Chapitre 7 : Elément perturbateur*
« Les elfes sont des créatures presque autant diverses que nous les humains, tant en matière de mœurs que de pouvoirs magiques. Alors que certains elfes ont évolué à travers le multivers comme étant dénués de pouvoirs, mais dotés d'une grande force et d'une longévité dépassant les centaines d'années, d'autres ont développé une affinité toute particulière à des Domaines comme celui du feu, du soin, voire, dans certains cas, de la Mort, réduisant la moyenne de l'espérance de vie de l'espèce elfique. Mais il y a une constante qui ne varie jamais en matière de peuple elfique : Ils vivent toujours en clans ou en pays bien à eux, le plus éloignés possible des politiques de leur terre d'accueil. On voit très rarement des elfes se mêler des affaires de Wattpadia, l'exception étant les bannis ou les mercenaires. »
Encyclopédie des espèces universelles, édition 3647, lettre E, par Cartel Amstram
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L'entretien avec les royaux avait duré plus de temps que prévu. Tant de temps que Lina se souvenait avoir mangé pendant que Sky, Intrigue et Originalité continuaient d'aborder diverses stratégies à employer contre les clichés. D'ailleurs, le soleil se couchait déjà lorsqu'elle sortit du palais, suivie de Corbeau, Erin et Sky ; ces derniers étaient tous plongés dans un profond silence depuis leur départ de la salle du trône, un silence que Lina ne s'était pas embarrassée de briser. Elle était trop plongée dans ses propres réflexions pour se préoccuper de celles des autres.
Après les rapports, Corbeau et Erin s'étaient mis à discuter avec Sky et Originalité, tandis qu'Intrigue avait pris Lina à part. Elle souriait, mais le sujet de leur discussion, lui, était nettement moins joyeux que le visage de sa reine. En effet, elle avait abordé l'inaction des religions et le culte de la Flamme, deux sujets qui de toute évidence, les préoccupaient énormément toutes les deux.
« —Aucun des cultes des dieux importants ne nous prêtera main-forte, avait précisé Intrigue. Nous possédons à Wattpadia plusieurs places fortes notamment des dieux de la Mort, de la Lune et de la Nature mais si les deux premiers nous ont garanti leur neutralité, je n'ai reçu aucune réponse du troisième... Et le fait que la Flamme soit la seule à vouloir nous aider m'inquiète. Pourtant, le problème cliché devrait tous les concerner.
—Peut-être ont-ils leurs propres combats ? » S'était demandé Lina. Mais elle se doutait que c'était faux. Les religions annexes ne s'étaient jamais senties concernées par leur sort, surtout maintenant qu'Intrigue avait diminué leur pouvoir. Ce qui rendait l'attitude de la Flamme, bien que providentielle, d'autant plus inquiétante.
Intrigue avait plissé les yeux.
« —Croyez-vous seulement à ce que vous dites ? En un sens, je ne suis pas surprise par leur inaction. C'est le soutien de la Flamme qui me préoccupe. Mon mari, aussi dur soit-il, a raison sur un point, Optrik n'est pas digne de confiance. C'est pour ça que je vous en parle, de reine à cardinale. Flamme et Création ne font pas bon ménage. Il vous faudra surveiller attentivement les Inquisiteurs qui participeront au combat. »
Surveiller les Inquisiteurs. Plus facile à dire qu'à faire, s'était dit Lina en repensant à ses faibles contacts avec les autres religions. Elle n'avait jamais rencontré Optrik. On disait de lui que c'était un bon chef, quoique implacable dans l'application des commandements de la Flamme. Elle n'avait aucune raison de se méfier de lui pour le moment, mais l'idée d'Inquisiteurs de la Flamme se joignant à l'armée ne lui plaisait que trop peu. Elle préférait presque qu'ils agissent de leur côté pour ne pas avoir à les surveiller. Intrigue, voyant son trouble, avait souri.
« —Ne me dites pas qu'une poignée de religieux vous font peur, Lina, je n'y croirais pas. Et pour Optrik, je serais seule à traiter avec lui. Je ne m'avancerai pas en disant qu'il me mange presque dans la main.
—Une victime de votre charisme inébranlable, votre Majesté ? » Avait ri Lina.
Amusée, la reine avait répondu sur le même ton.
« —Vous n'êtes peut-être pas si loin de la vérité. »
Un léger rire avait secoué les épaules de la souveraine devant l'expression incrédule de Lina, puis elle avait regagné son sérieux.
« —Toujours est-il que je veux que vos rapports comprennent des informations sur tout Inquisiteur que vous verrez dans le cadre de la guerre. Avec ce que vous pensez de leur comportement, sans m'omettre aucun détail. Me suis-je bien fait comprendre ? »
Un appel retentit devant elle, provenant visiblement de Sky. Arrachée à ses pensées, Lina leva les yeux vers les trois autres, qui s'étaient arrêtés devant une des sorties du palais. Un portail était grand ouvert devant Corbeau ; cela suffit à faire comprendre à Lina qu'ils allaient quitter les lieux immédiatement. Elle soupira, et passa le portail d'un bond, sans se préoccuper des regards insistants de ses camarades.
