Chapitre 30. Point de vue John Gomora



« Poussez l'ennemi à l'action pour découvrir les principes de ses ennemis » (L'Art de la Guerre. Sun Tzu)



Cette citation, dans tout ce qu'elle peut englober derrière en explication stratégique, était mise en application depuis plusieurs semaines à présent par Naëlle. Elle menait la danse depuis les premières secondes et amenait où elle le voulait, les autres.

Terrifiante de génie, elle était le chef d'orchestre sans faille de milliers d'hommes comme si c'était là chose courante. Me laissant gérer les affaires officielles en toute confiance, et on peut dire que j'avais eu de quoi faire.


Forcément, ce fut encore plus amusant après ce fameux gala, et son départ pour la demeure des Napoli était tombé à point nommé. Lui épargnant l'attention des médias. La gardant au rang des grands mystères de ce monde.

S'ils savaient que c'était aussi la seule femme capable de gérer deux guerres en même temps comme si c'était un détail, je ne doute pas qu'ils prendraient tous conscience de son côté déesse.

Déclarer la guerre à tout un pays ? Facile.

Décimer l'une des plus grosses organisations mafieuses à travers le monde en une seule fois ? Facile là encore.

Faire les deux en même temps ? Un simple détail pour elle.


Cette organisation était les ennemis jurés des Napoli, et c'était le seul « détail » valable à ses yeux. Une simple demande de cette famille et elle était venu. Je savais par mon père que c'était une famille amie de longue date. Une relation d'affaires tissée il y a de cela longtemps. Des associés en affaires à mes yeux. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me demander ce que c'était à ses yeux à elle. Pour qu'en pleine vengeance, elle s'absente ainsi pour déclencher la vengeance d'une autre famille.


Pire, elle avait pris avec elle les démons, les meilleurs combattants de Santana ainsi que ce dernier avec Jarod. Et encore, d'autres hommes avaient rejoint les Démons pour l'opération. Elle avait déclenché un plan tel qu'on pourrait croire que c'est les Dragons eux-mêmes qui se vengeaient.

Pourquoi ?


─ Attention mon fils, ton cerveau fume.


Je sursautais, décrochant mon regard de l'écran de l'ordinateur pour le poser sur mon père qui entrait dans mon bureau. Un sourire moqueur sur les lèvres alors qu'il prenait place sur un siège avec un verre en main.


─ Je connais cette tête-là. Elle. Ma fille te rend dingue, mais sans être là... De quoi t'inquiète tu encore ?


Je me pinçais les lèvres avant de soupirer, m'écartant de mon bureau en me laissant retomber sur mon dossier de fauteuil. Mon regard se perdant sur le plafond alors que ma tête basculait en arrière.


─ Je cherchais à comprendre son intérêt dans son aide pour les Napoli... Lâchais-je à contre-cœur.


Je fronçais les sourcils avant de relever la tête, voyant bien mon père complètement hilare. Il leva la main pour s'excuser face à mon air interrogatif, essuyant ses larmes avant de reprendre son sérieux.


Je suis peut-être trop con, mais je piges pas ce qu'il y a de drôle là.


─ Tu te souviens que Luciano Napoli a deux enfants. La cadette, Carla Napoli, avocate de génie. Et un ainé. Un fils qui vient de prendre la succession de son père. John Napoli. Deux ou trois ans de moins que toi et Naëlle, je crois.

─ Hmhm.

─ Le fils Napoli a vécu lui aussi de plein fouet la tragédie qui a touché la sœur de Luciano tu sais. Il avait huit ans à l'époque, et quelques années après cela, il est parti pour le Japon. Pour se faire former afin d'être capable de se venger de leurs ennemis. Il y est resté un bon paquet d'années le gamin. On pense avec son père que c'est là-bas que son fils à dû croiser ma chère dragonne. Explique-t-il dans un sourire moqueur sur la fin.


