Chapitre 37
Tandis que le satyre continuait à tirer sur l'asphalte, je me suis dirigée vers le gouvernail, et j'ai observé mes amis en silence. Tout semblait bien se passer, ils discutaient.
Soudain, Leo a semblé inquiet et a crié quelque chose à Frank, qui s'est transformé en aigle et a foncé droit sur moi, Leo entre ses serres.
– Il faut qu'on récupère la statue !, a-t-il crié à mon intention. Si elle tombe, nous aurons fait tout ça pour rien !
Tandis que je tenais le gouvernail, Leo appuyait sur toutes sortes de boutons. En bas, des cris se faisaient entendre, et je commençais à avoir peur. Que se passait-il ?
Les membres de l'équipage courraient tous vers l'échelle de corde, sauf Nico, Annabeth et Percy. Ces deux derniers ont alors glissé et ont été précipités dans le gouffre. Ils seraient tombés dedans si Percy n'avait pas accroché le bord de sa main au dernier moment.
J'ai poussé un hurlement qui a vrillé même mes propres tympans. Il fallait les aider. Il fallait...
Trop tard. J'ai vu Nico tenter d'attraper la main de Percy, mais ce dernier a lâché prise, tombant dans la fosse sombre avec Annabeth. J'ai poussé un deuxième hurlement, encore plus atroce que le premier, et je me suis écroulée sur le sol, lâchant le gouvernail. Le bateau a aussitôt gîté sur le côté.
– Mila ! Ne lâche pas le gouvernail ou on est tous morts !
Heureusement, Frank l'a saisi à ma place et le bateau a repris sa position initiale.
– Percy !, ai-je hurlé, les larmes ruisselant sur mes joues.
Tandis que tout le monde remontait sur le bateau et que Frank, aidé de Glesson Hedge, le dirigeait pour le faire se poser plus loin, je suis restée allongée par terre, les larmes coulant à flots de mes yeux. Je suis restée dans cette position jusqu'à ce que Leo et Nico viennent m'aider à me relever. Nous nous sommes tous réunis sur le pont arrière de l'Argo II, tous en aussi piteux état les uns que les autres.
– C'est ma faute, a murmuré Leo.
Pourquoi serait-ce sa faute ? C'était la faute de Gaia, et je la tuerais de mes propres mains pour m'avoir pris mon frère !
– Non, a répliqué Hazel, comme en réponse à mes pensées. C'est la faute de Gaia. Tu n'y es pour rien. Leo, écoute-moi. Je t'interdis de te sentir responsable de ce qu'il s'est passé. Je ne le supporterai pas. Pas après... après que Sammy...
Elle semblait savoir pourquoi mon meilleur ami se sentait coupable, ce qui me perturbait un peu. Mais j'avais d'autres chats à fouetter.
– Leo, ils ne sont pas mort, a alors lancé Nico.
Je me suis redressée, à l'affût d'une information.
– S'ils l'étaient, je le sentirais.
– On ne peut pas en être sûr à cent pour cent, a renchéri Hazel, mais je crois que Nico a raison. Percy et Annabeth sont encore en vie. En tout cas, jusqu'à présent.
C'en était trop pour moi et, bien consciente que j'allais passer pour une faible à force, je me suis évanouie.
Je me suis réveillée dans ma cabine, allongée sur mon lit toute habillée. Il faisait nuit, et tout était calme dans le navire. Les autres devaient dormir depuis longtemps.
Je me suis assise sur le lit, mortifiée. Percy et Annabeth étaient tombés dans le Tartare. J'avais perdu mon frère l'année précédente, pendant des mois je n'avais eu aucune nouvelle. Et maintenant que je l'avais enfin retrouvé, voilà qu'il disparaissait à nouveau.
Je me suis levée et je me suis dirigée machinalement vers la salle des moteurs. Je ne savais pas pourquoi, mais je savais que Leo se trouvait là-bas. Ça n'a pas manqué.
Quand j'ai ouvert la porte, il était allongé à même le sol, sur un matelas de camp.
– Leo ?
Ce dernier s'est tourné vers moi. Il a été plus que rapide, mais j'ai quand même eu le temps de le voir essuyer une larme. La disparition de Percy et Annabeth nous affectait tous.
– Je peux dormir ici ?, ai-je demandé doucement, ce qui signifiait en réalité ''je peux dormir avec toi ?''.
Leo a hoché la tête presque immédiatement.
– Bien sûr Mila.
Ça faisait longtemps qu'il ne m'avait pas appelée Mila. Nous passions notre temps à nous chambrer à l'aide de nos noms de famille.
– Merci, ai-j murmuré.
