CHAPITRE 12 : encore des problèmes parentaux et une mauvaise bonne nouvelle
Rémus tourna les clefs dans la serrure, poussa la porte, et entra dans la maison. Il s'attendait à ce que sa mère soit déjà partie à sa soirée, puisqu'il était quasiment dix-huit heures ; aussi resta-t-il perplexe en voyant les lumières allumées dans le salon. Il s'avança et repéra très vite, allongée sur le canapé, une silhouette familière.
« Maman ? s'enquit-il, surpris. Tu ne devais pas partir ? »
Il n'obtint pas de réponse, et, un soupçon d'inquiétude se mêlant à son étonnement, il alla se poster devant sa mère.
« Maman ? Maman, ça va ? », demanda-t-il une nouvelle fois.
Lisa était affalée, les yeux clos, la bouche entrouverte. Elle semblait respirer difficilement, de lourds ronflements s'échappait de ses lèvres. Lorsque Rémus lui secoua l'épaule, elle émergea en battant des paupières.
« Maman ? »
Lisa tourna un regard vitreux vers son fils, ses yeux papillonnaient frénétiquement. Elle ouvrit la bouche, laissa échapper un hoquet, et murmura d'une voix anormalement pâteuse.
« Je veux... dodo... »
« Maman, il est dix-sept heures ! qu'est-ce qui se passe ? »
La jeune femme bredouilla des paroles inintelligibles avant de refermer les yeux. Perdu, Rémus promena un regard désemparé sur sa mère. Un éclat brillant attira son attention et il souleva le bras gauche de Lisa afin de récuper ce qu'elle tenait serré contre elle, comme une mère protégerait son enfant : une bouteille de vin vide. L'étrange comportement de sa mère, son odeur et sa présence devinrent clairs aux yeux du garçon. Résigné, il cherchait des yeux une couverture pour qu'elle puisse décuver en paix, quand Lisa se mit à trembler.
« Maman, ça va ? »
Les tremblements devinrent des spasmes frénétiques qui secouaient tout son corps et faisaient vibrer le canapé. Affolé, Rémus posa soudain son regard sur une petite boîte en carton, négligemment jeté à ses pieds. Des médicaments. En un éclair, le garçon saisit la gravité de la situation, et, les mains frémissantes d'angoisse, fouilla dans sa poche pour en sortir son téléphone. Il composa le 18.
« Allô ? »
« Bonjour, vous avez bien appelé les pompiers. Quelqu'un va vous prendre en charge. Veuillez patienter. »
Une petite musique se mit à résonner dans l'oreille de Rémus. Il se mit à se ronger les ongles. Une boule d'anxieté lui tordait l'estomac.
« Allô ? En quoi puis-je vous aider ? »
« Allô ! Allô, ma mère a... a avalé des médicaments et a pris de l'alcool, beaucoup d'alcool, je... elle tremble ! »
« D'accord, gardez votre sang-froid, nous allons vous rediriger. Patientez quelques instants. »
« Hé ! c'est urgent, je... »
La musique recommença. En plus de l'angoisse et du désarroi, Rémus se sentait désormais furieux. Sa mère allait peut-être faire un arrêt cardiaque ou tomber dans le coma, et ils lui demandaient d'attendre ?
« Bonjour, nous allons prendre en charge votre problème. Quels symptômes présente la blessée ? »
« Elle est comme ivre, mais en pire, elle n'arrive pas à parler, et je ne peux plus la réveiller ! » Cria Rémus, qui pendant ce temps, secouait sa mère dans l'espoir dans tirer un mot, alors qu'elle tremblait toujours. « Elle a des spasmes ! Faites... faites quelque chose ! »
« Monsieur, monsieur, calmez-vous. Vous avez la boîte de médicaments ? qu'est-ce qui est écrit dessus ? »
« La... Laroxyl. »
« Ok, vous allez mettre la blessée en position latérale de sécurité. Vous savez ce que c'est ? »
« PLS, oui, oui je sais. Et ensuite ? », dit Rémus en essayant de placer sa mère correctement.
« Je vous re-dirige. »
Avant qu'il n'ait le temps d'ajouter quoi que ce soit, la petite musique se relança. Désormais complètement paniqué, Rémus donna une gifle à sa mère, sans obtenir la moindre réaction.
