Chapitre 23 _ *_
Je vis deux têtes regarder alternativement l'intérieur du bâtiment et Carla qui sortait du gymnase. Les visages de Jarod et Santana me prouvant qu'ils savaient tous deux que la douille qu'ils allaient se prendre allait être salé. Ils préférèrent donc refermer la porte, me laissant avec mon samurai qui semblait hésiter entre reprendre là où on l'avait interrompu et sortir tuer sa sœur.
Je grognais avant de le faire chuter au sol, profitant de sa surprise pour me mettre au-dessus de lui. Le chevauchant aussi vite alors que je m'emparais de ses lèvres pour le faire revenir au moment présent.
─ Dernier round pour cette fois mon samurai. Susurrais-je
─ Pour cette fois ?
─ Ou tout court si tu veux pas d'autres fois...
Il pencha la tête, un sourire de conard sur les lèvres alors que son bassin venait rejoindre le mien avec force. Ses bras venant m'encercler le buste avant de nous faire inverser nos positions.
Ses lèvres vinrent goûter ma peau, il resta pourtant en suspens, son regard fixé sur le tatouage partant entre mes seins avant de s'épanouir entre mes côtes.
─ Ta peau est recouverte d'histoires depuis le Japon. Raconte-moi celui-là. Souffla-t-il en embrassant le tatouage
─ Afrique. Répondis-je. Une promesse tenue pour l'un de mes hommes. J'ai versé tellement de sang que le sable même était de notre couleur favorite. J'ai dansé avec la mort, combattu avec le diable. J'ai dansé sur les corps des ennemis en faisant chanter mes lames. Tu aurais adoré.
Il se contenta de sourire embrassant mon avant-bras gauche, me regardant en coin pour que je continue.
─ Christopher... Il a été tué de ma faute...
Il remonta sur le haut de mon bras, et mon regard se perdit sur mon tatouage avant que sa main ne vienne me caresser le visage. Un tatouage représentant un diable. Mon diable...
─ Mon âme sœur... qu'on m'a arraché il y a peu.... Aussi...
Il hocha lentement la tête, laissant ses lèvres parcourir mes seins. Comme une excuse silencieuse, avant d'entamer le même manège sur mon avant-bras droit, son sourire s'étirant alors qu'il me fixait.
─ Mon samurai sur ta peau... Pourquoi ?
─ J'étais à un point de ma vie où je m'étais perdue J'avais besoin de me graver les choses pour ne plus jamais oublier qui j'étais. Quel symbole pouvait mieux me le rappeler que ton samurai. Il me suffit de le voir pour me rappeler ces années-là. Il veille sur moi en quelque sorte.
Il se contenta de hocher la tête, un sourire sur ses lèvres qui remontèrent le long de mon bras, embrassant encore et encore le tatouage prenant l'ensemble de mon bras, en souriant. Celui-là représentait un paysage japonais. Un banal paysage pour beaucoup. Mais il savait aussi bien que moi ce que c'était ce paysage en réalité. Il représentait un temple sous la neige. Le temple de Kinkakuji.
Celui-là même où il avait passé tant d'années en formation il y a si longtemps. Le temple où j'avais passé du temps moi-même. Celui-là même où on s'était connu.
La phrase gravée en japonais sur ma peau, reliant les deux tatouages, m'avait été répété encore et encore par le Maitre à l'époque, Soke Hirokazu Kanazawa :
« C'est lorsqu'on est environné de tous les dangers qu'il n'en faut redouter aucun » (L'Art de la Guerre. Sun Tzu)
Il finit par poser son menton entre mes seins, m'observant quelques secondes avant d'ouvrir la bouche.
─ Il y aura une autre fois alors ?
─ Le temps ne dément pas ton talent... Et je suis sûre de ne pas en avoir fait le tour...
Il secoua la tête, son sourire craquant de connard sur les lèvres, le regard d'un pur prédateur face à une proie qu'il s'apprêtait à dévorer. Ce regard qu'un animal sauvage avait face à la proie qui le faisait saliver. Je me mis à ricaner avant de me redresser, le forçant à se redresser lui-même. Je m'emparais de ses lèvres, l'embrassant avec sauvagerie avant de me reculer.
─ Du coup, pour te convaincre de revenir jouer avec moi...
