Chapitre 36

PDV Asuna

Le reste de la journée passa rapidement. Nos parents étaient très chaleureux avec Nagisa et Yuma, mais je les trouvais bizarre. Mon instinct me disait de rester sur mes gardes. Et mon instinct ne me trompait jamais (sauf concernant Yuma parfois). 

Le soir venu, après le départ de mon brun, Nagisa m'entraîna dans mon atelier, prétextant vouloir me faire écouter un nouveau morceau. Il ferma la porte à clé et se tourna vers moi.

"Pitié, dis-moi que je me monte la tête.

- Si ton instinct te souffle qu'il y a quelque chose de louche avec mes parents, le mien te suit, rétorquai-je.

- Bordel...", jura Nagisa, contrairement à ces habitudes.

Je réfléchis un instant. Comme je ne connaissais pas mes parents, mon jugement ne pouvait être faussé par mes sentiments. Je repassai donc mes récentes observations dans ma tête. En observant mes parents pour les analyser, beaucoup de choses reflétaient l'exact contraire de leurs paroles, malgré le peu de temps passé avec eux. Et vu que les actes valaient mille paroles.

"Bon, énonçons ce qu'on a pu observer, avant de tirer un jugement, conseillai-je.

- D'accord, je commence. Je les ai beaucoup observé pour essayer de savoir ce qu'ils pensaient de toi et ton packaging.

- Tu me compares à un produit ? Sympa... plaisantai-je.

- Tu sais bien ce que je veux dire Asuna. Quand tu ne les regardais pas, je les ai surpris à te regarder avec des yeux dégoûtés. Ils s'échangeaient discrètement des grimaces dégoûtées en te pointant du menton. Je dirais même qu'ils semblaient vouloir nier quelque chose quand on faisait des allusions à ton job..."

J'écarquillai les yeux. Nagisa avait donc remarqué la même chose que moi pour lui ?

"En fait, j'ai remarqué exactement la même chose, mais à ton propos. Sauf que c'était le high level. Tu n'as pas remarqué que, à chaque fois que tu te rapprochais d'eux par inadvertance, ils s'écartaient aussitôt ? Je les ai aussi vu te jeter des regards haineux et dégoûtés. D'après ce que tu me dis, on peut tirer deux conclusions...

- Premièrement, ils n'acceptent pas le fait que leur fille et un de leurs futurs gendres soient des assassins, les meilleurs en prime. Mais ça, on peut le mettre sur le compte du choc. Après tout, ils n'ont jamais rien su sur mon job et savaient simplement que tu étais une assassin, mais pas de quelle envergure. Donc on peut espérer que cela disparaisse avec le temps. Et la deuxième ? Parce que je ne suis pas sûr de comprendre.

- Deuxio, ils sont homophobes. Et ça, c'est beaucoup plus dérangeant. Si, après plus de deux ans de relation, relation dont ils on été rapidement au courant, ils n'acceptent toujours pas que mon frère soit amoureux d'un garçon, c'est qu'ils ne l'accepteront probablement jamais. Ils doivent sans doute penser que c'est toi qui lui as perverti l'esprit et l'as fait devenir gay. Ce qui est vrai dans un sens... mais l'inverse est tout aussi vrai.

- Comment on va gérer ça ? Karma aiment beaucoup vos parents, je ne veux pas gâcher ça à cause de notre couple. Et toi alors ? Tu espérais renouer avec eux, non ?

- Oui, mais je n'ai pas besoin d'eux. S'ils sont incapables d'accepter que je suis une assassin, j'en ai rien à branler. Je ne suis la fille que de Makarof. C'est le seul que j'ai considéré comme mon père, il a toujours été là, comme pour chaque membre de l'organisation.

- D'accord, mais nous n'avons aucune preuve. Nos observations ne suffiront pas..."

Je souris légèrement. Karma ne remettrait jamais notre parole en doute, notre instinct et nos observations se révélant toujours justes, mais Nagisa espérait au fond de lui que nous nous trompions.

"Je vais mener l'enquête, t'en fais pas."

Je dégainai mon portable.

"Ritsu, trouves-moi tout ce que tu peux sur mes parents et envoies-moi tout sur mon PC.

- A ton service !"

Je rangeai l'appareil et fis un sourire rassurant au bleu.

"Je m'occupe de tout, alors te tracasse pas. Dès que j'en sais plus, je te dirai.

- Tu es vraiment la meilleure.

- Je sais !"

Je ponctuai ma phrase d'un clin d'oeil et on sortit de la pièce. Karma nous attendait, appuyé sur le mur en face de la porte.

"Les parents se sont couchés, tu viens Nagi ?"

Inutile de lui demander ce qu'il avait derrière la tête, sa tête parlait pour lui et le bleu saisit rapidement le message.