Ma bouche s'ouvre et je la referme alors que je refuse de poser ma question. Comprenant tout seul ce que mon père sous-entend. Je la connais bien assez pour comprendre le reste. Je me souviens de quand elle a été au Japon. Après Christopher. Quand elle a parcouru le monde pour oublier la douleur. Et dans tout ça... Sans qu'on le sache...


─ Elle et le fils Napoli... Mais... Attends attends... C'est impossible ! On l'aurait appris bordel de merde ! Explosais-je soudain. Il a quoi ce sicilien-là de si spécial hein !


Mon père se contenta de croiser les bras, le visage moqueur, attendant que je me calme.


─ Eh bien... Justement, on parlait de tatouages de nos enfants avec Luciano. Tu sais que ça l'a beaucoup amusé le tatouage sur le bras de Naëlle ? Ce samurai et ce paysage qu'elle a....

─ N'ose pas... Croassais-je

─ Je n'ose pas mon fils. Ce tatouage. Le samurai, c'est celui qu'à son fils dans son dos. Et c'est confirmé par le petit surnom de ma fille envers son fils... Comment c'est déjà... Ah oui... Mon samurai. Tu te demandes ce qui l'a amené à tout suspendre ? John Napoli était de retour en Sicile pour venger sa famille, et c'est pour lui, sans aucun, doute qu'elle a tout mis en place. Ta sœur a un sens des affaires très... Poussée.


Je me lève d'un bond, secouant la tête en refusant de comprendre ce qu'il me dit. Refusant la simple idée que ce mec ait la place que je lui soupçonne.


─ Pu..Tain. Hurlais-je en balayant d'un geste de bras mon bureau. Fais chier putain de merde !


Je parcours de long en large mon bureau, me frottant nerveusement les cheveux sous le regard impassible de mon père.


─ Que tu sois d'accord ou non avec cela mon fils... Le fils Napoli n'est pas de la même trempe que les autres. À choisir, il peut plus être rapproché du dernier, cet Iblis.

─ Mais justement ! Adjectivais-je. Justement ! Tu vois pas le putain de problème ? Tu vois déjà son état avec tout ceux qu'elle a perdu là ! Ceux qui l'ont trahi ! Imagine que ce Sicilien de mes deux fasse le même hein ! Imagine putain ! Je refuse de la perdre une fois de plus à cause d'un de ces connards qui passent leurs temps à lui briser le cœur !

─ Tu ne le connais même pas ! Gronde mon père.

─ Mais je veux pas le connaitre cet abruti ! Pas besoin ! Je le connais son palmarès à Naëlle ! Et s'il meurt aussi celui-là on fera comment hein ? Tu crois qu'elle survivra à un de plus ? Attends déjà que sa vengeance se termine et qu'elle s'effondre ! Attends déjà de voir son état !


Mon père se contenta de se lever, s'approchant de moi avant de me décrocher une baffe monumentale. Me clouant sur le sol tellement j'en fus surpris.


─ Nous avons parlé de nos enfants avec Luciano. Sais-tu le nombre de conquêtes de son fils ? Aucune. Sais-tu combien de femmes il regarde comme il semble la regarder elle ? Aucune. Ce qu'il y a entre nos deux enfants, cela ne concerne qu'eux. Comme cela ne concerne qu'eux depuis le départ. Parce que ce n'est pas un abruti comme les autres qui sont passé dans la vie de Naëlle. C'est un Napoli. Un homme qui s'est taillé pour prendre la tête de sa famille. Il est comme elle. Et c'est justement la dernière personne en ce monde qui peut l'empêcher, sans le savoir, de s'écrouler. C'est toi qui ne comprends pas mon fils. Tu es tellement fixé sur tes peurs que tu ne vois pas la réalité. Si cet homme est le dernier homme vivant qu'elle a aimé par le passé, c'est la seule chance de tout ce foutu empire pour empêcher sa patronne de se noyer dans sa vengeance ! As-tu seulement conscience de ce qu'elle fait ? De ce qu'elle vit ? T'es tu seulement mis une seule fois à sa place actuellement ? Dans tout ce qu'elle a vécu ? Tu es là à agiter tes bras comme un gosse faisant son caprice, mais même pas une seule seconde, tu ne te poses la bonne question. Est-elle heureuse quand elle avec lui ? Oui ? Alors ne t'avises même pas toi, ou l'un des hommes de cette maison ne vous posez sur leurs chemins... Parce que crois-moi mon fils... Tu détesteras m'affronter. Tu restes en dehors des affaires privées de ta sœur. Cela ne te concerne pas et c'est mon dernier avertissement.


