Chapitre 33 ✓

PDV Jack Frost:

Lorsque Aurélien se réveille, il a l'air reposé. Mais ses yeux montrent tout le contraire. Je peux y lire l'horreur qu'il a vécu hier.

-Bonjour Mon Cœur.
-Salut, répond-il faiblement.
-Ça va aller pour aller au lycée?
-Il le faut bien.
-Si tu veux parler de ce qui s'est passé hier, tu sais que je suis là.
-Je sais.

Il me fait un faible sourire avant de partir se préparer.
Lorsqu'il vient ensuite m'annoncer qu'il s'en va, je le retiens quelques secondes.

-Je ne peux pas rester ici. Tes parents m'ont vu et j'imagine pas ce qu'il se passerait s'il me trouvait dans ta chambre. Ça te va si je t'accompagne ? En plus, ça me rassurerait...
-J'imagine que tu sors pas par la porte.
-Comme d'habitude.

Je me mets sur le rebord de la fenêtre. Mais avant de sauter, je me retourne.

-Je veillerai sur toi Aurélien. Quoi qu'il se passe, je serai là. Je t'en fais la promesse.

J'attrape sa main que j'embrasse doucement puis le tire vers moi pour goûter à ses lèvres.

-Allez file, tu vas être en retard. On se retrouve là-bas.

Un dernier sourire flotte entre nous alors que je m'envole.
Je me retrouve au lycée avant lui. Je me pose sur un toit et observe les étudiants déjà présents. Il n'y a rien d'anormal.
Les 30 minutes suivantes, la cour se remplit assez rapidement. Je vois Aurélien rentrer avec Charlotte et rejoindre leurs amis. Peu de temps après, la cloche sonne et tout le monde va, avec plus ou moins d'entrain, vers leur salle de classe.
J'attends ainsi deux heures jusqu'à la première pause. J'hésite un instant à rejoindre mon petit ami mais ce qui s'est passé hier me refroidit dans mon ardeur. Peut-être que si je lui fais un signe discret, on peut se retrouver dans un endroit éloigné...
Perdu dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite l'échauffourée qui a éclatée dans l'herbe. Cinq garçons et trois filles hurlent et balancent leur poing dans l'horrible espoir de faire du mal aux personnes en face.
Assez rapidement, trois surveillants arrivent et tentent de séparer les bagarreurs.

-Ça suffit!
-Arrêtez!
-Vous allez aller dans le bureau du directeur, on va appeler vos parents!

Le dernier reçoit un coude dans la mâchoire. Je n'entends pas le craquement mais le cri qu'il pousse me prouve que l'os est cassée.
Je n'attends pas plus longtemps. Je saute dans la mêlée pour venir en aide aux pions. Mais les huit adolescents se jettent comme un même homme sur moi. En tombant, ma tête percute un bout d'asphalte. Je sens ma chair s'ouvrir alors je serre les dents pour ne pas m'évanouir sous la douleur. Quelques lycéens s'ajoutent au rif. Tous ensemble, ils tentent de m'étouffer.
J'arrive à glisser mon bâton contre mon corps pour pouvoir déverser de ma vapeur incandescente. Les adolescents hurlent sous la brûlure.
Je me redresse difficilement. Autour de moi, je ne vois que des regards haineux et des sourires mauvais. Même les surveillants l'ont remarqué et sont dans tout leur état. Un d'entre eux m'aide à me relever.

-Qui êtes-vous? me demande-t-il. Je ne vous ai jamais vu dans ce lycée.
-Pourtant j'étudie ici, je mens.
-Quelle classe?
-En terminale.

Il ouvre la bouche pour me poser une autre question mais sa collègue l'appelle pour s'occuper des lycéens. Il me lance un dernier regard méfiant mais me remercie tout de même de les avoir aidé.
Je cherche Aurélien du regard. Je le trouve rapidement au milieu des autres adolescents. Il a la même lueur qu'eux dans le regard. C'est à peine si je le reconnais.
Une douleur lancinante derrière ma tête me rappelle que je me suis ouvert. Je passe ma main dans mes cheveux et la ressort tâchée de sang. Je titube quelques instants avant de m'effondrer par terre.

***
Je reprends mes esprits peu de temps après. Je suis dans une petite pièce épurée. Il y a un lit, une table et un lavabo. Aurélien est assis à côté de moi.