Ils étaient revenus dans la tente de Sky. Et cette dernière ne comptait pas les laisser filer comme ça, vu sans laisser le temps à qui que ce soit de sortir, elle déroula une nouvelle carte et les invita tous à s'asseoir. Le silence accompagna leurs gestes alors qu'ils s'exécutaient ; silence très vite brisé par Sky, qui soupira avant de se pencher vers le bout de papier.
« —Bon. On a des bastions clichés à détruire, et quand j'aurai récupéré les infos nécessaires, je pourrai voir à quelle vitesse nous pourrons libérer les lieux. Je pense que je ne pourrai pas vous envoyer sur tous, on se contentera des plus importants. Mais entre-temps, il faut vous trouver des occupations. Espionnage, entraînement, missions de reconnaissance... Est-ce qu'il y a des choses qui vous intéressent ?
—Je doute être un bon espion et je ne pourrai entraîner que les mages, fit Corbeau. Ça réduit considérablement mon champ d'action. Mais si tu veux, je peux aider à établir les stratégies et les corps d'armée idéaux pour les prochaines offensives. J'ai pas mal étudié la stratégie lorsque j'ai rejoint les installations d'apprentissages du Haut Conseil. »
Sky haussa un sourcil et sembla vouloir ajouter quelque chose, mais se tut. Lina prit le silence pour son tour de parler, et lança, les yeux fixés sur la carte :
« —Je suis Cardinale, je dois gérer un minimum les fidèles. Je peux organiser les séances de sanctification et les missions de reconnaissance, mais pas vraiment m'éloigner pour de longues périodes. Donc, l'espionnage, c'est nope. Aussi, je suis assez polyvalente pour m'occuper des entraînements de l'armée, mais je doute être une bonne instructrice.
—Ça, je peux peut-être m'en occuper ? »
Trois paires d'yeux se tournèrent vers Erin, qui venait de parler. Sentant le poids des regards sur elle, cette dernière fit la moue, avant d'ajouter :
« Bon, je ne serai pas forcément la meilleure en magie, mais j'ai des frères et sœurs. J'ai l'habitude de leur enseigner des feintes et de les faire travailler. Si ça peut aider... »
Corbeau et Lina échangèrent un regard, et Sky prit son menton entre ses mains, avant de laisser se former sur ses lèvres un léger sourire.
« —C'est une très bonne idée, Erin. Toi, Corbeau et moi allons donc organiser les entraînements de l'armée en fonction des capacités de chacun. Tu verras, ce n'est pas sorcier. Je suis sûre que tu y trouveras ton compte, et je peux t'aider au besoin. »
Lina sourit à son tour. Ce serait en effet une bonne manière pour Erin de se distinguer, si elle parvenait à se faire obéir des soldats. Ne restait donc qu'à mettre au propre ses attributions. Ce à quoi Sky semblait réfléchir aussi.
« —Et pour Lina... Lina, pour le moment, tu pourras surtout voir quels fidèles de la Création sont volontaires pour être disponibles en permanence, afin de sanctifier les bastions que l'on va libérer. Cela vous convient ? »
Les trois hochèrent la tête, et Sky, considérant sans doute l'entretien clos, se leva, avant de décrocher les sangles de son armure de cuir.
« —Bien ! Il est tard, on a bien travaillé aujourd'hui et il n'y a plus grand-chose à organiser. Je vous propose donc qu'on prenne la soirée pour nous ! Je vais chercher du vin et de la nourriture aux cuisines, je reviens. »
Elle ne prit pas le temps de constater les réactions de ses subordonnés. Un coup de vent plus tard, et il n'y avait plus que Corbeau, Erin et Lina dans la tente, qui soupirèrent de concert. Comme d'habitude, Sky ne se gênait pas pour prendre les choses en main. Et si parfois, c'était rassurant, à d'autres moments, il n'y avait pas mieux comme comportement pour générer de la frustration... Corbeau soupira.
« —Bon, eh bien nous voilà repartis pour une soirée tous les quatre.
—Moi, je trouve que c'est une bonne idée, fit Erin. On est censés faire front commun. Autant qu'on apprenne vite à se connaître.
—Ah bah, puisque c'est ça, parlons un peu, oui. Tu as des frères et sœurs ? Ils ont quel âge ? »
L'intérêt que Lina portait à ce sujet sembla surprendre Erin, mais elle resta sur ses positions. Elle avait grandi dans un orphelinat sans trace de liens familiaux, et était à sa connaissance fille unique. La fraternité la rendait curieuse. Surtout que les rares fratries qu'elle avait connues... Ne s'entendaient pas si bien que ça, pour être honnête avec elle-même.
Erin sourit en voyant son expression.
« —Eh bien, j'ai un frère et une sœur, de seize et dix-sept ans. Comme nos parents sont portés disparus depuis environ dix ans, c'est moi qui les ai élevés... Je leur ai appris le maniement de l'épée et comment tenir une maison, ce qui m'a permis de rallonger la durée de mes voyages... Enfin là, les pauvres, ils doivent se demander ce qui me prend autant de temps. Je devrais peut-être leur envoyer une lettre...
