Chapitre 8 ✓

PDV Jack Frost:

Le lendemain après-midi, je rejoins Aurélien au lycée. Je le trouve à 16h dans la cour.

-Salut !

Il se tourne vers ma voix et me fait un petit signe de tête. Il ne parlera pas en présence de ses amis, c'est évident.

-Charlotte, j'ai oublié de donner mon devoir de maths au professeur. Tu peux m'accompagner ?
-Vous avez déjà des DM?
-Ouais.

Ils s'éclipsent du groupe. Je les suis jusque dans un couloir vide où ils s'arrêtent.

-Tu n'avais pas de DM à rendre, pas vrai?
-Non, je voulais te parler de la... présence.
-Tu lui as parlé ?

Il hoche la tête.

-Il s'appelle Jack Frost.

Charlotte fait de grands yeux.

-Tu déconnes?!
-Tu sais qui c'est?
-Qui ne connait pas Jack Frost?!
-Euh... Moi?
-Et tu as eu une enfance heureuse sans croire à lui?

Elle rigole malicieusement.

-Et donc, tu l'as vu?
-Non, juste entendu.
-Zut! Et là, il est là?
-Oui, je le sens. Et il m'a salué.
-Je savais que c'était un garçon poli! Quoi que un peu indiscipliné parfois!

Je m'offusque:

-Eh! Je suis pas indiscipliné!
-Je crois que Jack n'est pas d'accord avec ce que tu dis, lui annonce Aurélien.

Charlotte rit.

-Tu crois qu'il pourrait me prouver qu'il est là?

Sans attendre, je gèle le sol sous ses pieds. Elle glisse sans prévenir et tombe sur les fesses.

-Ça lui suffit comme preuve?
-Jack veut savoir si ça te suffit comme preuve.
-Il aurait pu me casser le coccyx !

Aurélien l'aide à se relever et ils se décalent de la plaque de glace.

-Bon, je veux bien croire qu'il existe. Mais pourquoi on ne le voit pas? demande Charlotte.
-Dis-lui que je ne sais pas non plus. Je cherche à découvrir la réponse. Et d'ailleurs j'ai ma petite idée sur comment faire pour que tu me vois, Aurélien.

Le garçon lui répète ce que j'ai dit.
En effet, l'énigme de Bunny n'est pas compliqué à comprendre. Ce n'est même pas une énigme. Donc ce soir, on fera une expérience! Il me tarde!

-Bon Aurélien, j'y vais. On se retrouve ce soir. Je vais aller jouer avec Flocon.
-Ouais, salut.
-Au revoir Monsieur Frost!

Charlotte fait un petit coucou dans le vide qui me fait rire.

***
Comme hier, vers 21h, Aurélien m'ouvre la fenêtre. Je rentre.

-Tu peux faire venir Flocon dans ta chambre?
-Non, il n'a pas le droit d'aller ailleurs que dans la salle à manger. Pourquoi?
-Les animaux sont parfois un relais entre le visible et l'invisible.
-T'essaies de m'impressionner avec tes phrases mystérieuses?

Je monte sur son bureau.

-A quelle heure tes parents se couchent le soir?
-Ça dépend. Entre 22h et 23h.
-Quand ils iront dormir, on ira voir Flocon.

Je saute jusque sur le lit sur lequel je rebondis.

-Qu'est-ce que tu fais?
-Je prends mes marques.
-En cassant le mobilier?

Mes yeux tombent sur son sac.

-Tu as fait tes devoirs?
-A ton avis? Tu me prends pour quoi? Un délinquant ?
-Un flemmard peut-être ?
-Je ne suis pas un flemmard. Mes devoirs sont faits pour la semaine. Je te rappelle que j'ai un examen à passer à la fin de l'année. Et puis tu t'es pris pour ma mère à me demander ça?
-Pourquoi tu t'énerves?

Il s'assoit lourdement sur le lit.

-Je supporte pas qu'on me demande si j'ai bossé. La question me paraît tellement évidente que ça me crispe.
-Excuse-moi.

Je vais voir les photos et en détache une que j'apporte à Aurélien. Surpris, il l'attrape.

-C'est vraiment étrange de voir des objets voler dans sa chambre.
-Je m'en doute. Ce sont tes amis, comment s'appellent-ils?
-Tu as déjà vu Charlotte. On se connait depuis l'école maternelle
-Ça remonte!
-Assez oui.

Il me montre ensuite les deux garçons.

-Le plus petit, c'est Matthieu. Et le blond, c'est Alexandre. On s'est tous rencontrés au lycée.

Il me pointe ensuite l'autre fille qui est brune.

-Elle s'appelle Léa. Elle est assez réservée. On était au même club de tennis. Et c'est comme ça qu'elle s'est greffée au groupe.
-Tu fais du tennis?
-Plus maintenant. Je suis nul à ce sport. J'y allais juste pour me défouler un peu.