-Ça va? me demande-t-il inquiet.
-Je vais bien. Je suis où?
-A l'infirmerie du lycée. Bon, l'infirmière n'est pas là alors je t'ai amené ici et j'ai désinfecté la plaie moi-même. Mais faudrait aller à l'hôpital pour voir s'il te faut pas des points.

Je touche du bout des doigts le pansement qu'il m'a mis. Il baigne déjà de sang.

-J'y vais de suite. Ça va aller si tu restes ici ?
-De toute façon, je suis obligé de rester. Si je sèche un cours, le secrétariat va appeler mes parents.

Je me lève doucement. La tête me tourne mais j'arrive à rester debout.

-Jack, tu devrai sortir par la fenêtre. Il y a des filles dans le couloir et je ne pense pas qu'elles soient là pour déposer un bisous sur ton joli visage. Au contraire... Tu vas pouvoir voler jusqu'à l'hôpital?
-Il va bien falloir. Si je suis pas là ce soir, c'est sûrement parce que je me serai craché par là.
-Ce n'est pas drôle.
-Je sais.

J'ouvre la fenêtre, regarde à droite et à gauche puis saute maladroitement dans le ciel.
Je trouve rapidement le grand bâtiment blanc. Je m'y engouffre et vais voir une dame derrière un comptoir.

-Excusez-moi. Je me suis ouvert la tête et je pense avoir besoin de points de suture. Est-ce qu'un médecin est libre?

La dame lève un sourcil.

-Retournez-vous.

Je m'exécute. Elle pousse un petit cri en voyant mes cheveux blancs imbibés de rouge.
Elle prend son téléphone et appelle un docteur. Peu de temps après, une petite femme nous rejoint. Elle m'amène dans une salle et inspecte plaie.

-Comment vous vous êtes fait ça?
-On m'a poussé par terre. Ma tête a cogné contre du béton.

Elle hoche la tête.

-On a besoin du consentement de tes parents pour pouvoir faire l'intervention. Tu es bien mineur?

Je sens que c'est une question importante. Et je sens qu'il ne faut pas que je répondre par l'affirmative. J'ai 400 ans après tout...

-Non, je suis majeur.
-Papier d'identité ?
-Pas sur moi.

Elle semble soucieuse.

-Tu es sûr d'être majeur ? Tu dis pas ça pour ne pas te faire gronder par tes parents?
-Je le jure !

Elle soupire.

-De toute façon, je peux pas te laisser comme ça. Il va falloir que tu signes des papiers après. En tout cas, c'est rare de voir quelqu'un venir tout seul avec une plaie ouverte à la tête et demander des points de suture. Il n'y aura pas besoin de plus de trois points. Je vais te faire une anesthésie locale. Tu vas devoir rester assis sur cette chaise, ça te va?
-Oui.

Elle va se décontaminer les mains pour mettre ensuite des gants. Elle enfile un masque et un calot sur la tête. Elle prend quelques instruments notamment une seringue et l'anesthésiant qu'elle m'administre. Elle badigeonne ensuite la plaie avec un antiseptique puis pose un champ stérile troué sur la plaie. Une fois tout en place, elle commence la petite opération.
Une fois finie, elle se relève.

-Je vais chercher les papiers, reste là.

Elle part. Je ne lui laisse pas le temps de revenir, je m'enfuie par la fenêtre.

***
Le soir, après les devoirs et le repas, Aurélien me fait entrer par la fenêtre comme au bon vieux temps.

-Il faut qu'on parle, me dit-il. Il y a quelque chose qui tourne pas rond.
-Je suis d'accord avec toi. Ce qui s'est passé au lycée, c'était...

Je n'arrive même pas à finir ma phrase.

-Jack, je me fais peur. De voir les autres te sauter dessus, ça m'a plu. Quand j'ai vu ta tête s'écraser au sol, c'était presque jouissif... Puis tu m'as regardé avant de t'effondrer. C'est là que je me suis réveillé.

Il tente de prendre une grande inspiration mais celle-ci est bloquée par un sanglot.

-Je me dégoûte. Comment je peux aimer te voir souffrir ainsi? Personne n'a rien fait. Tout le monde voulait t'écraser. Qu'est-ce qu'il nous arrive?
-Ce qu'il vous arrive? demande une voix sombrement joyeuse qui fait baisser la température de plusieurs degrés.

Nous nous tournons vers Pitch, assis confortablement sur le lit. Il souffle sur sa main et le pétale qui s'y trouvait s'envole pour filer au-dessus de la tête d'Aurélien.