—C'est vrai que tes proches ne sont pas dans ce monde, fit Lina. Ils ne te manquent pas ? »
Le visage d'Erin se fit plus mélancolique.
« —Si, bien sûr. C'est dur d'être loin de chez soi. Mais d'un autre côté, je fais ça pour arrêter Kikoolol et éviter qu'ils ne soient davantage en danger. Alors autant prendre mon mal en patience. Et vous, vous avez une famille ?
—Pas que je sache, fit Lina. Mes plus anciens souvenirs remontent à un orphelinat. Et toi, Corbeau ?
—Aucune. »
La violence de son ton surprit Lina, et elle se tourna vers lui pour voir que son habituel masque inexpressif s'était fissuré : Il avait les lèvres pincées, et les yeux tellement froids qu'ils auraient pu lancer des geysers de glace. La famille semblait être un sujet très sensible. Haussant les épaules, Lina n'insista pas, et Corbeau, voyant qu'elle ne cherchait pas à en savoir plus, se détendit, revenant à sa neutralité.
Au même instant, Sky rentra dans la tente, deux bouteilles de vin et des assiettes dans les bras. Elle était suivie par trois cuisiniers transportant des plats remplis de nourriture : Un poulet luisant de graisse, un assortiment de poissons et des accompagnements comme des pommes de terre et des haricots. Malgré la guerre, le luxe se faisait sentir, sourit Lina. On pouvait remercier la Sainte Création pour son action salvatrice. N'était-il pas dit qu'un soldat bien nourri était un soldat efficace ?
La générale posa son fardeau sur la table avec son habituel sourire, invitant les trois autres à se réunir autour de la table. Le repas bien chargé ne tarda pas à dérider tout le monde, et Lina, à peine assise, avait commencé à se servir sans un mot tandis qu'Erin entamait une discussion toute simple sur la stratégie guerrière. On pouvait facilement dire que la table était bien animée, jusqu'à ce que Sky finisse sa première assiette et repose ses couverts.
« — Je ne voudrais surtout pas vous presser, les enfants, mais il commence à se faire tard et je dois vous envoyer au lit... Demain va être plutôt chargé.
—Ma générale, grommela Lina, on est pas des gosses, sauf votre respect. »
Sky sourit, avant de se lever de sa chaise.
« — On est en guerre, il faut savoir prendre l'affection d'où qu'elle vienne... Vous allez voir, on en manque très vite dans ce genre de temps troublés. »
Le silence se fit. Déjà parce que la remarque était... Dégoulinante de regret, empreinte des sentiments qu'on attribue généralement aux vétérans. Ensuite parce que Lina ne s'attendait vraiment pas, au cours d'une guerre sainte, à devoir se faire traiter comme une gamine, et encore plus par sa supérieure. Elle plissa les yeux, et ce fut Erin qui brisa le silence, une expression curieuse sur son visage.
« —Dites-moi, vous en avez vu beaucoup, des guerres ?
—Oh oui, rit Sky, beaucoup trop même ! Et pas seulement des guerres, des crises au sein de Wake'li, aussi. Je n'ai pas eu mes galons pour rien, même si on pourrait le penser au vu de mon âge... »
Lina leva les yeux au ciel. Elle était plutôt mal placée pour dire que l'âge de quelqu'un déterminait sa valeur, tout de même. Les crises dont Sky parlait, elle les avait vues aussi, même si elle n'avait eu aucun rôle à jouer dans leur gestion. Mais la guerre, c'était autre chose. Wattpadia en avait vu des centaines, même sans compter les guerres avec les clichés. Il était bon de noter que la dernière grosse guerre qu'ils avaient eue avait marqué l'avancée de Sky. Qui continuait d'ailleurs de parler.
« Je dois dire que j'étais plutôt contente, quand j'étais lieutenante, d'avoir un supérieur prompt à l'affection ! Oh, et pas de manière étrange, sourit-elle en voyant l'air dubitatif de Lina. Les agressions sexuelles sont certes nombreuses au sein de l'armée, mais cet homme-là était vraiment droit.
—Et il est devenu quoi ? » Demanda Erin.
Le sourire de Sky trembla un peu. Lina la vit détourner les yeux avant qu'elle ne rassemble les couverts utilisés et les plats vides sur la table.
« —Oh, il est mort. Une échauffourée en pleine guerre contre les colonies qui a mal tourné. Les conséquences de la guerre, je suppose... »
Et sur ces mots bien tristes, elle sortit, les plats en main, sous le regard des trois autres.
Lina se renfonça dans son fauteuil, une moue sur les lèvres. Être confrontée à la mort pendant la guerre était quelque chose de commun, mais elle-même avait du mal à s'imaginer ce qu'il se passerait si elle devait passer cette épreuve. Dire que le camp d'en face n'avait sûrement pas ce genre de problèmes... C'était aberrant. Et une bonne raison de continuer à se battre contre ces choses. Elle grogna. Pas le moment d'y penser.
