Chapitre 19. Point de vue Cole.


─ Alors vous êtes son mari ?

─ Non.



J'entendis Aaron et Nino se mettre à pouffer avant qu'ils ne fassent passer ça pour une toux et je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel.



─ Papa c'est qui le Monsieur ? Demanda l'air de rien Aylan



Un chieur.



─ Ah papa l'aime pas. Regarde son nez il est plissé. Commenta Mila.

─ Je crois il connaît Maman. Rajouta Aylan

─ Tout le monde connait maman.

─ Ah...Du coup... On sait pas c'est qui.



Ma langue claqua sur mon palais et je me tournais aussi vite vers les deux en claquant des doigts.



─ On sait pas c'est qui ? Répétais-je lentement. Retente encore Aylan là c'est pas bon.


J'observais les deux réfléchir avant que les deux ne lèvent le doigt.


─ Donc ?

─ On ne sait pas qui c'est ? Dirent-ils en cœur


Je me mis à sourire, leurs tendant des friandises avant de regarder la route de nouveau.


─ Ou on ne sait pas qui il est. Complétais-je. Apparemment il a connu maman, tonton Luc et tonton Arno quand ils étaient petit. Donc cela faisait longtemps que Maman l'avait pas vu.


Enfin si on compte pas le fait qu'ils ont dû coucher ensemble lors de leurs dernières visites vu comment cet abruti avait l'air sûr de lui quand on est sorti....



J'observais en coin la réaction des enfants, voyant petit à petit leurs expressions se fermer. Ils avaient tous deux compris en peu de mots que ce n'était pas quelqu'un de la famille. Ce n'était pas un Dragon. Pas quelqu'un de confiance donc. Changement d'attitude radical en deux minutes alors qu'ils avaient pris la main d'Angelo.



Naëlle arriva bien des minutes après nous, et elle eu à peine le temps de poser le pied à terre que les deux fonçaient dans ses jambes. S'accrochant à elle pour ne plus la lâcher. Elle ne sembla pas s'en étonner, se mettant à leurs hauteurs pour les câliner. Elle se mit à leurs parler en russes quelques minutes et je vis revenir vers moi Mila qui me tendit les bras en me faisant une moue.


Je comprenais bien que l'environnement était bien trop inconnu, bien trop nouveau, rempli de personne que les petits ne connaissaient pas. Personnes que ni leur grand-père ni moi ne semblions connaitre. Les deux avaient appris à faire confiance qu'aux personnes vivant et évoluant au sein de leur maison de L.A. Même configuration de personnes à N.Y, aucun souci donc d'adaptation pour eux. Le cadre restait sécurisant.


Je recrachais ma fumée tout en attrapant Mila, voyant que Aylan était lui-même dans les bras de sa mère. Et comme c'était les enfants d'un Koala... Ça donnait deux bébé koala oui...



─ C'est bon les bébés Koalas sont accrochés ? Ricana Aaron



Je lui fis un doigt d'honneur, profitant que les deux gamins ne regardent pas, lui offrant un sourire narquois alors qu'il s'amusait à jouer l'offusqué. Je croisais quelques secondes après le regard de Naëlle, arquant un sourcil face à son inspection silencieuse. Le vieux qui semblait se prénommé Maikan nous rejoignit enfin, nous faisant entrer chez lui, nous présentant sa famille avant que lui et sa femme ne nous montre les chambres, s'excusant en disant qu'ils n'avaient que trois chambres.



─ Tu veux dormir avec Maman mon amour ? Murmurais-je à l'oreille de Mila


Elle se redressa aussi vite, un grand sourire sur les lèvres.


─ Bon je pense que les aliens vont dormir avec leur mère. Expliquais-je à la femme de Maikan. On va s'arranger, c'est déjà très aimable à vous de nous recevoir à l'improviste.

─ Tu dors pas avec nous papa ? S'inquiéta Aylan


Je secouais la tête, m'approchant pour lui embrasser le front.


─ Non, cela fait un moment que vous avez pas pus dormir avec maman, cela vous fera du bien de l'avoir que pour vous non ?

─ Oui mais si tu pars, on va pas le savoir...

─T'inquiète papi ours va dormir avec ! S'exclama Angelo en me tapotant l'épaule.