Je me frotte le visage, recommençant à marcher de long en large avant que mes épaules ne s'affaissent.


─ Je suis juste mort de trouille sur ce qu'il va arriver. C'est déjà à cause d'eux qu'elle a... Pourquoi on en a jamais entendu parler de lui hein... Soufflais-je

─ Parce que vous ne savez pas ne pas vous mêler de sa vie, et qu'elle semble prête à tout juste pour lui faire plaisir. Tu ne sais rien de cet homme mon fils, il a mis sa vie en suspends pendant des années pour une mission importante. Il a passé quasiment toute sa vie à préparer cette vengeance avec son père. Tu peux imaginer l'importance que ça peut avoir pour eux ? Tu connais leurs histoires toi aussi ! Va à New-York, vas voir Peter, c'est lui qui gère la sécurité pour elle de ce que je sais. Alors vas voir ! Va voir, et oses revenir en me disant que tu ne comprends pas.


Je me retourne vers lui, secouant la tête sans comprendre.


─ Pourquoi tu interviens cette fois ? Pourquoi ? Alors que tu as fermé les yeux toute ces années hein ? Quand on a fait cette merde avec Christopher ? Quand on a écarté tout ces hommes tout ce temps ? Pourquoi !


Il sort son portable, semblant chercher quelque chose avant de la trouver au vu du sourire qui s'étire sur ses lèvres.


─ Santana m'a envoyé une photo. Et je donnerais tout ce que j'ai pour qu'elle garde le sourire qu'elle a dessus. Elle me fait penser à Kitchi sur cette photo. Quand il jouait avec Julia. Elle transpire le bonheur, la joie... Qu'importe ce qu'ils sont l'un pour l'autre. Qu'importe à mes yeux. Cette lumière qu'elle a encore... Je veux la préserver. Je m'inquiétais de son état, Santana a voulu me rassurer alors il s'est mis à sa recherche... Il l'a trouvé à jouer avec lui. Depuis il m'envoie comment elle va. Chaque jour. Et elle va bien, elle va bien avec lui. Elle n'y restera pas, ça prendra fin et elle reviendra. Et ce sourire... On ne le verra pas nous. Imagine, s'ils s'aiment vraiment depuis tout ce temps mon fils... Imagine... Écoutes moi cette fois. Ce n'est pas un chanteur, ce n'est pas une raclure des rues, ce n'est pas un mercenaire... C'est le fils d'une famille à qui nous sommes associés depuis tant d'années. C'est le nouveau chef de famille très influente en Sicile. Notre monde c'est dans son sang. Aie confiance en elle, elle en a besoin. Maintenant plus que jamais.



Je hoche la tête à contre-cœur, un arrière-goût amer en bouche. Préférant partir de mon bureau, et sans même que je ne m'en rende vraiment compte je suis en route pour New-York. Débarquant quelques heures plus tard, dans l'antre de Peter sur New-York. Y découvrant Cole en train de bosser avec lui alors que les deux pianotent comme des dingues avec leurs casques sur leurs oreilles.


Découvrant sur la multitude d'écran des images de vidéo-surveillance d'une demeure qui ne me dit rien. Je m'appuie sur le mur, mes dents venant ronger l'ongle de mon pouce avant que je ne capte que Peter a détourné son attention de ses écrans pour me fixer moi.


─ Qu'est ce que tu fous là ?

─ P'pa m'as dit de venir. Je veux voir ce sicilien.


Il arque un sourcil avant qu'un sourire ne s'étire sur ses lèvres, clairement moqueur.


