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Mes pieds écrasent l'herbe quasiment sèche et mes poumons demandent de plus en plus de l'air. Je cours entre les arbres, évitant les obstacles comme les pierres ou les branches qui jonchent le sol. J'essaie de zigzaguer entre les troncs pour fuir mes poursuivants.
Je me retourne pour jeter un coup d'œil et malgré ma fatigue j'accélère mon allure. C'est pas vrai.... J'entends leurs pas derrière moi, non loin. Mon corps ne fonctionne plus qu'à l'adrénaline je crains.
Un peu plus tôt dans cette journée, les rumeurs se sont avérées être vraies. Les soldats de l'armée ont débarqué dans le village, à la recherche de « l'enfant au don » comme ils disent. Ils ont fouillés tout le village en rassemblant tous les enfants et adolescents pour leurs faire passer les tests de la récolte. Évidemment je me suis cachée pour ne pas les faire, j'étais effrayée.
Voyant aucuns résultats positifs aux tests, ils se sont rendus dans la rue de la rivière. Là où ça a commencé.
Je ne sais pas vraiment ce qu'ils ont fait mais une chose est sûre c'est qu'ils ont su qu'un enfant possédant le don du cauchemar habite dans une des maison.
Un de mes voisin a naïvement révélé mon existence aux soldats en annonçant qu'il ne nous a pas vu, ni mon père, ni moi. Il a sûrement pensé bien faire, présumant que je me faisais une fois de plus battre.
Tout c'est en suite passé très vite. Plusieurs soldats sont arrivés chez moi. Mon père a ouvert et bien qu'il nie ma présence, l'armée est entrée dans la maison. Heureusement pour moi, j'étais dans la cuisine quand ils sont apparus. Et sans réfléchir j'ai stoppé mon activité et je me suis enfuie par la fenêtre.
Les soldats n'ont pas attendu pour partir à ma poursuite. J'ai cru pouvoir les semer dans la forêt donc je m'y suis rendue. Et maintenant je me retrouve à bout de souffle dans une course perdue d'avance.
Ils sont plusieurs à ma poursuite. Le geste de m'enfuir les a probablement alerté sur mon secret. Et d'après ce que j'ai pu apercevoir, ils sont armés et préparés à toutes situations.
Je sens mes jambes piquer, mes muscles sont en feu par cette poursuite. Mon corps n'est pas habitué à faire énormément de sport et encore moins dans mon état. Ma sous-alimentation et mes blessures ne facilite pas ma course. Je sens et surtout j'entends mes poursuivants se rapprocher de plus en plus. Je n'ai pas risqué de prendre la direction de l'arbre de paix mais j'ai pris celle de la clairière embrumée. Elle est tout le temps ensevelie sous un brouillard épais, ce qui effraie quiconque ose s'en approcher.
Je pense espérer que mes poursuivants prennent peur en me voyant pénétrer à l'intérieur du brouillard. Mais je sais très bien que c'est peine perdue. Mes pieds nus piétinent le sol et s'écorchent sur les pierres. Malgré mes plaies qui risquent fortement de s'infecter, je continue de me brûler les muscles. Mes poumons semblent être en feu et ma gorge aussi arride qu'un désert.
Je vois finalement le but que je recherche, la brume apparaît entre les arbres. Je fonce sans réfléchir. J'entends des bruits, ressemblant à de l'électricité. Des sortes de fils électriques passent à côté de moi. Merde ! Ils ont des tasers.
Nous pénétrons dans le brouillard et impossible de voir à plus de un mètre devant nous. Le seul indice qui me permet de savoir où se trouvent les soldats et inversement est le bruit de nos pas. Chaque frottement avec l'herbe nous alerte. C'est donc dans cette scène d'horreur que j'avance, le cœur battant, pour quitter la clairière. Je dois bien l'avouer, c'est la première fois que je m'y aventure. Je ne sais donc pas ce qu'il se trouve de l'autre côté.
Je reprends mon souffle, accroupie derrière une pierre. Calme toi. J'écoute les bruit de pas et je comprends qu'ils sont partout. Une main sur mon épaule me fait sursauter et lâcher un cri que je n'ai pas réussi à retenir. Ho putain. Un soldat se trouve devant moi et essaye de m'attraper le bras en me reconnaissant. Avec un réflexe que je ne me connaîs pas je recule vivement avant de partir en courant. J'entends le bruit de leurs pas, en pleine course.
Je m'éloigne en ne sachant pas dans quelle direction je cours, mais je n'ai pas le temps d'hésiter. Je jette un regard derrière moi pour vérifier mes poursuivants. Je me heurte à quelque chose qui s'avère être un tronc d'arbre.