« — Et on se demande pourquoi je n'aime pas la guerre, soupira Erin. Dans tous les cas, il s'agit de tuer des êtres qui ont une famille, des deux côtés... Maudit Kikoolol.
— Les clichés ? Se préoccuper de leur famille ? Faut pas déconner non plus...
— Oui, Lina, soupira Corbeau. Les clichés, se préoccuper de leur famille. Même les animaux les plus primitifs y arrivent, alors pourquoi pas les clichés ? »
Lina leva les yeux au ciel. Mais ils s'y mettaient à deux ? Ils avaient beau dire, ça ne valait rien auprès de tout ce qu'elle avait appris au sein de la Création. Les fondements même de Wattpadia étaient basés sur leur inimitié avec les clichés. Il faudrait lui montrer de belles preuves pour qu'elle réfléchisse à trahir la Sainte-Eglise.
Elle soupira. Elle ne voulait pas se disputer avec eux pour ça, et de toute façon quoi qu'elle en dise, ça ne changeait rien au fait qu'ils étaient en guerre contre eux. Et qu'il fallait limiter au maximum les dégâts, et les pertes.
« Dans tous les cas, reprit Corbeau, quoi qu'on en dise, ça ne changera pas le fait que leur armée nous attaque. Je le déplore, mais une guerre est rarement humaine. »
Lina hocha la tête, et n'ajouta rien alors qu'elle se dirigeait vers la sortie de sa tente. Sur ce point, elle était bien d'accord.
Les jours défilèrent et ne se ressemblèrent pas. Dans l'absolu, chaque nouvelle journée était différente pour Corbeau, Erin et Lina. Les trois étaient toujours quelque part sur le campement, où même en train de libérer un bastion cliché quelconque. Les croix rouges sur la carte perdaient en nombre et en proximité avec la ville, à la grande joie de Sky qui ne cessait de les féliciter ; mais Lina savait, au plus profond d'elle-même, que c'était loin d'être fini.
Elle était justement sur le terrain, en train d'entraîner une horde de soldats basés sur le physique. Ces derniers avaient mis un peu de temps à la respecter, mais elle avait trouvé la solution idéale et la plus rapide pour pallier à ce problème : Elle avait défié le plus costaud du lot en duel. Ça avait été dur, mais elle avait pu prouver à cette montagne de muscles que la sous-estimer n'était vraiment pas l'idée du siècle. Une énorme balafre sur sa joue droite avait fait le travail pour elle. Un rire lui échappa au souvenir de la tête de son adversaire.
Elle se trouvait en compagnie d'Erin, qui avait pris un groupe plus réduit pour montrer ses propres mouvements. Elle avait un large sourire aux lèvres et des gestes dynamiques : visiblement, c'était un terrain qui lui plaisait. Sans doute plus qu'à Lina, qui retint pour la quatrième fois une insulte et un juron à la limite du blasphématoire en voyant qu'une des recrues avait encore manqué de se poignarder avec sa propre épée.
« —Eh ! On a dit se battre, pas se planter la lame dans le pied ! C'est la lame qui te gêne où c'est juste toi qui es balourd ?!? »
Le malheureux soldat sursauta et leva la pointe de son arme vers l'adversaire qu'il affrontait, les yeux empreints d'incertitude. Lina soupira. Rares étaient les soldats qui avaient le choix de leur arme dans l'unité principale, mais là, ça sautait aux yeux que ce gamin ne saurait pas manier une épée aisément. Pas avec ce gabarit, et sa manière de tenir son arme. Elle soupira, et se dirigea sur lui.
« Tu sais y'a pas de honte à prendre une arme plus petite, si celle-là te correspond pas. »
La recrue écarquilla les yeux et raffermit sa poigne sur le pommeau de son épée. Ça ne suffit pas pour cacher à Lina la garde qui tremblait. Elle leva les yeux au ciel et tourna le regard vers l'adversaire du soldat, qui avait l'air... Plus déconcerté qu'autre chose. De quoi lui faire, de nouveau, lever les yeux au ciel. Désastreux.
« — ça... Se voit tant que ça ? glapit le bleu, les yeux toujours écarquillés. »
Lina soupira, et redressa le buste pour se mettre à sa hauteur.
« —Comme le nez au milieu de la figure, mon pauvre gars. La prochaine fois, prends une épée courte ou une dague, ça te fera beaucoup de bien. Là, ton arme est trop lourde pour toi, et les clichés risquent surtout de rigoler s'ils te voient arriver avec une épée que tu te plantes dans le pied deux fois plus que dans les ennemis. »
Le soldat baissa le nez, mais son adversaire s'avança vers Lina et lui glissa à l'oreille :
« —Merci de faire la remarque, Cardinale, je ne savais plus comment lui dire... »
Elle haussa les épaules. A ce niveau-là, il fallait bien faire quelque chose.
Voyant que la plupart des autres soldats s'en sortaient relativement bien dans leurs exercices, elle rejoignit Erin, qui montrait quelques mouvements d'épées à un groupe de soldats suspendus à ses gestes. Son but était de voir si sa camarade avait besoin d'aide ; mais au vu de son sourire et de son aisance, ce n'était pas vraiment le cas.