Chouette.



─ Mais Papi il fait des bruits bizarres quand il fait dodo !

─ Ça s'appelle ronfler Mila. Ricanais-je. Même si papi ours le niera toujours. Il ronfle tellement que les murs tremblent.



Les deux petits se mirent à rire et je ne pus esquiver la claque sur la tête de la part d'Angelo.



─ Mais papa devrait survivre t'inquiète.






Je profitais de laisser les deux petits diables coller leur mère alors que Iris dormait toujours dans les bras d'Angelo pour ressortir me fumer une cigarette devant. Observant le paysage alors que mon portable se mit à vibrer. Je le laissais vibrer, sentant la réception de trois messages que je vérifiais avant de rappeler l'appelant. Allant m'installer sur un muret alors que Aaron me rejoignait l'air de rien.



─ Je te manque déjà ma princesse ? Ricanais-je

─ Ta gueule. T'es encore partie avec elle. Vous faites chier.

─ On est pas tout seul et tu le sais, fais pas ta ptite jalouse.

─ Pourquoi là ?

─ Je suis pas dans sa tête. Éludais-je. Je sais que c'est un jour délicat.

─ Oui. Comment elle va ?

─ Comme une danseuse en pleine représentation.

─ Hm. Sauf que çà fait des mois qu'elle dure celle-là, de représentation...

─ Je sais bien... Tu nous envoie la suite ?

─ Ça peut...

─ Je suis vraiment désolé... J'imagine même pas la frustration...

─ Je vais pas mentir, ça me casse les couilles sévère, mais je peux pas me permettre de tout laisser. Elle compte sur moi pour la sécurité de beaucoup de site... On peut pas se permettre d'improviser trop quand elle programme à moyen ou long terme tu la connais.... Et toi ?

─ Moi je suis avec les gamins, alors je m'en fou. Et puis, je suis pas tout seul. Aaron et Nino sont là aussi pour aider à gérer.

─ Oooh... Vilain garçon. Elle déteint sur toi.



Je me mis à ricaner, continuant de fumer alors que Aaron me regardait avec un œil méfiant.



─ Je ne vois pas du tout pourquoi tu me dis ça Simikiel. Dans ce jeu là je suis un amateur total comparé à vous.

─ Tu sera obligé de me raconter tu sais ?

─ Bien sûr princesse, après une fellation je te dis tout.

─ Eurk. Je passe mon tour. Je vais t'envoyer Hakane tu fera moins le malin.

─ Mais oui mais oui... Bisous princesse. Fais gaffe à toi.

─ Toi aussi connard.



Aaron continua de me regarder en coin alors que je rangeais mon portable en ricanant, me rallumant une cigarette l'air de rien.



─ Peter. Me contentais-je de dire.

─ Depuis quand tu réclame des fellations ?

─ Depuis que c'est la seule méthode pour qu'il me foute la paix ? Tentais-je en riant.





Deux bonnes heures plus tard, après un repas très copieux, je me retrouvais avec Naëlle à regarder les enfants jouer dans le petit parc, les observant se battre avant que la chieuse ne cède à son envie, se levant pour aller jouer avec eux.


Je l'observais tout en fumant, m'appuyant sur mes genoux tout en regardant la scène. La voyant replacer du bout des doigts les positions des deux tout en s'amusant à être la victime. Son rire s'élevant dès qu'elle chutait à terre, jouant ensuite la victime en détresse. Je détournais soudain le regard, voyant un petit garçon de l'âge des diablotins s'approcher. Il sembla s'arrêter pas loin du trio et se retrouva avec le regard des trois braqués sur lui aussi vite.



─ Bordel ces prédateurs... Ricanais-je. On dirait un lapin face à des loups...

─ Pourquoi un lapin ? Me questionna l'air de rien Nino tout en s'allumant une cigarette

─ Il a un grand regard d'animal effrayé mais il est tout mignon. On dirait un bébé lapin tout curieux. Regarde le sautiller. Ricanais-je

─ T'es vraiment fondu des gosses toi...


Je me pinçais les lèvres avant de hausser les épaules.