Je ne lui laissais pas le temps de réagir vraiment que je descendais pour m'emparer de son sexe, ôtant le préservatif avant de déployer l'étendue de mes talents pour lui faire perdre la tête.
Lorsque je fus satisfaite de son état extatique, le laissant reprendre ses esprits, allongé sur le tatami, j'en profitais pour me rhabiller avant de sortir du gymnase, faisant signe aux deux abrutis de me suivre.
Je m'arrêtais devant le bâtiment où nous résidions, prenant dans mon sac une cigarette que je m'allumais et commençais à fumer avant de me tourner d'un bloc vers les deux attendant que j'ouvre la bouche.
─ Donc, en fait quand vous dites que vous gardez la porte... C'est bien QUE la porte que vous gardez c'est ça ? Le reste du bâtiment, il ne compte pas nooon ! Juste la porte ! M'énervais-je. Comment vous avez pu laisser passer quelqu'un ! Comment !
─ Elle... Je crois qu'elle est passée par le toit... Murmura Jarod en grimaçant.
─ Tu crois ? Hurlais-je. Tu crois ? Nan mais vous vous foutez de ma gueule là ! Bordel mais je croyais avoir pris les meilleurs mais j'ai pris deux putains d'amateurs en fait ! Fallait me prévenir ! Du coup, vous pensez pouvoir faire un boulot potable d'ici trois putains de jours ou je te dois me démerder sans vous ? Nan parce que je sais pas, si empêcher les gens de se glisser dans un putain de gymnase est trop dur pour vous deux... Je me demande ce que ça va donner sur un putain de terrain ennemi hein ! Bordel mais même mes gosses se serait pas fait avoir !
Je passais aux insultes en russes, pointant tour à tour les deux avant de me figer au son d'une voix chantonnante, quelques mètres plus loin.
─ Izaaa... Namiii
Je tournais la tête en direction de la voix, observant mon samurai qui rejoignait la demeure tout guilleret, un sourire s'étirant sur mes lèvres. Je portais de nouveau mon attention sur mes hommes, redevenant sérieuse tout en les pointant du doigt avant de me raviser, repointant le doigt alors que je cherchais vainement ce que j'allais dire.
Merde il m'avait coupé dans mon élan ce con.
─ Oh pis vous faites chier tiens ! 19H00, vous rassemblez tout le monde ici. Pour la peine je vais vous entrainer moi. Peut-être que là au moins, je pourrais espérer un résultat potable pour l'intervention !
Je les laissais planté là alors que je rentrais dans le bâtiment où nous logions, allant dans la chambre où étaient posés mes affaires. Je partis me prendre une douche qui me paru vraiment trop calme comparée à celles que j'avais pus prendre aujourd'hui. Bien plus rapide qu'avec un samurai aussi étrangement.
Je ressortis en serviette de la salle de bain, m'asseyant sur le lit tout en attrapant mon portable, composant un numéro sans vraiment faire attention. Le son des voix à l'autre bout fit s'étirer un immense sourire sur mes lèvres, et je me laissais tomber sur le lit, parlant avec mes enfants, leurs demandant de leurs nouvelles, écoutant leurs bêtises avant que Cole ne prenne le téléphone. Il me demanda comment j'allais, et sans même que je ne comprenne vraiment pourquoi, je parlais de mes retrouvailles avec mon samurai. Il me posa des questions, riant à mes réponses, surtout quand je lui expliquais comment nous avions été interrompues. Il me parla de ce qu'il se passait là-bas, des retombées de nos images lors du gala et surtout de comment le monde semblait prendre la nouvelle de ma « résurrection ». Il évita avec brio de me questionner sur les raisons m'amenant à être en Sicile vu les évènements en cours dans le clan, semblant respecter sa place.
En fait, il m'avoua être soulagé. Soulagé que, vu ce qu'il se déroulait dans ma vie, j'ai pus croiser la route d'une personne de ma trempe pour me permettre de déverser mon trop plein. Il me parla d'Iris, de sa manie à ne pas vouloir dormir s'ils ne mettaient pas du violon ou du piano en fond sonore. Entre elle et les deux aliens passant leurs temps à s'entrainer à se battre avec les autres gamins, ils avaient pas le temps de s'ennuyer étrangement.