« — Et maintenant, un coup sec sur la garde permettra de faire lâcher à n'importe quel adversaire son épée, si le mouvement est bien exécuté. Qui veut essayer sur moi ? »
Un concert de voix enthousiastes s'éleva du groupe qu'elle avait sous sa tutelle, et Lina sourit en s'éloignant. Nan, tout compte fait, Erin n'avait pas besoin d'aide. De son côté, l'entraînement allait bientôt se finir, et ces gars n'auraient sans doute plus besoin d'elle, au rythme que ça allait prendre.
Elle se dirigea donc vers son coin de terrain avant de crier à ses troupes :
« —Je vous laisse pratiquer pour le quart d'heure qu'il reste, je vais voir s'il y a des nouveaux rapports ! Et pas de dépassements, hein, je veux pas voir de soldats crevés avant l'heure ! »
Elle les laissa derrière elle sans attendre leur assentiment, et se dirigea vers l'entrée du camp, un léger sourire aux lèvres. Tout compte fait, ce n'était pas une activité trop mauvaise, l'entraînement des troupes.
Lorsqu'elle arriva à ladite entrée toutefois, elle n'y trouva pas le calme et les conversations paresseuses attendues de gardes en plein travail, mais une effervescence qui commençait à se répandre vers les premières tentes des soldats. De toute évidence, quelque chose s'était passé.
Elle grommela, et pressa le pas, jusqu'à arriver en vue d'un des gardes de l'entrée. Il était accompagné de deux personnes couvertes de sang et de sueur, dans un état pitoyable. L'une d'entre elles lui était inconnue : Pas de cheveux blond-roux touffus, de longue queue de tigre ou de museau retroussé dans sa mémoire. Mais l'autre... Lina écarquilla les yeux en reconnaissant le visage tuméfié de Sardol, qui la fixait avec la même surprise.
« —Cardinale, c'est vous ?!? »
Lina ne laissa pas le temps au garde de lui expliquer la situation. Elle se dirigea droit vers Sardol et son compagnon, pinçant les lèvres en constatant l'état pitoyable dans lequel ils se trouvaient.
« —Qu'est-ce qu'il s'est passé, sacré nom du Créateur ? Tu n'étais pas affecté à la protection du château ?
—C'est une longue histoire, grommela le garde, et un sacré paquet de mauvaises nouvelles. Va falloir vous accrocher à vos tenues de cérémonie, Cardinale, parce que ça va piquer...
—Cardinale, ces gens ont besoin de soins, interrompit le garde en poste avant que Lina n'ait pu demander la moindre précision. Il faut les emmener à l'infirmerie...
—Je m'en charge. »
Le garde hocha la tête en guise de remerciement, et laissa Lina prendre en charge leurs deux inattendus visiteurs. Sans perdre de temps, elle les entraîna vers l'infirmerie ; leur claudication et le sang sur leurs vêtements commençait à l'inquiéter, elle aussi. De même que les entailles qu'elle pouvait voir sur le torse de l'inconnu accompagnant le garde, qui lui semblaient très sérieuses et surtout très profondes.
Sur le chemin, elle ne put s'empêcher de questionner Sardol sur son état et les raisons de sa présence ici. Le soldat lui répondit sans se faire prier, laissant toutefois échapper un grognement à chaque fois que son mouvement d'avancée tirait sur ces blessures. Ce furent donc des renseignements offerts au compte-gouttes, mais suffisants pour que Lina se doute qu'il se passait quelque chose de grave.
Avant d'arriver à l'infirmerie, elle avait déjà le gros du problème. Et le problème était grave.
« —Donc, je récapitule. Toi et une partie de la garde de Sa Majesté étiez partis porter un message au Temple de Temps histoire de quérir leur aide, lorsque vous êtes tombés sur un groupe de clichés qui vous a attaqués ? Et au moment où vous alliez les battre, leur chef a utilisé un sort omnidirectionnel blessant tout le monde, et votre supérieur a ordonné la retraite ?
—C'est à peu près ça, grogna Sardol, interrompu par quelques quintes de toux.
—Ouais, on va dire ça ! Intervint le deuxième blessé, qui parlait pour la première fois. Et quand on dit « tout le monde », c'est que même les clichés y sont passés. Y'a dû y avoir beaucoup de morts... »
Lina se tourna vers lui, les sourcils haussés, et le fixa pendant quelques secondes avant qu'il ne se frappe le front. S'arrachant d'ailleurs un léger gémissement de douleur.
« —Ah je suis bête, vous ne m'avez jamais vu sous ma forme humaine ! Je m'appelle Seiji Henkan, je suis avec un groupe de gens établis dans la forêt à côté de... D'Erdenn'aëll, c'est ça ? Le combat s'est déroulé sur mon territoire donc je suis allé voir de quoi il retournait. »
Le nom de son interlocuteur balaya la brume qui s'était installée dans l'esprit de Lina quant à son identité. Mais oui, Seiji, le tigre que Miya leur avait présenté... Dans ce cas, elle ferait mieux d'aller la prévenir, la dite Miya. Surtout qu'elle avait des dons de soin fort utiles et pourrait facilement aider à l'infirmerie.