─ Ohh. Tu viens de découvrir son existence. Devina t-il

─ Tu savais ! Exhalais-je


Il se contenta de hausser les épaules, se remettant à pianoter sans son casque.


─ Évidemment que je savais. Si on a pus la récupérer à l'époque c'est parce qu'elle l'avait connu.

─ Comment est-il ?

─ On va voir ça. C'est bientôt l'heure. Ils vont arriver.


Son visage change et il remet son casque en me faisant signe de me taire. Je devine au sourire des deux qu'elle a dû mettre son oreillette et brancher son micro.


Les minutes passent lentement puis soudain je vois Cole recracher son café alors que Peter s'écroule de rire.


Putain quoi encore.


─ Elle... Elle a oublié d'enlever son micro.


Je lui fais signe de parler et il tente de se calmer alors que Cole marmonne.


─ Elle a dit qu'elle était trempée rien qu'à imaginer le sang qu'elle allait verser...


Oh.

Je me passerais de l'oreillette.

Quoi que.


Ma curiosité prend le dessus et je m'assois à côté d'eux, piquant un casque sans enclencher le micro, observant sur les écrans. Peter me montre rapidement la répartition qui m'intéresse et je focalise rapidement mon attention sur l'un des écrans. Voyant un groupe apparaître dans un coin de la caméra avant que l'un des hommes ne se détache pour attraper un garde s'approchant.


Le corps disparaît aussi vite et je plisse les yeux tout en m'appuyant sur mes poings. Observant avec attention le reste de la scène alors que Peter lance le signal. Suivant avec attention sa progression alors que Peter semble faire en sorte que je l'ai toujours sous les yeux. Enfin, je ne doute pas qu'il veuille le voir aussi à l'œuvre ce fameux mec.

Mon regard passe sur les autres écrans et je me fige rapidement, clignant des yeux avant d'alterner entre les deux écrans. Ils ont les mêmes armes. Et ce sont les deux seuls à tuer réellement dans l'enceinte de la demeure.


À la lumière du hall, les deux m'apparaissent sur l'écran et je ne peux détacher mes yeux de la scène. Me mordant la langue alors que le constat vient me filer le plus violent des uppercuts.


Je ne peux même dire que le reste de cette « bataille » atténue l'effet, c'est même pire quand je vois son état à elle. Devinant sans mal qu'elle est dans sa folie meurtrière, s'éclatant comme une gosse. Dangereuse même pour nous. Pourtant lui ça ne semble rien lui faire cet état. Il s'avance vers elle comme si c'était son état le plus normal.


Et le nouvel uppercut me semble encore plus douloureux.


─ Putain ça craint... Murmurais-je.


Je détourne les yeux, enfouissant mon visage dans mes mains alors que sa voix à elle résonne dans mon casque. Aussi vite une voix masculine s'élève et je me raidis aussi vite avant qu'un rire nerveux ne s'échappe de mes lèvres.

Quelques minutes plus tard je sens une tape dans mon dos et je tourne à demi le visage, regardant en coin Peter qui semble m'observer.


─ Tu ne peux rien contre le Sicilien, John. Elle m'a déjà parlé de lui, tu sais. Vraiment parlé de lui. À ses yeux, il n'y a aucun comparatif possible. Ce n'est pas n'importe qui tu sais. Quand elle parle de lui, c'est un mec pour qui elle a une estime dingue, une affection tout aussi dingue. En vérité mec... Ce passage pour elle en Sicile, à mes yeux, il tombe vraiment au bon moment dans sa vie.

─ Tu n'as pas peur qu'il la fasse souffrir ?

─ Je m'appliquerais à le faire souffrir comme jamais si ça arrive. Rétorque t-il dans un haussement d'épaule.


Il pianote quelques secondes sous le regard perplexe de Cole.


─ Santana tu m'entends ? Demande Peter

─ Oui ?

─ Ce John Napoli, il est comment avec la Patronne ?


Un silence de quelques secondes vient lui répondre et j'arque un sourcil devant le silence de Santana. Ce n'est clairement pas son habitude.