─ J'avoue... Quand j'étais gosse, je m'occupais déjà de mon petit frère. J'adorais ça en fait. Ça m'est resté, j'ai toujours adoré ça. Ça aime apprendre, ça a une soif incroyable, curieux de tout...



Je détaillais Naëlle tout en répondant à Nino, la voyant maintenant assise à observer nos enfants jouer avec le gamin qui était arrivé. Voyant surtout à son regard qu'elle réfléchissait à quelque chose qui nous échappait sans lâcher les trois enfants du regard.


Elle analysait.


Qu'est ce que tu prévois encore la chieuse ? T'es vraiment pas possible...



─ Quoi ? Murmura Nino.



Je réalisais que mon visage trahissait mes pensées alors qu'un sourire en coin s'étirait sur mes lèvres.


─ Je me demandes juste ce qu'elle prévoit encore cette chieuse...




Je la vis finalement se lever, s'époussetant avant de parler aux deux en Russes. Semblant discuter ensuite de quelque chose avec le gamin avant d'embarquer les trois. Elle passa à côté de moi, me faisant un signe de tête pour la suivre.




Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons dans une salle de musique et je me laissais glisser sur le sol, accueillant aussi vite les deux qui vinrent se blottir contre moi alors que Naëlle semblait parler avec le petit. Il disparut avant de revenir avec un étui, et elle le prit en le remerciant, vérifiant apparemment que l'instrument n'avait rien tout en le sortant de son étui. Je n'eus pas besoin de beaucoup plus de temps pour reconnaitre son violon. Mes yeux s'écarquillant alors qu'elle se mettait à jouer Vivaldi aussi vite, les quatre saisons.



Je pouvais sentir mon cœur s'emballer alors qu'elle prenait vie encore et toujours avec son violon, son sourire valant toutes les peines du monde alors que son corps semblait exulter du trop-plein.


Elle me donnait envie de retomber amoureux d'elle encore et encore quand elle jouait comme ça, quand je voyais son âme éclater en des millions de notes, quand je la voyais se plonger si intensément dans sa musique.


Un autre violon s'éleva à peine eut-elle finis et son sourire sembla s'agrandir encore.


Quelle plus belle façon d'arriver qu'à ce moment précis Luc ?




─ Palladio. Souffla Arno tout en s'installant avec moi.



Je hochais la tête distraitement, ne pouvant détacher mon regard de ce duo-là. De leurs façons de communiquer par leurs instruments, de cette osmose si évidente quand ils jouent ainsi.


Je me souviens oui, comme si c'était hier, de ce matin de nouvel an où je les avais observés pour la première fois. J'avais trouvé cela tellement magnifique, tellement évident et plein de vie... Que même encore aujourd'hui, je pense que je pourrais rester juste là des heures et même des journées entières à juste les observer.


Luc posa finalement son violon, se posant devant le piano. Je reconnus aux premières notes l'Ave Maria, un rire amer s'étranglant dans ma gorge face à ce souvenir.


Pourtant je serrais un peu plus les deux qui commençaient doucement à s'endormir contre moi. Les observant avant de les embrasser doucement sur le crâne. Un sourire tendre ne quittant pas mes lèvres alors que je sentais que les deux étaient bien accrochés à moi. Je relevais juste le regard de leurs cheveux, croisant le regard du mari d'Alex qui venait poser une couverture sur les deux petits.


Je le saluais, regardant du coup qui était là, voyant Alex assis un peu plus loin, semblant discuter avec je ne sais qui. Aaron s'étant posé de sorte à pouvoir surveiller au cas où avec Nino. Angelo étant resté avec Maikan, en tête à tête...



Mon regard revint sur elle, accrochant le sien alors qu'elle semblait m'observer tout en commençant de jouer un nouveau morceau. Luc la suivant en reprenant son violon, se calant sur elle sans problème.


Je me perdis dans son regard, dans la douceur des premières notes, sentant mon être tressaillir aux premières envolées de son violon.


Un sourire s'étira sur nos lèvres alors que son violon semblait se faire plus sauvage. Et je pourrais jurer la voir jouer avec mon âme, la torturant aux grès de ses notes. Voyant la bataille se dérouler sans que je ne puisse rien y faire. Je ne pouvais que la voir faire de moi ce qu'elle voulait sur cette composition de « Introduction & Rondo Caprioccioso » que j'avais déjà tellement entendu et qui pourtant cette fois me semblait tellement différente.