« —J'vous détaillerai le reste après, grommela Sardol. Faut vraiment que je mette un truc sur mon flanc, ça pisse le sang. Mais j'vous assure que c'est pas ça, la mauvaise nouvelle. »
Seiji hocha la tête, et Lina se chargea de les installer à l'infirmerie, sans leur poser la moindre question supplémentaire. De toute façon, si vraiment il y avait pire qu'une attaque de clichés dans les environs d'Erdenn'aëll, c'était quelque chose que Sky et les autres devraient entendre.
Elle courut vers sa tente, le ventre noué. Cette histoire était très loin de l'aider à maintenir son calme.
Il ne fallut pas beaucoup de temps pour convaincre Sky d'aller recueillir le témoignage des deux blessés. Cette dernière, en entendant qu'un des membres de la garde de la reine Intrigue avait été blessé et rapportait des nouvelles inquiétantes, s'était précipitée vers la tente. Lina, au final, n'eut plus qu'à envoyer un émissaire à Miya, et aller chercher Corbeau et Erin.
Elle les trouva tous les deux près de l'armurerie, Corbeau en train d'examiner une rapière et Erin aiguisant son épée. Tous deux relevèrent la tête en la voyant courir vers eux, et Corbeau plissa les yeux en constatant son air crispé.
« —Il y a de mauvaises nouvelles, Lina ?
—Peut-être. On a deux blessés à l'infirmerie, le métamorphe que Miya nous avait présenté et Sardol, dont vous vous souvenez peut-être ?
—Le garde qui nous avait menés dans les couloirs du palais ?
—C'est ça Erin. Et visiblement ils ont de sales nouvelles. Sky est allée les voir, on ferait mieux de se grouiller si on veut les renseignements.
—Je te suis. »
Corbeau s'était levé, reposant sa rapière. Erin, après un petit temps de latence, rengaina son épée, et les trois se dirigèrent de concert vers l'infirmerie, dans un silence qui se faisait de plus en plus pesant.
Lorsque Lina écarta le rideau séparant les blessés de l'ambiance extérieure, elle eut la surprise de découvrir devant le lit le plus proche de l'entrée Sky, qui avait la main posée sur l'épaule de Sardol et semblait se concentrer. Ce dernier était agité d'une toux très violente, et Lina serra les dents en voyant que le drap couvrant son corps était déjà taché de sang. Corbeau, derrière elle, soupira, tandis qu'Erin émit un léger sifflement en voyant la largeur de la trace rouge.
Le soldat releva la tête vers eux, et leur fit signe de venir. Le petit groupe se rapprocha du lit, vite rejoints par Seiji qui lui semblait en bien meilleure forme : Avec tout juste quelques bandages autour du torse, il se déplaçait normalement et ne semblait pas avoir besoin de garder le lit. Il récupérait décidément vite, se dit Lina, se rappelant l'état bien plus sérieux dans lequel il était tout à l'heure. Tant mieux pour lui, d'un autre côté.
« —Vous êtes là, soupira Sky, sans lâcher le bras de Sardol. Je lui ai demandé d'attendre que vous me rejoigniez pour tout expliquer. En plus, je crois que ça lui fait du bien, vu son état grave...
—Qu'est-ce qu'il a ? Ça a l'air pire qu'une blessure normale... » Demanda Erin.
Leur supérieure se tourna vers eux, les yeux las.
« —Tu as de bons yeux pour avoir compris que cette blessure n'était pas ordinaire. Son flanc est chargé de magie, une magie qui m'empêche d'utiliser la mienne au mieux pour l'aider à récupérer. Il faudra appeler un soigneur spécialisé pour lui, mais il s'en tirera. »
Comme pour corroborer ses dires, le visage de Sardol se crispa, et d'entre ses dents s'échappa un sifflement de douleur. Sky eut un léger sourire rassurant, et serra un peu son bras ; quelques secondes plus tard, le visage du garde s'était détendu, et les couleurs revenaient sur sa peau pâle, témoignant d'un regain d'énergie. Lina profita de ce laps de temps pour s'asseoir au bord de son lit, et Corbeau fit de même de l'autre côté. Erin, elle, se rapprocha une chaise.
« —Bon, soupira Sardol. Pour le rapport, maintenant. Tu m'aides, le métamorphe ? »
Seiji hocha la tête, mais lui fit signe d'un geste de la main de commencer. Le garde s'exécuta en soupirant.
« —Bon. Comme je l'ai dit à mamzelle Cardinale ici présente, on était en train de porter un message au temple de Temps, le seul à qui on avait pas encore demandé d'aide jusqu'à présent. Sauf que ce message est jamais arrivé vu qu'on s'est fait attaquer par une horde de clichés, qui ont sans doute vu en nous une cible facile...
—Vous leur avez prouvé le contraire, je suppose ? » grommela Lina, écœurée à l'idée que des clichés aient pu considérer des soldats wattpadiens comme de simples proies.
