Chapitre 4 : L'auberge
Note : oui oui, ça fait bien depuis juillet 2020 que ce chapitre traîne. Pour ma défense, entre temps j'ai créé un univers tout entier et plein de lore autour d'Arcaen. Tout ça est censé servir dans un autre livre... Que j'écrirai... probablement... mais en attendant ce livre-ci profitera des subtilités de l'alchimie, des artefacts magiques, de la légende de la création d'Arcaen et peut-être même d'un caméo d'un personnage de mon prochain livre, que personne ne captera parce que je l'ai pas encore écrit, mais qui fera sourire les gens quand mes livres seront publiés et que je serai riche et célèbre (ayez de l'ambition dans la vie les enfants). Bon allez, enjoy :)
--Liera
Le vent souffla, faisant bruisser les feuilles pourpres des arbres aux alentours.
Lukas fixa un long moment le corps allongé par terre en face de lui, les pupilles dilatées. Lorsqu'il sembla enfin sortir de sa torpeur, il tapota le bras de JC du bout du pied.
"Euh... il a pas l'air mort."
Wilhem leva les yeux au ciel. "Une telle décharge ne peut pas tuer un adulte de cette taille," lâcha-t-il entre deux halètements.
Lukas s'approcha de lui et lui tendit la main. "J'ai cru qu'on allait y rester. Tu le sais probablement déjà, vu le vacarme qu'a fait ce type, mais je suis Lukas Rohan. Et toi ?"
Le prince toisa brièvement son interlocuteur avant de saisir sa main et de se relever. "Wilhem," lâcha-t-il simplement. "Et donc, Lukas, comment tu t'es retrouvé dans cette situation ?"
"Euh, disons que j'ai, volé, un objet à des gens qu'il ne faut pas énerver, mais bon, ils l'avaient volé d'abord, donc c'est... pas vraiment du vol..." Lukas se grattait nerveusement l'arrière de la tête alors qu'il parlait.
"Et c'est quoi, cet objet ? Un contrat ? Des pierres précieuses ? Une mallette de billets ?"
Lukas déglutit un instant.
"La Soliera."
"La quoi ?"
"La Soliera."
Un des seuls artefacts magiques du pays, non, du monde, appartenant à la famille royale et disparu depuis plusieurs années, ici, avec ce type inconnu, au beau milieu de la forêt ?
"Je travaillais pour... euh, l'Empire," avoua Lukas.
"Waouh. J'avais jamais rencontré quelqu'un de l'Empire avant," commenta Wilhem. "C'est comment, de travailler pour le plus grand groupe de crime organisé du pays ?"
"C'est, euh, angoissant. Enfin bref. J'ai appris par hasard que la Prêtresse avait en sa possession la Soliera, et je me suis dit que je gagnerais plus d'argent plus vite en ramenant la Soliera à la famille royale et en demandant une récompense."
"La Prêtresse ?" répéta Wilhem.
"C'est comme ça qu'on appelle le chef de l'Empire. Enfin, ses subordonnés les plus poches l'appellent simplement "boss"."
Le silence s'installa quelques instants.
"Donc, si je comprends bien, pour une raison quelconque, tu faisais partie de l'Empire, et par le plus grand des hasards, tu as appris que la "Prêtresse" avait en sa possession la Soliera, que tu as trouvée, et ne mentionnons pas que cet objet de grande valeur était probablement bien caché ou gardé, et tu l'as volé sans que personne ne le remarque pendant suffisamment longtemps pour que tu puisses fuir jusqu'ici ?" résuma Wilhem.
"Euh, oui."
"J'arrive vraiment pas à croire qu'on puisse faire un truc aussi stupide."
"H-hé ! Mais va te..."
Lukas s'éclaircit la gorge, comme pour reprendre le contrôle de lui-même.
"Disons que voler, c'est un talent inné chez moi. D'ailleurs, jolie bague."
Wilhem fixa un instant son interlocuteur sans comprendre de quoi il parlait avant de manquer de s'étouffer avec sa propre salive.
Ma chevalière ! songea-t-il tout à coup. J'ai oublié de la laisser au château !
Il s'en était rendu compte juste avant que les bandits arrivent, puis il n'y avait plus pensé du tout. Heureusement, il n'avait pas pu la perdre en si peu de--
"AAAAAH !" cria-t-il. Elle avait disparu. Pas même le pire des jurons ne pouvait exprimer son incompréhension présente, incompréhension qui fut brève.
"Oh, tu cherches ça ?" fit Lukas en lançant un objet brillant dans les airs avant de le rattraper avec un sourire railleur.
Wilhem soupira. "Rends-là moi."