─ J'ai pas le comparatif. Finit par répondre Santana. Ils sont pareils. Si vous me demandez s'il semble amoureux. Je vous répondrais qu'il en semble complètement dingue. Et qu'elle ne joue pas avec. C'est réellement celle que je connais face à lui. C'est... Intéressant à observer... Pourquoi ?

─ Merci Santana. Pour rien t'inquiète, je voulais juste m'en assurer. Bon courage pour la fin.


Il coupe son micro tout en pianotant, observant les écrans en même temps.


─ Concentre toi sur ses ordres John. Le reste, elle est assez grande pour le faire.


Putain si même lui me fait la morale c'est vraiment la totale.



Je repose mon casque en soufflant, sortant de son antre aussi vite avant de me faire rattraper. Je regarde perplexe Cole qui me fait signe de le suivre alors qu'il sort fumer.

Il s'allume une cigarette, regardant un peu partout avant de soupirer.


─ J'imagine même pas ce qu'elle doit traverser en ce moment avec cette guerre contre les Herrero. J'imagine même pas le dilemme qu'elle s'impose alors que ce sont les pères de Aylan, mais aussi les responsables de la mort d'Iblis. J'imagine même pas le poids qu'elle porte continuellement sur ses épaules, sans que rien ne paraisse. Lâche-t-il soudain. Elle arrête jamais de courir, elle se pose quasiment pas, dort à peine. Quand on a fait cette escapade... Elle dormait à peine, se réveillait tout le temps en sursaut. Je l'ai vu couverte du sang d'un amant qui avait tenté de la toucher. J'ai cru que vraiment... Ce mec était mort avec toute son humanité, tu sais. Pourtant, elle était là, tentant de rester debout. Gardant toujours ce masque sur elle... Je comprends ce dont t'as peur mec. Vraiment, je le comprends et ça me fait autant peur que toi, ouais. Mais j'ai décidé de faire confiance en ses choix. Je me suis engagé à toujours lui faire confiance. Elle m'a juré qu'elle reviendrait en vie de tout ça. Alors je m'en tape des méthodes, je m'en tape de qui l'aide à ne pas s'écrouler. Je m'en tape à un point que ça en est dingue et effrayant. Que ce mec soit de passage ou pas, je m'en balance. Mais si lui, si juste lui, ça permet à mes enfants de ne pas perdre leur mère... Alors fais confiance en Naëlle. Parce que quelque chose me dit que ce voyage, c'est juste une pause pour elle. Et qu'à son retour...


Ouais, à son retour ce ne sera pas la même c'est évident.


─ Comment vont les petits ? Demandais-je pour changer de sujets.

─ Vas les voir tu verras bien. Rétorque-t-il dans un sourire. Ils seront ravis de voir leurs oncles. En plus Iris pousse à vue d'œil.


Je ne peux m'empêcher de ricaner avant de hocher la tête.


─ Ouais je vais faire ça. Bon courage.


Je me dirigeais aussi vite vers l'étage de Naëlle, allant rendre visite à Angelo qui devait les garder. À peine eu-je le temps de franchir la porte que je me retrouvais avec deux tornades dans les jambes. Mon sourire s'étirant alors que je me penchais pour les enlacer.


─ Bonjour vous deux.

─ Oh tu tombes bien toi ! Tiens, gardes les je reviens ! M'apostropha Angelo en me donnant Iris.


Il sortit aussi vite de l'appartement, me laissant comme un con avec le bébé dans les bras. Encore heureux qu'elle dormait sinon j'aurais eu l'air fin. J'ai pas la notice pour ce genre de truc moi.


─ Tonton ! Tonton ! Tu nous joue un morceau ? S'il te plait tonton !


Je regardais la porte avant de les observer de nouveau, penchant la tête avant qu'un sourire ne s'étire sur mes lèvres.


─ Montrez-moi le piano les gnomes, et on fait ça.




C'est à partir de mercredi que les choses ont commencé à se mettre en mouvement réellement : le groupe d'Hakane et d'Ali avait accompli leur mission.