Le garde se rengorgea un peu, lui arrachant un gémissement de douleur et faisant raffermir une nouvelle fois sa prise à Sky.
« —Evidemment. C'était pas des clichés qu'allaient nous mettre en déroute, on est quand même membres de la garde de la reine. Enfin là où ça s'est gâté, c'est quand leur chef est intervenu. Tous les clichés qui nous avaient attaqués devaient être du troisième cercle, ou du quatrième, pas les plus puissants, quoi... Et surtout y'avait pas un seul mage. Mais ce gars a jeté son sort et dans la seconde qui a suivi, on s'est tous retrouvés projetés sur les arbres ou les pierres...
—C'était impressionnant, releva Seiji alors que Sardol se remettait à tousser. Le gars n'avait rien fait de toute la baston puis quand il a vu que vos soldats commençaient à gagner, il s'est avancé, a tendu la main et des tas de sortes de lames magiques ont tout ravagé... J'ai voulu intervenir mais le sort m'a touché, et j'ai juste pu voir le gars rassembler ses troupes encore en vie et se barrer sans un mot de plus. »
Lina serra les dents. Donc, il y avait dans la nature un chef cliché non identifiable et de très haute puissance. Sans doute un Gary-Stu ordinaire, ces gens-là devaient sûrement avoir l'esprit assez tordu pour ne pas se préoccuper de leurs adversaires. Mais dans ce cas, ça devait être un gars du genre sombre et torturé, facile à reconnaître. Ce genre de clichés avaient une apparence très spécifique, souvent dans les tons les plus foncés, si ce n'était pas complètement noirs. Et des utilisateurs du Domaine des Ténèbres avec ça. Pauvre Domaine.
« —Vous avez eu le temps de détailler le physique de ce mage inconnu ? Demanda Corbeau, qui en était visiblement arrivé aux mêmes conclusions qu'elle.
—Pas vraiment, soupira Seiji. Il ne s'est pas trop fait remarquer. Je me souviens juste qu'il se fondait assez dans le paysage de la forêt. Rien de très sombre, quoi. »
... Ah.
Ça par contre, c'était loin d'être prévu. Ce type mystérieux n'était donc pas un Gary-Stu ordinaire. Si ça se trouve, il était doté de capacités de réflexion, en plus de sa cruauté visible et de sa puissance. Et si c'était le cas... Est-ce que Kikoolol lui-même serait sorti de sa forteresse ? Non, pas logique. Pourquoi attaquerait-il à la tête d'une troupe à peine suffisante pour tenir tête à un groupe de soldats même pas sur le pied de guerre ?
C'était donc qu'il y avait un autre mage dans les rangs ennemis, un autre mage soutenant Kikoolol. Et ça commençait à faire beaucoup d'informations pas du tout en leur faveur, cette histoire. Il fallait investiguer au plus vite.
Un mouvement vers l'entrée de la tente attira son attention, et elle se tourna vers la toile relâchée pour voir Miya l'écarter et se diriger droit vers les blessés, les bras croisés. Erin se leva pour la saluer, et Corbeau lui fit un signe de tête. Lina, elle, ne se contenta que d'un signe du regard. Elle réfléchissait trop pour honorer les règles de la politesse.
« —Je suis venue dès que j'ai su, soupira Miya en s'asseyant sur le lit de Sardol. Je vous remercie de m'avoir envoyé un de ces passeurs spatiotemporels, cardinale Frosilæn. Laissez-moi un peu de place... »
Obligeamment, Corbeau se leva du lit, laissant la nouvelle venue se pencher sur les plaies de Sardol. Une grimace déforma son visage austère en voyant l'état des plaies.
« —Il n'est pas en très bon état. Je vais avoir besoin de calme et de concentration. Vous tous, sortez. Toi aussi, Seiji, soupira-t-elle en voyant que le concerné s'apprêtait à objecter. Je m'occuperai de toi plus tard. »
Sky plissa les yeux, mais leur fit signe de sortir. Ordre qu'elle suivit d'elle-même, lâchant le bras de Sardol et se dirigeant vers la sortie après une dernière parole encourageante. Les trois autres, accompagnés de Seiji, lui emboîtèrent le pas, jusqu'à la tente principale.
Ce ne fut qu'une fois assise dans son siège que Sky ne reprit la parole, les mains croisées devant elle supportant son menton. Seiji, qu'elle avait invité à entrer, se tenait près de la porte, une expression gênée sur son visage, mais les trois autres eux s'étaient assis dans leurs propres sièges en attendant le début de la réunion stratégique.
« —Alors ? Qu'en dites-vous ? »
Lina prit un peu de temps pour réfléchir aux paroles de sa générale. Ce qu'elle en disait ? Tout ce qu'elle pouvait deviner aisément, c'était que ça ne présageait rien de bon. Le reste... C'était trop flou, et c'était peut-être justement là le problème.
Ce fut Corbeau qui prit la parole, Erin et Lina de toute évidence incapables de s'exprimer clairement et d'apporter un élément de réponse.