Je raccrochais en ricanant, fermant les yeux quelques minutes. Ne sentant que je m'étais endormie que quand je me réveillais en sursaut, les sens aux abois avant que je ne me calme. Je jetais un coup d'œil sur l'heure, grognant en voyant que je ne m'étais assoupie qu'une heure à tout casser. Je me décidais à m'habiller, sortant de la chambre pour aller me prendre un café. Je me stoppais dans un des couloirs, faisant marche arrière avant de me stopper devant une porte.
─ Elle est plus grosse la tienne ! Ça pénètre facilement ? Ou faut préparer un peu le terrain ? On doit bien la sentir !!
Hein ?
─ Moi ma première elle était toute petite, c'est à peine si on la sentait. Il m'a fallu au moiins... Fiouuu... Dix coups avant de pouvoir prendre mon pied. Alors qu'avec une grosse comme la votre je le sentirais direct.
J'ouvris la porte à la volée, haussant un sourcil face à la scène. Décidément cette gonzesse me rendait clairement perplexe.
─ Vous comparez vos tailles de lames avec les demoiselles maintenant ? Eh bah c'est que vous avez du temps à perdre ! Dehors ! Allez m'attendre !
─ Toi aussi t'en a une grosse ?
─ Pardon ?
Je clignais des yeux en regardant la petite sœur du samurai, la voyant me montrer ses kunais avec un grand sourire.
Après on dira que c'est ma famille qui est dingue...
─ Moi je les aime de toutes les tailles, quand c'est petit tu peux prendre ton temps, alors le plaisir il monte tout doucement... C'est juste trop bon. Ne pus-je m'empêcher de répondre.
Je la vis se mettre à sautiller, me criant qu'elle voulait voir ça et je l'emmenais voir mes lames. Je lui montrais la table où elles étaient disposées alors que nous avions décidé d'entreposer nos armes dans la pièce servant normalement de salle à manger. Je la laissais les découvrir alors que je passais par la cuisine pour me prendre mon café. Parce que je sentais que j'en avais vraiment besoin avant de m'attaquer au cas Carla Napoli.
Je pris le temps de boire mon café, m'emparant d'un mélange que je m'allumais tout en l'observant de loin détailler mes différentes lames. Je savais bien qu'elle se retrouvait là pour se planquer de son frère, et avec une sœur pareille, j'en plaignais presque mon samurai.
Cependant, elle avait l'air passionnée par les lames vu comment elle les étudiait. Sa façon d'en prendre certaines en mains me montrait déjà celle qu'elle avait appris à utiliser, celle qu'elle maniait bien et celle qu'elle n'utilisait pas. Je m'appuyais contre le chambranle de la porte de la cuisine, finissant mon café avant de reposer ma tasse. Je m'approchais de Carla, fumant mon mélange tout en lui prenant la lame des mains, jouant avec tout en lui parlant. Son regard se focalisa sur mes doigts s'amusant à faire tourner la lame de plus en plus vite et sans la lâcher du regard, j'aperçus du coin de l'œil un des faucons qui passait, semblant prêt à aller se soulager contre un arbre. Je changeais ma lame de main, le visant sans quitter la demoiselle du regard. Elle regarda ma main avant de tourner la tête au son du cri de douleur de mon homme. Ma lame plantée dans une de ses fesses. Elle le pointa du doigt, ouvrant la bouche en grand avant de me regarder.
─ Mais comment t'as fait ça !
Je me contentais de choisir un autre modèle de lame, un de ceux qu'elle ne semblait pas utiliser vu la façon dont elle l'avait tenu. Je jouais avec, mon regard balayant les alentours avant que je ne plante mon regard dans le sien.
─ Troisième arbre derrière moi, un oiseau sur la branche inférieure. Tu le vois ?
Elle n'eut le temps que d'ouvrir la bouche que je lançais ma lame, la voyant s'écrier avant de sortir en un bond par la fenêtre. Je l'entendis hurler alors que je continuais de fumer, la voyant revenir avec le cadavre de l'oiseau.
