Chapitre 7 : Mensonges
Je suis terriblement pas sûre de ce chapitre, il a beaucoup de défauts, donc je m'excuse d'avance s'il semble un peu vide. J'espère quand même que ça va vous plaire (oui vous mes 2 lecteurs)
-- Lyerra
Ariane avait toujours détesté le quartier général de l'Empire.
Pour accéder à la petite île, il fallait d'abord traverser la Forêt d'Incarnadin par un passage à peine marqué, connu uniquement des membres de l'Empire. Puis, comme si ce n'était pas déjà suffisamment dangereux, il fallait marcher de rocher en rocher par le biais de ponts suspendus au-dessus du vide. Enfin, lorsque l'on posait finalement le pied sur la terre ferme, l'on pouvait contempler la vieille forteresse noire.
Je suis une alchimiste, moi, pas une sorcière...
Depuis qu'elle avait pris la tête de l'organisation, elle avait pensé plusieurs fois à rénover le bâtiment, mais il fallait bien avouer qu'en termes de marketing, "manoir lugubre et sinistre" était terriblement efficace. Le laboratoire de recherche avec jardin botanique et refuge pour les animaux en dangers qu'Ariane imaginait dans ses rêves les plus fous ne verrait probablement jamais le jour, au risque de perdre toute crédibilité à la fois aux yeux du public et à ceux de ses subordonnés, dont la loyauté ne tenait parfois qu'à un fil.
Cependant, certains lui vouaient une confiance inébranlable, et semblaient prêts à tout pour elle. C'était à la fois incroyablement rassurant d'avoir des personnes sur qui elle pouvait compter, et absolument terrifiant d'avancer avec la peur constante de les décevoir.
De toute façon, quand on travaillait dans le domaine du crime, mieux valait garder tout le monde à distance.
Alors qu'elle s'avançait dans les couloirs peu éclairés du château, elle grogna en portant sa main à l'arrière de sa tête.
"Ce foutu Wilhem... Il y est pas allé de main morte quand il m'a frappée."
C'était même un miracle qu'elle ne se soit pas retrouvée avec un traumatisme crânien trop important. Bon, elle avait vomi sur le sol de la forêt, ne voyait pas très clair, et ses oreilles bourdonnaient constamment, sans compter la puissante migraine qui ne voulait pas passer, mais au moins, elle n'avait pas de problèmes d'équilibre ou de discours. Elle pouvait au moins maintenir les apparences.
C'était ce qui comptait le plus.
"Boss, vous allez bien?" fit une voix forte et grave, et Ariane se crispa d'un seul coup, surprise.
Elle se retourna pour faire face à la peronne qui venait de parler. C'était un homme grand et baraqué à la peau tannée. Elle plissa les yeux, tentant, sans succès, de distinguer le visage de son interlocuteur, bien qu'elle aie déjà une idée de qui cela était.
"Ah, JC, c'est toi," répondit-elle – et la pression dans ses épaules retomba d'un seul coup. JC était de ceux qui vouaient un véritable culte à la Prêtresse du Chaos, et Ariane lui faisait confiance. Lorsqu'il l'avait retrouvée dans la forêt en train de vomir ses tripes et incapable de tenir debout toute seule, il n'avait pas pris avantage de sa faiblesse, et l'avait aidée à revenir à la base sans poser de questions.
"Tout va bien, ne t'inquiète pas. Je suis juste sur les nerfs parce que ces gamins m'ont filé entre les doigts tout à l'heure, mais ce n'est pas grave."
"Je suis désolé," fit le bandit, et il avait l'air sincère. Ariane imaginait bien son petit air de chien battu. "Si je ne les avais pas laissés filer plus tôt..."
"Ce n'est pas de ta faute. Ces deux garçons sont pleins de ressources. Moi aussi, je les ai sous-estimés. Surtout Lukas Rohan..."