Il nous fallait à présent suivre le plan sans tarder, rapatriant en urgence Peter et les combattants à la Demeure des Dragons. Faisant augmenter encore plus la sécurité à New-York, interdisant la sortie du bâtiment à quiconque.

Même Caleb Angley et son bras droit avait dû poser un congé exceptionnel de quelques jours, car ils se retrouvaient sans pouvoir sortir de l'immeuble.


Elle avait même été jusqu'à faire prévenir nos alliés les plus proches de se tenir sur leurs gardes. Mail programmé pour s'envoyer dès que les groupes avaient terminé leurs missions. Autant dire que Peter était intenable tellement il était excité, comme à chaque fois qu'elle montrait sa maîtrise dans le domaine informatique.


L'avantage de cet état, c'est qu'une fois arrivé à la Demeure, il avait été une vraie tornade avec son équipe. Tous les hommes se contentant d'obéir sans chercher à comprendre, augmentant à son paroxysme la sécurité d'un site que je trouvais déjà mieux gardé que le pentagone, mais bon... Je n'allais pas me plaindre.


Enfin tout en le voyant courir je voyais bien qu'il était en même temps au téléphone, et je compris vite avec qui. Cole. Et apparemment il filait à Cole une mission qui prouvait la place de ce rockeur aux yeux du dieu de l'informatique de notre clan : il laissait Cole s'occuper de contrer les attaques du FBI au sujets de leurs recherches sur nous et surtout sur Naëlle. Quel que soit les moyens employés.

Et vu le rire de Peter, ça avait l'air de bien faire plaisir à Cole. Deux putains de gosses, voilà ce que c'était.


Salomon s'occupait l'air de rien de vérifier que l'ensemble de nos stocks nous permettent de vivre en parfaite autarcie sur les jours à venir. La demeure devant passer au même stade que l'immeuble sur New-York.


Dans la nuit de mercredi, Santana et le restant des hommes qui avaient accompagnés Naëlle en Sicile firent leurs retours à la Demeure. Sans la Patronne. Et comment dire... Je dus faire preuve de beaucoup de self-contrôle pour ne rien dire alors qu'elle était descendue à New-York.

Mais comme les ordres c'étaient les ordres, ce n'est pas comme si nous avions le choix. Même s'il était limpide qu'avec Luc, nous n'étions pas du tout à l'aise avec le fait de ne pas savoir ce qu'elle faisait.


Luc toujours accompagné par sa glu d'ailleurs. Même si depuis la dernière fois que je l'avais vu, l'homme avait l'air plus détendu. Et j'appris pourquoi lors d'une réunion à huit clos dans le bureau avec les autres membres du cercle.


─ J'ai reçu ma prochaine mission par mon chef. Annonça le Démon. Hier, ils ont amené un homme auprès de la Reine. Cet homme a lancé auprès de plusieurs tueurs à gages, un contrat sur la tête de Luc dans le cadre de la guerre nous opposant à ces merdes dont j'ai oublié le nom. Nous attendons à présent que la Reine nous confirme les infos et nous partirons à la chasse. Je souhaite me joindre à cette chasse. Cela m'amène à la raison de ma franchise quant à ce qui se passe. Je souhaiterais que Luc ne sorte pas de cette demeure tant que nous ne soyons pas certains qu'il ne reste aucun danger. C'est la seule condition de la Reine pour qu'elle accepte que je suive les autres Démons.

─ J'ai mon mot à dire ! S'offusqua Luc.

─ Non. Trancha l'homme d'un ton dur. Je préfère encore t'enfermer dans ce sous-sol plutôt que de prendre le risque d'affronter ta sœur. Tu n'as aucune idée de la souffrance que ça lui causerait si tu te retrouvais blessé en ce moment. Ne joue pas à l'enfant Luc. Elle veut juste te protéger, et crois moi de ce qu'on m'a raconté... Ce n'est vraiment pas le moment pour l'énerver.

─ C'est d'accord. Intervint mon père. Luc ne posera pas un seul pied en dehors de cette maison. Nous avons largement de quoi l'occuper pendant le déroulé de votre mission. Je m'occupe de prévenir ma fille en personne.


