Chapitre 13 ✓

PDV Jack:
Je me retrouve une fois de plus au palais de la dent. Mon amie est toujours là en train de voleter dans tous les sens en s'extasiant devant des milliers d'incisives et de molaires.
Elle finit par me remarquer.

-Ah Jack! Comment vas-tu?
-Très bien, dis-je du tac au tac en réfléchissant hâtivement à comment poser ma question.

Je me frotte la nuque alors qu'elle continue à bouger partout où elle peut en poussant des exclamations de surprise. Puis je me racle la gorge, peu sûr de moi.

-En fait, si je suis ici, c'est pour te demander un service.

Elle s'arrête et se tourne vers moi.

-Quel genre de service?
-J'aurai besoin des dents de ce garçon.

Je lui tends le papier qu'elle attrape. Elle lit le nom.

-Je ne peux pas donner les dents comme ça. Elles renferment des souvenirs personnels.
-Alors une de tes fées pourraient m'accompagner pour me surveiller.
-Non Jack. Et puis, qu'est-ce que tu comptes faire avec les dents?

D'abord hésitant, je finis par lui expliquer rapidement la situation sans rentrer dans les détails. Elle soupire.

-Ecoute, je ne peux vraiment pas.

Je sens mes poings se serrer malgré moi.

-Comment ça tu ne peux pas? On fait toujours tout pour les enfants. Mais les adolescents, on en fait quoi?!
-Ils ne croient plus en nous...
-Et alors? Certains ont besoin de soutien et d'autres qu'on les ramène dans le droit chemin. Si je veux ces dents, c'est pour éviter qu'une autre personne ne soit blessée! Ce gars pourrait peut-être se rendre compte de son erreur avec ses souvenirs.

Elle ne répond pas.
Frustré, je pars d'ici à toute vitesse en jetant le papier par-dessus mon épaule.

***
Le lendemain, je décide de suivre Aurélien jusqu'au lycée sans me faire remarquer. Peut-être que je pourrai croiser ce garçon et trouver une idée pour qu'il se rende compte de sa bêtise.
Bien évidemment, Aurélien m'a très vite vu. Il a d'abord froncé les sourcils puis il m'a vite fait comprendre que je n'ai rien à faire ici. Mais je refuse de partir.
Je le suis de près alors qu'il marche dans le couloir avec ses amis. J'observe tous les lycéens qui discutent dans le couloir. Et dire qu'il y a encore quelques années, ils avaient tous un vrai cœur d'enfant. Qui le possède encore?
Dans le brouhaha qui règne, j'entends des bribes de conversation:

-Alors vous sortez ensemble ? Tu as de la chance! Il est tellement mignon!
-Je dois vous raconter mon rêve.
-Le devoir maison était trop dur!
-Joyeux anniversaire !
-Ça vous dit de faire un ciné pendant les vacances?
-Je le déteste!

J'observe chaque visage. Certaines filles sont maquillées, d'autres non. Certains garçons portent un jogging, d'autres non. Certaines personnes discutent, d'autres attendent seules devant la salle de classe.
Aurélien s'arrête devant une porte alors que ses amis continuent leur chemin. Il s'adosse contre le mur et m'observe. Je lui pose la fameuse question:

-Il est dans ce couloir?

Il me fait discrètement non de la tête.
La cloche sonne. Quelques instants après, un professeur arrive et ouvre la salle de classe. Les lycéens rentrent avec plus ou moins d'enthousiasme. Et moi je reste dans le couloir l'heure entière ainsi que la suivante jusqu'à la récréation. Aurélien sort de la classe et me fait signe de le suivre. Il m'amène de l'autre côté du bâtiment. Il ouvre une porte et il la retient quelques secondes le temps que je me faufile. En passant à côté de lui, je l'entends murmurer :

-Il doit être ici. Je te ferai un signe.
-Merci.

Il avance lentement, la tête baissée. Je le vois jeter des petits coups d'oeil à droite et à gauche. Mais il n'a même pas besoin de me montrer qui est le garçon car je le repère de suite. Il est là, les bras croisés, avec un regard suffisant.
Je pose ma main sur l'épaule d'Aurélien.

-Je l'ai vu. Faisons demi-tour.

Mais il continue à avancer. Il allonge tout de même le pas.
Je vois l'autre donner un coup de coude à son pote et dire:

-Regarde qui passe par là.

Puis il élève la voix:

-Tu t'es perdu?

Aurélien s'arrête. Je le tire doucement en arrière. Je le sens hésiter mais il finit par faire demi-tour.
D'un coup, dans le couloir, quelqu'un lance:

-Eh, c'est la tapette!

Aurélien fait volte face.

-Et alors? Ça te pose un problème?
-Tu pollues notre... le... Enfin tu vois. L'oxygène là...

Aurélien a un soubresaut. Je pose ma main sur son épaule, croyant qu'il pleure, mais je me rends vite compte qu'il essaie de contrôler un rire mal venu.
Le grand blond s'offusque. Il devient très vite rouge de gêne.

-Eh! Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle!

Aurélien ne prend même pas la peine de répondre. Il reprend sa route et sort. Il va dans les toilettes et je le suis. Il n'y a personne.
J'attends un peu en retrait alors qu'il se met devant un urinoir. Il n'y a plus aucune trace de rire sur son visage.

-Content? me lance-t-il par-dessus son épaule.
-C'est toujours comme ça ici?
-Très sincèrement, c'est la première fois que je me fais insulter.