"Amusez-vous bien, je vais bosser un peu sur la mission.

- Te couche pas trop tard soeurette. Sinon, je vais me faire frapper par ton chaton.

- Tu as peur de Neko-chan maintenant ?

- J'ai plus de chances de découvrir que tu n'es pas ma soeur..."

Sur ces mots, il prit le poignet de Nagisa et, deux secondes après, ils étaient déjà enfermés dans leur chambre.

"Bon, c'est parti pour un peu d'espionnage..."

J'allai dans ma propre chambre et enfilai une tenue plus adaptée à ce que je voulais faire, la tenue faite par Mermaid Heel et avec laquelle je n'étais pas contrainte par la gravité. Je pris le temps de démêler mes cheveux, pour qu'ils retrouvent leur tenue impeccable habituelle, avant d'attraper mon sac à dos avec quelques gadgets technologiques et de quoi entrer par effraction n'importe où. Dire que ce matériel allait me servir à entrer par effraction dans ma propre maison pour espionner nos parents possiblement homophobes. Et moi qui croyait avoir tout vu...

J'ouvris la fenêtre et le vend gelé de ce mois de décembre s'engouffra dans ma chambre. Je frissonnai mais sortis quand même en marchant sur le mur, refermant la fenêtre après être sortie. Je marchai sur le mur jusqu'à l'endroit où se trouvait la fenêtre donnant sur la chambre de mes géniteurs. Celle-ci n'était pas éclairée. Super !

Je me hissai sur le rebord et mes talons claquèrent légèrement en rencontrant la pierre. Ne m'en formalisant pas, je pris la clé qui me servait à fermer ma fenêtre à double-tour. Toutes avaient la même serrure, donc la même clé. 

Je l'insérai et ouvris la vitre pour me glisser silencieusement à l'intérieur de la pièce plongée dans l'obscurité. Je mis mes lunettes à vision nocturne et ne vis personne dans le lit. En revanche, j'entendais le bruit de la douche dans la salle de bain de la chambre, dont la porte était entrebâillée.

Je sortis donc de mon sac un petit drone rouge et noir en forme de coccinelle. Celui de Nagisa était bleu et noir et ressemblait à un serpent. Je l'activai, sortant mon portable d'assassin pour diriger le robot. Il s'engouffra dans la raie de lumière que laissait passer la porte de la salle de bain. J'activai ensuite la fonction "enregistrement", pour qu'il sauvegarde tout ce qu'il voyait et entendait.

Laissant le robot faire le travail, je fouillai un peu parmi les affaires de nos parents, veillant à tout remettre en place ensuite. N'ayant rien trouvé, je sortis de la pièce en laissant la porte entrebâillée pour faire revenir mon drone ensuite. Je retournai à ma chambre sans bruit et mis mon pyjama avant d'ouvrir mon ordinateur. Ritsu y avait enregistré tous les documents que je lui avais demandé.

Voyant sur mon portable d'assassin que nos parents étaient sortis de la salle de bain, je le vis revenir vers moi. De toute manière, j'avais installé un micro et une mini-caméra reliés à ma tablette en fouillant dans la pièce. 

Après avoir tout rangé, je commençai à passer en revue les documents fournis par Ritsu et les enregistrements de mon drone. Un dossier portant sur une affaire d'homophobie aggravée attira mon attention. Je l'ouvris donc. Sans grand étonnement, je m'y attendais un peu, mes géniteurs étaient les accusés mais l'affaire avait été classée sans suite. Ils auraient humilié sur leur lieu de travail un de leurs employés qui était homosexuel justement.

"Officiellement, c'est par manque de preuves, mais j'ai découvert qu'une importante somme d'argent avait été transféré à la victime pour qu'elle abandonne les charges. De l'argent a aussi été versé aux employés qui voulaient témoigner, pour les faire taire, m'indiqua Ritsu en affichant sur mon écran les documents.

- Eh ben... ce ne sont pas des saints. Je suis presque contente d'être une assassin, c'est moins affreux que de faire ça pour moi..."

Les enregistrements de mon drone confirmèrent ce que le bleu et moi avions supposé, à un détail près : il était clair que les futurs beaux-parents de Yuma et Nagisa n'accepteraient jamais que le bleu et moi soyons des assassins, et les meilleurs. Parce que cela impliquait que leur futur gendre et leur fille tuent des gens et ils ne voulaient pas avoir ça sur la conscience. Et ils allaient faire quoi ? Nous faire peur pour nous éloigner de Karma ? Nous droguer pour qu'on perde la mémoire et qu'on ne se souvienne ni de l'homosexualité de mes deux frères ni de notre job d'assassin ? Nous tuer tous les deux ?