J'observais du coin de l'œil mon père qui se levait aussi vite, sortant son téléphone tout en sortant de la pièce. Sa sortie fut vite suivie d'un Luc fou de rage suivi par un démon qui avait l'air de s'en foutre.


─ Ça sent la scène de ménage ça. Marmonna Ritchi.

─ Tu parles. Il a l'air de s'en foutre de ce qu'en pense Luc le mec. Mais je peux comprendre son avis. Elle ne supporterait pas que Luc se fasse tuer comme ce fut le cas de Christopher.

─ Au pire... On l'endormira alors. J'ai pas envie d'avoir la Patronne sur le dos perso, j'ai eu ma dose.

─ Qu'est ce que t'as fait encore ? M'étonnais-je


Il se renfrogna en haussant les épaules et je me grattais la joue tout en l'observant.


─ Micky aussi a rejoint les autres en début de semaine. Aussi vite que notre mission s'est terminée. Il a eu un appel et ça l'a fait partir aussi vite. C'était un appel de ce mec-là, Simon, qui suit partout Luc. Micky a à peine parlé, mais le sujet n'avait pas l'air de lui plaire vu la tête qu'il faisait. Dès qu'il a raccroché, il s'est excusé en m'embrassant et pouf... Il est parti. Je sais même pas où il est là cet abruti.

─ À mon avis, ils sont tous ensembles. Ils pourraient même être avec elle que ça ne m'étonnerait pas. Par contre, je pige pas pourquoi ton homme se joindrait à la chasse.


Ritchi haussa les sourcils, visiblement étonné de ma question.


─ Ils connaissent tous Luc depuis les quelques mois où il a été avec eux, et apparemment ils l'apprécient. Ils savent de plus que c'est le petit frère de Naëlle, et ils ont tous une... Adoration sans faille pour elle. Apparemment, ils ont déjà convenu de rester auprès d'elle après tout ça. Quand l'un des démons rencontre un souci, c'est tous les autres démons qui lui viennent en aide. C'est une règle dans leurs gênes de ce qu'il m'a expliqué une fois. J'en déduis que la demande venait de ce mec pour une telle réaction en chaîne, car si ça avait été elle... Cela serait réglé depuis longtemps.

─ Il doit vraiment y tenir. Dis-je pour moi-même.



Je secouais la tête devant la tête perplexe de Ritchi, me levant pour retourner à mon boulot. Me disant que je n'avais pas besoin d'enfoncer le clou auprès de Ritchi sur les sentiments évidents de ce mec envers Luc pour qu'il décide de passer par les Démons pour régler le problème. Clairement si cela n'avait été que pour faire « plaisir » à Naëlle, il n'aurait pas insisté et été si clair pour pouvoir se joindre à cette chasse.

Ce regard qu'il avait eu, c'était celui d'un homme voulant verser lui-même le sang de ceux qui osaient vouloir s'en prendre à quelqu'un a qui on tenait. Protéger Luc n'était pas une simple mission pour lui, et je n'avais même pas besoin d'en parler avec Naëlle pour savoir qu'elle avait mis ce mec là en toute connaissance de cause.

De ce que j'en savais, ce mec était d'une efficacité redoutable pour veiller sur la vie de Luc sans même que Luc lui-même s'en aperçoive. La preuve, il n'avait même pas capté qu'on avait tenté de le tuer de nombreuse fois depuis des semaines.



Je croisais Santana et Jarod dans un couloir, me stoppant avant d'interpeller Santana.


─ Santana, le sicilien, il est devenu quoi ?


Santana se retourna vers moi, le visage impassible alors qu'il enfonçait ses mains dans ses poches. Jarod se contentant d'un petit sourire moqueur sans même s'en cacher.


─ C'est-à-dire ?

─ Mon père m'a fait savoir sa prise de pouvoir à la tête de la famille Napoli. Je voulais donc savoir si tu savais quand nous rencontrerions le nouveau chef de cette famille, vu que nous sommes associés en affaires.

