Chapitre 1
En ce 30 novembre 2021, j'étais à la rue avec mes deux filles, en plein confinement.
La nuit noire et nuageuse, des flocons tombaient du ciel. Nous arpentions les rues recouvertes de neige sans savoir où aller.
— Papa, j'ai froid. se plaignit ma plus jeune fille.
— Je sais ma chérie. Je vais nous trouver un endroit à l'abri du vent.
Je devais faire vite. Mes filles étaient gelées.
Quelques heures auparavant, nous étions encore dans notre maison au chaud. Je ne pensais pas que l'on pouvait être délogé aussi facilement et rapidement.
Comment mes propriétaires avaient-ils pu nous nous mettre à la porte et pendant une pandémie ?
Mes doigts étaient glacés malgré la paire de gants que je portais.
— Où va-t-on ? me demanda Flora, la sœur ainée.
— À la gare routière. C'est le seul lieu où nous pourrons nous réchauffer. Nous ne sommes plus très loin.
Les bâtiments défilaient à mesure que nous marchions. Sakura me lâcha la main et courut dans la direction d'un magasin, le seul qui éclairait notre chemin.
— Où vas-tu, Sakura ? m'écriai-je.
— Papa, viens voir ! C'est un magasin de jouet !
Je me précipitais vers la boutique en compagnie de sa sœur.
En m'arrêtant devant, je fus ébloui par la beauté de la vitrine. Des guirlandes électriques éclairaient celle-ci. Les jouets s'animaient devant nous. Une ballerine vêtue d'un joli tutu rose dansait avec un casse-noisette. Au fond, un père Noël qui sortait d'une cheminée. On entendait la chanson " Douce Nuit" qui résonnait derrière la vitre.
Mes filles étaient émerveillées par ce spectacle. Ce petit moment de magie nous faisait oublier tous nos soucis.
— Je veux être comme elle quand je serais plus grande. Je veux danser. M'annonça Sakura.
Pour l'instant, je n'avais aucun moyen de lui payer des cours. Comme je ne voulais pas lui briser son rêve, je réfléchissais à ce que je pouvais lui dire.
— Un jour, tu seras une magnifique danseuse. Pour moi, tu seras toujours ma petite ballerine.
— Je t'aime, papa ! me disait-elle en se précipitant dans mes bras.
Je m'accroupis pour être à sa hauteur et je l'enlaçai. Mes filles étaient ce que j'avais de plus précieux au monde. Des larmes coulaient le long de mes joues. Je ne supporterais pas à l'idée de les perdre un jour.
— Pourquoi pleures-tu, papa ? me questionna Flora.
Elle était le portrait de sa mère. Grande à la fine silhouette, une longue chevelure noire encadrée ses joues rondes légèrement rosées et elle avait de sombres iris. Âgée de onze ans, elle pensait comme une adolescente de quinze ans.
En 2019, après le divorce avec mon ex-femme, Flora s'était occupée de sa pette soeur âgée à peine de deux ans. Je n'avais pas les moyens d'engager une nounou.
À l'époque, nous venions de quitter Tokyo pour emménager en France, dans la petite station balnéaire de Royan. Je travaillais dans un restaurant japonais pour subvenir au besoin de ma famille comme je l'avais toujours fait auparavant. Malheureusement, l'établissement dans lequel je bossais à fait faillite à cause de la crise Covid. Je n'ai pas retrouvé de travail par la suite et j'élevais seul mes deux filles.
Aujourd'hui, j'étais sans emploi et à la rue. Même si nous vivions des moments difficiles, mes filles étaient auprès de moi. Par ma faute, mes petites princesses grelotaient de froid. Je ne savais pas où on allait vivre à présent. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, car je me reprochais d'être un mauvais père.
— Papa, pourquoi pleures-tu ? insista-t-elle.
— Je suis un mauvais père. Vous vous retrouvez dehors à cause de moi.
— Ce n'est pas ta faute ! Tu as toujours été là pour nous, me consola Flora en ajoutant, ce sont nos propriétaires qui ont été méchants !
— Tu as raison, Flora.
— Viens, papa. Allons nous mettre à l'abri !
Elle me prit par la main et sa petite soeur aussi. Nous reprîmes notre route. Nous n'étions plus très loin de notre destination.
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