S'ils étaient aussi malins et vicieux que mon frère et moi l'étions, je devais agir avant eux. Je téléchargeai donc sur tous mes appareils tout ce que Ritsu et moi avions découvert. Je n'allai pas les tuer, mais les faire chanter pour qu'ils déguerpissent et ne reviennent plus. Et puisqu'ils ne vivaient presque jamais dans cette maison, il sera facile pour Ritsu de trafiquer les données administratives pour qu'elle soit officiellement à Karma. Cela voulait aussi dire qu'on devrait prendre en charge toutes les dépenses de la maison, mais ce n'était pas infaisable avec l'argent que Nagisa et moi avions.

Je rangeai mon portable dans ma poche de pyjama et descendis à la cuisine pour me prendre un verre d'eau. Il était une heure du matin. J'y croisai Nagisa, qui semblait assez fatigué. Lui aussi était venu prendre quelque chose à boire.

"Nagi.", chuchotai-je. "C'est même pire que ce que nous croyions..."

Sans un mot de plus, je sortis mon portable pour lui montrer les données ainsi que les vidéos. Il soupira, dépité.

"Il faut le dire à Karma.

- Pas maintenant. J'ai un plan pour les faire déguerpir d'ici et Ritsu est d'accord pour faire en sorte que la maison soit officiellement à Karma. Même si on devra payer les impôts, la chaudière et tout, on a assez d'argent à nous deux pour ça. Je vais faire en sorte qu'ils ne reviennent plus jamais. 

- Tu vas les faire chanter ? Bonne idée ! Mais il ne vaudrait pas mieux que ce soit quelqu'un d'autre qui s'en charge ? Si c'est quelqu'un qu'ils ne connaissent pas, ils ne pourront pas essayer de se venger."

Je réfléchis. Il n'avait pas tord. Maintenant, il nous fallait quelqu'un de l'organisation qui fasse peur, et qui soit douée en chantage. D'ailleurs, on connaissait quelqu'un qui pratiquait le chantage pour recueillir des infos sur nos futures cibles, avant de devenir barmaid.

"Mira ! soufflons-nous, ayant visiblement pensé à la même chose.

- Je vais aller la voir, va dormir, repris-je.

- Ne rentre pas trop tard. Dans onze heures, toute la classe E, notre bande l'organisation et tes amies de l'université seront là.

- Promis."

On remonta dans nos chambres respectives et je changeai rapidement de vêtements avant d'aller en free-running jusqu'au bar. Mirajane était justement en train de fermer mais elle me laissa entrer.

"Asuna, je peux t'aider malgré l'heure tardive ?

- Oui, j'aurais besoin d'un service. 

- Je t'écoute."

Je lui racontai tout et son sourire s'élargit au fur et à mesure.

"Enfin je peux remonter sur le ring, même si ce n'est pas pour un assassinat ! Je marche. Envoie-moi les dossiers et je m'en charge. Ils seront partis avant même que tout le monde arrive demain.

- T'es super ! Merci Mira.

- Avec plaisir Asuna !"

Le lendemain matin, comme promis, nos parents s'étaient barrés. Ils avaient laissé un mot disant, comme excuse, qu'ils avaient été appelés en urgence.

"Dommage, juste quand ils pouvaient apprendre à mieux te connaître Asu'", soupira Karma.

Je cognai mon poing contre celui de Nagisa. On allait plus les revoir de sitôt, Mira les ayant menacé de tuer toute leur famille. Même s'ils s'inquiétaient plus pour Karma, étant probablement morte à leurs yeux par le fait même que je tuais des gens, ça faisait le taf. 

"Pancakes pour fêter ça ? proposai-je.

- Oh oui !", s'exclama Nagisa. "J'aime trop tes pancakes."

Karma nous regarda, interrogatif. Puis il soupira, blasé.

"Qu'est-ce-que vous avez encore fait vous deux ?

- Nous, rien, répondit innocemment Nagisa.

- Dis-moi la vérité Nagi. Toi aussi Asuna.

- Disons qu'on a pris les devants et fais sortir de notre vie des personnes qui voulaient faire pareil pour nous.", répondis-je en haussant les épaules. "Désolée, mais je ne cautionne pas le fait que des parents homophobes et reniant les autres parce qu'ils sont assassins et/ou homosexuels soient dans nos vies.

- Attends, quoi ?"

Nagisa soupira et lui expliqua ce qu'on avait découvert. Le visage de mon frère se ferma.

"Vous auriez dû me le dire, j'ai envie de leur faire la peau moi-même !

- On ne peut pas les tuer, parce que sinon, toutes les organisations du monde seront en danger. Mira fait vraiment peur quand elle veut, elle ne mettra jamais sa menace à exécution.

- Documents modifiés ! annonça Ritsu.

- Et donc, pour ton anniversaire frérot, je t'offre cette maison. Nagisa et moi participerons aux frais mensuels.

- Vous êtes vraiment pas possible !", rit mon frère.

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