Après tout, cette chevalière était un trésor royal qui prouvait son statut d'héritier au trône. Si la reine apprenait qu'elle avait quitté le château, pire, qu'elle avait été entre les mains d'un vulgaire voleur de basse classe, elle étriperait son fils. Cela dit, si personne ne lui disait, elle ne le saurait jamais. Il suffisait à Wilhem de reprendre l'objet à celui qui l'avait dérobé avec quelques menaces, et...
"Pas de problème."
"Hein ?"
Wilhem, qui avait déjà posé la main sur la poignée de son épée, interrompit son geste, interloqué.
"Tu m'as l'air d'être d'une famille qui a un titre de noblesse, toi. Si tu m'aides à apporter la Soliera à la reine, je te rendrai ton espèce de bijou, là. Tu gagneras peut-être même un rang dans l'échelle sociale ou je sais pas quoi."
Les pensées de Wilhem défilaient à toute vitesse. Normalement, il n'accepterait jamais ce genre de proposition, mais peut-être que...
"C'est dangereux, non ? À ce rythme-là, tu vas avoir l'Empire tout entier à tes trousses."
"Euh... oui, mais si on se dépêche..."
"Aaaaah..." soupira Wilhem avec exagération. "Bon, je suppose que je n'ai pas le choix, je vais devoir te guider jusqu'au palais... Que c'est tragique."
Lukas haussa un sourcil, mais ne releva pas la fausse théâtralité du prince.
"Nous n'avons plus qu'à monter dans la... voi... ture..." continua ce dernier en se tournant vers l'espace précédemment occupée par le véhicule avant de taper du pied, cette fois-ci réellement exaspéré. "Ne me dites pas que ce trouillard de conducteur s'est enfui à la première occasion !"
"On dirait que si," constata Lukas alors qu'un bruit s'échappa de son estomac.
"J'ai faim," déclara-t-il simplement.
"Je suis heureux de l'apprendre," répondit Wilhem. "Il nous faudrait entre 4 et 5 heures pour arriver au château en courant. Et je n'ai rien à manger sur moi. Je doute qu'il y aie un restaurant dans un endroit pareil..."
Lukas leva les yeux au ciel. "Un restaurant. Y'a vraiment qu'un bourgeois pour aller au restaurant. Oh, pardon, monsieur est noble."
Wilhem ouvrit la bouche pour répliquer puis la ferma. Il n'avait pas vraiment d'argument pour répondre à ça, lui qui n'avait jamais quitté la capitale que pour des voyages en voiture fermée, sans même parler du château lui-même.
"Je connais une auberge pas loin, en fait. Mais elle est pas très bien famée, alors on se dépêchera."
Wilhem se contenta de hocher la tête, cachant son bouillonnement intérieur. Partir seul, avec un individu potentiellement dangereux, dans une auberge probablement miteuse, aux propriétaires probablement impolis, remplis d'individus probablement bien plus dangereux qui essayeraient probablement de lui chercher des ennuis ? Il n'avait jamais rien connu de plus excitant.
Au bout d'une vingtaine de minutes, une chaumière en pierre un peu vieillotte se profila entre les arbres. Au-dessus de la porte, on pouvait encore lire sur une pancarte en bois un peu pourrie sur les bords : "Auberge de la Forêt".
"Original, comme nom," commenta sarcastiquement Wilhem. "Je connais pas celui qui l'a choisi, mais il était pas très inspiré." nda oui ceci est de l'autojugement
Une fois arrivés, Lukas poussa l'épaisse porte de bois, regarda à droite, à gauche, soupira, puis entra.
"On a de la chance, il n'y a pas grand monde," souffla-t-il. "Bon, on fait profil bas. On mange sans provoquer personne et on se tire. Ce sera comme si on n'était jamais passés par ici. Va t'asseoir à la table, là-bas, dans le coin sombre. Je vais prendre le plat du jour et je reviens."
"Je peux même pas choisir ce que je vais manger ?" râla Wilhem.
"Parce que tu crois qu'il y a plus d'un plat disponible pour les clients ?" rétorqua Lukas.
Wilhem ferma une fois de plus sa bouche. Il se sentait vraiment comme un petit prince protégé qui ne connaissait pas la réalité de la vie. Cela n'était pas loin de la vérité, bien sûr, mais le constater plusieurs fois de suite et être forcé de l'admettre faisait mal au jeune homme, qui avait toujours cru qu'il était différent de tous ces nobles aussi naïfs qu'ignorants, et qui voyait désormais que la différence n'était en fait pas si grande. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir un peu honte.
Lukas s'approcha du comptoir et salua la patronne, une femme grande et maigre d'une quarantaine d'années vêtue d'un tablier.
"Ça fait un bail."