─ Chaque lame est une extension de ton corps, elle est ce que tu veux. Délicate ou telle un éclair. Elle peut tuer, blesser. Elle fait ce que tu veux d'elle. Elle ira toujours où tu lui diras d'aller, que ton regard la surveille ou pas. Si elle ne va pas où tu voulais qu'elle se rende, ce n'est pas elle, c'est toi la fautive. Tu as besoin de regarder pour viser ? Cela laisse le temps à ton ennemi de comprendre ta stratégie avant même que tu ne la trouve. Tu lui laisse le temps de parer. Feinter, s'amuser, tuer, torturer. C'est en maitrisant entièrement cet art que tu pourras le plus prendre ton pied. Car seulement quand tu seras capable de faire de chaque lame une partie de toi, seulement là, tu découvrira le véritable plaisir de ces outils-là. Faisons quelque chose. Ton arrivée dans le gymnase a provoqué un entrainement pour mes hommes sous mes ordres Mademoiselle Napoli. Tu semble aimer jouer avec des lames aussi, alors je te propose d'aller t'équiper et de nous rejoindre devant ce bâtiment. Si ça te dit ?
─ On va jouer à quoi ?
─ Eux ? À cache-cache. Nous, au chasseur. Montre-moi ce que tu sais faire, et si tu m'impressionne, alors je t'enseignerais des trucs.
─ Vrai de vrai ? Demanda-t-elle des étoiles pleins les yeux
─ Parole de Dragon.
Je la vis partir en courant aussi vite, ressortant par la fenêtre tout en criant et je me contentais de soupirer avant de m'équiper de différentes lames. Repassant par ma « chambre » pour y prendre l'étui contenant le violon de mon père que j'avais repris à Tsaile. Je redescendis, sortant devant le bâtiment, posant l'étui sur la table alors que mes hommes s'étaient déjà regroupés et attendaient les ordres. Pas vraiment confiant pour le coup.
─ On va jouer à un jeu.... Commençais-je
La majorité ne purent retenir leurs grimaces, comprenant d'avance que ça n'allait être un jeu que pour moi. Je vis une tornade revenir en courant, s'arrêtant en dérapant.
─ Je suis prête ! On joue ?
Je lui fis signe de patienter, rallumant mon mélange avant de poser mon regard sur Jarod et Santana.
─ Jarod et Santana, vous choisissez quatre faucons chacun. Chaque équipe affrontera l'une de nous deux. Une fois votre équipe faite, dès que je me mettrais à jouer du violon, vous aurez ce laps de temps pour monter votre stratégie et vous cacher. La dernière musique que je jouerais, signera le top départ de la chasse pour nous. Vous la reconnaitrez sans mal, et vous comprendrez que cela sera le moment pour vous de vous demander si vous êtes assez bien caché. Une fois la chasse lancée, vous devrez tenir deux heures. Trois blessures valent éliminations. Quand vous êtes éliminés, vous vous rejoignez ici. La zone de chasse s'étend sur l'arrière de la demeure des Napoli. Intérieur interdit pour ne pas qu'on abime les meubles. Mademoiselle Napoli, on ne vise pas de points vitaux. Ils doivent encore me servir après. Des questions ?
─ Moi ! S'excita Carla. Je joue contre qui ?
Un sourire s'étira sur mes lèvres et mon regard alterna entre Jarod et Santana. L'un des deux ne parvenait même pas à masquer son énervement contre la demoiselle à mes côtés.
─ Eh bah Jarod tiens ! T'as l'air motivé à lui échapper. Peut-être que tu remontras dans mon estime si tu parviens à gagner la partie.
─ Chanceux. Marmonna Santana.
Je me contentais de ricaner, lançant mon mégot avant de me diriger vers mon étuis, l'ouvrant pour en sortir le violon. Je le pris en main, observant l'air de rien les répartitions. Carla se rapprocha de moi et je fis un bruit de langue de négation.
─ Regarde tes cibles. Observe leurs comportements. Leurs attitudes, où se diriges d'instincts leurs regards. Détaille tes cibles, et prouves leurs qu'ils ont tort de te sous-estimer. Soufflais-je.
Je me mis en position pour jouer, plantant mon regard dans celui de Jarod puis de Santana. Un sourire carnassier s'étirant sur mes lèvres.
─ Carla, assis toi sur la table. Santana, met un bandeau sur les yeux de la demoiselle pour qu'elle ne triche pas.
Carla ronchonna pour le principe mais s'assit sur la table, se laissant mettre le bandeau. Je laissais à Santana le temps de se remettre en position, ma main venant élever mon archer. Je fermais les yeux, commençant à jouer.
Que la partie commence.
