour savoir exactement ce qu'il devait travailler pour l'examen. Ils avaient passé l'heure du midi ensemble mais les deux prochaines heures qu'il avait passées en permanence semblaient interminables, même avec tous les devoirs qu'il avait pour l'occuper.

Il s'était rendu compte à cet instant à quel point il avait pris goût aux après-midis passés avec Obito et sa grand-mère parfois.

Il se retint de soupirer, Danzo le prendrait mal sinon, et il monta se coucher. Il faisait froid dans sa chambre, la fenêtre était mal isolée et le froid devenait de plus en plus rude dehors. Au loin, il pouvait voir quelques décorations dans la ville. Noël approchait à grands pas, il était même surpris que le mois de décembre soit si bien entamé.

Il baissa le volet et se blottit sous la couverture en gardant son pull et ses chaussettes sur lui. Il réfléchit à ce qu'il aurait aimé recevoir pour Noël. Cela faisait des années qu'il n'avait rien. Parfois, une voisine passait et lui donnait une clémentine qu'il pouvait manger devant elle. Il se tourna sur le côté et pensa plutôt à ce qu'il aimerait offrir aux autres. Il aimerait ressentir la satisfaction de faire plaisir à quelqu'un pendant ces fêtes. Ils n'avaient même pas de sapin.

Après une dizaine de minutes, il ne savait toujours pas ce qui ferait plaisir à son petit-ami. C'était honteux de ne pas connaître quelqu'un de proche assez bien pour trouver une petite idée de ce qu'il aimait. Eh bien, comme il n'avait pas d'argent, ce problème était décalé à quelques années plus tard... Même s'il aurait voulu lui faire plaisir.

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