« Maman ! Maman ! Maman, maman, s'il-te-plait, ne meurs pas, ne meurs pas, s'il-te-plait... »
« Bonjour. Pouvez-vous nous dire où vous vous trouvez ? »
« Oui, oui. Répondit Rémus en essayant de se calmer. Cinquante-six rue Simone Signoret. À Verriers, les Yvelines. »
« D'accord. Ne paniquez pas. On va vous envoyer une ambulance. Ils devraient arriver d'ici dix minutes. En attendant, restez en ligne, d'accord ? On pourrait avoir besoin de vous recontacter. »
« Oui... oui. D'accord. Merci. »
Les huit minutes et trente-quatre secondes qui suivirent furent les plus longues de la vie du jeune homme. Sa mère avait cessé d'avoir des spasmes, elle se tenait désormais immobile, sauf ses mains qui tremblaient. Ses yeux bougeaient frénétiquement derrière ses paupières closes et les coins de sa bouche frémissaient. Aussi, lorsque Rémus entendit, à l'autre bout de la rue, le bruit de l'ambulance, une grande vague de soulagement l'envahit. Il alla ouvrir la porte, et cinq pompiers déboulèrent dans le salon. Quatre d'entre eux se précipitèrent sur sa mère, et la dernière s'approcha de Rémus. C'était une jolie femme, d'une quarantaine d'années.
« Bonjour. Vous êtes le compagnon ? »
« Moi ? Non, non, je suis son fils. »
« Ah, d'accord. Vous êtes majeur ? »
« Oui, depuis trois jours. »
« Bien. On va emmener votre mère à l'hôpital Dubreuilh, c'est le plus proche. Est-ce que vous voulez nous accompagner ? »
« Oui, oui bien sûr ! »
« D'accord. Patientez quelques instants, nous prodiguons les premiers soins. C'était du Laroxyl et du vin ? Rien d'autre ? »
« Je ne sais pas, je suis rentré et elle était juste comme ça... »
« D'accord, ok, calmez-vous. Votre mère va avoir besoin de soins, mais elle n'est pas en danger de mort dans l'immédiat. »
Quelque peu rassuré, Rémus monta, cinq minutes plus tard, dans l'ambulance, en tenant fermement la main de sa mère.
« Bon... bonjour. »
« Bonjour. Monsieur Haverage ? Asseyez-vous. »
« Comment va ma mère ? »
« Lisa Haverage va s'en sortir, rassurez-vous. Cependant, nous allons devoir la garder plus longtemps que prévu. »
« Comment ça, pourquoi ? »
« Nous lui avons fait une prise de sang, puis un lavage d'estomac. Nous avons retrouvé des traces, comme vous nous l'avez dit, de vin et de Laroxyl. Mais aussi de drogue, et son comportement comme l'état de son corps laissent penser qu'elle en prend depuis longtemps. Nous allons par conséquent lui faire suivre une cure de désintoxication. »
« ... »
« Vous ne saviez pas ? »
« N... non... combien de temps durera la cure ? »
« C'est difficile à dire, pour l'instant nous partons sur cinq mois. Vous pouvez vous débrouiller seul pendant ce laps de temps ? »
« Oui, oui, mon... géniteur, et mes grands-parents nous envoient deux-mille euros par mois, ma mère était au chômage. »
« Tant mieux. Vous voulez qu'on vous raccompagne ? »
« Non, non merci, je... j'ai des visites à faire ici. »
« Très bien. Bonne chance, monsieur Haverage, je suis là si vous avez des questions. Vous demandez le docteur Roux. »
« Merci. Au revoir. »
~.°.°.°.°.~
Claudine était en train de lire, confortablement installée dans son lit, quand Salomé entra. Elle releva la tête, surprise, quand l'infirmière s'effaça pour laisser passer un Rémus au visage blafard et aux mains tremblantes.
« Rémus ? Ça va ? Pourquoi tu es là ? »
Salomé partit sur un sourire, alors que son ami s'asseyait sur le lit, sans dire mot.
« Mumus ? », s'inquiéta la jeune fille en lui posant une main sur l'épaule.
Ce contact sembla réveiller le garçon, qui sursauta, lança à Claudine un regard éperdu, puis fondit en larmes.
Désarçonnée, Claudine fixa son ami quelques secondes sans savoir quoi faire, puis son instinct – maternel ? – reprit le dessus et elle prit le garçon dans ses bras. Il se raccrocha à elle comme à une bouée de sauvetage, le tête enfouie dans son cou, alors que ses épaules tressautaient au rythme de ses sanglots.
« Hé. Hé, hé, ça va aller... chut, calme-toi, ça va aller... je suis là... tout va s'arranger... »
Claudine ne savait pas vraiment d'où lui venaient ces paroles rassurantes, alors que personne ne lui en avait jamais prodigué. C'était sûrement cet instinct protecteur, venu du fond des âges, qui ressortissait alors que quelqu'un qu'elle aimait était en proie au désarroi, songea-t-elle avec mélancolie en carressant les cheveux de Rémus avec douceur.
