Chapitre 34.

Note de l'auteur : Nouvelle version donc Attention la fin du chapitre est modifiée les chats. Bonne lecture.

*****************************************************************


Une eau turquoise, un sable quasiment blanc. Voilà le paysage que beaucoup considèrent comme un « paradis ».

« Rum Cay », petite île faisant partit de l'archipel des Bahamas. Voilà où je me trouvais. Assise dans le sable, déguisée, fumant en observant l'étendue salée.

À quoi ressemblerait mon paradis ?

Oh je sais.


Il ressemblerait à cette même étendue, mais ce serait le sang de mes ennemis qui remplacerait l'eau. Leurs cadavres venant agrémenter le paysage. Et sur ce même océan sanglant, je te laisserais te noyer dans le sang de tes proches.


J'observais le sac entre mes jambes, un sourire ravi s'étirant sur mes lèvres. Je le tapotais avant de me lever. Me retournant juste à temps pour les voir arriver.


— Il est ici ?

— Au bout de l'île, isolé de tout. Il n'attend que nous.


Ils hochèrent la tête, et l'on prit la route aussi vite. On profita de la végétation pour cacher nos véhicules, nous approchant en douce de la maison nous intéressant. On attendit un moment, caché dans la végétation, les démons vérifiant l'air de rien la présence de pièges et de détecteurs pendant que je guettais afin de l'apercevoir.


C'est à la lumière de la lune que je l'aperçus enfin, l'observant aller uriner dans un coin avant qu'il ne s'écroule brusquement sous mon ricanement. Apparemment le Doc avait piqué des seringues à Riri.


Je surveillais la proie avec Doc pendant que les autres allaient préparer l'intérieur de la maison pour les jours à venir. Certains rapprochant les véhicules pendant que les autres « nettoyaient » l'intérieur avant de tout recouvrir de bâche. Je les observais passer du matériel, et pour certaines choses je préférais ne pas savoir à quoi cela allait servir. Pour me garder des surprises, sinon ce serait moins amusant.


Au bout de quelques heures on emmena notre proie à l'intérieur. L'attachant sur une chaise avant que les démons ne se répartissent dans l'ombre des pièces, invisible pour l'instant aux yeux de notre proie mais pas aux leurs. Je pris place quelques mètres devant lui, m'installant dans un fauteuil tout en fumant. Attendant patiemment qu'il se réveille enfin.


Il commença à s'agiter avec les premiers rayons du soleil, et mon sourire s'étira. Ses yeux papillonnant quelques secondes avant qu'il ne relève la tête. Posant son regard dans le mien sans que la peur ne vienne y briller.


— Salut Naëlle. Comment va Iblis ? Oh je suis con il est mort ! Et ton cher frère alors ? Demanda-t-il dans un sourire provocant.


Je me mis à ricaner, haussant les épaules.


— Mon frère se porte à merveille. Bien mieux que le tien en fait.


J'attrapais le sac, l'ouvrant avant d'attraper ce qui se trouvait dedans, balançant mes trophées à ses pieds.


— Dis bonjour à ton jumeau Natan. Je te dirais bien qu'il n'a pas souffert mais... Je me suis bien amusé avec lui. Du coup... Te voilà le dernier Herrero en vie chéri. Tu as voulu jouer contre moi, et voilà et nous en sommes...

— Tu n'avais pas le droit ! Hurla-t-il avec rage

— Hmhm ! C'est là où tu te trompes. J'ai tous les droits. Ce n'est pas comme si je ne t'avais pas prévenu n'est-ce-pas ? Mais tu es bien comme ton jumeau... Alors voici donc ta dernière leçon Natan Herrero. Sous vos tatouages se trouve une puce dont moi seule connait l'existence. Vous la portez depuis tellement longtemps que c'est hilarant que tu aies pus croire me berner. Depuis le départ je savais, dès tes premiers mouvements j'avais compris. J'ai toujours su où vous trouver, j'aurais pus vous tuer des milliers de fois sans même que tu ne comprennes comment c'était possible. Mais je voulais jouer d'abord, détruire tout ce que vous connaissiez, petit à petit. Que tu sentes à quel point ta vie entière s'échappait de tes doigts. Que tout ce que tu croyais avoir construit pouvait disparaitre. Tout, de tes mots à ta décision de venir te cacher ici... J'avais déjà tout prévu à l'instant même où je te déclarais la guerre.


J'écartais les bras, ignorant ses insultes, un sourire froid s'étirant sur mes lèvres.


