II

Dès qu'il entendit la nouvelle de l'invasion d'une petite ville par le groupe terroriste MLT, le gouvernement entra en panique. «Ne jamais négocier avec les terroristes», maxime du pays, semblait bien insensée à ce moment. Elle revenait à dire: «Laisser des centaines d'innocents mourir». Ils avaient ainsi prit la difficile décision d'envoyer une escouade incognito dans la ville et de tenter de leur faire gagner du temps. Leur mission était simple, éliminer le Dr Alexander Williams, ancien scientifique devenu chef du Mouvement de Libération de la Terre. L'homme était le cerveau de l'organisation, sans lui, le mouvement s'éparpillerait, et le démanteler serait immensément plus facile.

Habillés de gilets pare-balles sous leurs vêtements de civils, des armes cachés dans chaque recoins de leurs costumes, les membres de l'escouade s'infiltrèrent dans la ville. C'était une véritable mission suicide, c'est pourquoi les agents les plus dévoués du gouvernement y avaient étés envoyés. Des hommes et femmes prêts à mourir pour leur patrie. Si dévoués à leur travail qu'ils n'avaient ni familles, ni amis. Ils étaient impitoyables et dirigé par la plus implacable de tous: l'agent Anderson. Certains la qualifiaient de folle furieuse, tellement elle était prête à prendre des risques pour son travail. Personne n'avait été étonné de la voir se porter volontaire pour cette mission suicide. On avait pas été plus surpris qu'elle lui soit confiée. On savait qu'elle atteindrait son but, même si elle devait y laisser la vie.

Accompagnée de son équipe, Anderson traversa la ville et se réfugia dans une foule de civils en panique, non loin de la grande place et de l'hôtel de ville. Malgré son calme apparent, le cœur de la femme pulsait dans sa poitrine, si fort qu'elle le sentait dans tout son corps. L'adrénaline coulait dans ses veines, sensation qu'elle adorait et qui était devenu pour elle aussi addictive qu'une drogue. Elle ferma ses yeux noisette l'espace d'un instant, visualisant son but et focalisant toute son attention sur celui-ci. Lorsqu'elle les rouvrit, une détermination sans faille y brillait. Elle se faufila à travers la foule, cherchant à localiser le Dr Williams. Elle avait énormément entendu parler de cet ancien scientifique gouvernemental. Un véritable génie prêt à tout pour sauver l'humanité, disait on. Avant qu'il ne se radicalise et ne passe au rang de terroriste. Anderson trouvait cet homme fascinant, de cette fascination morbide que l'homme a pour la mort et autres choses le menaçant. Lorsqu'il sortit enfin d'un bâtiment qu'elle supposa être son quartier général, l'agent fit signe à son équipe. Cet immeuble allait être crucial pour leur mission. Ils pourraient tenter d'y planter une bombe. Ou d'un angle attentivement étudié, l'abattre d'une balle de fusil de précision. Peut-être même, si rien de cela n'était possible, s'infiltrer dans son bureau et le surprendre ainsi.

La femme traversa la foule sur le côté pour aller observer les alentours de l'édifice. Le nombre de fenêtres, leur disposition, les possibles entrées. Alors qu'elle allait tourner un coin de rue, un soldat du MLT la vit et braqua son arme à feu sur elle.

- Qu'est-ce que vous faites là? demanda l'homme.

- J'allais chez moi... couina la femme, jouant à merveille la citoyenne apeurée.

- Peu importe, le monde sera meilleur sans une énième personne comme vous.

À ces mots, sachant que l'homme allait tirer, l'agent Anderson attrapa le canon de l'arme et le dirigea vers le ciel. La balle partit sans la toucher et d'un mouvement fluide, elle arracha le fusil des mains de l'homme. Elle lui envoya plusieurs coups de crosse pour qu'il tombe au sol avant d'elle même l'abattre. Son escouade, alertée par les coups de feu se précipita vers elle.

- Eden! s'exclama l'un des membres. Tout va bien?

Il se faisait du souci. C'était probablement le seul membre de l'escouade à s'inquiéter pour elle. Il était aussi son seul ami et l'accompagnait dans absolument toutes ses missions. L'homme d'environ son âge prenait tout autant de risques qu'elle, mais en étant beaucoup plus sensible et empathique. Anderson se retourna vers lui, croisant ses yeux verts brillants d'inquiétude et lui dit en lâchant le fusil du membre du MLT:

- Tout va bien, agent Taylor. Mais on devrait s'éloigner avant que quelqu'un ne vienne voir ce qui s'est passé ici.