Je commençais par jouer la Sonate N°7 de Guiseppe Tartini, me laissant plonger entièrement au son de la musique. Mon rire s'élevant alors que je continuais de jouer.
─ Ne t'arrêtes pas de courir petit lapin, sinon le dragon te trouvera et te dévorera sans mal.
Des rires me parvinrent et je sus qu'ils avaient recommencé à courir. Je les connaissais assez pour savoir que le son même du violon troublait leurs concentrations. Ils avaient trop l'habitude de tout arrêter pour l'entendre. Pas d'avoir à se cacher à son entente.
J'enchaînais sur la Partia IV de Carl Heinrich Biber, fermant mon esprit aux perturbations pour ne plus être que mon violon. Savourant simplement cette retrouvaille étrange avec le violon de mon père. Comme si je jouais avec lui. Comme si c'était plutôt lui que j'entendais jouer. J'avançais dans le parc d'arbres nous masquant de la demeure des Napoli, m'arrêtant en sentant les rayons du soleil qui venait chauffer ma peau.
Quand je terminais le morceau, un sourire ne quitta pas mes lèvres et je mis à rire avant de me décider à entamer Vivaldi et l'ensemble des quatre saisons que je décidais de jouer.
Commençant d'abord par « Primavera » et sa douceur qui pouvait bercer. Vint « Estate », dont la mélodie me fit exalter en même temps que ce rythme dingue, et je laissais mon corps danser au son de mes notes. Ne me donnant même pas la peine d'ouvrir les yeux.
La troisième saison, « L'autunno », bien plus calme permis à mon corps de se calmer, et j'ouvris à peine les yeux, juste le temps de me situer, avant de les refermer, marchant tout en jouant. Un sourire ne quittant pas mes lèvres.
La dernière saison, « L'inverno », redonna à mon corps l'envie de danser au rythme des notes s'élevant. Les images du paysage enneigés du Japon m'envahissant me plongèrent encore plus dans ma mélodie. Me donnant ce goût étrange de la nostalgie auquel je n'étais pas habituée. Je balayais ce sentiment, ne décidant que de garder ce qui m'avait le plus rendu vivante là-bas.
Moment étrange m'amenant ainsi à enchaîner sur « Carmen Habanera », et je ne pus retenir mon ricanement alors que je jouais le morceau. Je repris ma marche, ouvrant les yeux alors que je terminais le morceau. Mon regard se posant sur la terrasse des Napoli.
J'avais parcouru l'espace me séparant de cette demeure, me retrouvant à découvert. Me retrouvant surtout face à mon samurai qui semblait avoir terminé son repas. Une tasse dans les mains, ses gestes en suspends alors qu'il semblait étonné de découvrir que le son du violon était le mien.
Sans le lâcher des yeux, je me remis à jouer. Décidant de faire ce que je savais faire le mieux, laisser parler mes notes pour moi. Les notes de « Palladio » de Escala se firent entendre, et je ne pus nier que cela me semblait bien nous correspondre. Mon sourire s'étirant alors que mon corps se remettait en mouvement en accord avec mon violon, mes yeux se fermant alors que je plongeais encore plus loin dans ma musique. Sentant son regard ne me quittant pas.
Laissant nos souvenirs communs m'envahir, venir m'entourer de douceurs. L'odeur du sang versés, le goût de nos combats. Nos ébats. Notre soif sans borne.
Oui. C'est ça. Cette passion. Cet appétit insatiable. Nous étions prêts à tout brûler pour protéger les êtres nous étant cher.
Je rouvris les yeux, le fixant, entamant « Storm » de Vivaldi avec un sourire carnassier.
Bientôt mon samurai. Bientôt nous irons jouer. Bientôt nous irons jouer avec tes ennemis. Jouer contre ceux dont tu veux verser le sang depuis si longtemps.
Mon appétit sembla exploser de nouveau, et je me mis à jouer « Beethoven 5 ». M'amusant d'avance des corps que nous ferons tomber, du sang qui sera versé. De l'odeur délicieuse de la mort qui nous entourera.
Vous l'entendez mes dragons ?
Voilà venir le dernier morceau qui vous fera frémir de la même excitation. Il est temps de jouer à présent.
Je rouvris les yeux, mon attitude changeant aussi vite alors que j'entamais au violon la mélodie du chant des Dragons. Cette chanson qu'avait créé Aaron, que tous mes hommes chantaient haut et fort depuis.