Bien qu'elle eut été consciente de l'étendue de la force de Wilhem, elle savait qu'il n'avait jamais été dans une situation dangereuse réelle, et qu'il serait probablement complètement destabilisé si sa vie ou celle de quelqu'un d'autre était en danger. Elle n'avait eu aucun mal à prendre avantage de cette faiblesse.
Lukas, cependant, était complètement différent de ce qu'Ariane avait imaginé. Non seulement il avait fait preuve d'un sang froid remarquable, ses capacités physiques n'étaient pas à négliger non plus. Son agilité et sa vitesse de réaction lui avaient permis de retourner la situation à lui seul alors qu'Ariane était plus forte que lui, physiquement parlant.
Ce garçon avait un talent rare, et Ariane regrettait de ne pas l'avoir remarqué avant. Si elle avait su, elle lui aurait donné un poste bien plus important au sein de l'Empire...
Mais il était trop tard pour avoir ce genre de pensées.
"Je dois réfléchir à ce que je vais faire," soupira-t-elle.
"N'oubliez pas de prendre du repos," répondit JC, son ton de voix toujours inquiet.
Ariane retint une grimace. "Malheureusement, je ne pense pas en avoir le temps," répondit-elle avant de s'éloigner.
Une fois rentrée dans son bureau, elle n'alluma pas de lumière pour protéger ses yeux et se laissa tomber sur un fauteuil avec un soupir. Réfléchir à ce qu'elle devait faire, c'était bien beau, mais... Ariane n'en avait pas la moindre idée. Comment récupérer la Soliera ? Il était impossible de savoir où les deux garçons étaient, à présent, bien que leur destination soit facile à deviner. Il fallait cependant prendre en compte la possibilité qu'il leur soit arrivé quelque chose, et qu'ils aient péri dans un gisement de Foraminis. Ariane espérait que ce ne soit pas le cas, car retrouver la pierre serait beaucoup plus difficile dans ces conditions. Etait-ce même la bonne chose à faire ? Et si elle laissait les choses suivre leur cours sans intervenir, peut-être alors que—
"Ariane, je vois que tu es de retour."
En entendant cette voix féminine ferme et légérement désarticulée résonner de façon surnaturelle dans la pièce, elle sentit sa respiration se coincer dans sa gorge.
"As-tu récupéré la pierre ?"
Ariane jeta quelques coups d'oeil autour d'elle, mais la pièce semblait déserte. Elle était seule.
"Montre-toi, Fiona. Tu sais que je n'aime pas avoir l'impression de parler dans le vide. C'est déjà suffisamment étrange de parler à un fantôme."
Il y eut un instant de silence. Puis, un bruit doux attira l'attention d'Ariane vers la cheminée. Une poupée de chiffon assise sur la tablette leva un bras, plia une jambe, pour enfin se relever maladroitement. Elle fit quelques pas incertains pour finalement s'arrêter au milieu de la tablette, devant le grand miroir accroché sur la face de la hotte.
Dans la vision floue d'Ariane, un visage apparut sur le miroir. De longues boucles de jais et un sourire qu'elle savait sublime étaient tout ce qu'elle pouvait distinguer.
Elle déglutit, songeant que rien ne l'habituerait jamais à une telle scène.
"Bien, maintenant que nous sommes face à face, il me semble t'avoir posé une question."
"A ton avis ? Ils ont réussi à filer."
Le sourire dans le miroir se figea.
"Ca me fait du mal de l'admettre, mais je les ai totalement sous-estimés. Je me suis fait avoir comme une débutante, et ils ont même réussi à me blesser. Je vais mobiliser les ressources de l'Empire pour les relocaliser, mais ne t'inquète pas. S'ils sont encore en vie, on les aura rattrapés en très peu de temps, alors ne te fais pas de souci. Tu n'auras pas besoin de t'en m—"
Ariane s'interrompit brutalement, retenant son souffle. Elle se tenait parfaitement immobile, mis à part sa main qui se crispait autour de l'accoudoir, reflétant l'état de son corps tendu à l'extrême.