─ Il ne m'a pas informé de cela j'en suis désolé. Vous devriez peut-être prendre contact avec eux pour cela.

─ Hm. Je ferais cela quand ça serait réglé ici. Vous rejoignez les convois ?


Ils hochèrent la tête et je me décidais à les suivre, me disant qu'une balade me ferait du bien. Surtout que nous rejoignions les autres avec plusieurs poids-lourds, et il y avait de la route. Un surplus de conducteur ne serait pas de trop quoi.



Forcément, le temps de les rejoindre, de charger les voitures dans les semis et de revenir incognito... On arriva au QG vendredi tôt dans la journée, et je me fis un plaisir de suivre le groupe pour découvrir ce qu'ils nous amenaient. Les faisant directement aller dans la salle blanche, celle qui appartenait pourtant à Naëlle.


─ Je croyais que... Commençais-je

─ Elle me fait cette faveur. Me coupa Hakane. Je voulais à tout prix jouer en personne avec l'un d'eux.


Je penchais la tête, attrapant le mélange des mains de Aaron qui venait à côté de moi. Découvrant un homme de l'âge de mon père ainsi qu'un mec qui devait avoir à peu près notre âge. Et visiblement, c'était lui la cible d'Hakane vu son attitude.


Bordel mais il lui avait fait quoi celui-là pour provoquer une telle rage chez mon pote ?


─ C'est qui ?

─ Là c'est l'ancien chef des Red's Skull, et l'autre c'est Pablo. Pablo qui était très motivé à culbuter notre rouquin.


Oh. Oh ohh


─ Notre rouquin... Pas...

─ Si si. Celui d'Hakane.


Oh bordel de merde.


─ Et dire que vos potes vont débarquer pour vous sauver... Ricana Hakane. Mais le temps qu'ils arrivent... Vous serez déjà à la frontière de la mort. Je vais te faire comprendre sale fils de chien qu'on s'approche pas de ce qui m'appartient. Et Grey est à moi. Je vais te faire regretter d'avoir même osé le regarder, et pire... T'as même osé le toucher sale raclure !



Ok. Là, il était vraiment très énervé pour parler en japonais sans même s'en rendre compte. Mais Ali avait vraiment l'air ravi.


Je m'étirais doucement, tapotant le dos d'Aaron avant de me diriger vers la sortie.


─ Bonne séance de jeu les mecs. Saluais-je en partant.



Je me dirigeais aussi vite vers le bureau de Peter, allant vérifier que tout était prêt. Décidant de refaire un tour complet pour vérifier au cas où. Arno, Aaron et Nino se joignant à moi pour tout vérifier avant qu'on ne se mette en poste. Attendant chacun à différentes positions alors qu'on avait pris le temps de s'équiper, quadrillant avec le plus soin notre propre demeure.



Les premiers mouvements eurent lieu tôt dans la journée du samedi, nos détecteurs s'affolant. Je restais à l'affût, me tenant prêt avec mon sniper avant qu'un sourire ne s'étire sur mes lèvres à la vue des premiers attaquants.


─ Tête ! 300 points pour moi ! Hurlais-je dans le micro.

─ Épaule. 150 pour moi ! Ricana Aaron.

─ Noté. Répondis Luc.



Je profitais d'une accalmie dans la journée pour changer mon poste avec l'un des faucons, allant à l'intérieur de la demeure pour attraper mon téléphone. Pianotant dessus avant de le porter à mon oreille. Mon sourire s'étirant alors que je me postais à la fenêtre donnant sur le portail au loin.



─ Allo ?

─ Oui bonjour. Agent Wilson ? Ici John Gomora à l'appareil, je vous contacte car j'ai cru comprendre lors de notre entretien il y a quelques semaines de cela que vous étiez à la recherche de Logan Herrero.

─ C'est exact...

─ En fait,je ne sais pas si vous êtes dans le coin mais... Il se trouve à Los Angeles. Je l'ai justement dans mon champ de vision... Si jamais cela vous intéresse.


Et ce coup là Herrero, tu l'avais vu venir ?

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