Bordel cette torture... C'est bien pire que ce que tu m'as fait pendant cette escapade foutue chieuse.


Tu me tortures, joues avec moi, me détruit, me réduit à l'état de cendre et la seconde d'après, tu me redonnes vie...


Foutue Muse...


Et voilà, j'ai envie de composer de ta faute encore... Quand mon cœur aura finis de faire des looping au rythme de tes embardés, quand j'aurais finis de me perdre dans ton regard de jade. Quand j'arriverais à me déconnecter de toi...


Je la vis s'approcher, ne pouvant même pas réagir alors qu'elle s'asseyait sans s'arrêter de jouer ni me lâcher du regard. Je pouvais deviner tout le délice qu'elle ressentait en m'observant, à détailler chacune de mes réactions. Voyant son regard parcourir mes bras mis à nue, voyant surtout mon épiderme couvert de frisson aux simples sons de son violon.


Tu me détruis, tu m'use, tu me fais traverser par tous les états... Et pourtant... J'aurais beau faire toutes les cures de désintox du monde... Je crois que rien ne peut me soigner de toi. Tu fais chier.


J'ai appris à résister à tes tentations sensuelles, mais je n'ai pas pensé à me protéger de ça. De ce coup là que je n'aurais jamais vu venir. Toi qui joues avec mon âme sur de la musique.




Elle leva son archer à la fin du morceau, Luc se mettant à jouer un nouveau morceau.


─ J'ai besoin d'une clope. Ne puis-je m'empêcher de dire.

─ J'en ait pas planqué dans mon soutien-gorge désolé. Rétorqua-t-elle avec sérieux



Arno attrapa Mila alors qu'Aaron venait prendre Aylan contre lui. Et je me levais, cherchant mes cigarettes après m'être levé, laissant Naëlle reprendre avec son frère alors que je sortais dehors pour fumer. Je m'appuyais contre le mur, fumant tout en fermant les yeux. Tentant de reprendre le contrôle de mes pensées qui partaient dans tous les sens.



─ Ça va ?


J'ouvris les yeux pour voir Alex venir se poser à côté de moi. Il s'alluma un mélange, le fumant avant de m'en proposer. Je secouais la tête, préférant ma cigarette pour ce coup-là.


─ J'évite toutes substances qui me ferait perdre le contrôle. Lâchais-je dans un murmure. Et du contrôle... J'en ai bien besoin en ce moment.

─ Tu es devenu le gibier et elle le prédateur.

─ J'ai toujours été un gibier face à cette femme-là. Faut être réaliste. C'est... Frustrant dans un sens...

─ D'être le gibier ?


Je secouais la tête, prenant une longue bouffée de cigarette avant de la recracher tout en regardant le ciel.


─ Quand je parviens à me détacher d'elle... Elle revient, fait tout voler en éclat et reprends tout comme si c'était la chose la plus évidente du monde. C'est terrible... Parce que j'ai beau tout brider là-dedans. Dis-je en tapotant mon crâne. Eh bah... C'est pire qu'un tsunami. J'ai jamais le temps de me blinder avant ses attaques et je me prends tout comme si j'étais sans défense. Et c'est juste... Con... Tellement con de retomber là-dedans. Parce que c'est du passé, et que c'est pas mon rôle, c'est pas ce qu'elle attends de moi ça. Fais chier tiens... Je vais aller composer.




Je plantais là Alex, repartant vers la maison de Maikan, rentrant et me dirigeant vers la chambre où j'avais posé mes affaires. M'installant sur le lit avec mon casque tout en me sortant un crayon et mon bloc de feuille. J'étais encore en train de composer quand une masse blonde vint s'écraser à côté de moi. Je m'arrêtais d'écrire, faisant glisser mon casque dans mon cou tout en l'observant en coin. Voyant son visage enfoui dans l'oreiller. Ma main passa dans ses cheveux et il tourna le visage, m'observant à son tour.


─ T'es vraiment con. Chuchota-t-il

─ Toi aussi. Quoi que... Toi t'es encore pire que moi. Tu attends que quelqu'un te le vole pour pleurer ?