— Et ce n'est pas moi qui vais jouer avec toi. Tu es mon cadeau à ses hommes. Tu es l'offrande faite aux Démons. Moi, je suis celle qui restera pour les observer jouer. Allez soit poli Shadow, dis donc bonjour à notre premier Démon. Tu connais déjà son œuvre sublime. L'Artiste ? Viens donc jouer. Il n'attend que vous. Je vous le laisse.


Je ne lâchais pas des yeux la scène se déroulant devant moi, mon corps ne reflétant que de la satisfaction à ce que je voyais. Sentant bien au fil des heures mon esprit voguer vers des souvenirs que je me refusais pourtant.



« — Hey ! Salut je suis celui que tu vas devoir supporter dorénavant ! Natan Herrero et toi ? »

Revoyant chaque scène alors même que mon regard assistait avec plaisir à ses souffrances. Mon corps entier admirant sans s'en cacher le travail de Pavel. Devinant que le dernier Herrero avait décidé de mourir la tête haute, contrairement à son jumeau.


Je suivais du regard Tarik qui venait prendre le relais au bout de plusieurs heures. L'observant jouer à son tour alors que je ne bougeais pas. Mon regard ne manquant aucun détail, mes oreilles entendant bien ses hurlements et ses insultes. Mon esprit lui, se contentant de continuer son déroulé lent de mes souvenirs. De notre première rencontre. Du premier dossier bouclé ensemble. Les souvenirs si nombreux de mes journées auprès de lui, ses conneries, ses blagues douteuses. Ses regards, ses sourires. Son innocence si craquante à l'époque.


Ses tentatives si nombreuses pour apprendre à mieux me connaitre. Ses échecs pour me voir en dehors du boulot, ses essais, ses regards quand il me demandait s'il y avait un homme dans ma vie. Ses gestes bien trop tactiles pour un simple collègue.


Ses colères, ses retards, ses absences.


Encore et toujours ces souvenirs d'un mec qui n'avait rien à faire dans ma vie. Encore et toujours me voilà à me dire que je n'aurais jamais dû entrer ta vie. Je n'aurais jamais dû te rencontrer. Jamais dû te laisser entrer dans ma vie.


Que serais-tu aujourd'hui sans ma présence néfaste dans ton existence ? Tu serais heureux, marié et père de toute une ribambelle d'enfants. Tu continuerais de fuir tes démons, tu aurais laissé Jade dans ta vie sans même te douter qu'elle était la pire de toute. Tu aurais vécu à moitié peut-être, mais tu aurais vécu au moins.


Regarde-toi donc aujourd'hui. Tu peux bien me regarder avec toute cette haine, ne te l'avais-je pas dit il y a bien longtemps ? Je suis mauvaise pour vous.


Tu ne m'avais pas cru. Tu avais voulu venir tout de même.


Regarde-nous à présent. Ton monde a disparu, brûlé par le feu d'un Dragon. Ce même dragon que tu prétendais aimer il y a si longtemps de cela.


Te voilà à hurler ta haine, ta rancœur et tes malédictions à mon encontre. Te voilà à comprendre, que maintenant, à quel point je n'avais pas menti.


Regrettes-tu à présent ce temps perdu inutilement ? Regrettes-tu de ne pas m'avoir écouté ce week-end-là ?


Regarde-nous. Je savais bien que nos mondes n'auraient jamais dû se connaitre. Je te l'avais bien dit. Je suis le pire poison de tout cet univers, et tu as voulu quand même me goûter. Regarde-nous à présent. Regarde l'état de tout ce que tu connaissais.


Vois comment tu as tout détruit parce que tu ne m'avais pas écouté.


Cela valait-il cette peine ? À peine quelques mois de bonheur pour tant de vies détruites en échanges ?


Est-ce cela aimer pour vous ?


Pourquoi ne pas juste m'avoir laissé partir quand tu en avais assez ? Pourquoi vouloir combattre contre moi ?


Regarde moi Natan, ai-je l'air de te regretter ? Ai-je l'air de penser à toi quand la nuit vient ? Crois-tu vraiment que tu me connais assez pour que ta vie et la mienne soit à ce point liée ?


Je me souviens à peine de ce que cela fait d'avoir pus t'aimer un jour. J'ai oublié depuis longtemps les saveurs que tu peux avoir. Je ne sais même plus les raisons m'ayant poussé à m'intéresser à toi.


Tu es là devant moi, et la seule chose que je vois moi, c'est que tu es l'homme responsable de la mort d'Iblis.


Je ne regrette même pas mes actes, mes mots alors que je me délecte de les voir s'alterner pour jouer avec toi. La seule inquiétude me traversant est celle de se demander si tu tiendras pour tous les démons.