Il remonte sa braguette puis va se laver les mains.
La cloche sonne.

-Ça ne sert à rien que tu viennes Jack. Tu l'as bien vu. Tu ne peux rien faire.
-Tu n'as pas besoin de me le dire, je le sais. C'est frustrant.

Il se sèche les mains.

-Bon, je dois repartir en cours. On se voit ce soir?
-Je t'attendrai à la sortie du lycée. Et je te raccompagnerai chez toi.
-Dans le bus?
-Dans le bus.

Je lui fais un léger sourire qu'il me rend avant de partir.

***
Comme prévu, je l'attends le soir à la sortie. Il discute avec Charlotte en attendant le bus.
Charlotte suspend sa phrase et lève un sourcil alors qu'Aurélien me fait un signe de tête.

-Il est là?
-Qui?
-Jack.
-Oui.

Elle se tourne vers moi. Son regard me transperce mais elle me dit bonjour. Je lui réponds même si elle ne m'entend pas alors Aurélien se charge de faire le relais.
Je les laisse discuter et rigoler ensemble. Voir Aurélien ainsi me fait plaisir. Je me sens totalement attendri.
D'un coup, Charlotte se tend.

-Il vient par là.

Elle se rapproche instinctivement d'Aurélien alors que celui-ci se retourne.
Le revoilà.
Il regarde Charlotte dans les yeux.

-Je t'aime encore, tu sais.

Elle secoue la tête.

-Je n'ai plus rien à voir avec toi. Laisse-moi tranquille.

Il tente de l'approcher mais Aurélien l'empêche de passer.

-Pousse-toi, j'aimerai lui parler.
-Tu l'as assez fait souffrir comme ça. Elle t'a quitté, c'est fini. Oublie la.

Il serre les poings.

-Elle m'a fait des promesses.
-Et tu l'as mal traité. Elle n'a pas à les tenir.
-On doit toujours tenir ses promesses.
-Tu sais très bien que presque personne ne les tient. Tu as quel âge pour encore croire aux promesses?

Le garçon a l'air de perdre son sang froid.

-Laisse-moi lui parler.

Aurélien jette un coup d'œil par dessus son épaule. Charlotte secoue la tête.

-Elle ne veut pas.

Sans crier gare, il lance son poing dans le visage d'Aurélien. J'ai à peine le temps d'entendre un craquement que je me jette sur ce mec. Mais j'ai oublié un tout petit détail: il ne croit pas en moi. Je passe au travers de son corps et frissonne de dégoût.
Je me retourne lentement. Aurélien tient sa paire de lunette dans la main. Malgré tout, il reste debout face au type qui finit par partir en voyant tous les regards braqués sur lui.
Le bus arrive. Aurélien monte rapidement dans le bus avec Charlotte. Le trajet est silencieux. Au moment de descendre, la rousse murmure un petit merci avant de s'échapper, tête basse.
Aurélien rentre chez lui avec sa mère. Il met du temps avant d'aller dans sa chambre et de m'ouvrir la fenêtre. Ses lunettes sont posées sur son bureau. Une branche est cassée.

-Tu arrives à y voir?
-Je suis myope donc je ne vois pas de loin. Mais j'aperçois ton visage, ne t'inquiète pas.

Je me sens troublé tout à coup.
Il s'assoit sur son lit.

-Euh... Il ne t'a pas fait mal au nez?
-Ne t'en fais pas. Ça va.
-Je suis désolé. Je crois que c'est ma faute. J'aurai jamais du te faire aller dans ce couloir. Si tu n'y étais pas allé, peut-être que...
-De toute façon, ça s'est passé. Donc on va éviter de trop y penser.

Je me mets en face de lui et l'observe.

-Quoi?

Je me mordille la lèvre avant de lui dire sincèrement:

-Je te préfère sans tes lunettes. Elles étaient trop grosses et gachaient tes traits fins.
-C'était justement pour les cacher que je les avais pris si grosse.
-Tu n'aimes pas ton visage?
-Je trouve que mes pommettes ressortent trop. Et j'ai un long nez.

Je lève les yeux au ciel.

-Tu dis vraiment n'importe quoi. A cause de ces lunettes, ton visage paraissait encore plus fin qu'il ne l'est en réalité ! Personnellement, je trouve que tu es très beau ainsi.

Il lève un sourcil.

-Eh bien, merci Jack.

Je m'empourpre alors que le coin de ses lèvres se relèvent. Je bafouille quelques instants avant de rajouter:

-Ne me dis pas que je suis le premier à te faire ce compliment!
-Charlotte m'a dit la même chose quand je suis arrivé avec ces lunettes au lycée. Mais je ne l'ai pas cru.
-Et moi? Tu me crois?

Son sourire devient plus énigmatique.

-Peut-être...

Son regard erre ensuite sur son bureau.

-Ma mère n'était pas très contente. On va devoir faire marcher l'assurance.
-Tu leur as expliqué ?
-Bien sûr. J'ai pas tout dit, mais ils en savent juste assez.

Il regarde l'heure.

-Je vais peut-être faire mes devoirs.
-Aucun soucis, je ne vais pas te déranger plus longtemps.

Sans plus attendre, je sors de la chambre sous le yeux attentifs d'Aurélien.

...
J'ai un anniversaire ce weekend alors si jamais demain matin vous n'avez pas le chapitre, c'est normal. Je le posterai le soir. Si jamais il n'y est pas, envoyez-moi un petit message !

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