L'agent aux courts cheveux blonds hocha la tête, habitué à cette attitude froide et presque trop professionnelle de son amie. L'escouade reprit ainsi son chemin, s'éloignant du quartier général du Mouvement de Libération de la Terre. Ils décidèrent de monter sur le toit de l'immeuble voisin. Peut-être arriveraient-il à bien voir les environs et à trouver un endroit d'où ils pourraient tenter d'abattre le Docteur. Une fois arrivé en haut, l'agent Taylor prit l'agent Anderson à part. Les longs cheveux bruns de la femme volaient sous la faible brise et vinrent caresser le visage de l'homme. Il passa une main dans ses cheveux blonds et dit:

- Eden... Je sais qu'on est en mission, mais... étant donné que ça pourrait être notre dernière... S'il te plait, ne me traite pas simplement comme un collègue, carrément comme un inconnu.

La femme soupira:

- Jaime... Écoutes, cette mission va bien se passer, comme toutes les autres. On va rentrer, aller boire un verre et là, je te traiterai comme un ami. Ici, j'ai besoin que tu sois simplement l'agent Taylor. Tu sais que je ne peux pas me permettre ta philosophie de ne laisser personne derrière. Et je ne peux pas laisser Jaime derrière. L'agent Taylor... c'est autre chose.

L'homme comprenait le raisonnement de son amie, mais cela ne voulait pas dire qu'il lui plaisait. Il n'aimait pas ce côté impitoyable de la femme, sa facilité à abandonner un membre de son escouade pour le bien de sa mission. C'était, évidemment, ce qui faisait d'elle un si bon agent, mais, selon lui, ça la rendait moins humaine. Et l'humanité était ce qui leur tenait, tous les deux, le plus à cœur. Il hocha légèrement la tête, mais planta son regard de la couleur des prairies qui recouvraient autrefois la terre dans celui de la femme. Une lueur triste y brillait et il murmura sur un ton correspondant:

- Juste... n'oublies pas le plus important. N'oublie pas pour quoi on se bat.

Eden baissa les yeux, soupirant, démontrant pour la première fois depuis qu'ils s'étaient engagés dans cette mission ce qui se trouvait sous sa carapace implacable de travail. Cette magnifique âme pleine de compassion qui la différenciait des membres du MLT. Certes, tout comme eux, elle avait déjà tué, mais elle, ses actions ne cessaient de la hanter. La seule chose qui lui permettait de continuer, c'était de se dire qu'elle était la seule capable de les arrêter. Elle se battait pour les habitants de la terre, pour la survie de cette race qu'elle aimait profondément malgré tous ses défauts.

- On se bat pour l'humanité, souffla-t-elle.

- Et c'est quoi l'humanité?

- L'être humain, sa compassion et sa bonté.

L'agent Taylor envoya un sourire tendre à son amie et elle le lui rendit. Leur moment d'intimité fut interrompu par un des soldats de l'escouade appelant sa supérieur. Son visage se durcit instantanément, sa carapace reprenant sa place. Elle s'approcha de son tireur d'élite qui, positionné au bord du toit, observait dans la lentille de son arme à feu.

- Avez-vous trouvé une quelconque possibilité de tir?

- Non. L'unique fenêtre du bureau est orientée de façon à ce qu'on ne puisse pas apercevoir le Dr Williams. À moins qu'il vienne se positionner exactement devant.

- J'aurais dû m'en douter. Il est bien trop intelligent pour faire une erreur de débutant de ce genre.

La grande femme brune fit les cent pas, réfléchissant à une solution. Elle s'arrêta soudainement et demanda:

- Niveau sécurité, qu'est-ce qu'on a?

Le tireur observa dans sa lentille et fit le décompte:

- Deux gardes devant la portes principale, deux surveillants la porte arrière, et deux gardes en constante rotation autour de l'immeuble. C'est probablement l'un d'eux que tu as tué. Ils n'ont pas tardé à le remplacer.

- Ils doivent savoir qu'on est là maintenant, grogna Anderson, irritée par son faux pas.

- Pas nécessairement. Peut-être qu'ils se disent qu'un des habitant de la ville l'a attaqué. Plusieurs citoyens ont des armes de nos jours.

L'agent Anderson ne répondit pas. Elle ne voulait pas sous-estimer le Dr Williams. S'il était aussi intelligent qu'on le disait, il était déjà au courant de leur présence, de leur plan et ils allaient devoir redoubler de vigilance et d'ingéniosité.

- Quelles sont nos chances d'arriver à planter une bombe?

- Faible, mais pas impossible. Notre seule chance de réussite est d'y aller en mode kamikaze. La personne qui ira porter la bombe ne reviendra pas.

Anderson resta en silence, réfléchissant à ce dilemme. Sacrifiait-elle un de ses hommes pour la cause où devaient-ils tenter une autre option. Elle croisa le regard de Jaime et prit une décision.

- On doit tenter. 

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