─ Tu retombe encore et toujours amoureux de la même femme avec qui ça fonctionnera jamais.

─ Ouais... J'ai le cœur qui retient aucune leçon... C'est pitoyable on est d'accord. Mais contrairement à toi, moi la place que j'ai me conviens tout à fait. J'espère rien de plus.

─ Je vis très bien la situation. Marmonna t-il. Arrêtez de me faire chier avec ça.

─ Hm...


Je me penchais à son oreille, un sourire s'étirant sur mes lèvres.


─ Du coup, quand tu le regarde, c'est pas ses lèvres que tu fixes ? Quand tu le regarde se battre c'est pas son corps que tu détaille avec gourmandise ? Et ce n'est pas non plus son fessier que je t'ai tant de fois vu mater, hm ?



Il se contenta d'enfouir son visage dans l'oreiller, un long gémissement plaintif s'en échappant.



─ Er... ai... Mag...

─Hein ?



Il leva légèrement son visage de l'oreiller, mon rire s'élevant aussi vite alors que ça faisait un bail que je l'avais pas vu rougir.



─ J'ai dit, tu m'emmerde maintenant j'ai les images ! Ahhhhhhhh !

─ Moi je dis, quand une glace te fait envie, faut la déguster.

─ Co..Nnard.

─ Quoi, il a pas bon goût son bâtonnet ?

─ Vas chier.



Je tournais mon regard alors que la porte se rouvrait, la voyant entrer et refermer la porte. S'appuyant sur celle-ci en nous observant.



─ On va bouger... À cheval. Arno et Alex vont rester là surveiller les enfants.

─ On va où ? M'inquiétais-je

─ Là où sont enterrés...



Je hochais la tête, la dispensant de finir sa phrase. Elle s'approcha de moi, prenant les feuilles à terre et les lisant en fronçant les sourcils.



─ C'est quoi ? S'enquit-elle tout en lisant.

─ C'est quand j'ai la tête remplis de trop de toi. Quand j'ai envie de perdre le contrôle. Je préfère me poser et composer. Lâchais-je tout en me remettant à écrire en évitant son regard.



Je pouvais sentir les deux regards de chaque côté, et je vis mon crayon partir de mes mains. Je lançais un regard noir à Aaron qui l'embarquait tout en sortant de la chambre. Refermant la porte derrière lui l'air de rien.


T'es pas sérieux mec là ?


Je posais lentement mon bloc sur le lit, m'asseyant au bord tout en enfilant les pantoufles. Me mordillant la lèvre alors qu'elle se mettait devant moi. Je relevais lentement le regard, croisant finalement le sien.



─ C'est quoi perdre...Commença-t-elle


Je secouais vivement la tête, refusant de répondre à ça. Elle souffla, se contentant de glisser ses bras autour de moi tout en s'approchant et je nichais mon visage contre son ventre en l'enlaçant.



─ Ça va aller ? Murmurais-je

─ Si je m'effondre... Tu me relèveras ?

─ Toujours. Mais tu ne t'effondreras pas. On t'en empêchera.




Finalement on se rendit bien plus tard sur place, quand les enfants furent réveillés. Et même si elle ne s'effondra pas, on ne put empêcher ses larmes. Elle mena à bout ce qu'elle voulait faire, se lançant dans un long monologue face aux tombes, expliquant personne par personne, les présentant alors que Luc et Arno restait un peu derrière nous. Alex, son mari et le mystérieux accompagnant collant Luc étant resté bien plus loin. Au village où résidait Maikan plus précisément.


On resta un moment sur place en vérité, elle se mit même à jouer du violon avec Luc. Même si cette fois, je pus sentir toute leurs douleurs et leurs peines dans leurs notes.


Quand on revint pourtant, nous étions attendu, tout était prêt pour faire la fête. Et elle accepta de se plonger dans cette fête. Mettant toute son énergie pour effacer les cicatrices qu'elle ne semblait pas être la seule à porter au vu des regards de Luc et Arno.


En fait, il suffit d'un mec un peu trop proche d'Arno d'ailleurs pour que Aaron ne le lâche plus d'une semelle, et je peux pas garantir qu'ils ont finis la fête avec nous....