Heureusement que le Doc est là pour te « soigner » quand même. Pause me permettant d'ailleurs d'aller soulager ma vessie et autres besoins avant que je ne revienne m'installer dans ce même fauteuil.


Ni fatigue, ni faim. Juste ce besoin d'assister à tout ça. De les voir tous jouer à tour de rôle avec toi. Ne te laissant aucun répit, laissant les jours et les nuits défiler sans même que je ne faiblisse.


Je me contente de m'alimenter de tes hurlements, de ta douleur. De ton esprit qui s'effrite peu à peu sous leurs tortures. Mes yeux observant tes sursauts de conscience, quand cette étincelle se rallume dans tes yeux. Quand tu continues de me défier. Et je le sais bien, que toi contrairement à Logan, toi tu affronteras tout ça dans la dignité.


Même là, tu veux me montrer que tu aurais été digne de rester à mes côtés. Mais c'est toi qui as quitté ma vie. C'est toi qui as décidé de me laisser. Comme c'est toi qui avais décidé de ne pas tenir comptes de mes avertissements.


Au bout de je ne sais combien de jours, te voilà avec très peu de peau encore intacte, ta fierté a disparu au moment même où ils t'ont montré à quel point ils pouvaient t'humilier sans même te laisser crever. Le seul lambeau de peau intact est celui où se trouve mon dragon, et je vois bien ta haine face à cela.


Vint le moment où tous on finit de passer sur toi, où dans leurs regards je comprends que c'est à moi de finir. Et ton regard m'observe me relever, ton corps tentant de freiner ton envie de reculer alors que je m'avance vers toi.


Et si je devais être honnête envers toi une dernière fois, je t'avouerais que tu as mon respect pour avoir gardé la tête haute tout le long de ces derniers jours. Je te dirais que tu meurs avec honneur.

Mais je suis la Femme au Dragon. Alors je me contente d'ôter ton tatouage avec soin, tout mon être te montrant le plaisir que j'ai pris ces derniers jours.


Je suis la patronne d'un millier d'hommes. Je suis la femme du Diable. Je suis la criminelle la plus craint de ce monde.


— Sortez tous. Laissez moi seule avec lui. Ordonnais-je


J'observais tout le monde sortir, m'allumant un mélange tout en me reculant. Attendant que la porte se referme et que tous soient dehors pour me mettre à parler.


— Je me rappelle de notre première rencontre. Je me rappelle de chaque chose te concernant. Ou concernant ton frère. Je me rappelle avoir vraiment souhaité pour vous que vous repreniez vos vies loin de moi. Parce que c'est ce que les gens font quand une histoire se termine. Mais j'avais rendu ton frère dingue, et il semait un nombre incalculable de mort comme si c'était un détail. Et toi, je me disais que tu avais besoin de te reconstruire mais que ça irait. Je me souviens te l'avoir dit, que je n'étais pas une femme pour toi. Et tu n'avais pas conscience de tout ce que je sous-entendais là-dedans. Parce que quand tu m'as défié, c'est en tant que Patronne que j'ai dû réagir.


Je posais mon regard sur lui, soupirant avant de me remettre à fumer.


— Regardes où tout ça nous a conduit juste parce que j'ai fait l'erreur de croiser vos vies à New-York. J'ai connu de belles années avec toi, sincèrement. Mais le prix est vraiment trop élevé non ? J'aurais préféré ne pas connaitre tout ça au fond, si cela permettrait de sauver autant de vies en échange. J'aurais peut-être croisé ta route, au hasard de la vie, et tu m'aurais regardé avant de m'oublier comme le mirage que j'étais. Oui... Au moins tout ça n'aurait pas eu lieu. Je ne voulais même pas te tuer de ma main, je voulais te laisser à Nyamé. Mais maintenant qu'on est là tout les deux... Je peux bien t'accorder cela. Je ne connais personne qui soit parvenu à rester dignes comme toi tu as pus l'être jusqu'ici. Je reconnais oui, que dans tout ça tu t'es montré à la hauteur.



Je m'emparais d'une lame, plaçant le bout sur ses muscles en posant mon front contre le sien.


— Moi je ne voulais pas que tu sois à la hauteur de la femme au dragon. Je voulais que tu soit à la hauteur pour mon fils. Et je te hais autant que tu me hais, parce que je vais devoir vivre avec le fait d'avoir tué son père.


J'enfonçais la lame en un coup sec, laissant une larme rouler sur ma joue alors que je sentais son cœur cesser de battre et son souffle se couper.


Et maintenant... Qu'allais-je faire ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top