- Aïe.
Je pose une main sur ma tempe endolorie. Je sens du sang couler légèrement de la plaie, sûrement écorché par l'écorce. Je les entends s'approcher et je repars en titubant, à bout de force. J'arrive tout de même à sortir du brouillard. Enfin. Je m'arrête pour reprendre mon souffle ce qui laisse le temps aux soldats de sortir à leur tour de la brume. Ils s'approchent de moi quand ils m'aperçoivent mais je recule, effrayée par ce que je vois.
Un des soldat a de l'électricité entre ses doigts. Ce que je pensais être un taser était en faire un don du cauchemar. Merde.... C'est quoi cette merde.... Entre ses doigts couverts d'un gant noir, des fils d'électricité fins semblables à des éclairs miniatures dansent. Je me sens soudain nauséeuse et un mal de tête étrange me prends. M'a vu commencé à se brouiller légèrement d'une couleur jaunâtre et le sang dans ma tête me semble devenir froid. Je me sens étourdie et je devine un malaise.
J'essaye de me reprendre mais je sais que ces éclairs me sont destinés et je fais ce que je sais faire de mieux, fuir. L'adrénaline de la peur me donne la force qui me manque pour continuer à avancer et repartir dans une course effrénée.
Trop tard. Trop lente. Les éclairs foudroient autour de moi. Certains me frôlent et je ressens les légers picotements de l'électricité dans mon corps. Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir car je suis littéralement à bout de force.
Je m'arrête brusquement. Devant moi se trouve un pente très raide qui surplombe un étang où doit se trouver des grenouilles et toutes sortes d'animaux. Je me retourne et observe les soldats. Ma tête me tourne et ma vision devient trouble. Les personnes de noirs vêtues s'approchent. Ils n'aperçoivent probablement pas mon mal.
Je suis prise encore de nausées et je me sens vaciller. J'essaye de me rattraper à un arbre à proximité mais je titube sur le côté et ensuite en arrière. Mes jambes me lâchent et je m'écroule sur le sol. Je tombe dans la pente et je roule à moitié inconsciente jusque dans l'eau vaseuse. Vaseuse comme mon état actuellement. Je n'ai plus aucune énergie, je me sens si faible. Pitoyable. Tu es tout bonnement pitoyable.
Je regarde le ciel, étant miraculeusement atterri sur le dos. Ce ciel bleu caché derrière quelques nuages. Le soleil se dissimule dans une de ces nuée blanche et donc je ne me fait pas éblouir par lui. J'ai un monstre mal de tête et je sens mon cœur battre dans mes tempes. J'ai l'impression de divaguer alors que je vois des silhouettes au dessus de moi. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'ils disent, mon ouïe semble bloqué dans un bocal clos.
La vase me démange sur ma peau. Holala. Mon mal ne s'améliore pas et je commence à sombrer dans l'inconscience. Je me sens tout de même tirer de la boue par un des soldat. Il me tient fermement le bras auquel j'ai l'impression de pendre ridiculement. Mes jambes ne me soutiennent plus et il semble le comprendre. L'homme au éclair s'approche et m'électrocute. Sans doute pour être sûr que je reste tranquille et peut-être également pour me punir de ma fuite.
Mon corps est parcouru de fourmillements et je sens tous mes muscles se contracter. Je ressens cette douleur dans mon corps que je ne saurais détailler mieux que des semblants de brûlures. Ma crispation ne se calme pas et le soldat me repose dans la boue en me voyant couiner de douleur. Tu as vu à quel rang tu te trouves ? Pitoyable. Tu es soumise comme un vulgaire animal....
Je sens mes yeux me brûler de larmes que je me force à contenir. Tout me le rappelle. Lui. Il ne me laissera jamais tranquille même quand il n'est pas là.
Ce sentiment de soumission me rappelle ma place et je me dis que rien ne changera, même avec l'armée. Une femme n'a sa place qu'aux pieds d'un homme. Tais-toi. Obéis. Et écarte les jambes. Tu connais pourtant la leçon.
C'est la triste réalité de ce monde.
Ce n'est seulement après quelques instants qui me semble un éternité que je perds connaissance. La fatigue et la douleur m'achève et je sombre finalement dans ce sommeil noir et que j'espère, sans rêves. Je ne sais pas ce que je vais devenir mais je ne peux même pas avoir peur, mon corps ressent tellement de choses qu'une de plus ne changerait rien à cette tempête intérieure.
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