Terrible torture que de leurs faire entendre ce chant auquel ils voulaient joindre leurs voix. Je pouvais les sentir frémir d'ici, sentir leurs impatiences grandir en même temps que la mienne. Je laissais mon violon jouer notre appel à la guerre, au sang. Faisant demi-tour pour disparaitre de nouveau dans les arbres nous masquant de la demeure.
Je terminais tout juste la mélodie quand je rejoignis Carla. Enlevant son bandeau pour lui donner le top départ avant de ranger mon violon.
La chasse était lancée.
Deux de mes lames vinrent se glisser dans mes mains en un geste sec, et je me mis à chantonner.
Wolves and lambs against us want to play.
Against the Dragons, they think they can fight
Our immortal queen spreads its wings,
and yells against the sky.
A thousand promise of blood, in her song.
The fire of each dragon, in her song.
Je jouais avec mes lames tout en faisant le tour du bâtiment où nous logions, rangeant mes lames avant de me mettre à escalader. Finissant par atterrir sur le toit. Mon regard se portant dans un coin.
Oh Ho. Hear the song of Dragon.
No need to hide. No need to run.
Dragons will hunt you down.
And all laughing, will kill you !
Ma lame fendit l'air aussi vite et le mouvement dans les feuilles vint trahir le fait que j'avais touché la première cible.
Je me plaquais sur le toit, m'allongeant alors qu'un bruit suspect s'était fait entendre derrière moi.
─ Oh Ho. Hear the song of Dragon.
No need to hide. No need to run.
Dragons will hunt you down.
And all laughing, will kill you !
Je me mis à ricaner alors que les voix des hommes s'élevaient aux quatre coins du territoire de chasse. Un sourire carnassier s'étirant sur mes lèvres alors qu'au loin je voyais Santana sur le toit du gymnase. Il écarta les bras, me narguant dans toute son attitude.
─ La meilleure des défenses c'est encore l'attaque ! On est des Dragons. Un Dragon ça ne se cache pas ! Hurla-t-il.
Je continuais d'analyser les environnements avant de redescendre du toit, entendant un cri de la part de la demoiselle plus loin.
─ Stronzoooooo ! Pezzo de merda ! Ma quante seghe mentali che ti fai !
Ah la dame s'est pris une balle !
Les hommes se remirent à chanter, et je me mis à ricaner, sachant très bien que c'est justement là que le jeu allait être le plus amusant.
Dance blade and screaming bullets ,
In the shadows, in the light,
There's nothing to save you now.
Laughs gruesome and songs baleful,
We're here for avenge her.
So pray for your forgiveness,
Here below, nothing can stop us.
Tremblest and weep,
We came to make you howling.
J'eus le temps de voir un homme chuter, la demoiselle venant lancer aussi vite des kunais dans les jambes et les bras du monsieur. Je compris que c'était celui là qui l'avait visé. Les tâches de peintures m'informèrent que ce con avait visé les seins de la petite.
─ Piccola puttana disgraziata !
Je me mis à rire, trouvant décidément que la poésie de cette langue était vraiment magnifique.
Je ne m'arrêtais pas de courir, faisant siffler mes lames pour atteindre mes cibles. Préférant faire durer le plaisir. Je me stoppais entre les arbres, un sourire carnassier sur les lèvres. Ma voix venant hurler la suite des paroles. Sentant mon être frémir de cette soif de sang sans limite.
Oh ho. We are the Dragons.
No need to hide. No need to run.
We will hunt you,
And all laughing, we will kill.
Je me léchais les lèvres en prenant d'autre lames plus longues. Les faisant danser avec mes mains alors que j'entendais du mouvement tout autour de moi.
Oui. Venez jouer directement.
Leurs voix venant s'élever alors que je me tenais droite, seul mes bras faisant danser mes lames autour de moi. Leurs chants qui emplit l'air.
Dragons go out hunting,
Dragon want to play,
Watch your wives and children,
Embrace them. Because tomorrow they shall be devoured.
Wolves and lambs, we devour both.
Dragon fire what's in store.
Will never burn out
Dès le dernier mot, Quatre faucons lancèrent l'attaque, se jetant sur moi avec un air probablement aussi fou que le mien.