Aussitôt, nous nous sommes allongés sur le matelas de camp posé sur le sol, et je me suis blottie contre Leo. Des larmes ont roulé sur mes joues, et j'ai senti Leo me frôler de sa main pour les essuyer.
– Eh ! Pleure pas Princesse. Tout ira bien, d'accord ? Percy et Annabeth sont les demi-dieux les plus puissants que j'aie jamais rencontré, ils s'en sortiront. Et si je dois inventer une machine capable d'aller les chercher là-bas, alors je le ferai, d'accord ?
J'ai légèrement souri à travers mes larmes. Depuis quand m'appelait-il Princesse ? D'où sortait ce surnom ?
J'ai collé ma tête contre son torse et il a refermé ses bras autour de moi, me faisant frémir. J'aurais voulu qu'il m'embrasse. Mais je devais me concentrer, je ne pouvais pas me laisser emporter par mes pensées inadaptées. Mon frère et sa copine étaient coincés dans le Tartare, cet immonde gouffre, lieu de vie de tous les monstres. Je devais rester forte, nous devions aller jusqu'en Épire pour les retrouver. S'ils n'étaient pas morts d'ici là.
D'autres larmes ont dévalé mes joues pour s'échouer sur le t-shirt de Leo.
– Hé !, a-t-il ri. Regarde-moi ça, je suis tout mouillé maintenant !
J'ai à peine souri.
– T'auras qu'à t'enflammer, Mister Flamme, ai-je répondu.
Comme à chaque fois que j'allais mal, il arrivait à me faire sourire, à me faire me sentir mieux.
– Ha. Ha. Très drôle Mila !
Il a soupiré, expulsant l'air de sa poitrine et faisant redescendre ma tête. J'ai donc bougé pour aller lui planter un baiser sur la joue, sauf que cet imbécile a bougé la tête au même moment, et mes lèvres ont atterri sur les siennes. Nous nous sommes écartés en vitesse, autant gênés l'un que l'autre.
– Désolée, ai-je chuchoté.
– Non, c'est moi, a répliqué le garçon. Si je n'avais pas bougé...
Je ne saurais pas dire qui de nous deux s'est précipité sur l'autre, mais une seconde plus tard, nous nous embrassions avec passion.
Je sentais son cœur battre à travers son t-shirt, il battait à l'unisson avec le mien, dans une harmonie parfaite.
J'ai passé mes doigts dans les boucles de Leo en souriant légèrement et j'ai senti comme une décharge électrique me traverser.
– Aïe !, ai-je gémi en m'écartant de Leo.
J'avais les lèvres brûlantes, comme si je les avais exposées trop longtemps à de la vapeur d'eau.
– Tes lèvres..., a dit Leo en pointant du doigt dans ma direction.
J'ai passé un doigt sur mes lèvres pour y trouver quelques aspérités. Des cloques s'étaient formées, me faisant souffrir.
Un coup d'oeil à Leo m'a suffit pour me montrer que lui-aussi avait des cloques sur les lèvres.
– Je... toi aussi, tu...
Je n'ai pas terminé ma phrase mais le garçon avait compris. Il a passé une main sur ses lèvres en fronçant les sourcils.
– Hum..., a-t-il fait, l'air songeur. Je ne suis peut-être pas expert en la matière, mais ce n'est pas censé se produire, ça, ou je me trompe ?
J'ai secoué la tête. Non, ce n'était pas censé se produire, d'où la question suivante : que s'était-il passé pour que nous en arrivions là ?
– Je crois que je sais, a expliqué Leo, comme en réponse à ma question silencieuse. Je veux dire... Nos parents divins ont des pouvoirs radicalement opposés. Moi, je suis le fils des flammes, je maîtrise le feu tout ça... Toi, tu es la fille de l'eau. Ce sont des éléments que tout oppose. Peut-être que nos pouvoirs sont la cause de... ça.
Il a pointé nos cloques du doigt. Ces dernières commençaient déjà à disparaître sans laisser de trace.
– Je suis désolée, ai-je dit. Je n'aurais pas dû t'embrasser.
– Non, c'est moi, a dit Leo en baissant les yeux. Je... je crois que c'était...
– Un moment d'égarement ?, ai-je proposé en souriant.
Rien que de penser ces mots, ça me faisait mal. Mais les prononcer ? C'était encore pire. Pourtant, Leo n'a pas remarqué mon malaise et a hoché la tête.
– C'est ça, a-t-il chuchoté avant de me prendre dans ses bras à nouveau. Allez, dors maintenant. Je veille sur toi.
J'ai fermé les yeux en respirant l'odeur du garçon et retenant mes larmes. S'il savait à quel point je me sentais mal à cet instant...
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