-Mais tout est de ta faute Aurélien. Tu as respiré le pollen de ma chérie noire et tu as contaminé tout le monde.

Mon petit ami blémit. Je le pousse derrière moi et menace le Croque-mitaine avec mon bâton.

-Qu'est-ce que tu fais ici?
-Je suis juste venu te rendre visite, Jack. Alors, ta nouvelle vie te plaît? Une vie sans glace, sans Gardien et sans enfant... Et tu as tout perdu pour quoi? Pour ça? questionne-t-il en agitant sa main vers Aurélien.

Fou de rage, je me jette sur lui. Mais il s'évanouit dans son ombre pour ressortir derrière moi. Il glisse ses doigts sous le menton d'Aurélien pour lui relever la tête.

-Tu sais que tu as brisé sa vie au moins? Il a tout perdu à cause de toi. Et ce n'est pas avec de... l'amour que tu vas combler tout ce que tu lui as enlevé. Tu vas au mieux cacher les petits trous. Sauf que dans l'ombre, son cœur va continuer à se ronger. Et un jour, il va totalement imploser et tomber en millions de petits morceaux noircis par ta faute. Et là, tu pourras l'aimer autant que tu voudras, mais Jack va sombrer dans le désespoir et le néant complet. Il va devenir complément fou. Et tout ça pourquoi? Parce que tu auras été un petit égoïste. Alors pour te donner bonne conscience, tu diras que tu as essayé de le faire aller bien et que tu l'as aimé du mieux que tu pouvais. Mais bon, de toute façon, c'est trop tard pour lui. Tu l'as réchauffé, aucun retour en arrière est possible. Tant pis. Tu vas devoir regarder sa chute.

Les jambes d'Aurélien flanchent. Ses fesses s'écrasent sur le lino.

-Allons bon les enfants, je vais vous laisser. Je suis sûr que vous avez un tas de chose à vous raconter... ou a faire. Passez une effroyable nuit, remplie de cauchemar et de peur...

Son dernier mot ne s'évanouit pas alors que Pitch disparait. Je n'essaie même pas de l'arrêter, trop occupé à observer Aurélien. Je m'accroupis doucement devant lui et pose ma main contre sa joue.

-Ne l'écoute pas Aurélien... Tu sais qu'il raconte n'importe quoi. Je ne vais pas m'effondrer.

Il secoue la tête. Je sens ses larmes couler sur mes doigts.

-Il a raison. Tout est de ma faute. Tu as tout perdu à cause de moi.
-Ce n'est pas vrai. C'est moi qui ai voulu t'embrasser. Tu n'es pas fautif, c'est moi qui le suis. Je savais que je risquais gros.

Je prends le garçon dans mes bras. Tout à coup, il a l'air si fragile, si vulnérable.
Il se raccroche à moi et pleure de douces perles dans le creux de mon cou. Je le rassure comme je peux tout en caressant ses cheveux.

-On devrait se coucher Aurélien. On est tous les deux fatigués. Tu es chamboulé et moi j'ai mal au crâne. Tu veux que j'aille chercher Sam?
-Tant que tu es avec moi, ça ira...

Il se mord la lèvre alors qu'un sanglot le traverse.

-Je suis tellement égoïste... Là encore...
-Ce n'est pas vrai. J'en ai connu des gamins égoïstes. Toi, tu n'en es pas un. Tu es généreux. Il suffit de te voir avec ton frère pour le comprendre.

Je me relève et l'entraîne avec moi.

-Va te changer.

Je le pousse doucement vers la porte. Il sort, tête baissé, puis revient quelques instants après en pyjama. Nous nous glissons dans le lit.
Aurélien se love entre mes bras. Je le sens attraper mon sweat et le serrer contre lui. Son nez vient se loger près de mon cou alors son souffle me chatouille mais je ne dis rien. Je le laisse s'endormir ainsi, espérant de tout cœur que sa nuit ne soit pas envahit par les cauchemars.

...
Décidément, j'adore les chapitres longs dans cette fanction.

Est-ce que vous aimez toujours ?
Le temps d'attente entre les chapitres ne vous dérange pas?

En tout cas, ça fait quelques chapitres que j'ai dépassé les 2000 vues. Merci beaucoup ! Je suis hyper contente!

Hésitez pas à laisser des commentaires, vraiment. Je me demande si vous êtes timides des fois. J'adore en avoir et je vois que personne commente alors ça me fait douter. Je préfère de loin un bon vieux commentaire que 10 votes !

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