Ils se regardaient en chien de faïence, Draco la jaugeait de son œil translucide, s'étonnant de ce qu'elle était devenue tandis que la jeune femme tentait encore de savoir si c'était bel et bien celui qui la hantait ou la pire farce qu'elle ait jamais subit.

« Tu... Recommença Hermione après de longue minutes de silence. Tu es bien là ? Tu es bien revenu ? C'est bel et bien toi ?

- Oui. Le cœur de la jeune femme se pinça, c'était donc vrai ? Il était réellement devant elle entrain de la critiquer ?

- Tu as parlé d'enfer... Il y a vraiment un enfer ? Demanda-t-elle prise de panique de l'avoir envoyer là-bas, et ne voulant pas relever sa la remarque acerbe sur sa décadence.

Il ricana sans grande conviction et haussa les épaules.

- Oui... Mais j'ai l'impression que tu t'en aussi créé un, n'est ce pas ?

Elle sourit elle aussi, sans grande conviction.

- Te voir..., elle ravala un sanglot, mourir à été assez dérangeant tu sais...

- Je ferais attention la prochaine fois alors mais que dirais-tu de bouger d'ici ? Je te vois trembler de froid !

- Tu t'inquiètes pour... moi ?

« La mort l'avait-il changé à ce point là ? » Pensa-t-elle surprise.

- Bien sûr que non... Soupira Draco en levant les yeux au ciel et en croisant les bras. C'est juste que je ne peux bouger que dans un certain rayon autour de toi et que j'en ai marre de voir cette même foutue forêt depuis une heure. En plus, j'ai envie de rentrer.

Elle sourit faiblement, pensant malgré ce qu'il lui avait dit qu'il s'inquiétait légèrement pour elle. Hermione le connaissais un peu, avant ce jour fatidique ils parlaient ensemble et elle savait qu'elle était le seul membre de l'ordre du phénix à ne pas lui inspirer du dégoût profond, sans compter Snape.
Elle se leva lentement, s'essuya les genoux et retira de sa grosse écharpe les feuilles mortes et serra un peu plus la pierre noire au creux de sa main.

- Allez, bouge ! S'exclama Draco agacé mais la jeune femme lui montra du doigt les trois cartons et les affaires tombées au sol.

- Je dois ramasser ça... Cinq minutes, s'il te plaît. Supplia du regard Hermione comme si il allait partir et de nouveau la laisser seule mais cette peur de l'abandon crispa Draco, qu'était-elle devenue par sa faute ?
En ramassant les affaires elle trouva une petite boule à neige magique avec au centre deux enfant et leurs deux parents qui souriaient et regardaient la neige virevolter autour d'eux, lui pinçant le cœur.

- Pourquoi des enfants sont morts...

Il se pencha par dessus son épaule.

- Parce que le ministère a été assez bête pour croire que Voldemort n'était pas revenu, parce que ce même monstre n'avait aucune limite à sa cruauté et parce que ces enfants voulaient eux aussi se battre pour un monde mei... Sa voix se perdit quand son regard buta sur un petit trophée en or tombé lui aussi parmi les feuilles.

En suivant son regard vide elle saisit l'objet haut d'une dizaine de centimètres, en plaqué or avec une gravure d'un sorcier volant sur un balai.

- C'était à toi ?

Il voulut l'attraper mais sa main passa au travers, l'attristant pourtant il continua de passer ses longs et fins doigts dessus, comme si il la caressait ou la touchait.

- Mon premier trophée de Quiddich... Chuchota Draco comme hypnotisé. J'avais six ou sept ans... C'est étrange, reprit-il après un silence, de ne plus rien ressentir, de ne plus rien pouvoir toucher. Être mort c'est comme flotter en permanence, si je ferme les yeux je ne saurais même pas si j'ai les pieds en bas et la tête en haut mais le plus dérangeant c'est que je passe au travers des gens ou des objets comme si... Je n'étais pas là...

Il se redressa et jeta un dernier coup d'œil à la coupe avant de sourire tristement puis son visage se ferma comme les portes de la Vie se refermèrent il y a 6 mois pour lui.

- Je me disais pour me réconforter qu'au moins je n'étais pas mort inutilement et que l'on me détestait moins, que des personnes m'avaient pleuré. Que je n'étais pas mon père. »

Hermione sentit son estomac se nouer et une petite voix résonna dans sa tête, la traitant d'être un horrible monstre.
Elle posa délicatement la coupe, devenue l'objet le plus précieux sur cette terre à ses yeux, puis y posa les écharpes rouges, bleues, jaunes et vertes avant de les faire léviter à nouveau et de se mettre en marche vers la cheminette de McGonnagal pour retourner au ministère. Draco la suivit sans un bruit, se contentant d'apprécier le paysage : le lac sombre emplit de secrets et d'obscures créatures, les immenses forêts verdoyantes ou alors Poudlard, cet immense château de pierres anciennes qui avait abrité le pire jour de sa vie : sa mort.
Il se souvenait toujours de ce moment où par inattention un médiocre sorcier en avait profité pour lâchement le tuer dans dos. Son dernier souvenir fut l'expression d'horreur qui s'était créé sur le visage de la jeune femme, sa bouche tordue, ses yeux grands ouverts et cette mimique entre le dégoût et la haine l'avait frappé. Des gens tenaient à lui, assez pour se voir faire ce visage quand il mourrait, et cela l'avait apaisé...
Savoir que personne que personne n'en avait eu à faire de sa mort le détruirait sûrement plus qu'il ne l'était déjà, le cassant peut-être... Détruisant son espoir d'être devenu quelqu'un de bien... Heureusement, ce n'était pas arrivé, des gens l'avait pleuré, n'est ce pas ?