I
La ville était à l'image de ce monde. Terne, taciturne, grise et morte. Bien évidemment, elle était habitée, même surpeuplée comme le reste de la Terre, mais elle semblait sans vie. Pas de passant prenant une petite promenade de santé, personne ne se déplaçant à vélo, à peine de végétation par-ci par-là. Que des kilomètres de bétons et de métal. En hauteur, en largeur; même le ciel semblait gris comme le ciment s'étendant à perte de vue. Des monstres de métal passaient à toute vitesse dans les rues, faisant rugir leurs moteurs et crachant une fumée noire à l'odeur nauséabonde.
L'homme, enveloppé dans son long manteau noir, la capuche rabattue sur sa tête, soupira, triste de constater encore une fois le monde et son état qui ne s'améliorait pas. Cette vue réveilla sa haine et sa détermination. Il avança d'un pas.
Soudainement, une vision inespérée arriva devant lui. Un petit enfant sortait d'un immense établissement. Peut-être allait-il jouer ou se promener? Peut-être encore allait-il simplement chercher quelque chose? L'homme se figea. Peut-être avait-il tord? Peut-être fallait-il tout arrêter? Il observa l'enfant avancer dans la ville, croiser un des multiples sans abris. Il se surpris à espérer que l'enfant lui donne une pièce, une parole ou ne serait-ce qu'un sourire. Sauf qu'évidemment, c'était trop demander à cette égoïste, perfide et affreuse société. L'enfant regarda intensément l'homme pauvre avec un dégoût marqué et finit par partir en courant. Probablement que s'il avait eut une voiture, il aurait préféré la prendre.
Non. L'homme avait raison. Ils avaient passés le point de non retour. Il leur faisait à tous une faveur.
Il se remis à avancer, prêt à donner le signal. Il observa le gratte-ciel devant lui, puis la télécommande dans sa main. Avec le calme froid d'un prédateur devant sa proie, il s'éloigna de l'immeuble et, lorsqu'il fut assez éloigné, il appuya sur le détonateur. Alors que le géant de béton et de métal s'effondrait derrière lui, il passa devant le sans abri qui l'observait d'un air ahuri. La surprise du pauvre se transforma en effroi et il balbutia:
- Cet... Cet immeuble... Il était habité...
L'homme au manteau noir, parfaitement conscient de ce fait, se retourna lentement vers le pauvre. Il lui sourit chaleureusement et dit:
- Ne t'inquiètes pas. C'est bientôt finit.
Sous le regard épouvanté du pauvre, l'homme au manteau noir s'éloigna d'un pas calme et déterminé.
Les chars d'assaut débarquèrent, suivis d'hommes et de femmes armés. Tous suivirent la trace de l'homme en noir jusqu'au milieu de la ville. Ils se réunirent devant l'énorme bâtiment qu'était l'hôtel de ville. L'homme, se tenant en haut des marches, baissa enfin son capuchon, révélant son visage fin au teint clair. Ses cheveux noirs parsemés de mèches grises étaient mi-longs et plaqués vers l'arrière. Ses yeux bleu glacier brillaient d'une terrible désillusion. Il dégageait une aura de calme, son apparence donnait envie de lui faire confiance, mais rien sur lui ne laissait paraitre sa rage et son obsession frôlant la folie. Il sourit à son armée devant lui en écartant les bras en croix, puis il hurla, sa voix amplifiée par l'acoustique bien pensée de la place ou ils se trouvaient:
- Mes amis, fiers membres du Mouvement de Libération de la Terre! Aujourd'hui nous prenons cette ville! Demain, on nous donnera ce pourquoi l'on se bat!
La foule se mis à clamer:
- LI-BÉ-RA-TION! LI-BÉ-RA-TION!
Il fit un signe de la main, un doux sourire sur son visage et son charisme imposa le silence à l'attroupement. Il prit tout son temps pour reprendre.
- Tous à son poste!
Puis il murmura:
- Que le spectacle commence.
Les hommes et femmes du MLT se dispersèrent pour installer leurs infrastructures dans la ville. La démolition de quelques bâtiments était prévue, tout comme la mort de plusieurs des habitants. Ils allaient transformer cette ville en un paradis de pureté et d'égalité, tout en faisant pression sur le gouvernement pour qu'il cesse enfin de se voiler la face et agisse.
L'homme descendit les marches et fut arrêté par son second. Une jeune femme trahie par sa société, qui cherchait autant vengeance que de créer un monde meilleur.
- Dr Williams?
- Oui Natalia?
- Pensez-vous vraiment que le gouvernement va céder à nos demandes? Après tout, ils se vantent de ne jamais négocier avec les terroristes.
- Mais nous ne sommes pas des terroristes, Natalia. Nous sommes les combattants de la Terre, de l'égalité. Tout ce que nous voulons, c'est le bien commun.
- Je sais, mais eux nous considèrent comme des terroristes.
- Et bien s'ils ne cèdent pas, nous passerons à la prochaine ville. Nous construirons notre monde meilleur une ville à la fois.
L'homme poursuivit son chemin, toujours aussi calme. Il entra dans un bâtiment que l'on avait préalablement débarrassé de ses occupants et aménagé pour être son bureau. Il s'écroula sur une chaise, épuisé. Il se massa l'arrête du nez pour tenter de faire disparaitre la douleur lui martelant le crâne. Il était fatigué, si fatigué. Mais il savait qu'il faisait la bonne chose pour tous, que le monde avait besoin de lui et que bientôt tout serait enfin finit. Le monde meilleur dont il avait toujours rêvé prendrait vie.
Plusieurs avaient tentés de lui mettre des bâtons dans les roues, il avait vu ses moyens se radicaliser, avait vu son mouvement grandir et son projet, tranquillement, se concrétiser. Aujourd'hui, enfin, il était plus près du but que jamais. Oh! comme cette situation lui procurait un désagréable sentiment de déjà vu! Cette fois, cependant, il n'échouera pas. Il ne laissera personne se mettre en travers de son chemin et l'empêcher de libérer la Terre. Et lorsque ce sera fait il pourra enfin se reposer.
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