Un autre mâle ne resta pas non plus une seule seconde seul, et je compris vite que si Naëlle était une chasseuse, Luc était lui le gibier de l'homme le dévorant du regard.


─ Au lieu de regarder le monde vivre... Essayes de le vivre.


Je tournais la tête, croisant de près le visage de celle qui venait de me souffler ces mots à l'oreille.


─ On dirait pas mais c'est ce que je fais. Répondis-je dans un souffle


Elle secoua doucement la tête, me tendant la main tout en me regardant avec sérieux.


─ Laisses-moi te montrer ce que c'est de vivre vraiment.

─ Tu me le montre déjà tellement, comment pourrais-tu faire plus ?


Un sourire s'étira sur ses lèvres et je sentis que je venais de toucher la pire corde possible... Celle du défi.


─ Dans tout ce qui est arrivé, dans tout ce qui va arriver... Cette escapade, ce moment présent... Ce sont des pauses. Laisse-moi faire, lâche prise...

─ Et si je tombe...


Elle se contenta de s'approcher un peu plus, me caressant le visage avec douceur.


─ Jamais les Dragons ne te laisseront chuter. Jamais je ne te laisserais refaire cela. Tu es le père de mes enfants, mon loup, mon ami... Lâche prise, ferme les yeux...Quoi qu'il arrive, on sera toujours là pour te rattraper et t'éviter le sol.



Je me contentais de fermer les yeux, sentant au bout de quelques secondes ses lèvres qui vinrent effleurer les miennes.



─ Merci. Murmura t-elle. D'avoir été là, de les avoir fait venir. De m'avoir relevé. De m'empêcher de m'écrouler. Merci de rester entièrement toi avec moi. Merci de me regarder comme le premier jour alors que tu connais toute ma noirceur et mes pires facettes. Merci d'aimer et de chérir mes enfants. Merci d'avoir combattu pour rester dans ma vie. Merci de me rappeler que, même quand je vois le monde entièrement noir, tu est là pour me rappeler les lumières me guidant. Merci de me laisser jouer avec toi comme une gosse capricieuse. Merci de continuer de m'aimer même quand ça te fait mal à en crever. Merci de faire de moi ta Muse. Merci de tout ce que tu es. Laisse moi marquer ma peau de mes mots.


Je rouvris les yeux lentement, sentant les larmes descendre lentement le long de mes joues alors que je me perdais dans son regard.


─ Oui.



Elle m'embrassa doucement, se redressant pour appeler Angelo qui arriva peu de temps après. Elle s'étira, ne s'étonnant même pas qu'Angelo n'avait pas touché une goutte d'alcool non plus.


─ Viens P'pa, on va graver des mots sur sa peau.

─ Où ça ? S'étonna Angelo en m'inspectant.

─ Sur son dos. Répondit-elle en s'éloignant. Mon dragon, c'est toujours dans un dos p'pa voyons. En plus, il a déjà ceux des aliens sur le torse.



Je posais mon regard sur Angelo, clignant des yeux alors que je ne pouvais nier que les deux dragons sur mon torse représentaient à présent pour moi mes deux enfants. Il haussa les épaules, se contentant de m'attraper par le bras pour que je l'accompagne.



─ Te faire tatouer par le mec qui a créé son tatoo... Je crois que t'es le plus verni de tous toi. Je n'en connais pas qui peuvent se vanter de ça. Tatoué par moi et elle... Je crois bien que t'as pas le choix...



Je tournais un regard interrogatif vers lui, et il ricana avant de secouer la tête.


─ Je crois que t'es coincé avec nous jusqu'à ta mort mec. Désolé.



Je ne réalisais vraiment ses mots à elle que quand l'aiguille commença à marquer mon dos, et j'eus la sensation que chaque mot revenait me percuter avec encore plus de force. Comme si il avait pris le temps de prendre tout l'élan nécessaire, me coupant le souffle.


La douleur se diffusant lentement me permis de réaliser que je n'avais pas rêvé.


C'est bien son dragon à elle qu'Angelo me tatouait. C'est bien dans son regard à elle que je me perdais encore.


Et moi, j'étais le pire camé de toute cette galaxie... Le pire camé de cette femme-là.

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