« Ça va aller... »
Rémus lui avait tout raconté, une fois calmé. Claudine se sentait à la fois attristée, et révoltée contre ce qu'elle estimait être une mère indigne. Cependant elle ne fit par part de ses sentiments à son ami, qui n'avait sûrement pas besoin que l'on retourne le couteau dans la plaie. À la place, elle estima préférable de changer de sujet.
« Tu sais, je suis prise au lycée. »
« Génial ! Lequel ? »
« Jean Lurcat, dans le treizième. Il est pas très loin ni de l'appart ni de la Sorbonne, donc ça devrait aller. »
« D'ailleurs, c'est où l'appart ? »
« Vingt, rue Tournefort. C'est pas super grand, mais ça suffira pour nous deux. Et puis c'est dans le cinquième, la grande classe ! Tu veux voir sur Google Map ? »
Rémus se déplaça afin de voir l'écran de son amie.
« Tu vois, ça c'est l'appart. Et moi, pour aller au lycée, je marche un peu... je prends le métro ligne 7... et je remarche un peu. »
« Et moi, pour aller à la fac ? »
« Attends, on va regarder. Ah, tu peux y aller en bus, mais ça te fait un changement... le bus 21 et le 27... le plus simple c'est à pied, ça te prend moins de temps et y'a même pas mille mètres,. »
« Un kilomètre. »
« Oui, pardon monsieur le maître des conversions... »
Ils plaisantèrent encore quelques minutes, puis Rémus annonça qu'il devait partir : il était presque vingt heures. Ils se dirent au revoir, puis il disparut. Deux minutes après, alors que Claudine venait de reprendre son livre, Salomé entra.
« Coucou. Clau, j'ai une bonne nouvelle. »
Claudine eut un sourire.
« Cool ! Quelle bonne nouvelle ? »
« Tu sors après-demain. »
Un grand froid envahit la poitrine de la jeune fille tandis que son sourire glissait de son visage.
« Qu... quoi ? Mais pourquoi ? »
« Parce que tu es guérie, tiens ! Annonça l'infirmière, qui n'avait pas remarqué son désarroi. Ça fait trois semaines que tu n'as pas rechuté, c'est le délai. Cool, non ? »
« Mais... mais je vais aller où, moi ? » demanda Claudine alors que ses yeux se remplissaient de larmes.
« Eh bien, chez tes parents. Je sais que tu ne t'entends pas très bien avec eux, mais comme tu déménages à la rentrée, ce n'est que pour un mois. Tu vas t'en sortir, t'inquiète. Souris, ma belle, la vie est cool, tu es guérie ! »
Puis l'infirmière partit. Claudine, restée seule, se mit à sangloter doucement. Tout le bien-être apporté par la visite de Rémus s'était évaporé et elle se sentit plus démunie que jamais.
Soudain, elle se redressa. Non. Elle ne se laisserait pas aller, alors que Rémus traversait une situation dix fois pire. Elle prit son téléphone, et pianota un SMS à l'intention de son ami.
clau (20:09) : mumus ? y'a de la place chez toi ?
je suis vraiment, sincèrement désolée pour la longue longue absence. certain•es savent que je traverse une mauvaise passe en ce moment, je ne m'attarderai pas sur les détails mais disons que je suis un peu déprimée et surtout, surchargée de boulot. ce qui fait que je n'ai pas vraiment le temps d'écrire...
ce chapitre était le dernier que j'avais d'avance, ce qui veut dire que là, vous aurez les prochains au fil de ma plume (il en reste trois à écrire + l'épilogue, aussi ça devrait aller mais bon). par conséquent, c'est possible qu'il s'écoule un laps de temps plus long entre deux chapitres et croyez bien que j'en suis navrée mais je n'ai pas le choix, j'essaierai de commencer le 13 ce we pour reprendre de l'avance & une marge de sécurité m'enfin ce n'est pas sûr que je puisse
in a nutshell je suis sincèrement désolée pour cette attente qui à mon avis en plus ne valait pas le coup (j'ai des doutes sur ce chapitre, c'en est un de transition et du coup il n'est pas passionnant mais il reste indispensable argh), excusez-moi!!
j'espère en tout cas vous revenir le plus vite possible avec un nouveau chapitre meilleur, je vous aime très très trrrès fort et je vous souhaite le meilleur, merci d'être là ♡
ps : ui ui vous pouvez vérifier, l'appart existe réellement et les trajets aussi!!
pps : ma note d'autrice est plus longue que mon chapitre keske
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