Celle-ci se retourna et afficha un visage surpris. "Lu... Lukas. Alors, tu t'es enfin décidé à quitter l'Empire ?"
"Je les fuis," répondit simplement le jeune homme sans développer. "On va partir dès qu'on aura mangé. Deux plats, s'il te plaît."
La femme haussa un sourcil. "Deux ?"
"Je suis accompagné," lâcha Lukas en désignant vaguement Wilhem qui se dirigeait lentement vers une table, perdu dans ses pensées.
La propriétaire posa les deux plats sur le comptoir. "C'est la maison qui régale. En échange, si tu pouvais quitter le plus tôt possible..."
Le jeune homme hocha la tête. "J'en avais l'intention. Désolé de te causer tout ce souci."
"Oh, mais regardez qui est de retour ! Comment vas-tu, ma petite ?" fit une voix chevrotante. Lukas soupira et salua la vieille femme qu'on apercevait depuis la cuisine.
"Bonjour, mamie. Ne fais pas attention à moi, je vais bientôt partir."
La patronne se retourna, alarmée.
"Maman ?! Mais qu'est-ce que tu fais debout ? Allez, retourne te coucher. Tu sais que..."
Elle prit sa mère par les épaules en continuant de la sermonner, et l'emmena dans l'arrière-boutique, là où Lukas ne pouvait plus les voir.
"Quel coin sombre ?" répéta Wilhem à voix haute. Lukas lui avait demandé d'aller s'asseoir, mais l'endroit désigné était bien trop vague. L'auberge entière était un coin sombre à ses yeux, et il finit par se laisser tomber sur un tabouret au hasard, avant de se rendre compte que la table qui lui faisait face était déjà occupée par un... journal ?
"Oh, euh, désolé !" fit le jeune homme en se relevant immédiatement.
Le journal s'abaissa pour révéler la personne qui était derrière, mais les yeux gris ne le toisèrent qu'une fraction de seconde avant de s'écarquiller. "Wilhem ?" L'édition du jour des Nouvelles de Lumen tombèrent dans un froissement, en plein dans la soupe posée sur la table.
"Ariane ?! Mais qu'est-ce que vous faites ici ?"
La jeune femme aux boucles rouge foncé resta interloquée quelques instants, avant de sortir une roche de la poche de sa blouse et d'expliquer, les yeux brillants : "J'étudie les roches de la forêt d'Incarnadin. Vous saviez que dans certaines conditions, elles émettent un gaz aux propriétés absolument fascinantes ? C'est absolument fantastique de constater que ce gaz semble être toxiquepour l'être humain. Tout d'abord, l'exposition commence par causer une quintede toux et de la somnolence, cependant, bien que tout cela semble réellementdésagréable, les vrais problèmes se commencent que lorsque la toux s'arrête. Sivous ne vous ne ressentez plus d'envie de tousser et que votre nez commence àcouler, il ne vous reste qu'entre 3 et 5 minutes avant de perdre connaissance.Nous n'avons bien évidemment pas expérimenté sur un être humain, mais noussuspectons que si personne ne vous aide à sortir hors de la zone d'influence dugaz, il vous reste environ une heure avant de périr sous les effets du gaz.Cela est très probablement causé par..." Elle s'interrompit brutalement et fronça les sourcils. "Mais que faites-vous ici, Votre Altesse ?" questionna-t-elle, revenant sur le "Wilhem" prononcé quelques instants plus tôt sous l'effet de la surprise.
"Sshhhhh !" fit le prince, le doigt sur les lèvres. Il regarda autour de lui, s'assurant que personne n'avait entendu.
"Appelez-moi juste par mon prénom. Personne ne doit savoir qui je suis."
"Je t'avais dit d'être discret," grogna Lukas dans l'oreille de son compagnon, qui sursauta. Il n'avait pas entendu le voleur arriver ; sans doute son fameux "talent inné".
"Désolé, j'étais juste surpris de croiser quelqu'un que je connais dans un endroit aussi, euh... reculé. Dis, Ariane," le jeune prince était passé au tutoiement très naturellement, "on essaye de rejoindre la capitale le plus vite possible, mais on a que nos jambes pour nous y emmener. Tu n'aurais pas un cheval ou un véhicule à nous prêter ?"
"Moins fort," fit Lukas entre ses dents. "Je te rappelle qu'on n'était pas censés se faire remarquer. Si cette femme se fait interroger, elle révélera notre destination !"
"Interroger ?" répéta Ariane. "Par qui ?"
"Personne," répondit brutalement Lukas avant que Wilhem ne puisse répondre.
Ariane leva les yeux vers le jeune homme, l'observant un moment en plissant les yeux.