« —Ce que j'en dis, c'est que nous avons sur les bras un mage puissant qui ne correspond à aucune des descriptions qu'on donne aux Gary-Stu ordinaires. Et que s'il s'agit d'un mage non cliché, nous ne pourrons lutter comme ça contre un adversaire dont on ne sait rien.
—Ce mage inconnu ne pourrait-il pas être Kikoolol ?
—Niveau caractère, ça colle pas, répondit Erin. Le Kikoolol que je connais ne laisse pas ses troupes se battre à sa place. Il aurait lancé son sort dès le début.
—Et je vois mal les raisons de Kikoolol à sortir à la tête d'une troupe aussi faible, renchérit Lina. Ça me paraît aléatoire et sans but, bizarre pour un chef de guerre, même cliché. »
Sky hocha la tête, avant de se renfoncer dans son siège.
« —Nous sommes tous d'accord. Je vais donc vous confier à tous les trois une mission très importante. Il va falloir retracer la piste de ce mage inconnu, et très probablement s'infiltrer chez les clichés dans le processus. Il faut en apprendre un maximum.
—Vous nous envoyez en mission d'espionnage ?!?
—Et de pistage, sourit Sky devant l'incrédulité de Lina. C'est l'occasion idéale. Jusqu'ici, nous n'affrontions que des petits chefs de bastion et des clichés ordinaires ; là, un inconnu sort de l'ombre, et nous n'avons aucune trace de lui. En le pistant, nous avons une chance d'identifier une des places fortes des clichés, et de récupérer un maximum de renseignements. »
L'argument se tenait, se dit Lina. Sauf qu'il y avait un problème de taille, un problème auquel sa générale ne semblait pas avoir réfléchi.
« —Je comprends le raisonnement, mais nous ne sommes pas vraiment des bons espions, soupira Corbeau. Pister est une chose, mais se renseigner en est une autre. »
Le sourire de Sky s'élargit, et elle se leva de son siège, faisant signe à Seiji de venir. Avant de commencer un tour de table, passant derrière Corbeau, Erin et Lina tour à tour, le temps qu'il ne se rapproche de la table.
« —Vous êtes trois personnes avec des talents très différents. Lina peut facilement pister quelqu'un, l'apparence banale d'Erin lui permettra de ne pas se faire remarquer chez les clichés et toi, Corbeau, si tu penses vraiment que la mission d'espionnage n'est pas à ta portée, je peux te donner le commandement d'une unité de mages pour détruire le bastion après l'avoir trouvé, si ça te semble nécessaire. Mais c'est surtout l'occasion idéale pour vous d'accomplir un acte qui influera grandement le cours de la guerre. Qu'est-ce que vous en dites ? »
Lina se tut. Avec tout ça, elle avait presque oublié le rôle d'icône que sa reine et Sky voulaient qu'elle endosse. Il était vrai que découvrir voire détruire un bastion cliché avec un des chefs de guerre à la clé, ce n'était pas quelque chose d'anodin dans le cours d'un affrontement. Donc si c'était eux trois qui le faisaient, au lieu d'un bataillon de l'armée... Elle grogna. Avec cette perspective, elle allait avoir encore plus de pression. Erin, à ses côtés, souffla légèrement entre ses dents, sans doute en proie aux mêmes pensées. Il était inutile de se tourner vers Corbeau pour détailler ses émotions ; il devait avoir le même air inexpressif que d'habitude, mais Lina se disait qu'il pensait forcément la même chose.
Sky, voyant que ses associés n'avaient rien à redire, se tourna vers Seiji, le sourire aux lèvres.
« —Bien ! Donc Seiji, tu penses pouvoir les mener au lieu du combat ? Ce serait bien qu'ils aient un début de piste ! »
Le concerné hocha la tête, et Sky tapa plusieurs fois dans ses mains, une expression ravie sur son visage rond. Ses boucles tressautèrent, mouvement que Lina ne put s'empêcher de suivre tant elle était en recherche de distraction contre les pensées bien pesantes sur l'importance de son rôle désormais.
« —Parfait ! Vous partirez au coucher du soleil, le temps de préparer vos affaires et pour moi de rassembler le bataillon de Corbeau ! Filez donc vous préparer, vous en aurez bien besoin ! »
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Coucou c'est re-moi ! Désolée, j'ai pas eu le temps de poster hier, un petit imprévu de type "on fait déménager ma grand-mère".
En attendant j'espère que ce chapitre saura me faire pardonner de ce léger retard. Vous avez même l'introduction du plus gros élément perturbateur de ce fragment de Légende... Enfin, si on veut.
D'ailleurs j'ai une bonne nouvelle ! Si tout va bien, avec le prochain chapitre arrivera une couverture toute neuve toute belle ! Parce que avouons-le, l'ancienne commence à dater et n'était pas d'une qualité que je prétendrais exceptionnelle...
Aussi j'espère pouvoir finir cette version pour l'inscrire aux Wattys et (enfin) virer la première version de ce bouquin, mais je pense que je n'aurai pas le temps. Du coup, comme l'édition est toujours en suspens, si vous avez des concours à me recommander...
Voilà voilà, à la semaine prochaine !
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