J'attaquais sans aucune barrière, tailladant ceux qui oubliaient trop facilement contre qui ils étaient. Leurs torses se couvrant des taillades de mes lames. Le sang venant couler ne les freinèrent pas, ils lâchèrent juste leurs armes pour se jeter au corps à corps, profitant du fait que pour une fois c'était moi qu'ils pouvaient combattre réellement. Une façon de jauger leurs niveaux comparés à leurs Patronnes.
Aucun coup ne vint me ralentir, la douleur pulsant me rendant juste encore plus mortelle pour eux. Ils finirent même par se reculer en avouant leurs défaites quand peu de parties de leurs corps restèrent intact.
Je me lançais aussi vite à la recherche du dernier. Ma voix venant chantonner son nom. J'entendis son rire et je compris aussi vite que lui, il allait me faire courir.
Je vis que Carla en avait trouvé deux, sa voix continuant de lancer un florilège de poésie à l'italienne alors qu'elle avait des tâches de peinture à certains endroits du corps. Et vu son état, elle avait l'air de prendre un pied pas possible à cette partie de chasse.
Je me mis à poursuivre Santana, le voyant sortir des arbres nous masquant de la demeure, s'arrêtant à la limite de la piscine avec Jarod qui vint le rejoindre. Un des faucons se faisant chopper les jambes par les lames de la demoiselle, entrainant la perte de contrôle du mec qui vinrent s'écraser lamentablement contre la fenêtre du bureau de Monsieur Napoli.
Je regardais ma montre, une moue boudeuse sur les lèvres avant de me mettre à siffler.
─ Temps écoulés ! Hurlais-je.
─ Perché l'hai fatto? Non ho finito la mia festa ! È troppo male !
─ Bah oui mais c'est le jeu. Donc combien dans l'équipe de Jarod encore en combat ?
L'abruti s'étant éclaté contre la fenêtre leva la main, et j'allais vérifier le nombre de ses blessures. Deux, il avait échappé à la troisième éliminatoire.
─ C'est nul ! J'ai même entendu rire de l'autre côté de la vitre ! Même pas on compatit à ma douleur ! Se plaignit le mec.
─ Donc deux restant chez Carla. Un chez moi. En même temps, Santana il a fait sa peureuse donc bon... Marmonnais-je.
Je me mis à marmonner en Russes, faisant rire Jarod et Santana qui allèrent rejoindre les autres pour faire le tour des blessures à soigner. Je me tournais vers Carla, découvrant son expression perplexe alors qu'elle me fixait.
─ Tu parles Italien ? S'étonna-t-elle
─ Bah oui. En autres oui. C'est le minimum quand même en affaires de pouvoir parler la langue de notre interlocuteur. Cela évite de mal se comprendre, et surtout qu'on tente de t'entuber.
─ Mais du coup... T'as compris tout ce que j'ai dit ?
─ Bah oui. Mais eux aussi.
─ Ah.
─ Bref, pendant qu'ils se soignent... Je voulais en profiter pour faire rouler mon bébé. J'ai besoin de rouler et de m'aérer l'esprit. Ça te dit ? Un petit tour de l'ile, mon bébé n'attend que ça et je lui ai promis. Et comme t'as bien combattu, je pourrais même te faire essayer mon bébé. Deal ?
─ Bah grave ! Je vais me prendre une douche, je me change et je te rejoins au garage !
Je hochais la tête, rejoignant la demeure pour aller me doucher à mon tour. M'habillant avant de reprendre des lames. Me préparant plusieurs mélanges d'avances que je rangeais dans mon sac avant de rejoindre le garage. Y retrouvant une Carla surexcitée, tournant autour de ma moto, son casque sous le bras.
─ Prête ?
Je prévins les démons que j'allais faire un tour de l'île, laissant mes hommes à Castrelvetrano. La réponse ne se fit pas attendre, Pavel me répondant aussi vite : « Ok. On veillera de loin alors ».
Je tendis un de mes casques à la demoiselle, lui expliquant que les nôtres étaient reliés pour nous permettre de communiquer. Chose qui allait être essentielle pour qu'elle m'indique la route.
Il était passé 23h quand on prit la route, et j'étais bien décidée à profiter de mon bébé jusqu'au lendemain. Rouler, profiter, s'amuser.
Et quelque chose me disait que vu la personne qui m'accompagnait... La nuit allait être très amusante.
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