"Euh... il y a quelque chose sur mon visage ?" demanda celui-ci, clairement inconfortable.
"Oh, désolée. Je me demandais si on s'était déjà vus quelque part," reprit Ariane d'un ton plus léger.
"Euh... pas que je sache."
La porte s'ouvrit brutalement pour laisser entrer plusieurs hommes à la mine patibulaire. Lukas jura.
"Ne me dites pas que..." murmura Wilhem. Dans le doute, il prit la soupe des mains de Lukas et l'engloutit remarquablement rapidement.
"Tu vois cette femme ?" indiqua discrètement Lukas. Ses mains tremblantes trahissaient sa frayeur. "Elle était avec JC tout à l'heure. Si elle nous reconnait, on est foutus, mais les gars qui l'accompagnent vont fouiller l'auberge dans tous les cas. Faut qu'on prenne la fuite, et vite."
Wilhem termina son bol de soupe. "On peut pas juste leur donner une bonne correction, comme tout à l'heure ? Tes pas mauvais en situation de combat, on devrait pouvoir se les faire à tous les deux."
"Tu rigoles ? Tu t'es fait éclater le crâne contre un arbre et je me suis fait étrangler par un type de deux fois ma taille, c'est pas ce que j'appelle donner une bonne correction. Et j'aimerais autant éviter de frôler la mort une deuxième fois, sans compter que si on se bat ici, on va détruire cette pauvre auberge."
Wilhem roula les yeux au ciel, mais en réalité, il avait encore mal à tête.
"À mon signal, on court vers la cuisine. Il y a une porte à l'arrière, on la défonce et on court dans la forêt. On devrait pouvoir ses semer avec l'effet de surprise, surtout si on sort du chemin. Tu es prêt ?"
"Attends ! Et Ariane ? Ils nous ont vus ensemble, on ne peut pas la laisser là."
"Je n'ai absolument aucune idée de ce qu'il se passe," informa cette denière.
"Elle est, euh... pleine de ressources," argumenta Wilhem.
Lukas soupira. "J'imagine qu'on n'a pas le choix. À trois, on court. Un, deux... trois !"
Sous le regard ébahi des bandits et des autres clients, Lukas fonça vers le comptoir et sauta par dessus en s'appuyant sur une main avec aisance. Wilhem suivit peu de temps après. Quant à Ariane, qui était moins agile, elle se hissa sur la table avec ses deux mains avant de lancer sur le sol une balle en verre. Une épaisse fumée noire s'en dégagea aussitôt, arrêtant quiconque s'était déjà lancé à leur poursuite.
"Ne les laissez pas s'échapper !" cria une voix déjà lointaine.
"Je crois... qu'on les as semés..." souffla Lukas tout en tentant de reprendre son souffle.
"D'accord, mais... on est où, là ?" haleta Wilhem.
"Tu m'en demandes un peu trop, là."
"Et donc..." les interrompit Ariane. "C'étaient bien les hommes de l'Empire, non ? Et pourquoi ils vous poursuivent ?"
"Nous sommes au milieu d'une quête héroïque pour rendre à la reine un objet qui lui a été volé !" déclara Lukas, et Wilhem se mordit la lèvre pour ne pas rire. Au moins, son histoire s'était améliorée depuis tout à l'heure.
"Un objet... comme celui-ci ?"
L'objet qu'elle tenait dans la main était un ovale orangé. Il sembler s'en dégager une faible lueur.
Lukas pâlit, et sa main se posa instinctivement sur la pochette en cuir sanglée à sa jambe. Rapide comme l'éclair, Ariane lui fondit dessus, mais Lukas réagit à temps et pivota tout en envoyant un coup de pied. La jeune femme tomba sur le côté, mais au lieu de tenter de se relever, elle pointa le bout d'un bâton gravé et orné contre sa gorge.
"Plus un geste. Ce bâton est un artefact magique. Un mot de ma part et tu subiras une expérience très douloureuse."
Il fallut plusieurs secondes à Wilhem pour comprendre ce qu'il venait de se passer.
"A-ariane ? Qu'est-ce que... ça veut dire ?"
"Elle fait partie de l'Empire," grogna Lukas. "Sinon, elle aurait jamais pu préparer une fausse Soliera en avance."
Ariane se releva avec précaution tout en pressant le bâton contre le cou du jeune homme.
"Je ne dirais pas vraiment ça comme ça," commenta-t-elle d'un air embêté, le même qu'elle prenait quand Wilhem se trompait de formule à ses examens. "Non, je suis..."
"La Prêtresse du Chaos," souffla Lukas.
Elle sourit, et Wilhem sentit une douleur jusqu'alors inconnue naître dans son cœur.
"Certains m'appellent comme ça, en effet."
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