Il observe la photo.

-On était à la fête foraine de la ville. C'était l'an dernier. Matthieu n'a pas supporté d'avoir la tête à l'envers et a vomi sa gaufre dans un coin sombre.
-Epargne-moi les détails, lui demandé-je mi-amusé mi-dégouté.

Je vais remettre la photo à sa place.

-Tu as pu changer de classe finalement ?
-Bien sûr que non. Cette femme, ce n'est qu'une p...

Je lui lance la première chose que j'ai sous la main. Il se reçoit un stabilo sur la tempe.

-Aïe ! Ça fait un mal de chien!

Un bruit de le couloir le rend soudainement silencieux. Il regarde l'heure puis chuchote :

-Mes parents vont dormir. Dès que ma mère ronfle, on pourra aller voir Flocon.

Pendant de longues minutes, personne ne parle. Dès le premier bruit d'endormissement profond, Aurélien se lève. Il me fait signe de ne pas faire de bruit. Ce qui est idiot car ses parents ne peuvent pas m'entendre.
Tel un chat, il se faufile jusqu'au salon. Flocon, qui est couché sur son tapis, relève la tête.

-Et on fait quoi maintenant? me demande Aurélien.
-Je sais pas trop. On improvise?
-C'est ça ton plan?

Je m'approche du chien.

-Coucou toi.

Comme d'habitude, il lève ses oreilles vers moi.

-Aurélien, tu peux venir le caresser?

Le maître vient s'assoir à côté de Flocon et se met à caresser sa tête. Le chien pose sa tête sur les cuisses du garçon.
Je m'assois à gauche d'Aurélien, à quelques centimètres de son épaule.

-J'aimerai tellement que tu puisses me voir...

Je ferme les yeux et soupire.

-Jack, on devrait peut-être le penser très fort tous les deux. Parfois, c'est en désirant ardemment quelque chose qu'on l'obtient. On va se mettre face à face et on verra bien ce qui se passe.

Quelques secondes après, nous nous retrouvons assis en tailleur face à face. Flocon se lève et se secoue.

-Il manque plus qu'un pentagramme et des bougies et on se croirait presque en pleine séance de spiritisme.
-Je ne suis pas un esprit, grogné-je.

Aurélien ferme les yeux mais je remarque un peu d'inquiétude briller dans son regard. Je clos mes paupières moi aussi puis pense très fort: Je veux qu'il me voit.
J'entends le chien s'approcher de son maître puis des bruits de léchouilles.
Je serre les poings et me concentre sur mon objectif. Ça va marcher, il faut que ça marche!
Flocon tourne plusieurs fois autour de nous. Allez sac à puce, rend-toi utile!
D'un coup, je sens une légère pression sur mon bras.

-Aïe! Il m'a mordu!
-Jack? C'est toi?

Je me fige, la main sur le bras, et n'ose pas ouvrir les yeux. Sa voix est plein d'appréhension.

-Tu me... vois?
-Si tu as des cheveux blancs, alors oui je te vois.

Très lentement, j'ouvre les yeux. Je croise le regard d'Aurélien, légèrement apeuré par ce qui pourrait se passer.
Je me lève et me décale de trois pas vers la droite. Non seulement Flocon me suit, mais les yeux de l'adolescent aussi.
Je plaque ma main sur mes lèvres, beaucoup trop heureux. Je me sens vraiment bien. Une sensation merveilleuse commence dans mon coeur, descend dans mon ventre puis court dans mes veines.

-Je n'y crois vraiment pas... Tu peux enfin me voir...

Je m'avance lentement et m'accroupis devant lui. J'attrape ses mains chaudes entre les miennes.

-Ah! T'as les mains froides! se plaint-il en faisant un geste pour se dégager.

Je ne fais même pas attention à se remarque mais lui lâche tout de même les mains.

-Merci pour tout Aurélien.
-Mais je n'ai rien fait.
-Tu ne comprends pas ce que représente pour moi le fait d'être vu...
-Non pas vraiment. Mais j'imagine que tu m'expliqueras.

Je hoche la tête.

-Tu dois être fatigué. Tu devrai aller dormir.
-Ouais.

Aurélien se lève. J'hésite quelques instants avant de caresser Flocon.

-Merci à toi aussi.

Nous revenons dans la chambre.

-Je ne vais pas rester. Je vais aller faire un tour.
-Tu ne dors jamais?
-Bien sûr que si. Mais pas ici.

Il hoche la tête.

-Alors bonne nuit Jack.
-Bonne nuit Aurélien.

...
Première fois qu'ils se voient!
Qu'en pensez-vous?
Avez-vous aimé?

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