C'était comme si des doigts invisibles et glaciaux s'étaient posés sur son cou et le caressaient doucement.
Le sourire sur le miroir s'élargit.
"Ariane, oh, Ariane... J'ai l'impression que tu ne comprends pas très bien l'importance de ce que nous essayons de faire, je me trompe ?"
Les doigts cessèrent leurs caresses et se saisirent de la gorge d'Ariane, comme avec l'intention de serrer jusqu'à-ce que ce que la jeune femme suffoque. Bien qu'il n'y aie en réalité pas le moindre doigt en contact avec sa peau et que ce phénomène se limitait à une sensation de froid brûlante, Ariane n'osait pas reprendre sa respiration.
"C'est aussi pour ton bien que je fais ça, chérie. Que ferais-tu sans moi ? Si j'ai bien voulu te laisser en charge après mon retour, ce n'est pas pour que tu échoues comme cela, tu sais ?"
Les doigts se retirèrent enfin, et Ariane prit une longue, lente inspiration, se retenant de porter sa main à son cou afin de masquer sa panique.
"Je sais... je sais que je ne ferai jamais aussi bien que toi, mais... s'il te plaît, laisse moi une dernière chance. Je veux vraiment te prouver que je... je peux t'être utile, Fiona. Et quand je t'aurais ramené la Soliera, je..."
Ariane se sentit rougir, et elle détourna le regard. "Je te laisserai le contrôle sur tout ce que j'ai. L'Empire, les pierres, ce royaume, et même... moi... tout sera à toi. Tu pourras en faire tout ce que tu désires. Tout ce que tu m'ordonneras, je le ferai sans hésitation pour toi. Alors, je t'en supplie, laisse-moi t'aider tant que je le peux encore. Il n'y a rien que je ne souhaite plus."
Il y eut un instant de silence, puis la poupée rapprocha ses mains de son visage inexpressif. Le miroir, cependant, semblait absolument ravi.
"Comment te résister, alors que tu es aussi adorable ? Tu ne me donnes que plus hâte d'en finir, tu sais. Mais tu as raison... lorsque j'aurai atteint le pouvoir absolu, tu n'auras plus rien d'autre à faire que de m'attendre tous les jours et me divertir toutes les nuits... Tu devrais commencer à réfléchir à une occupation pour ne pas trop t'ennuyer quand je ne serais pas là, tu sais ? Quelque chose comme la broderie ou le jardinage... ha ha ha."
La poupée s'assit sur la tablette et croisa les jambes et les bras.
"Très bien, tu m'as convaincue. Je ne peux rien te refuser, après tout. Je te donne vingt-quatre heures, d'accord ? Je ne peux pas nier que te voir faire de ton mieux pour me satisfaire est tout aussi attendrissant qu'excitant, alors fais de ton mieux. Cela dit, si tu ne m'apportes pas la Soliera avant la fin du temps imparti, je prendrai les choses en main moi-même. Est-ce que tu m'as bien comprise ?"
Ariane força un sourire, prenant une expression douce, et porta ses mains à sa poitrine.
"Merci, Fiona. Je ne te décevrai pas. Compte sur moi."
"Très bien, alors je te souhaite bonne chance. Je t'aime, ma belle. Fais attention à toi, d'accord ?"
"Très bien. Moi aussi, je t'aime."
Avec un petit rire, le visage d'effaça du miroir, et la poupée tomba sur le côté.
Ariane prit sa tête dans ses mains.
Si seulement ça aussi, c'était un mensonge, comme tout le reste...
Penser qu'elle pouvait laisser les choses suivre leur cours avait été stupide. Ariane allait devoir s'occuper de Wilhem et Lukas elle-même.
Si elle ne le faisait pas, la situation allait inévitablement empirer.
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